Les arrestations de suspects en 1793 et en l an II. Professions et repression. - article ; n°1 ; vol.263, pg 74-85
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Les arrestations de suspects en 1793 et en l'an II. Professions et repression. - article ; n°1 ; vol.263, pg 74-85

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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1986 - Volume 263 - Numéro 1 - Pages 74-85
The questions raised by the study of the professions of the suspects arrested in Paris from 1793 to 1794 result from both this particular subject and more general difficulties in finding out the social structure in Paris over the revolutionary period.
Through several methods of analysis of this set of 5605 suspects among which 427 women whose trades and qualities are already known we come to the following statement : repression fell mainly on the members of the former Tiers-Etat, belonging for the most part to the popular urban classes.
From the methodological point of view, the use of crossed criteria putting the political aspect together with the social one turns out to be a rich and knowledgeable way of studying an overturned society.
Jean-Louis MATHARAN.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 8
Langue Français

Extrait

Jean-louis Matharan
Les arrestations de suspects en 1793 et en l'an II. Professions
et repression.
In: Annales historiques de la Révolution française. N°263, 1986. pp. 74-85.
Abstract
The questions raised by the study of the professions of the suspects arrested in Paris from 1793 to 1794 result from both this
particular subject and more general difficulties in finding out the social structure in Paris over the revolutionary period.
Through several methods of analysis of this set of 5605 suspects among which 427 women whose trades and qualities are
already known we come to the following statement : repression fell mainly on the members of the former Tiers-Etat, belonging for
the most part to the popular urban classes.
From the methodological point of view, the use of crossed criteria putting the political aspect together with the social one turns out
to be a rich and knowledgeable way of studying an overturned society.
Jean-Louis MATHARAN.
Citer ce document / Cite this document :
Matharan Jean-louis. Les arrestations de suspects en 1793 et en l'an II. Professions et repression. In: Annales historiques de la
Révolution française. N°263, 1986. pp. 74-85.
doi : 10.3406/ahrf.1986.1151
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1986_num_263_1_1151LES ARRESTATIONS DE SUSPECTS
EN 1793 ET EN L'AN II
PROFESSIONS ET RÉPRESSION
II ne s'agit pas ici de présenter, même succintement, les
principaux résultats des études chiffrées concernant le nombre, la
qualité, les motifs et les rythmes d'arrestation des suspects arrêtés à
Paris en 1793 et pendant l'an IL Je voudrais aborder le seul aspect
lié aux professions, métiers et qualités de ceux-ci, en donnant le plus
souvent possible des éléments chiffrés qui doivent illustrer et fonder
les hypothèses méthodologiques. Il s'agit donc d'un exemple précis.
Les problèmes qui se posent sont dus au sujet particulier abordé
(l'arrestation des suspects) et aux difficultés plus générales de
connaissance de la structure sociale de Paris pendant la Révolution.
Ces difficultés sont d'abord celles de classement et de hiérarchisation
d'une masse d'individus exclus, mis à l'écart ; elles tiennent à la
matière qui est essentiellement policière, c'est-à-dire politique. Les
métiers sont ceux que les suspects déclaraient (la vanité ou la volonté
de masquer la réalité peuvent jouer) ou qui leur étaient attribués par
les dénonciateurs (la jalousie ou la volonté de surestimer la position
sociale constituant ici de nouveaux écueils). Je n'ai en fait aucune
certitude parce que je n'ai aucun moyen méthodologique qui me
satisfasse. J'avance une interprétation hypothétique et je m'aide de
plusieurs montages. La définition légale des suspects, telle qu'elle est
établie par les autorités, a toujours été une définition politique
fondée sur les engagements supposés, les comportements appréciés
comme suspects. Malgré la volonté affirmée de militants populaires J. Roux, ou celle persistante des groupes d'origine populaire
actifs dans les assemblées ou sociétés de sections, les législateurs
n'ont jamais désigné des corps entiers de métiers comme suspects.
Dans l'esprit des Conventionnels, et sauf exception (discours de
Barrère du 4 nivôse), la question : « y a-t-il des métiers suspects ? »
ne se posait pas. Dans le même état d'esprit, mais sans aucun doute
avec plus de difficultés, l'Assemblée n'avait pas voulu désigner à la
suspicion des catégories sociales. La question qui se posait était de LES ARRESTATIONS DE SUSPECTS EN 1793 ET EN L'AN II 75
savoir si la mise en pratique des arrestations faites par les militants
des sections respectait cette norme ou s'en éloignait. L'étude socio
professionnelle des suspects arrêtés devrait permettre de voir quelle
tendance, populaire ou gouvernementale, avait prévalu.
L'étude selon les catégories sociales des suspects arrêtés se
heurte bien entendu aux difficultés de classification et de délimitation
des groupes d'une société en mutation : cette difficulté est
particulièrement vive à l'intérieur de l'ancien Tiers-Etat. Ainsi,
l'application des lois de suspicion varie selon l'appréciation que l'on
porte sur tel ou tel groupe : des tendances nettes se dégagent
cependant avec vigueur ; elles sont perceptibles dans l'utilisation des
motifs d'arrestation selon les métiers ou les catégories sociales.
Sur les 9294 suspects, dont 1315 femmes arrêtés à Paris entre
août 92 et thermidor an II, une partie seulement voit son métier ou
sa qualité libellé, précisément 5605 dont 427 femmes soit 60,3 °7o. Les
distinctions sociales opérées à l'intérieur de cet ensemble relèvent
d'une double démarche qui se veut complémentaire.
Dans un premier temps un classement a été effectué en tenant
compte de la structure par ordres de l'Ancien Régime. Les membres
des deux ordres ci-devant privilégiés ont été regroupés, par
opposition les autres suspects appartiennent à l'ancien Tiers. En
l'absence d'une étude des niveaux de fortune, sur laquelle je
reviendrai, les subdivisions internes au Tiers ont été établies à partir
de la dénomination des métiers portés sur les billets d'arrestations et
les registres d'écrou en utilisant les données fournies par Marcel
Reinhard et Albert Soboul.
Trois subdivisions principales ont été opérées :
— La première concerne la bourgeoisie :
vers le haut, bourgeoisie d'affaires, bourgeoisie de finance et
négociants fabricants.
vers le bas, moyenne bourgeoisie, professions libérales
(judiciaires, santé, lettres, art).
— La seconde regroupe la petite bourgeoisie artisanale et
boutiquière et les classes populaires urbaines :
artisans marchands (classés par corps : métiers du bois,
métaux, bâtiment, textile, habillement et mode, cuir, etc.)
marchands artisans (métiers alimentation et ravitaillement,
services et transports)
métiers salariés (ouvriers journaliers, petits métiers de la rue,
gens de maison), enfin prostituées ou « sans-emploi ». 76 JEAN-LOUIS MATHARAN
— La troisième subdivision rassemble les suspects dont les
métiers relèvent de fonctions d'état : commis, employés des
administrations et des ministères, militaires (officiers,
soldats), policiers, et membres des comités de section.
Les privilégiés sont au nombre de 987 dont 242 femmes, soit
17.6 °7o du total dont on connaît le métier ou la qualité. La
haute bourgeoisie et les professions libérales représentent
1559 individus dont 43 femmes, soit 27,8 °/o ; la petite bour
geoisie et les classes populaires urbaines regroupent 1620
individus dont 137 femmes, soit 28,9 °7o. Les fonctionnaires,
1439 dont 5 femmes, dépassent le quart des suspects arrêtés :
25.7 °/o. Parmi les privilégiés, les nobles, puis le bas clergé,
sont les plus nombreux ; dans la haute bourgeoisie et les
professions libérales, les pourcentages les plus élevés relèvent
des métiers du négoce, puis de ceux de la justice ; dans la
petite bourgeoisie et les classes populaires urbaines, 40 °7o
sont des artisans marchands, 17 % des marchands artisans,
18 °/o des salariés. Parmi les « fonctionnaires », 50 °7o sont
des commis, 39 °/o des militaires (24 °/o d'officiers), 11 °/o
(159 individus) appartiennent soit aux comités soit à la police.
Cette première approche par grands ensembles sociaux permet
de constater une évidence : l'arrestation des suspects a essentie
llement touché les membres de l'ancien Tiers-Etat. Ils fournissent plus
de 80 % des suspects. La deuxième donnée fournie par ces chiffres
établit que ce sont les catégories moyennes ou populaires qui ont été
les plus suspectées. Par ailleurs cette identification des catégories
sociales particulièrement visées par les arrestations est confirmée par
un autre regroupement : si l'on regroupe les privilégiés (sauf le bas
clergé), la haute bourgeoisie, et les officiers militaires, on obtient un
total de 1918 suspects dont 240 femmes, soit 34,21 °/o du total. La
moyenne bourgeoisie, celle des professions libérales, s'élève à
13,47 %, 755 dont 23 femmes. La petite

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