Le village noir à l exposition de Nantes de 1904 en histoire et en images - article ; n°4 ; vol.102, pg 109-125
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Le village noir à l'exposition de Nantes de 1904 en histoire et en images - article ; n°4 ; vol.102, pg 109-125

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Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest - Année 1995 - Volume 102 - Numéro 4 - Pages 109-125
Au cours de l'été 1904, un «Village Noir» de 120 «indigènes» surtout Sénégalais a été exhibé au sein de l'Exposition Internationale de Nantes en tant qu'attraction supplémentaire et payante.
Les témoignages d'époque existants sont nombreux : archives municipales, articles de presse et surtout une iconographie exceptionnelle (50 cartes postales et des aquarelles sénégalaises sur papier carte postale exécutées sur place).
Ils permettent de reconstituer au plus près l'ambiance de ce village artificiel, de cerner la personnalité des «villageois», et d'analyser les éléments, authentiques ou frelatés, d'un type de spectacle volontairement exotique, héritier d'une vieille tradition, mis au point dans les années 1880 et produit, au moins jusqu'en 1914, dans la plupart des grandes villes de France et d'Europe occidentale. Un phénomène qui reste à étudier dans son ensemble.
For more than four months in Summer 1904, a «Negro Village» of l20 «natives», mostly front Sénégal, has been shown within the International Exhibition in Nantes as an additional and paying feature.
Contemporary reports and evidences of it are many : local archives, press articles and especially an exceptional amount of pictures (50 post cards and senegalese water-colours painted on post card paper on-the-spot). They allow us to-day to reconstitute very narrowly the mood of such an artifîcial village, the personality of the «villagers», and the various elements — be they authentic or fake — of a kind of show deliberately exotic, set up in the early eighties to follow an old tradition and produced until 1914 at least in most large cities of France and Western Europe. A phenomenon which has not been submitted to any comprehensive study so far.
17 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 98
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Philippe David
Jean-Michel Andrault
Le village noir à l'exposition de Nantes de 1904 en histoire et en
images
In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 102, numéro 4, 1995. pp. 109-125.
Résumé
Au cours de l'été 1904, un «Village Noir» de 120 «indigènes» surtout Sénégalais a été exhibé au sein de l'Exposition
Internationale de Nantes en tant qu'attraction supplémentaire et payante.
Les témoignages d'époque existants sont nombreux : archives municipales, articles de presse et surtout une iconographie
exceptionnelle (50 cartes postales et des aquarelles sénégalaises sur papier carte postale exécutées sur place).
Ils permettent de reconstituer au plus près l'ambiance de ce village artificiel, de cerner la personnalité des «villageois», et
d'analyser les éléments, authentiques ou frelatés, d'un type de spectacle volontairement exotique, héritier d'une vieille tradition,
mis au point dans les années 1880 et produit, au moins jusqu'en 1914, dans la plupart des grandes villes de France et d'Europe
occidentale. Un phénomène qui reste à étudier dans son ensemble.
Abstract
For more than four months in Summer 1904, a «Negro Village» of l20 «natives», mostly front Sénégal, has been shown within the
International Exhibition in Nantes as an additional and paying feature.
Contemporary reports and evidences of it are many : local archives, press articles and especially an exceptional amount of
pictures (50 post cards and senegalese water-colours painted on post card paper on-the-spot). They allow us to-day to
reconstitute very narrowly the mood of such an artifîcial village, the personality of the «villagers», and the various elements — be
they authentic or fake — of a kind of show deliberately exotic, set up in the early eighties to follow an old tradition and produced
until 1914 at least in most large cities of France and Western Europe. A phenomenon which has not been submitted to any
comprehensive study so far.
Citer ce document / Cite this document :
David Philippe, Andrault Jean-Michel. Le village noir à l'exposition de Nantes de 1904 en histoire et en images. In: Annales de
Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 102, numéro 4, 1995. pp. 109-125.
doi : 10.3406/abpo.1995.3842
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_1995_num_102_4_3842village noir à l'exposition Le
de Nantes de 1904
en histoire et en images
Jean-Michel Philippe Andrault David
Au cours de l'été 1904, un «Village Noir» de 120 «indigènes» surtout
Sénégalais a été exhibé au sein de l'Exposition Internationale de Nantes en tant
qu'attraction supplémentaire et payante.
Les témoignages d'époque existants sont nombreux : archives municipales,
articles de presse et surtout une iconographie exceptionnelle (50 cartes postales et
des aquarelles sénégalaises sur papier carte postale exécutées sur place).
Ils permettent de reconstituer au plus près l'ambiance de ce village artifi
ciel, de cerner la personnalité des «villageois», et d'analyser les éléments,
authentiques ou frelatés, d'un type de spectacle volontairement exotique, héri
tier d'une vieille tradition, mis au point dans les années 1880 et produit, au
moins jusqu'en 1914, dans la plupart des grandes villes de France et d'Europe
occidentale. Un phénomène qui reste à étudier dans son ensemble.
For more îhanfour months in Summer 1904, a «Negro Village» ofl20 «natives»,
mostly front Sénégal, has been shown within the International Exhibition in Nantes
as an additional and paying feature.
Contemporary reports and évidences of it are many : local archives, press
articles and especially an exceptional amount ofpictures (50 post cards and sene-
galese water-colours painted on post cardpaper on-the-spot). They allow us to-day
to reconstitute very narrowly the mood ofsuch an artifîcial village, the personality
ofthe «villagers», and the various éléments — be they authentic orfake — of a kind
ofshow deliberately exotic, set up in the early eighties tofollow an old tradition and
produced until 1914 at least in most large cities of France and Western Europe. A
phenomenon which has not been submitted to any comprehensive study sofar.
109 Philippe David, Jean-Michel Andrault
La présence d'une troupe forte - à en croire la publicité - de 120 «indigènes séné
galais, soudanais et congolais» pendant plus de quatre mois dans l'enceinte de
l'Exposition de 1904 avait probablement de quoi surprendre et intéresser le public
nantais et des environs en ce début de siècle. Récemment constitué après deux ou
trois décennies de conquêtes et de traités présentés à l'opinion métropolitaine com
me autant de glorieux faits d'armes ou de diplomatie, l'empire colonial n'en était
certainement pas pour autant devenu familier à l'immense majorité des Français.
L'intérêt porté d'une façon générale à tous les témoignages de la présence afr
icaine, même ancienne, en France et en Europe, surtout lorsqu'elle est attestée par
des documents iconographiques souvent rares et donc précieux, nous a portés depuis
plusieurs années déjà à rassembler patiemment toutes les informations relatives à
cette diaspora éphémère, fragmentaire, parfois forcée, notamment dans le cadre
d'expositions auxquelles les «exposés»servaient d'attractions. Sur ce sujet particul
ier, les recherches ne font encore que commencer. En outre, pour ce qui est de
Nantes, la richesse et la cohérence des informations rassemblées - notamment l'exis
tence d'une exceptionnelle séquence de cartes postales d'époque - nous ont incités
à présenter, en avant-première d'un travail plus vaste et plus long, le cas de l'un de
ces «Villages Noirs», désormais bien cerné. Un cas d'autant plus intéressant qu'il
s'inscrit dans une tradition déjà lancée deux ou trois décennies plus tôt et renouvel
ée, année après année, aux quatre coins de la France et de plusieurs pays étrangers,
au moins jusqu'à 1914. Et plus encore en ce printemps 1994 secoué par le scandale
du «Village Bamboula» ivoirien du Safari Parc de Port-Saint-Père...
En 1904, on pouvait considérer le phénomène comme encore singulier, relativ
ement nouveau. Les organisateurs qui en vendaient la formule à toutes les municipal
ités intéressées jouaient bien entendu sur le caractère insolite et étrange de leur pro
duit. À quatre-vingt dix ans d'intervalle, celui-ci ne manquera probablement pas de
nous apparaître en outre comme assez choquant, encore que les formes de manipul
ation humaine pour le spectacle soient loin d'avoir partout disparu. Il reste de tou
te façon à l'étudier sous tous ses aspects matériels, culturels et éthiques pour mieux
comprendre encore de quoi étaient faites au jour le jour les relations, pour le moins
ambiguës et complexes, entre les Français pourvoyeurs ou consommateurs d'ind
igènes-spectacles et les «exposés» eux-mêmes1. Toutefois, l'étude présentée ici n'a
pas cette ambition. Les auteurs entendent seulement prendre date, marquer leur pré
sence dans ce domaine de recherche, fournir aux lecteurs sans plus attendre les info
rmations recueillies, après les avoir replacées, chaque fois que nécessaire, dans le
contexte africain et colonial de l'époque d'abord parce que celui-ci leur est plus famil
ier que le contexte nantais, et aussi parce que c'est leur volonté affirmée de placer
les «villageois» exhibés à Nantes au centre de leur propos comme ils le sont sur les
cartes postales qu'on leur a consacrées.
1. Comme vient de le faire le Suisse Balthasar Staehelin, tenace et méticuleux pionnier en ce
domaine, pour les 21 «ethnoshows» ou «triburamas» (le mot, inspiré de l'allemand est de notre
invention) présentés entre 1879 et 1935 au Jardin Zoologique de Bâle. Titre de l'ouvrage (en all
emand) : Vôlkerschauen im Zoologischen Garten Basel, 1879-1935, Basler Afrika Bibliographien,
Basel, 1993.
110 Le village noir à l'exposition de Nantes de 1904
À l'origine de cette formule de «Village Noîd> étonnante et incontestablement
populaire, un homme : Vigé, encore incomplètement connu, doué d'un certain don
d'ambiguïté, qui n'avait pas été le premier &

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