Les Congrès féministes internationaux - article ; n°1 ; vol.7, pg 71-86
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Description

Cahiers Georges Sorel - Année 1989 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 71-86
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Laurence Klejman
Les Congrès féministes internationaux
In: Cahiers Georges Sorel, N°7, 1989. pp. 71-86.
Citer ce document / Cite this document :
Klejman Laurence. Les Congrès féministes internationaux. In: Cahiers Georges Sorel, N°7, 1989. pp. 71-86.
doi : 10.3406/mcm.1989.979
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mcm_0755-8287_1989_num_7_1_979Les Congrès féministes
internationaux
LAURENCE KLEJMAN
«Ne l'oublions pas, il existe
une internationale féministe. »
Des cengrès féministes? A la Belle-Epoque, le mouvement
féministe participe allègrement, comme la plupart des mouve
ments politiques, sociaux ou intellectuels, à la mode congressiste,
aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale. Ces congrès
représentent-ils pour autant des enjeux particuliers? Quelle est
leur fonction? L'étude de ces rencontres aide-t-elle la compré
hension du féminisme international et de ses relations? Répond
re à ces questions implique que l'on ait explicité la nature de
ce féminisme international et, auparavant, la notion même de
féminisme.
Le féminisme international : un creuset commun
Pay de texte fondateur mais une idée qui fait son chemin
«Féminisme», au tournant du siècle comme aujourd'hui,
le terme est familier et chacun pense en maîtriser le sens. Et
pourtant, à la fin du XIXe siècle, la notion reste encore floue
pour le grand public. Aussi bien en France qu'à l'étranger, elle
semble irréductible aux définitions. Ce n'est pas tant que les
1. Léon Abensour, Le problème féministe, Paris, Payot, 1927,
p. 176.
71 qu'elle soulève soient récentes — elles remontent au questions
moins à la Renaissance — mais elles n'ont pas été résumées ou
formulées dans un texte précis qui puisse servir de référence
ou de base de discussion. Cette absence de texte fondateur n'est
toutefois pas un véritable handicap. Que les féministes français
s'appuient sur les écrits de Condorcet et la Déclaration des droits
de la femme et de la citoyenne d'Olympe de Gouges ou que les
Anglo-Saxons fassent plus volontiers référence au texte de Mary
Wollstonecraft, Vindication of the Rights of Woman (1792) z in
tervient peu dans la diffusion de l'idée féministe; celle-ci s'im
pose, depuis la fin du XVIIIe siècle et essentiellement tout au
long du XIXe, dans différents pays d'Europe, d'Amérique et
d'Australie. Cette émergence se caractérise par la naissance de
mouvements organisés.
L'origine française du mot
A cette absence « du » texte correspond une question de voca
bulaire. Le terme «féminisme» est d'origine récente et, nous
l'avons dit, c'est peu de dire que les actes ont précédé le mot3.
«Féministe», font partie du lexique militant fran
çais depuis le début des années 1890. Le premier groupe à l'uti
liser dans son titre est la Fédération française des sociétés fémi
nistes (1891) qui réunit n 1892, à Paris, le «Congrès général
des sociétés féministes» (de France). Rapidement, le mot s'im
pose. Son utilisation semble combler le vide du texte fondateur.
Alexandre Dumas fils s'en sert, le premier, dans un contexte peu
favorable aux idées développées par les partisans du droit des
femmes. Pour lui, est féministe l'homme qui, par déviation du
caractère, se range dans le « camp » des femmes et prend leur
parti (notamment celui qui dénonce le meurtre par le mari de sa
femme adultère !). Ce sens réfère sans doute au lexique médical
qui qualifiait alors de féministes les hommes présentant des carac
tères sexuels féminins. On notera que le terme eut d'abord un
2. Sur Olympe de Gouges, cf. Olivier Blanc, Olympe de Gouges,
Paris, Syros, 1981 ; Mary Wollstonecraft, Défense des droits de
la femme, Paris, Payot, 1976.
3. Geneviève Fraisse, Muses de la Raison, Paris, Alinéa, 1989.
Laurence Klejman et Florence Rochefort, L'Egalité en marche.
Le féminisme sous la IIIe République, Presses de la Fondation
nationale des sciences politiques / Des femmes, Paris, 1989.
72 péjoratif, détourné par celles et ceux dont il devait se moquer. sens
Plus récemment, Women's Lib ou MLF ont connu le même itiné
raire. A l'étranger, la plupart des substantifs se déclinent aussi
autour du mot «femme». «Féministe» passera les frontières
assez lentement mais s'imposera dans la plupart des langues.
Une référence commune: la femme esclave
En tout cas, nul besoin de créer un esperanto féministe. S'il
existe plusieurs termes, les références sont dans tous les pays les
mêmes, qui évoquent la dynamique de l'esclavage et de la libé
ration (femmes esclaves, parias, domination, sujétion, émancipat
ion, affranchissement, plus rarement libération) 4. Des références
qui s'inscrivent toutes dans une réalité qui, pour être soumise à
des différences locales, n'en est pas moins semblable partout.
Quelles que soient les cultures et les nations, le statut des fem
mes est inférieur et leurs droits quasi-inexistants. Le féminisme
est d'abord une prise de conscience d'une identité bafouée; il
est aussi un constat, un état des lieux de la condition féminine
qui s'accompagne d'une volonté de changer cet état des choses.
Réflexion d'abord individuelle, « cri de révolte de quelques iso
lées » 5, comme en témoignent quelques écrits depuis la Cité des
Dames de Christine de Pisan, L'égalité des sexes de Poullain de
La Barre ou Lettres d'un bourgeois de New Haven à un citoyen
de Virginie de Condorcet, elle gagne du terrain et devient col
lective. C'est alors la période des premières pétitions — moyen
par lequel l'individu s'engage isolément et nommément pour
faire nombre et se fondre dans le groupe de signataires. C'est là
l'embryon d'un mouvement revendicatif qui n'attend qu'un mo
ment propice pour se faire entendre. Et ce moment n'est pas
le même pour tous.
Des conditions d'émergence différentes
Dans un premier temps, les mouvements féministes sont dis
tincts, sans liens entre eux ou seulement ponctuellement. Au
4. Eleni Varikas et Michèle Riot-Sarcey, «Feminist conscious
ness in the XIXth century : a pariah consciousness ? », Praxis
International, 5, 1986.
5. Léon Abensour, op. cit., p. 92.
73 niveau national même, on peut repérer des associations total
ement indépendantes, pour ne pas dire concurrentes. Ces mouve
ments présentent presque tous la particularité d'avoir émergé en
liaison avec des événements ou d'autres mouvements sociaux ou
politiques 6.
Le caractère contingent de la naissance de ces mouvements
fait apparaître des différences par delà les frontières. Ainsi les
premières féministes américaines sont-elles, en majorité, des Quak
ers actives dans le mouvement anti-esclavagiste. La décision de
ne pas autoriser la présence des femmes, quand plusieurs avaient
fait le voyage depuis les Etats-Unis, lors d'une convention mond
iale des abolitionnistes à Londres en 1840, provoque un choc
décisif. La réflexion que les participantes mènent sur cet évince-
ment et sur leur exclusion de droits qu'elles revendiquaient pour
d'autres conduit les Américaines à s'organiser en une association
pour lutter pour leurs droits. Le 19 juillet 1848, elles réunissent
une Convention à Senecca Falls, près de New York; Elisabeth
Cady Stanton (1815-1902) et Lucretia Mott (1793-1880), depuis
longtemps sensibilisées à la question, y rédigent une Déclaration
des sentiments (sur le modèle de la Déclaration d'Indépendance)
qui, accompagnée d'une liste de revendications, devient le manif
este du féminisme américain. En Suisse, le féminisme naît, vers
1868, dans le sillage de l'activité des internationalistes et des paci
fistes de la revue les Etats-Unis d'Europe.
En France, l'activité républicaine ou révolutionnaire s'accom
pagne pratiquement toujours de revendications féministes fo
rmulées collectivement. Ces groupes, faut-il le préciser, sont très
minoritaires et parfois mixtes. Nous ne reviendrons pas sur la
Révolution fran&#

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