Le substrat augustéen dans la Constitutio limitum d Hygin le Gromatique et la datation du traité - article ; n°2 ; vol.22, pg 220-238
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Le substrat augustéen dans la Constitutio limitum d'Hygin le Gromatique et la datation du traité - article ; n°2 ; vol.22, pg 220-238

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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1996 - Volume 22 - Numéro 2 - Pages 220-238
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Stéphane Ratti
Madame Monique Clavel-
Lévêque
Le substrat augustéen dans la Constitutio limitum d'Hygin le
Gromatique et la datation du traité
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 22 N°2, 1996. pp. 220-238.
Citer ce document / Cite this document :
Ratti Stéphane, Clavel-Lévêque Monique. Le substrat augustéen dans la Constitutio limitum d'Hygin le Gromatique et la
datation du traité. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 22 N°2, 1996. pp. 220-238.
doi : 10.3406/dha.1996.2717
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1996_num_22_2_2717220 Chronique. Paysages et cadastres de l'Antiquité
I. TEXTES ET PRATIQUES GROMATIQUES
1. Le substrat augustéen dans la Constitutio limitům
d'Hygin le Gromatique et la datation du traité
La lecture des traités rédigés par les agrimensores latins
peut se faire sous plusieurs angles, technique1, mathématique et
géométrique2, ou encore archéologique, en relation avec l'étude des
paysages3. С Moatti a repris le dossier dans la perspective d'une
histoire de l'archivage et de l'administration de la fin de la
République et du début de l'Empire4 ; C. Nicolet lie les pratiques
cadastrales au développement de l'impérialisme romain5. Peu de
travaux, en fin de compte, tentent de mettre en relation les allusions
historiques contenues dans les traités avec le contexte idéologique
contemporain de leur rédaction, en partie parce que cette dernière n'a
pas une datation assurée6.
A. Le substrat idéologique augustéen dans la Constitutio limitům
C'est ce dernier axe de recherche que nous voudrions déve
lopper à propos d'Hygin le Gromatique. Un fait précis frappe immé
diatement le lecteur de la Constitutio limitům : le grand nombre
d'allusions à Auguste que fait Ну gin le Gromatique. Le nom du
fondateur du principát est cité sept fois. Il s'agit, dans l'ordre du
texte, de la superficie des centuries fixée, à Mérida, par Auguste, à
400 jugères7 ; de l'ordre donné par Auguste "de planter à tous les
1. F. T. HINRICHS, Histoire des institutions gromatiques, trad. fr. D. MINARY, 1989.
2. J.-Y. G UILLAUMIN, "Géométrie grecque et agrimensorique romaine. La science
comme justification d'une idéologie", Dialogues d'Histoire Ancienne 20 (2), 1994,
p. 279-295.
3. M. CLAVEU-LÉVÊQUE, I. JOUFFROY, A. VIGNOT (éd.), De la terre au ciel,
Paysages et cadastres antiques, Annales Littéraires de l'Université de Besançon
n°543, Paris, 1994.
4. C. MOATTI, Archives et partage de la terre dans le monde romain (IIe siècle
avant-Ier siècle après ].-C), 1993.
5. С NICOLET, L'Inventaire du Monde, 1988, ch. 7, p. 159-180.
6. Cf. O.A.W. DILKE, The Roman Land Surveyors, An Introduction to the
Agrimensores, 1971, Appendix A, p. 227-228.
7. Hyg. Grom. 135 Th. : diuus Augustus in Veturia Emeritae iugerum CCCC. Nous
renvoyons pour Hygin le Gromatique à Constitutio limitům, éd. avec trad. fr. par
M.CLAVEL-LÉVÊQUE,D.CONSO, A. GONZALÈS, J.-Y. GUILLAUMIN, Ph. ROBIN,
Jovene éd. ("Diáphora" n°6), Naples, 1996 ; nous citons les autres auteurs d'après
F. BLUME, К. LACHMANN, A. RUDORFF, Die Schriften der Rômischen
DHA 22/2, 1996 Chronique. Paysages et cadastres de l'Antiquité 221
angles de centuries des bornes de pierre portant l'inscription des
numéros d'ordre des limites"8 ; des déductions de vétérans opérées
par Auguste en Italie et en province9 ; d'un rappel de la législation
d'Auguste qui fixait les largeurs des limites10 ; d'une distinction
respectée par Auguste entre "fonds exceptés" et "fonds concédés"11 ;
du rappel de la loi d'Auguste prévoyant d'assigner la terre "jusque
là où faux et charrue iront"12, loi à nouveau mentionnée plus loin,
accompagnée de la citation de la formule poétique à peine
modifiée13.
Hygin le Gromatique n'est pas le seul à citer le nom d'Auguste,
mais il le fait plus souvent, avec beaucoup plus d'insistance
aussi, que les autres auteurs gromatiques : par comparaison, Agennius
Urbicus14, Frontin15, Siculus Flaccus16, ne citent chacun qu'une fois
Auguste ; Hygin le mentionne à quatre reprises17, et le pseudo-Boèce
à trois reprises18.
La spécificité d'Hygin le Gromatique paraît être de faire
mention d'Auguste dans le contexte historique des guerres civiles.
C'est le sens de l'incise, apparemment temporelle, qui précise que les
assignations augustéennes eurent lieu après que la paix civile eut été
rétablie dans le monde : adsignata orbi terrarum pace (142 Th.). À y
regarder de plus près, on s'aperçoit que la précision n'a rien de chro
nologique. Hygin le Gromatique cherche ici à faire comprendre
qu'Auguste a fait bénéficier de terres non seulement ses propres
Feldmesser, 1848, rééd. Hildesheim, 1967. Les traductions de Frontin sont em
pruntées à l'édition à paraître de l'équipe de Besançon (M. CLAVEL-LÉVÊQUE,
D. CONSO, Ph. VON CRANACH, A. GONZALÈS, J.-Y. GUILLAUMIN, St. RATTI).
8. Hyg. Grom. 136 Th., trad. fr. (n. 7), p. 22-23.
9.142 Th. : Aeque diuus Augustus, adsignata orbi terrarum pace,
exercitus qui aut sub Antonio aut Lepido militauerant pariter et suarum legionum
milites colonos fecit, alios in Italia, alios in prouinciis.
10. Hyg. Grom. 157 Th. : Limitibus latitudines secundum legem et constitutionem diui
Augusti debemus, decimano maximo pedes XL, kardini maximo pedes XX, actua -
riis limitibus omnibus decimanis kardinibus pedes XII, subrunciuis pedes VIII.
11. Hyg. Grom. 160 Th. : In adsignationibus enim diui Augusti diuersas habent
condiciones fundi excepti et concessi.
12. Hyg. Grom. 164 Th. : Adsignare agrum secundem legem diui Augusti eatenus
debebimus "qua faix et arater exierit", nisi ex hoc conditor aliquid immutauerit.
Cf. trad. fr. (n. 7), note 109, p. 97.
13. Hyg. Grom. 166 Th. : Hune agrum secundum datam legem aut si placebit secundum
diui Augusti adsignabimus eatenus "qua faix et arater ierit".
14. 8, 20 La.
15. 18, 6 La.
16. 162, 10 La.
17. 111, 4 ; 112, 24 ; 113, 24 ; 119, 24 La.
18. 396, 6; 402, 7; 404, 5 La.
DHA 22/2, 1996 222 Chronique. Paysages et cadastres de l'Antiquité
vétérans, mais encore les troupes de ses ennemis vaincus : exercitus
qui aut sub Antonio aut Lepido militauerant pariter et suarum
legionum milites colonos fecit (142 Th.). L'adverbe pariter est
capital : il exprime à lui seul la dementia dont Auguste fait preuve
après sa victoire. Aux yeux d'Hygin le Gromatique les assignations,
expression de la dementia Augusti, fondent la paix civile et la
scellent durablement.
Le contexte est très clair à ce sujet. En effet, Hygin le Gromat
ique a déjà fait l'éloge de la dementia dans les lignes qui précèdent,
à propos de Jules César. En réalité, il s'agit plutôt de louer sa
capacité à accorder son pardon, ueniam, à des soldats mutinés : Nam
milites ultra stipendia emerita detinuit, récusantes deinde ueteranos
dimisit, mox eosdem ipsos ueniam commilitii rogantes recepit, et
post aliquot bella parta iam pace deduxit (141-142 Th.). Mais comme
dans le cas des assignations augustéennes, Hygin le Gromatique
souligne le lien qui existe entre la paix retrouvée et les déductions de
vétérans.
Voilà qui nous fournit des arguments pour tenter d'éclaircir une
double allusion faite par Hygin le Gromatique quelques lignes à
peine plus haut : Finitis ergo ampliorum bellorum operibus, augen-
dae rei publicae causa inlustres Romanorum uiri urbes constituerunt,
quas aut uictoribus populi Romani ciuibus aut emeritis militibus
adsignauerunt et ab agrorum noua dedicatione culturae colonias
appellauerunfi9 . Que sont ces ampliora bella et qui sont ces inlustres
uiri ? Nous sommes intervenu, au sein du groupe bisontin auteur de la
traduction d'Hygin le Gromatique, pour faire porter en note au
passage : "L'expression ampliora bella renvoie sans doute aux
guerres civiles"20. Il ne peut en effet s'agir d'autre chose, les guerres
puniques par exemple, comme on a pu le proposer. Les illustres uiri
seraient dès lors naturellement Jules César et Auguste. Nous
voudrions exposer ici nos arguments.
Hygin le Gromatique développe la phrase que nous analysons
en au moins deux pages (141 et 142 Th.) : les terres sont attribuées aux
soldats vainqueurs ; la quantité attribuée est fonction du grade ; les sont déduits après leur

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