Les élections américaines de 1960. Analyse géographique et sociologique - article ; n°4 ; vol.11, pg 841-861
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Description

Revue française de science politique - Année 1961 - Volume 11 - Numéro 4 - Pages 841-861
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Austin Ranney
Les élections américaines de 1960. Analyse géographique et
sociologique
In: Revue française de science politique, 11e année, n°4, 1961. pp. 841-861.
Citer ce document / Cite this document :
Ranney Austin. Les élections américaines de 1960. Analyse géographique et sociologique. In: Revue française de science
politique, 11e année, n°4, 1961. pp. 841-861.
doi : 10.3406/rfsp.1961.392646
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1961_num_11_4_392646Les Elections Américaines de 1960
analyse géographique et sociologique
AUSTIN RANNEY
LES principales fonctions en jeu aux élections américaines de
1960 étaient la Présidence des Etats-Unis, 34 des 100 sièges
au Sénat des Etats-Unis, les 437 sièges à la Chambre des
représentants des et les postes de gouverneur dans 27
des 50 Etats. A bien des égards, l'élection présidentielle a été la
plus exceptionnelle au moins depuis celle de 1948, et l'analyse de
cet événement et de ses causes occuperait profitablement des spé
cialistes de science politique pour de nombreuses années à venir.
En premier lieu, les électeurs se sont partagés plus également
que dans toutes les autres élections présidentielles sauf une dans
l'histoire de la nation. Le candidat désigné du Parti Démocrate, le
sénateur John F. Kennedy, l'a emporté avec seulement 49,484 %
du total des suffrages populaires et 50,083 % du « two-party vote »
(c'est-à-dire des voix démocrates et des voix républicaines réunies).
Seule l'élection présidentielle de 1880 fut remportée par un écart
plus réduit : c'est avec 50,053 % du « two-party vote » que le répu
blicain James A. Garfield défit le démocrate Winfield Scott Hanc
ock. Mais en 1960, de plus, onze Etats sur les cinquante que
comptent les Etats-Unis ont divisé leurs suffrages dans la proport
ion de 51 contre 49 % ou même moins. Kennedy a enlevé neuf
de ces Etats sur onze, et ces neuf Etats lui ont donné 121 mandats
présidentiels sur les 303 qu'il a obtenus au total.
En second lieu, l'élection de 1960 a été la troisième des quatre
dernières élections présidentielles (les deux autres étant celles de
1948 et de 1956) où un ou plusieurs membres du Collège électoral
présidentiel élus sur le programme d'un des grands partis nationaux
ont disposé de leurs mandats en faveur de personnes autres que les
candidats nationaux de leurs partis. De sorte que, finalement, le
scrutin présidentiel a donné 303 mandats pour Kennedy, 219 pour
son adversaire républicain Richard M. Nixon, et 15 pour Hàrry Austin Ranney
R. Byrd, un sénateur démocrate ultra-conservateur de Virginie.
Les voix de Byrd sont venues des huit électeurs présidentiels du
Mississippi élus sur un programme particulier, pro-ségrégationniste
1' Alaet « a-partisan », de six des onze électeurs présidentiels de
bama, tous élus comme démocrates, et d'un électeur présidentiel de
l'Oklahoma élu républicain.
Les élections aux sièges des deux assemblées du Congrès et aux
postes exécutifs et législatifs du gouvernement de divers Etats se
sont soldées par une substantielle victoire nationale pour le Parti
Démocrate, bien que la marée démocrate ait reculé un peu par rap
port au niveau qu'elle avait atteint aux élections de 1958.
Le résultat de beaucoup le plus important de l'élection, cepen
dant, a été de placer l'énorme pouvoir pour le bien et pour le mal
de la Présidence américaine, pour les années décisives de 1961
à 1965, entre les mains de John Fitzgerald Kennedy. Ce que ceci
signifiera pour les Etats-Unis et pour le reste du monde, c'est une
histoire qui ne fait que commencer et qui dépasse les limites de cet
article.
En conséquence, nous en venons maintenant à une analyse
préliminaire, géographique et sociologique, des élections de 1960.
I. LES CANDIDATS A LA PRÉSIDENCE
ET LA CAMPAGNE ÉLECTORALE
A plusieurs égards, Kennedy et Nixon étaient tous
Les candidats deux très nettement différents de l'espèce d'hom
mes qui sont généralement choisis comme candidats
présidentiels. C'est naturellement le fait que Kennedy était seule
ment le deuxième catholique à être candidat présidentiel d'un
grand parti (l'autre ayant été le démocrate Alfred E. Smith en
1928), et qu'il est le premier catholique à avoir été élu à la Pré
sidence qui constitue la rupture la plus frappante avec la tradition.
Par ailleurs, Kennedy, à quarante-trois ans, est le plus jeune pré
sident qui ait jamais été élu, encore que le vice-président Théodore
Roosevelt ait été plus jeune, puisqu'il n'avait que quarante-deux
ans, lorsqu'il accéda à la Présidence, en 1901. après l'assassinat
du président McKinley. De plus, Kennedy a été, depuis la guerre
de Sécession, seulement le deuxième sénateur des Etats-Unis en
fonction à être candidat présidentiel d'un grand parti, l'autre ayant
été le républicain Warren C. Harding, en 1920. Et Richard Nixon,
842 Elections Américaines de 1960 Les
lui-même âgé seulement de quarante-sept ans, a été le premier vice-
président en fonction désigné comme candidat à la Présidence par
un des deux grands partis depuis la désignation par les démocrates
de Martin Van Buren en 1836.
Kennedy et Nixon sont tous deux très différents de Dwight
Eisenhower. L'un comme l'autre ont un quart de siècle de moins
qu'Eisenhower ; l'un et l'autre sont des hommes de parti, des poli
ticiens expérimentés, habiles et qui n'ont pas honte de l'être ; l'un
et l'autre sont des orateurs extrêmement aptes à improviser. Les
deux candidats avaient aussi en commun d'être tous deux consi
dérés comme des modérés presque à égale distance de l'extrême-
droite et de l'extrême-gauche de leurs partis respectifs, avec toute
fois un petit penchant vers la gauche, et d'avoir tous deux réguliè
rement évolué vers la gauche, tant au cours de leurs efforts pour se
faire désigner comme candidats par leurs partis, que dans leur
bataille pour la Présidence.
1960 a amené une innovation fonda-
La campagne électorale mentale dans l'arsenal des campagnes
électorales présidentielles : les quatre
« grands débats » face à face des deux candidats à la Présidence
sur les réseaux nationaux de télévision et de radio. Jamais encore
dans l'histoire des Etats-Unis les candidats des deux grands partis
n'avaient engagé un débat direct à la même tribune. L'intérêt sans
précédent du public pour cette innovation est démontré par le fait
qu'on a estimé que 64 000 000 de personnes regardèrent ou écou
tèrent le premier débat du 26 septembre, et que le public des débats
suivants, les 7, 13 et 21 octobre, fut presque aussi important.
Il avait fallu trouver un compromis entre les désirs contradict
oires des candidats, des réseaux de radio et de télévision et des
journaux, et le résultat fut une formule de débat assez originale. Les
candidats se tenaient derrière des pupitres de chaque côté de la
scène d'un studio de télévision, et un commentateur des nouvelles
de la télévision, assis entre les deux, jouait le rôle de « président
des débats ». Des questions étaient posées aux candidats par un
« jury » de quatre journalistes, un jury différent étant choisi par
tirage au sort pour chaque débat sur une liste de journalistes des
quotidiens, de la télévision et de la radio, ainsi que des pério
diques d'information. Le candidat disposait de deux minutes et
demie pour répondre à la question posée, et l'autre candidat avait
une minute et demie pour commenter la réponse de son adversaire. Austin Ranney
Les « grands débats » offrent un phénomène attirant à l'analyse
du spécialiste de science politique. De nombreuses études antérieures
à 1960 ont montré que le discours électoral de type traditionnel,
quand le candidat A et ses partisans disposent de la salle de réu
ni

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