Les aqueducs gallo-romains de Saintes (Charente-Maritime) - article ; n°1 ; vol.26, pg 119-144
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Description

Gallia - Année 1968 - Volume 26 - Numéro 1 - Pages 119-144
26 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 103
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Abel Triou
Les aqueducs gallo-romains de Saintes (Charente-Maritime)
In: Gallia. Tome 26 fascicule 1, 1968. pp. 119-144.
Citer ce document / Cite this document :
Triou Abel. Les aqueducs gallo-romains de Saintes (Charente-Maritime). In: Gallia. Tome 26 fascicule 1, 1968. pp. 119-144.
doi : 10.3406/galia.1968.2494
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galia_0016-4119_1968_num_26_1_2494LES AQUEDUCS GALLO-ROMAINS DE SAINTES
(Charente-Maritime)
par Abel TRIOU
L'existence d'un aqueduc de l'époque romaine amenant à Mediolanum Sanlonum les
eaux des fontaines du Douhet, de Vénérand et de Fontcouverte, n'a jamais cessé d'être
connue à travers les âges depuis son établissement. On a toujours utilisé les trois sources
importantes et creusées de main d'homme dans les seuls environs de Saintes qui soient
un peu élevés, et comme chacune d'elles n'a cessé de montrer en évidence les captages et
rigoles romains qui en écoulent encore les eaux sur un parcours plus ou moins long, on n'a
jamais ignoré, à aucune époque, l'ouvrage construit au début de notre ère. D'ailleurs, le
parcours qu'il suivait n'était pas non plus inconnu. La plupart du temps à fleur du sol, on
le relevait facilement au Douhet, au bois des Siquets, au Vallon de la Tonne Vénérand, à
Fontcouverte, à la Grimauderie, au Vallon des Arcs, au Vallon d'Hautmont, à la Grève et à la
Berlingue et, au moins dans ces lieux-dits, il était familier à la population sous le nom de
« la Dalle ». La curiosité de savoir ce qu'il en était de ses caractéristiques n'était pas éveillée
pour autant. On utilisait largement les dalles de couverture des conduits et les pierres des
ponts-aqueducs pour de nouvelles constructions, voire l'empierrement des chemins, sans
penser plus loin et sans aucun souci d'archéologie.
En 1713-1714, l'Ingénieur Masse fait, des ponts et canaux des Arcs et d'Aumont, des
relevés sous forme de restitutions, qui ne sont nullement déplacés ni périmés de nos jours,
tant ils sont précis, exacts, et présentés par un savant homme de l'art. Nulle erreur, nulle
hypothèse autre que raisonnable et techniquement valable, une approche complète de la
réalité sur le parcours étudié, telles sont les caractéristiques du travail de Masse. Depuis
Masse, plusieurs archéologues, curieux et aussi très imaginatifs mais nullement compétents
en matière hydraulique, ont recueilli des renseignements ou fait sur le terrain des recherches
et quelques fouilles, des plus superficielles. Ils ont effectivement reconnu le parcours à peu
près exact de l'ouvrage, depuis les sources du Douhet et Vénérand jusqu'au Vallon de la
Berlingue près de Saintes, en passant par Foncouverte et la Grève. Le plus efficace fut
Bourignon, à la fin du xvme siècle. Il fallut attendre les travaux effectués entre 1900 et
1940, de M. Marcel Clouet, Président de la Société d'archéologie de Saintes, qui, entre
autres multiples œuvres d'archéologie locale, s'était attaché à l'étude de l'aqueduc de 120 ABEL TRIOU
Saintes ; il a pu recueillir de nombreux extraits de ses devanciers, qu'il a présentés, en
même temps que ses investigations personnelles, recherches et fouilles, dans une plaquette
éditée en 1941, aujourd'hui épuisée mais publiée à la même époque dans la Revue de
Saintonge et cTAunis.
L'ouvrage de M. Marcel Clouet représentait en 1941 la somme de tout ce que l'on
savait exactement (ou en hypothèses) sur l'aqueduc de Mediolanum. Sa lecture, passion
nante pour les personnes intéressées, ne laissait pas de poser des questions techniques non
résolues, quant aux pentes, aux sections de passage, aux dérivations et surtout aux hypo
thèses de restitutions partielles émises par ce savant archéologue. Depuis Masse, qui
n'avait d'ailleurs restitué que des parcours à sections et à pentes parfaitement constantes,
aucun des divers auteurs n'avait entrevu les impossibilités qu'il y aurait à faire passer,
avec une pente constante, le même débit instantané d'eau dans les sections de conduit
variant de 1 à 5, alors que les sédiments déposés montrent que ces conduits coulaient à
plein. Quoi qu'il en soit, la lecture de l'ouvrage de M. Clouet nous a entraîné à tenter de
pallier à quelques imprécisions de son livre, notamment l'énigme du Vallon de la Tonne
Vénérand, le mystère du Plantis des Neuf Puits, le virage de l'aqueduc à la cote 26 au sortir
du Pont sur le Vallon de la Berlingue, et aussi d'apporter des indications encore plus
précises sur le tracé1. Ce sont les résultats acquis au cours de neuf années que nous allons
résumer ici, et non point l'ensemble des opérations détaillées accumulées, depuis longtemps.
Les deux aqueducs de Mediolanum Santonum (fig. 20 p. 143)
Les archéologues s'accordent à penser que les premières eaux conduites par l'aqueduc
arrivèrent en ville vers l'an 20 de notre ère. Mais d'où venaient-elles alors ? La question
est facile à résoudre depuis 1960, époque où, de Fontcouverte à la Grève, on a mis au jour,
au voisinage immédiat l'un de l'autre, et sur tout leur parcours commun, deux canaux
parallèles, enfoncés faiblement dans le sol et de caractéristiques complètement différentes
(fig. I)-
L'un d'eux, le plus petit, d'une section moyenne utile de 10 décimètres carrés, est
apparemment le plus ancien. Construit en maçonnerie de moellons équarris, rarement
appareillés lorsqu'il émerge du sol, sa section utile de passage d'eau varie de 7 à 17 dcmq,
sans que sa pente moyenne s'écarte sensiblement de 0, 85 mm par mètre. Il est grossièrement
bâti dans une tranchée d'un mètre environ de profondeur moyenne (fig. 2), sa rigole est de
forme évasée avec fond arrondi. Le périmètre mouillé est enduit d'un mortier d'étanchéité
fin, rose (de tuileaux), de forte épaisseur (20 à 35 mm). Il était recouvert de dalles plates
posées jointives à bain de mortier jaune. Ces dalles ont pratiquement partout disparu.
Extérieurement, le bloc présente une section moyenne de 1, 25 m de largeur sur 0, 80 m de
hauteur, sans la dalle de couverture.
L'autre conduit, d'une section régulière et absolument constante de 33, 6 dcmq, est
(1) C'est à cette fin que se constitua l'équipe Triou frères et Bourbon, composée de M. André Bourbon, Entre
preneur de T. P., Conseiller Municipal de Saintes et Abel Triou, Ingénieur E.C.P., directeur des recherches, aidé par
ses frères, notamment en ce qui concerne les relevés photographiques. AQUEDUCS GALLO-ROMAINS DE SAINTES 121
1 Saintes. La Grève. Les deux canaux coupés dans une carrière au bois du Cormier.
3 La Font Morillon.
2 Saintes. La Grève. Section du petit canal
(lre époque). 122 ABEL TRIOU
établi en béton coulé, étanche par lui-même, et de structure infiniment plus fine. Légère
ment trapézoïdale, ouverte vers le haut, rarement rectangulaire, cette section est aussi
enduite intérieurement de mortier rose fin de tuileaux, mais seulement de 2 à 5 mm d'épais
seur. Elle est couverte de dalles plates, légèrement creusées en voûte au-dessus du conduit.
Ces dalles sont posées jointives à bain de mortier jaune. On en retrouve plusieurs en place.
Extérieurement, la section de l'ouvrage mesure en moyenne 1, 30 m de largeur sur 0, 90 m
de hauteur, sans la dalle de couverture. La rigole a généralement 0, 70 m de hauteur,
0, 43 m au fond et 0, 53 m en haut pour la largeur, la dalle de dessus ayant 0, 35 m d'épais
seur sur les bords, 0, 25 m au milieu. La pente de ce conduit est très régulière avec 0, 74 mm
par mètre, de sorte que, partant au même niveau de Fontcouverte, il s'élève peu à peu par
rapport au petit, jusqu'à le surmonter de 0, 82 m (niveau des eaux) en arrivant à la Grève.
Les deux rigoles ont conservé presque partout les sédiments déposés par les eaux jusqu'en
haut des piédroits, minces (5 à 10 mm) et durs dans le petit (eau de Fontcouverte), épais
(30 à 50 mm), tendres et spongieux dans le grand (eaux de Vénérand et surtout du Douhet,
très pétrifiantes). En outre, en amont de Fontcouverte, il n'y a plus de petit canal, c'est
le type à section rectangulaire, l

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