Les abstentionnistes ont-ils toujours tort ? La participation électorale en France et aux États-Unis - article ; n°4 ; vol.25, pg 645-676
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Revue française de science politique - Année 1975 - Volume 25 - Numéro 4 - Pages 645-676
ARE NON-VOTERS ALWAYS WRONG ? ELECTORAL PARTICIPATION IN FRANCE AND THE UNITED STATES, by WILLIAM R. SCHONFELD and MARIE-FRANCE TOINET A numerical comparison shows that the rate of electoral participation is consistently lower in the United States than in France. This difference is not, as is often claimed, due to greater difficulty in enrolling — largely because of discriminatory policies towards minorities — which has almost disappeared in the course of the last ten years, but to the absence of any real political choice, of which the Americans themselves are aware. This difference should not, however, be dismissed as meaningless ; as a means of assessing the progress of democracy the vote remains, on the basis of our present knowledge, the main indicator of the influence that the citizen has on political power and the most equally shared legitimate means of exercising political control. [Revue française de science politique XXV (4), août 1975, pp. 645-676.]
LES ABSTENTIONNISTES ONT-ILS TOUJOURS TORT? LA PARTICIPATION ÉLECTORALE EN FRANCE ET AUX ÉTATS-UNIS, par WILLIAM R. SCHONFELD et MARIE-FRANCE TOINET La comparaison chiffrée montre que les Etats-Unis connaissent un taux de participation électorale constamment plus faible que la France. La cause de cette différence ne réside pas essentiellement, comme on l'affirme souvent, dans des difficultés d'inscription plus grandes, en fait largement dues à une politique de discrimination à l'encontre des minorités et qui ont presque disparu durant les dix dernières années, mais à une absence de choix politique réel dont les Américains eux-mêmes se rendent compte. Cette différence ne saurait être écartée comme étant sans signification. Car pour apprécier l'état de développement de la démocratie, le vote, en l'état actuel des connaissances, reste bien le principal indicateur de l'influence des citoyens sur le pouvoir politique et le moyen légitime de contrôle politique le plus également partagé. [Revue française de science politique XXV (4), août 1975, pp. 645-676.]
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Madame Marie-France Toinet
Monsieur William R. Schonfeld
Les abstentionnistes ont-ils toujours tort ? La participation
électorale en France et aux États-Unis
In: Revue française de science politique, 25e année, n°4, 1975. pp. 645-676.
Citer ce document / Cite this document :
Toinet Marie-France, Schonfeld William R. Les abstentionnistes ont-ils toujours tort ? La participation électorale en France et
aux États-Unis. In: Revue française de science politique, 25e année, n°4, 1975. pp. 645-676.
doi : 10.3406/rfsp.1975.393625
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1975_num_25_4_393625Résumé
LES ABSTENTIONNISTES ONT-ILS TOUJOURS TORT? LA PARTICIPATION ÉLECTORALE
EN FRANCE ET AUX ÉTATS-UNIS, par WILLIAM R. SCHONFELD et MARIE-FRANCE TOINET
La comparaison chiffrée montre que les Etats-Unis connaissent un taux de participation électorale
constamment plus faible que la France. La cause de cette différence ne réside pas essentiellement,
comme on l'affirme souvent, dans des difficultés d'inscription plus grandes, en fait largement dues à une
politique de discrimination à l'encontre des minorités et qui ont presque disparu durant les dix dernières
années, mais à une absence de choix politique réel dont les Américains eux-mêmes se rendent
compte. Cette différence ne saurait être écartée comme étant sans signification. Car pour apprécier
l'état de développement de la démocratie, le vote, en l'état actuel des connaissances, reste bien le
principal indicateur de l'influence des citoyens sur le pouvoir politique et le moyen légitime de contrôle
politique le plus également partagé.
[Revue française de science politique XXV (4), août 1975, pp. 645-676.]
Abstract
ARE NON-VOTERS ALWAYS WRONG ? ELECTORAL PARTICIPATION IN FRANCE AND THE
UNITED STATES, by WILLIAM R. SCHONFELD and MARIE-FRANCE TOINET
A numerical comparison shows that the rate of electoral participation is consistently lower in the United
States than in France. This difference is not, as is often claimed, due to greater difficulty in enrolling —
largely because of discriminatory policies towards minorities — which has almost disappeared in the
course of the last ten years, but to the absence of any real political choice, of which the Americans
themselves are aware. This difference should not, however, be dismissed as meaningless ; as a means
of assessing the progress of democracy the vote remains, on the basis of our present knowledge, the
main indicator of the influence that the citizen has on political power and the most equally shared
legitimate means of exercising political control.
[Revue française de science politique XXV (4), août 1975, pp. 645-676.]LES ABSTENTIONNISTES
ONT-ILS TOUJOURS TORT?
La participation électorale
en France et aux États-Unis
WILLIAM R. SCHONFELD MARIE-FRANCE TOINET
Les études comparatives entre les Etats-Unis et la France dans
le domaine de la participation électorale sont très rares. Certes,
Alain Lancelot, par exemple, dans son ouvrage sur l'abstention
nisme électoral 1 fait référence à des données étrangères, entre autres
américaines, mais précise lui-même qu'il s'agit d'une étude, pour
l'essentiel, nationale. L'une des rares études comparatives entre la
France et les Etats-Unis qui s'intéresse à la participation politique est
l'article de Philip Converse et Georges Dupeux sur la politisation de
Pélectorat en France et aux Etats-Unis2. Encore ceux-ci soulignent-ils
bien qu'ils n'aborderont pas « les différences entre la France et les
Etats-Unis en ce qui concerne la participation électorale » 3. Pourtant,
techniquement au moins, la comparaison semblerait devoir être aisée
puisque la participation électorale est une activité politique des mieux
connues et mesurées. Or, il n'en est rien dès que l'on creuse un peu
les définitions ou que l'on considère plus attentivement les chiffres.
1. Lancelot (A.), L'abstentionnisme électoral en France, Paris, A. Colin, 1968,
290 p.
2. Converse (P.) et Dupeux (G.), « Politicization of the electorate in France and
the United States », Public Opinion Quarterly, printemps 1962, pp. 1-23. Certes un
artiole plus récent traite d'un problème comparable, mais plus restreint puisqu'il
n'aborde que l'identification partisane de l'électorat dans les deux pays concernés :
Inglehart (R.) et Hochstein (A.), « Alignment and realignment of the electorate in
France and the United States », Comparative Political Studies, oct. 1972, pp. 343-372.
3. Converse (P.) et Dupeux (G.), art. cit., p. 8.
645 LES DONNÉES
L'abstention et la participation électorales en France et aux Etats-
Unis sont des facettes plus complémentaires qu'opposées d'un certain
type ou niveau de politique. A l'abstentionniste4 complet,
passif, anomique, répondrait le participant complet, actif, intéressé,
intégré au système politique. Déjà, cependant, apparaissent les limites
d'une telle conception. Il est possible qu'existe l'abstentionniste « idéal »,
mais est-il réellement caractéristique de l'ensemble des abstentionnistes ?
L'anarchiste qui refuse de voter est-il plus passif que certains électeurs
qui se bornent à déposer leur bulletin dans l'urne ? Le citoyen, qui ne
vote pas parce qu'il estime que son vote ne changerait rien, est-il plus
inconséquent que celui qui croit devenir, par le vote, l'égal des
puissants ? Autrement dit, il n'est pas certain qu'il existe un envers et
un endroit constants de la participation électorale : les abstentionnistes
et les participants. Cela, d'autant plus qu'une forte partie des électeurs
sont des abstentionnistes — et par conséquent des participants — inter
mittents. En France, Alain Lancelot a montré, à partir d'études faites
sur les listes d'émargement d'Issy-les-Moulineaux, que le pourcentage
des abstentionnistes constants, sur une période relativement longue (trois
à quatre ans), semble inférieur à 7 % 5. Aux Etats-Unis, l'étude de
William Flanigan faite à partir des sondages du Survey Resarch Center
de l'Université de Michigan révèle qu'« une proportion assez réduite
de l'électorat national potentiel ne vote jamais, environ 15 % dans les
années récentes » 6.
Les statistiques
Les électorales, elles aussi, sont imparfaites. Même en
France où elles semblent relativement valables, on s'expose à quelques
surprises, comme a pu le démontrer A. Lancelot dans son étude de
l'abstention en France. Aux Etats-Unis, les deux sources les plus sûres
pour les élections fédérales sont les études du Bureau of the Census7 et
4. Terme qui nous semble beaucoup plus fort que son équivalent anglais : non
voter. L'un est simplement négatif. L'autre implique l'idée de se tenir éloigné.
5. Lancelot (A.), op. cit., p. 237.
6. Flanigan (W.H.), Political behavior of the American electorate, 2e édition,
Boston, Allyn and Bacon, 1972, p. 22.
7. Bureau of the Census, Statistical abstract of the United States, Washington,
U.S. Government Printing Office (publié chaque année).
646 Les abstentionnistes ont-ils toujours tort ?
de Richard Scammon8. Or, entre 1920 et 1952, les chiffres qu'ils
donnent pour les résultats électoraux présidentiels ne correspondent
pas une seule fois. Les chiffres coïncident ensuite, sauf en 1968 où
la divergence est la plus forte : 185 000 suffrages. Il ne s'agit que de
0,025 % des exprimés, mais une telle différence eût suffi à inverser
les résultats de 1960 où 118 574 votes seulement séparaient Kennedy
et Nixon.
Le nombre des votants est douteux. Les chiffres qui permettent de
calculer les pourcentages de participation le sont aussi, en particulier
aux Etats-Unis. Dans la plupart des démocraties occidentales, la réfé
rence utilisée pour évaluer la est le nombre d'inscrits sur
les listes électorales.
Dans les deux pays, on ne peut pas faire une confiance totale aux
listes d'inscription. Celles-ci comportent des inscriptions multiples, sou
vent mais pas nécessairement involontaires (la ville de Chicago, sur ce
point, n'a pas meilleure réputation que la Corse) et qui sont dues notam
ment aux migrations internes, aux personnes décédées qui n'ont pas
été rayées, bref à ceux qu'Alain Lancelot appelle des « faux-inscrits ».
Il considère qu'en France : « En ne retenant que les données les p

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