Les blessures de guerre et l armement au Moyen Âge dans l Occident latin - article ; n°39 ; vol.19, pg 112-136
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Les blessures de guerre et l'armement au Moyen Âge dans l'Occident latin - article ; n°39 ; vol.19, pg 112-136

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Médiévales - Année 2000 - Volume 19 - Numéro 39 - Pages 112-136
L'armement des guerriers du Moyen Âge a été très rarement envisagé sous l'angle des blessures et de la valeur protectrice des armes défensives. En dépit des efforts constants réalisés par les combattants pour se protéger et pour adapter l'armement défensif aux « progrès » des armes offensives, les combattants et particulièrement les fantassins n'ont été, à quelques exceptions près, jamais réellement protégés. Les combats étaient donc infiniment plus meurtriers au Moyen Âge qu'on ne le pense habituellement.
War Injuries and Armament in the Middles Ages in the Latin West - Armament in the Middle Ages has very seldom been considered from the point of view of induced injuries and the degree of safety that defensive armament could give to the fighters. Despite the continuous efforts made to protect themselves and to adjust their defensive armament to the « improvements » of offensive weapons, fighters, and above all infantrymen, have, with few exceptions, never been actually well protected. Casualties at war were therefore infinitely more numerous than is usually believed.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Alain Mounier-Kuhn
Les blessures de guerre et l'armement au Moyen Âge dans
l'Occident latin
In: Médiévales, N°39, 2000. pp. 112-136.
Résumé
L'armement des guerriers du Moyen Âge a été très rarement envisagé sous l'angle des blessures et de la valeur protectrice des
armes défensives. En dépit des efforts constants réalisés par les combattants pour se protéger et pour adapter l'armement
défensif aux « progrès » des armes offensives, les combattants et particulièrement les fantassins n'ont été, à quelques
exceptions près, jamais réellement protégés. Les combats étaient donc infiniment plus meurtriers au Moyen Âge qu'on ne le
pense habituellement.
Abstract
War Injuries and Armament in the Middles Ages in the Latin West - Armament in the Middle Ages has very seldom been
considered from the point of view of induced injuries and the degree of safety that defensive armament could give to the fighters.
Despite the continuous efforts made to protect themselves and to adjust their to the « improvements » of
offensive weapons, fighters, and above all infantrymen, have, with few exceptions, never been actually well protected. Casualties
at war were therefore infinitely more numerous than is usually believed.
Citer ce document / Cite this document :
Mounier-Kuhn Alain. Les blessures de guerre et l'armement au Moyen Âge dans l'Occident latin. In: Médiévales, N°39, 2000.
pp. 112-136.
doi : 10.3406/medi.2000.1498
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_2000_num_19_39_1498Médiévales 39, automne 2000, p. 112-136
Alain MOUNIER KUHN
LES BLESSURES DE GUERRE ET L'ARMEMENT
AU MOYEN ÂGE DANS L'OCCIDENT LATIN
Alors que la question des effectifs des armées réunies par les rois
ou par les princes fait l'objet de débats passionnés et controversés, peu
d'auteurs se sont interrogés sur le pourcentage, même approximatif, des
combattants de ces armées qui ne revenaient pas de la campagne ou qui
en revenaient blessés, mutilés ou invalides. L'armement des combatt
ants a, au contraire, très fortement attiré l'attention des historiens qui
n'ont cependant pas étudié, en général, le rôle protecteur de l'armure
face à l'action vulnérante des armes offensives, se concentrant sur les
questions d'ordre technique, économique, législatif, que soulèvent la
fabrication, l'emploi, le commerce des armes.
Il paraît donc intéressant de tenter une approche réaliste des bles
sures de guerre au Moyen Âge : localisation, lésions anatomopatholo-
giques, éventuellement évolution, et d'apprécier, en fonction de ces
lésions, l'efficacité - ou l'inefficacité - de l'armement défensif des
combattants. L'étude des armes sera esquissée de façon relativement
schématique pour l'ensemble du Moyen Âge, de la période mérovin
gienne à la seconde moitié du XVe siècle, cette dernière période étant
plus particulièrement concernée par les blessures dues aux armes à feu.
Nous nous interrogerons sur la protection que le combattant pouvait
espérer de ses armes défensives et nous nous demanderons dans quelle
mesure celles-ci ont évolué et accompagné les « progrès » de plus en
plus destructeurs des armes offensives à partir du xr siècle1.
La victoire ou la défaite à l'issue d'une bataille dépendent essen
tiellement du courage, de la volonté de vaincre, de la préparation psy
chologique, de l'endurance physique des combattants, plus grands dans
un camp que dans l'autre, mais aussi de la science tactique des deux
1. Ph. Contamine, La Guerre au Moyen Âge, Paris, 1994, p. 516 ; Cl. Gaier, Armes
et combats dans l'univers médiéval, Bruxelles, 1995, p. 418 ; Id., L'industrie et le com
merce des armes dans les anciennes principautés belges du xur à la fin du xv siècle,
Paris, 1973, p. 395 ; D. C. Nicolle, Arms and Armours of the Crusadin Era, 1050-1350,
2 vol., New York, 1988, p. 1038, 573. BLESSURES DE GUERRE ET L'ARMEMENT AU MOYEN ÂGE 113 LES
chefs en présence et enfin du nombre respectif des guerriers des deux
armées, encore que bien des combats pendant les croisades, comme plus
tard, la bataille d'Azincourt, montrent que ce dernier facteur est relat
ivement secondaire. Par contre, le fait d'être mort, blessé ou indemne à
la fin de l'engagement résulte bien sûr de la science du combat et de
l'entraînement que chacun de ces hommes avait pu acquérir mais aussi,
et pour une grande part, de la qualité de leur armement défensif ; les
récits des chroniqueurs abondent en exemples de rois et de chefs
d'armées tués ou blessés pour s'être lancés au combat sans la protection
d'une armure : Harald de Norvège combattant sans armure Harold de
Bretagne à Stanfordbridge le 25 septembre 1066 eut le cou percé d'une
flèche dès le début du combat2 ; Robert le Fort fut tué pour la même
raison au cours d'une sortie des Normands de l'église de Brissarthe
dans laquelle ils s'étaient retranchés, en septembre 8663 ; Villehardouin
raconte comment le marquis Boniface de Montf errât mourut d'un coup
de lance qui lui sectionna probablement l'artère axillaire alors qu'il
combattait sans avoir eu le temps de mettre son armure4. Citons aussi
la mort de Hugues de Tibériade à Ascalon ou la très grave blessure
dont fut victime à la hanche et au flanc Baudouin Ier tombé dans une
embuscade des Sarrasins alors qu'il chassait sans son armure à peu de
distance de Jérusalem5. Parfois combattre sans armure était une bravade
collective dont Paul Diacre rapporte un exemple qui coûta la victoire
aux Hérules6.
Cependant, avoir une bonne armure n'était nullement la garantie
d'une protection efficace en toutes circonstances : à la bataille de Béné-
vent, « Li Allemant se tiendre moult bien et longuement quar ils estoient
bon chevalier et aussi comme tous armez de doubles armes, si que les
espées des françois ne les porent empirier ne mal metre. Quant se virent
François, si sachièrent petites espées courtes et agues et estroites devant
et commencèrent à crier en la langue françoise : "à estoc, à estoc des
sous l'esselle", là où li allemant estoient legieremnt armez7. » Ce chan
gement de tactique entraîna une terrible tuerie, la défaite et la mort de
Manfred.
2. A. Thierry, Histoire de la conquête de l'Angleterre, Paris, 1867, p. 330.
3. Richer, Histoire de France, trad. R. Latouche, 2 vol., 1967, p. 303, 389.
4. Geoffroi de Villehardouin, La Conquête de Constantinople, E. Farral éd.,
2 vol., rééd. Paris, 1973, t. 2, § 498-499, p. 313 : « Sitôt que le Marquis eut ouy le bruit,
il sauta promptement sur son cheval, tout désarmé... et leur courut sus... mais le malheur
voulu qu'il reçut là un coup mortel dans le gros du bras, sous l'épaule, en sorte qu'il
commença à jeter du sang en quantité. Alors ceux qui estaient le plus près de luy le
soutinrent, commençant à tomber en pâmoison de la perte de son sang ».
5. Albert d'Aix, Histoire des Croisades, F. Guizot éd., 2 vol., Paris, 1824, 1. IX,
p. 60.
6. Paul Diacre, Histoire des Lombards, Paris, 1994, p. 18 : « Aussy, à vray dire
les Erules... en cette journée là, ou pour leur aise ou par mépris de leurs ennemys, vou
lurent combattre tout nuds, estant seulement couverts aux parties honteuses de leurs
corps ».
7. Grandes Chroniques de France, J. Viard éd., 10 vol., Paris, 1920-1953, t. vn,
p. 243 (SHF). 1 14 A. MOUNIER KUHN
Les chiffres de morts sur les champs de bataille cités par les chro
niqueurs apparaissent dans la plupart des cas difficilement crédibles8 :
à la bataille de Montpensier entre Eudes et les Normands, ceux-ci
auraient eu 12 000 morts, d'après Richer ; Grégoire de Tours parle de
7 000 morts des deux armées, à la bataille de Château-Meillan entre
Chilpéric et Gontran ; la bataille de Las Navas de Tolosa aurait provo
qué la mort de 60 000 à 80 000 Musulmans, d'après les chroniqueurs
espagnols. Cependant, un certain nombre de batailles ont gardé la répu
tation d'avoir été extrêmement meurtrières : Fontenoy en Puisaye
(25 juin 841), Hastings, Arsouf (7 septembre 1191), Mansourah (1250,
récit de Joinville), Hattin, Crécy, Wisby (27 juillet 1361), parmi bien
d'autres. Il ne sembl

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