Les Flaviens dans « La guerre des Juifs » de Flavius Josèphe - article ; n°1 ; vol.7, pg 235-245
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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1981 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 235-245
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

Monsieur Bernard Therond
Les Flaviens dans « La guerre des Juifs » de Flavius Josèphe
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 7, 1981. pp. 235-245.
Citer ce document / Cite this document :
Therond Bernard. Les Flaviens dans « La guerre des Juifs » de Flavius Josèphe. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 7, 1981.
pp. 235-245.
doi : 10.3406/dha.1981.1433
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1981_num_7_1_14337 1981 235 - 245 DHA
LES FLA VIENS DANS «LA GUERRE DES JUIFS»
DE FLAVIUS JOSEPHE.
Vespasien et Titus sont les personnages principaux de «Jm guerre des
Juifs». A partir du livre III et jusqu'au livre VII, l'Histoire se confond très
souvent avec le récit de leurs actions. Ils sont véritablement le centre autour
duquel les événements s'organisent.
Dans cette place prééminente accordée aux deux premiers représen
tants de la dynastie fiavienne, on n'a souvent vu qu'un effet des préoccupat
ions courtisanes de Josèphe. Historien «officiel» 0) de cette guerre qu'il a
vécue, après sa reddition à Jotapata, du côté romain, comme prisonnier
d'abord, puis, très rapidement après, comme intermédiaire et homme de
confiance des futurs empereurs, il se devait de faire l'éloge de ses protecteurs
et de justifier leur politique ou certaines de leurs actions en Judée. Pour
beaucoup, l'historien juif n'est qu'un vulgaire apologiste qui ne nous donne
des Flaviens qu'un portrait idéalisé très éloigné de la vérité historique w.
Si un tel jugement n'est pas inexact, il est cependant incomplet :
Josèphe n'est pas uniquement un vil courtisan. En faisant le portrait des
Flaviens, il obéit à des motivations plus complexes et nous présente une
image de Titus et Vespasien plus nuancée qu'on ne le pense généralement.
C'est cette complexité que nous allons analyser.
Une lecture superficielle ne permettra sans doute pas de déceler com
bien est riche de sens la représentation de la dynastie fiavienne dans La
guerre des Juifs. C'est, en effet, le caractère dithyrambique des flatteries
courtisanes de Josèphe qui attirera d'abord l'attention du lecteur.
Les exemples abondent. Plutôt que d'en présenter un relevé exhaustif,
nous préférons en analyser un seul particulièrement significatif. Il s'agit de
l'éloge consacré au troisième membre de la famille impériale, Domitien -
illustration la plus parfaite de ce style apologétique qui sonne faux. Cet éloge
se trouve au livre VII : à l'occasion d'une digression sur la révolte des Bataves
conduits par Julius Civilis - révolte qui sera écrasée par Petilius Cé-
réalis -, Josèphe en vient à évoquer le rôle de Domitien dans ces
événements. Il célèbre le courage du fils de Vespasien en ces termes :
«Mais, même si Céréalis ne s'était pas porté si rapidement sur les lieux, ils étaient
destinés à subir leur châtiment avant peu. Car, dès que (nv С на y&P npwxov)
la nouvelle de leur défection eut atteint Rome, le César Domitien,
mis au courant, n'hésita pas (oúx. [ ] cûxvnoev), comme l'eût fait tout
autre à son âge -car il était extrêmement jeune (véoe yctp flv êxi mrv-
xánaaiv) - à se charger du fardeau d'une affaire aussi importante. Ayant hé
rité du courage inné de son père et s'étant donné un entraînement au-dessus
de son âge (êxwv ôè rcaxpódev ëucpuxov xňv avôpaYct&iav на.1 236 Bernard THÉROND
ttiv daxncnv тле f^i-xíag нетто l ли évoç^ il s'élança
immédiatement ( euôùq ř\\avvev ) contre les Barbares. Eux,dès que le
bruit de son arrivée se fut répandu, s'effondrèrent (irpoç ~cňv фт*|ил^ тле
ефооои xaTaneaóvTee ) et se rendirent à sa merci, ayant trouvé
avantageux, après leur peur, d'être remis sous le même joug sans désastre.
Ayant donc rétabli les affaires concernant la Gaule de la manière appro
priée, de façon à ce qu'il ne soit plus jamais facile d'y fomenter des troubles,
il repartit pour Rome avec une gloire éclatante et universellement admiré
pour des réalisations au-dessus de son âge, mais> dignes des exploits de son
père (AauTtpôe naî. иерСЗАег.тос tni хреСттосн uèv xfjs л^1-
nias, upéuouai ôè тс? uaxpî xaxopowiaaaiv)» (3)
Domitien apparaî t ici sous les traits d'un héros de légende : les formul
es superlatives («extrêmement jeune», «entraînement au-dessus de son âge»,
«réalisations au-dessus de son âge»; «gloire éclatante»; «universellement
admiré»), les mots qui suggèrent la fougue et la hardiesse («dès que»; «n'hés
ita pas» ; «s'élança immédiatement») nous présentent un homme aux qualités
guerrières extraordinaires. Nous nous rendons bien compte qu'un tel éloge est
dicté plus par des préoccupations bassement courtisanes que par le souci loua
ble d'exalter une valeur véritable. L'exagération dans le vocabulaire en est
déjà un indice; le fait que cette présentation de Domitien se trouve située
dans une digression sans aucun rapport avec la guerre juive , en est un second :
si Josèphe s'écarte de son sujet, c'est bien évidemment pour avoir la possibil
ité d'adresser des flatteries au fils de Vespasien. Mais c'est surtout la transfo
rmation de la vérité qui est la preuve la plus claire du manque de franchise de
cet éloge : partant d'unehypothèse gratuite («même si Céréalis ne s'était pas
porté immédiatement sur les lieux, les Bataves étaient destinés à subir leur
châtiment avant peu»), Josèphe essaie de nous faire croire progressivement
que c'est Domitien et non Céréalis qui est responsable de la victoire sur les
Bataves («Eux, dès que le bruit de son arrivée se fut répandu, s'effondrèrent»;
«Ayant donc rétabli les affaires concernant la Gaule de la manière appro
priée»). Or, nous savons par Tacite (4) que le rôle de Domitien fut très
effacé dans ces événements : Domitien n'était encore qu'à Lyon quand les
Bataves furent écrasés par Céréalis !
La courtisanerie de Josèphe est ici évidente. Elle ne l'est pas moins
dans la présentation, en apparence objective, de la politique générale suivie
par Vespasien et Titus en Palestine.
L'historien juif, en effet, sait faire l'éloge de ses protecteurs sans utiliser
ce style ampoulé dont nous venons d'analyser un exemple. C'est de cette man
ière habile qu'il présente un de ces principaux leitmotive apologétiques :
tout au long de la guerre, les deux généraux romains ont été des modérés qui
ont toujours cherché à éviter l'affrontement ; ce sont les Juifs qui ont été
responsables de leur ruine. Josèphe veut imposer à ses lecteurs une image D'HISTOIRE ANCIENNE 237 DIALOGUES
mythique des deux Flaviens, celle de bienveillants pacificateurs w).
Beaucoup de passages soulignent cette modération. Ainsi, dès le début
de sa campagne, Vespasien montre ses intentions pacifiques : arrivé aux fron
tières de la Galilée, il se contente de bien faire voir son armée pour frapper
les ennemis de terreur et leur donner l'occasion de se raviser (6). A sa suite,
Titus fait preuve de bonté lors même du siège de Jérusalem : s'étant emparé
du deuxième rempart et de la Ville Neuve, il refuse d'abattre le mur et de
dévaster la zone conquise et offre au peuple une reddition avantageuse, «car
il tenait absolument à sauver la ville pour lui-même et le Temple pour la
ville» (7). Il veut éviter un massacre général et, sans cesse, il adjure les Juifs
de lui livrer la ville 00. N'ayant pu éviter le pire, à cause du fanatisme juif,
il éprouve néanmoins du chagrin, lorsqu'il voit les amas de cadavres dans
les ravins et il prend Dieu à témoin que ce n'est pas sa faute (9). Il tiendra
un peu plus tard des propos semblables devant les Zélotes, en leur promettant
de conserver le Temple s'ils se décidaient à l'évacuer 00). Même après la
destruction de Jérusalem, il éprouve de la commisération pou

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