Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 - article ; n°5 ; vol.18, pg 837-858

François Goguel

Description

Revue française de science politique - Année 1968 - Volume 18 - Numéro 5 - Pages 837-858
THE FRENCH GENERAL ELECTION 0F 1968 FRANCOIS GOGUEL Le trait le plus caractéristique du premier tour des élections législatives qui est déroulé le 23 juin 1968 est la très forte progression de la majorité sortante tout en ayant entamé l'électorat de gauche de 1967 la majo rité doit le plus gros de ses gains aux suffrages électeurs centristes ou mo dérés 154 sièges dont 144 au profit de U.D.R. ont été pourvus dès ce premier scrutin Une semaine plus tard le scrutin de ballottage confirmé ces tendances certains électeurs de gauche étant en outre dérobés la discipline républicaine Sur le plan géographique on notera tout particu lièrement extension de électorat gaulliste vers le Sud Cette évolution est dans ensemble déterminée par les événements de mai-juin toutefois il semble elle soit antérieure car on peut en déceler des indices tra vers les consultations cantonales inter venues depuis automne 1967 The most characteristic trait of the first ballot of the general election which took place on 23rd fune 1968 is the very great increase in the ma jority if the majority has gained some support from the left wing electorate of 1967 the major part of its gains come from the votes of centrists and moderates 154 seats .144 of which went to the U.D.R. were filled on the first ballot week later the second ballot confirmed this tendency certain left wing electors having furthermore abandoned the Republican disci pline Geographically the extension of the Gaullist electorate towards the South is particularly interesting This evolution was determined on the whole by the events of May and June yet it seems to have its roots further back and to be reflected in the can tonal elections of 1967-1968
The most characteristic trait of the first ballot of the general election which took place on 23rd fune 1968 is the very great increase in the ma jority if the majority has gained some support from the left wing electorate of 1967 the major part of its gains come from the votes of centrists and moderates 154 seats .144 of which went to the U.D.R. were filled on the first ballot week later the second ballot confirmed this tendency certain left wing electors having furthermore abandoned the Republican disci pline Geographically the extension of the Gaullist electorate towards the South is particularly interesting This evolution was determined on the whole by the events of May and June yet it seems to have its roots further back and to be reflected in the can tonal elections of 1967-1968
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_FRANCAISE_DE_SCIENCE_POLITIQUE0
• Publié le: 01 janvier 1968
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Extrait

Monsieur François Goguel
Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968
In: Revue française de science politique, 18e année, n°5, 1968. pp. 837-858.
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Goguel François. Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968. In: Revue française de science politique, 18e année, n°5,
1968. pp. 837-858.
doi : 10.3406/rfsp.1968.393112
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1968_num_18_5_393112Abstract
The most characteristic trait of the first ballot of the general election which took place on 23rd fune 1968
is the very great increase in the ma jority if the majority has gained some support from the left wing
electorate of 1967 the major part of its gains come from the votes of centrists and moderates 154 seats
.144 of which went to the U.D.R. were filled on the first ballot week later the second ballot confirmed this
tendency certain left wing electors having furthermore abandoned the Republican disci pline
Geographically the extension of the Gaullist electorate towards the South is particularly interesting This
evolution was determined on the whole by the events of May and June yet it seems to have its roots
further back and to be reflected in the can tonal elections of 1967-1968
Résumé
THE FRENCH GENERAL ELECTION 0F 1968 FRANCOIS GOGUEL Le trait le plus caractéristique du
premier tour des élections législatives qui est déroulé le 23 juin 1968 est la très forte progression de la
majorité sortante tout en ayant entamé l'électorat de gauche de 1967 la majo rité doit le plus gros de
ses gains aux suffrages électeurs centristes ou mo dérés 154 sièges dont 144 au profit de U.D.R. ont
été pourvus dès ce premier scrutin Une semaine plus tard le scrutin de ballottage confirmé ces
tendances certains électeurs de gauche étant en outre dérobés la discipline républicaine Sur le plan
géographique on notera tout particu lièrement extension de électorat gaulliste vers le Sud Cette
évolution est dans ensemble déterminée par les événements de mai-juin toutefois il semble elle soit
antérieure car on peut en déceler des indices tra vers les consultations cantonales inter venues depuis
automne 1967 The most characteristic trait of the first ballot of the general election which took place on
23rd fune 1968 is the very great increase in the ma jority if the majority has gained some support from
the left wing electorate of 1967 the major part of its gains come from the votes of centrists and
moderates 154 seats .144 of which went to the U.D.R. were filled on the first ballot week later the
second ballot confirmed this tendency certain left wing electors having furthermore abandoned the
Republican disci pline Geographically the extension of the Gaullist electorate towards the South is
particularly interesting This evolution was determined on the whole by the events of May and June yet it
seems to have its roots further back and to be reflected in the can tonal elections of 1967-1968LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
DES 23 ET 30 JUIN 1968
FRANÇOIS GOGUEL
Contrairement à ce que nous avions fait dans notre article
consacré aux élections de mars 1967 l, nous n'analyserons pas
dans la présente étude les conditions dans lesquelles s'est dé
roulé le scrutin de juin 1968, non plus que la tactique des formations
politiques qui l'ont affronté. Il y aurait à poser et à résoudre, pour le
faire convenablement, des problèmes très complexes, relatifs à la crise
que la France a traversée aux mois de mai et juin 1968 ; nous ne
pourrions aborder ces questions aujourd'hui que trop superficiellement.
Nous nous bornerons donc à exposer ce qu'ont été, du point de
vue statistique et du point de vue géographique, les résultats de la
consultation électorale qui a eu lieu en France au mois de juin 1968,
en nous réservant d'essayer, dans des travaux ultérieurs, d'interpréter
ces résultats, compte tenu de la conjoncture politique dans laquelle
ceux-ci ont été acquis.
I. ÉTUDE STATISTIQUE
Le premier tour de scrutin
La statistique de la répartition des suffrages entre formations poli
tiques que le Ministère de l'intérieur a publiée le 24 juin 2 ne nous
paraît pas complètement satisfaisante.
D'une part, elle comporte le classement sous la rubrique « divers
gauche » de deux candidats qui avaient rompu avec la Fédération de
la et qui, élus au deuxième tour, se sont l'un et l'autre appa-
1. « Les élections législatives des 5 et 12 mars 1967 », Revue française de science
politique, vol. XVII, n° 3, juin 1967, pp. 429-467.
2. Reproduite dans Le Monde daté du 25 juin 1968.
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rentes au groupe Progrès et démocratie moderne : MM. Hersant (Oise,
3e) et Boutard (Haute- Vienne, 2e) : il nous a paru préférable de porter
les suffrages de ces deux candidats sous une rubrique « divers modér
és », qui correspond en partie à la rubrique « Républicains indépen
dants non U.D.R. et modérés » de la statistique ministérielle.
Mais c'est surtout cette dernière rubrique qu'il nous a paru néces
saire de ne pas conserver telle quelle, si l'on veut avoir une vue exacte
du résultat du scrutin.
En 1967, la majorité- sortante avait pratiqué l'unité de candidat
ure, sous l'étiquette du Comité d'action pour la Cinquième Répu
blique ; en 1968, au contraire, si, à trois exceptions près, sur lesquelles
nous reviendrons, les députés sortants des groupes U.D. Ve et Répub
licains indépendants ont été soutenus en commun par ces deux fo
rmations, sous l'étiquette Union pour la défense de la République
(U.D.R.), il a été admis par les dirigeants de la majorité que, dans les
circonscriptions dont le député sortant appartenait à un groupe d'oppos
ition, les Républicains indépendants pourraient présenter un candi
dat autre que celui investi par l'U.D.R. Il a été usé de cette faculté
dans 45 circonscriptions 3. Il nous a paru que les 333 664 suffrages
obtenus par les Républicains indépendants dans ces circonscriptions
devaient être portés au crédit de la majorité, dont se réclamaient les
candidats qui les ont recueillis, plutôt que confondus avec ceux de
candidats modérés de tendance plus ou moins ambiguë.
D'autre part, sans s'être vu opposer de candidat U.D.R. , M. Gis
card d'Estaing, dans la deuxième circonscription du Puy-de-Dôme,
s'est présenté sous la seule étiquette de Républicain indépendant, alors
que sa qualité de député sortant aurait pu lui valoir automatiquement
l'investiture U.D.R. ; dans la première circonscription du Val-d'Oise,
M. Michel Poniatowski, également député sortant et candidat Répub
licain indépendant, a eu un concurrent U.D.R. ; enfin, dans la tro
isième circonscription de Vendée, le député sortant de l'U.D. Ve, can
didat U.D.R., a eu un concurrent Républicain indépendant. Les 75 906
suffrages de ces trois candidats non U.D.R., mais appartenant à la
majorité, nous ont paru devoir être comptabilisés avec ceux de cette
dernière, et donc soustraits de la rubrique où les avait placés le Minist
ère de l'intérieur.
3. Aisne 4e; Allier 2e; Alpes-Maritimes Ve, 3e et 5e; Ardennes 3e; Bouches-du-
Rhône 6e; Charente 2e; Côte-d'Or 3e; Drôme 3e; Eure-et-Loir lre ; Haute-Garonne lrc,
3e, 4e et 6e ; Gironde 5e ; Hérault lre et 2e ; Loir-et-Cher 3e ; Haute-Loire lre et 2e ;
Lot-et-Garonne 2e ; Nièvre 3e ; Orne 2e et 3e ; Pas-de-Calais 5e ; Puy-de-Dôme 3e et 4e ;
Sarthe 3e; Seine-Maritime 4e; Yonne lre; Paris 8e, 10e, 27e, 29e, 30e, 31e; Hauts-de-
Seine 4e et 7e ; Essonne lre ; Seine Saint-Denis 5e ; Val-d'Oise 5e ; Yvelines 3e, T et 8e.
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II en est de même enfin des 99 318 voix obtenues le 23 juin par
19 candidats4 qui se sont présentés sous des étiquettes variables, mais
comportant en général une référence explicite à la Cinquième Répub
lique, et que nous avons considérés comme des gaullistes dissidents.
Ces diverses observations nous ont conduit à transformer la ru
brique « Républicains indépendants non U.D.R. et modérés » en une
rubrique « divers modérés », l'effectif de suffrages qui y correspond se
trouvant, d'une part, augmenté de 30 579 (deux candidats transférés
de « divers gauche » à « divers modérés &