Le vicus gallo-romain de La Carrière-du-roi en forêt de Compiègne (Oise) 1re partie - article ; n°1 ; vol.6, pg 44-56

J.-M. Frémont, Bernard Woimant

Description

Revue archéologique de l'Oise - Année 1975 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 44-56
Dans ce « vicus-routier » riverain de l'axe antique Soissons-Senlis et dépendant du lieu de rassemblement de Champlieu à 4,5 km, d'importants sondages effectués au XIXe siècle ont livré un matériel considérable et permis de dresser le plan d'ensemble de l'installation. La datation possible actuellement des principaux fossiles directeurs, place l'occupation «abondante» du site dès la période flavienne, montre des troubles au cours du IIIe siècle et fixe la désertion de l'habitat au début du Ve siècle. C'est sur ces données qu'il a été possible de mettre au jour lors 'd'une fouille stratigraphique exécutée de 1967 à 1973 les vestiges d'une habitation de modèle indigène contiguë à la voie antique. Cette construction réutilise les substructions d'un bâtiment plus ancien, édifié sur un niveau de remblayage initial. D'après la disposition des couches et le matériel qui s'y rattache, l'occupation gallo-romaine sur le même emplacement s'étale de la fin du 1er au début du Ve siècle. Une importante couche de destruction et d'incendie datable dans la 2e moitié du IIIe siècle marque la stratification dans laquelle on distingue un remblai inférieur puis deux états d'occupation successifs avec sols d'habitations intercalés de couches de destruction et de remblais.
13 pages

Informations

• Publié par: REVUE_ARCHEOLOGIQUE_DE_L-OISE
• Publié le: 01 janvier 1975
• Nombre de lectures: 218
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Jean Michel Frémont
Bernard Woimant
Le vicus gallo-romain de La Carrière-du-roi en forêt de
Compiègne (Oise) 1re partie
In: Revue archéologique de l'Oise. N°6, 1975. pp. 44-56.
Résumé
Dans ce « vicus-routier » riverain de l'axe antique Soissons-Senlis et dépendant du lieu de rassemblement de Champlieu à 4,5
km, d'importants sondages effectués au XIXe siècle ont livré un matériel considérable et permis de dresser le plan d'ensemble de
l'installation. La datation possible actuellement des principaux fossiles directeurs, place l'occupation «abondante» du site dès la
période flavienne, montre des troubles au cours du IIIe siècle et fixe la désertion de l'habitat au début du Ve siècle. C'est sur ces
données qu'il a été possible de mettre au jour lors 'd'une fouille stratigraphique exécutée de 1967 à 1973 les vestiges d'une
habitation de modèle indigène contiguë à la voie antique. Cette construction réutilise les substructions d'un bâtiment plus ancien,
édifié sur un niveau de remblayage initial. D'après la disposition des couches et le matériel qui s'y rattache, l'occupation gallo-
romaine sur le même emplacement s'étale de la fin du 1er au début du Ve siècle. Une importante couche de destruction et
d'incendie datable dans la 2e moitié du IIIe siècle marque la stratification dans laquelle on distingue un remblai inférieur puis
deux états d'occupation successifs avec sols d'habitations intercalés de couches de destruction et de remblais.
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Frémont Jean Michel, Woimant Bernard. Le vicus gallo-romain de La Carrière-du-roi en forêt de Compiègne (Oise) 1re partie.
In: Revue archéologique de l'Oise. N°6, 1975. pp. 44-56.
doi : 10.3406/pica.1975.1052
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pica_0752-5648_1975_num_6_1_1052VICUS GALLO-ROMAIN DE LE
LA CARRIERE-DU-ROI
EN FORET DE COMPIEGNE
(Oise) 1re partie
par Jean-Michel FREMONT*
et Bernard WOIMANT
Nous présentons dans cette pre On dispose donc de trois séquences cadius (383-408) qui date la destruc
mière partie le bilan de la fouille r tion et l'abandon de l'habitation au archéologiques avec :
début du Ve siècle. ♦ écente d'une habitation dans le vicus — Les éléments de la couche ini
routier de la Carrière-du-roi en forêt tiale, datables pour le moment jus Cette stratigraphie pose la question de Compiègne. qu'à la fin du Ier siècle. de la création, du rôle et de la déser
Nous avons décidé de donner en pre tion des petites installations rou— L'ensemble du premier état d'ocmier lieu un aperçu général du site tières dans le cadre gallo-romain. cupation avec des formes sigillées et de son occupation. bien datées dans la 1re moitié et le Ce bilan est le résultat d'un travail 2e tiers du IIe siècle, lot de céramiLe matériel archéologique fera l'ob collectif auquel ont participé princ
jet de notes particulières plus appro que commune aux formes domi ipalement Jean-Michel FREMONT, fondies où seront abordées des pro nantes de la fin du IIe début du IIIe siè Gisèle GRANDJEAN. Jeannie HO-
blèmes comme la céramique, la nu cle. La destruction et les remblais DIN. Pascal THIENPONDT, Bernard datés par des témoins du IIIe siècle. mismatique, etc. WO/MANT, Jacques WOIMANT et
— L'ensemble «clos» du deuxième qui a requis l'aide par des discusRESUME : état d'occupation, dans la 2e moitié sions amicales ou sur le terrain de
du IVe siècle et le début du Ve siècle, plusieurs chercheurs et l'aimable Dans ce « vicus-routier » riverain de collaboration des habitants de avec une importante série sigillée l'axe antique SOISSONS-SENLIS et (3e quart du IVe siècle), abondant Saint-Jean-aux-Bois en particulier dépendant du lieu de rassemble du service des EAUX ET FORETS, échantillonnage de vaisselle comment de CHAMPLIEU à 4,5 km, d'im mune aux caractères typologiques desquels nous avons beaucoup apportants sondages effectués au bien marqués et lot monétaire s'é- pris. Qu'ils trouvent ici l'expression XIXe siècle ont livré un matériel chelonnant d'Antonin-le-Pieux à Ar- de notre gratitude. considérable et permis de dresser
le plan d'ensemble de l'installation.
La datation possible actuellement
des principaux fossiles directeurs,
place l'occupation «abondante» du
site dès la période flavienne, mont
re des troubles au cours du IIIe siè
cle et fixe la désertion de l'habitat
au début du Ve siècle.
C'est sur ces données qu'il a été pos
sible de mettre au jour lors 'd'une
fouille stratigraphique exécutée de
1 967 à 1 973 les vestiges d'une habi
tation de modèle indigène contiguë
à la voie antique. Cette construction
réutilise les substructions d'un bât
iment plus ancien, édifié sur un n
iveau de remblayage initial. D'après
la disposition des couches et le mat
ériel qui s'y rattache, l'occupation
gallo-romaine sur le même empla
cement s'étale de la fin du 1 er au dé
but du Ve siècle. Une importante
couche de destruction et d'incendie
datable dans la 2e moitié du IIIe siè
cle marque la stratification dans l
aquelle on distingue un remblai infé
rieur puis deux états d'occupation
successifs avec sols d'habitations
intercalés de couches de destruc
tion et de remblais.
Fig. 1 - Vicus gallo-romain de La Carrière-du- * 42, rue André Royer
60200 MARGNY-LËS-COMPIEGNE. roi. Situation. 44 ARCHEOLOGIQUE DE L'OISE/N° 6 REVUE
2) Le site du vicus : tre carolingien, atteste l'existence
de «Redo» paroisse qui selon une Le périmètre antique est encaissé étude récente (7) peut se dire « reo » dans une reculée du plateau sur une DONNEES GENERALES puis « roi » et se trouverait entre le vterrasse en pente douce. Il s'agit icus gallo-romain et Saint-Jean. d'un habitat de «versant», à la lA - SITUATION ET SITE DU VI- Pour expliquer l'origine du nom de imite d'une zone sèche et d'une zone CUS lieu «Redo» le sens de «gué» (ri- de résurgences. L'eau abonde dans 1 ) Situation : tum) est retenu, bien qu'un autre la partie la plus déclive de la vallée. sens « la route » (rate) soit avancé, La Carrière-du-roi est l'un de ces (Cf.ilg. 1,2). l'existence d'un gué présupposant « vici » qui ont bénéficié d'une situa Le lieudit oral la Carrière-du-roi est celle d'une route. Or ce toponyme tion privilégiée dans le cadre de l'o à 1 800 m au Sud du village de Saint- « roi » est très souvent associé au rganisation du paysage à la période Jean-aux-Bois, dans le canton fo passage d'une voie antique. Un Che- gallo-romaine. restier de La Garenne-du-roi, à la l min-du-roi sur le côté de la voie en Au Sud de l'actuel massif forestier imite Nord de la commune de Mo- est un exemple répandu (8). « Roi » de Compiègne, l'entablement cal rienval, à l'Ouest de la route de Comp peut venir de « rue» et signifier par caire .du plateau valoisien est au iègne à Villers-Cotterêts (D.33). métonymie «village routier». L'inscontact des terrasses argilo-sa- tallation peut s'être déplacée à l'La chaussée-Brunehaut dans sa trbleuses de la plaine forestière (5). aversée de la vallée a donné nais écart de la route en même temps que Le front du plateau est festonné par sance, par dérive, au Chemin-du- le nom se serait écarté du sens sugune suite d'escarpements et de roi. Elle franchit la ligne de faîte du géré par son étymologie ? Le chepentes douces où l'eau ruisselle. La plateau à proximité d'une carrière. min, notons-le, sera un chemin partie basse de la forêt est très hu (une Charrière?) royal jusqu'au Trois toponymes en « roi » retienmide et les sources y abondent. Il XVIIe siècle. nent bien sûr l'attention des liexiste une relation entre la géologie
Dans le cadre de ce travail il s'agit nguistes 1. L'allusion au roi existe et l'occupation de l'espace : proba
au XIIe siècle dans la forme « Domus moins de résumer les hypothèses blement le relief a-t-il guidé la fixa
régis » ou « Domus regia » pour Saint- sur le passé local que d'indiquer les tion de l'homme à la jonction de ces
prémices d'une fouille succédant à Jean. Mais un diplôme de Charles formations l