Les Franciscains de Nantes du XIXe siècle jusqu aux expulsions de 1903 - article ; n°3 ; vol.99, pg 277-289
14 pages
Français

Les Franciscains de Nantes du XIXe siècle jusqu'aux expulsions de 1903 - article ; n°3 ; vol.99, pg 277-289

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
14 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest - Année 1992 - Volume 99 - Numéro 3 - Pages 277-289
Écrire l'histoire d'une communauté religieuse, c'est accepter de la voir traverser les vicissitudes de l'histoire nationale mais aussi de l'histoire sociale, politique et religieuse locale en plus de sa propre histoire. Celle des Franciscains à Nantes aide à une meilleure connaissance de la cité nantaise même et des pays de l'Ouest de la France, dont la culture a été imprégnée en profondeur par la religion.
When we discover the history of a religious community, we see it passing through the difficulties of the national history. We discover in the same time the social political and local context.
The history ofthe Franciscan's community in Nantes gives the opportunily of a best knowledge of the city and of the west countries of France which mentality was deeply influenced by the religion.
13 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

J.-L. Paumier
Les Franciscains de Nantes du XIXe siècle jusqu'aux expulsions
de 1903
In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 99, numéro 3, 1992. pp. 277-289.
Résumé
Écrire l'histoire d'une communauté religieuse, c'est accepter de la voir traverser les vicissitudes de l'histoire nationale mais aussi
de l'histoire sociale, politique et religieuse locale en plus de sa propre histoire. Celle des Franciscains à Nantes aide à une
meilleure connaissance de la cité nantaise même et des pays de l'Ouest de la France, dont la culture a été imprégnée en
profondeur par la religion.
Abstract
When we discover the history of a religious community, we see it passing through the difficulties of the national history. We
discover in the same time the social political and local context.
The history ofthe Franciscan's community in Nantes gives the opportunily of a best knowledge of the city and of the west
countries of France which mentality was deeply influenced by the religion.
Citer ce document / Cite this document :
Paumier J.-L. Les Franciscains de Nantes du XIXe siècle jusqu'aux expulsions de 1903. In: Annales de Bretagne et des pays de
l'Ouest. Tome 99, numéro 3, 1992. pp. 277-289.
doi : 10.3406/abpo.1992.3433
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_1992_num_99_3_3433Les franciscains de Nantes,
du XIXe siècle jusqu'aux expulsions de 1903
par J.-L. Paumier
Éaire l'histoire d'une communauté religieuse, c'est accepter de la voir tra
verser les vicissitudes de l'histoire nationale mais aussi de l'histoire sociale,
politique et religieuse locale en plus de sa propre histoire. Celle des
Franciscains à Nantes aide à une meilleure connaissance de la cité nantaise
même et des pays de l'Ouest de la France, dont la culture a été imprégnée en
prof ondeur par la religion.
When we discover the history of a religious community, we see it passing
through the difficulties ofthe national history. We discover in the same time the
social political and local context.
The history ofthe Franciscan's community in Nantes gives the opportunily ofa
hest knowledge ofthe city and ofthe west countries of France which mentality
was deeply influenced hy the religion.
Les Franciscains, ou plus exactement les Frères Mineurs qui est leur nom véri
table donné par saint François d'Assise, sont revenus à Nantes en 1887. Revenus ;
qu'est-ce-à dire ? En fait, la présence des Franciscains dans la cité nantaise est bien
plus ancienne : les religieux sont arrivés au xme siècle, vers 1246 (vingt ans après
la mort de saint François), jusqu'à l'année fatidique de 179 1 où la Révolution mett
ait un terme à leur présence. Le coup avait été rude et il fallut attendre 1852 pour
revoir les Franciscains en France, et 1887 pour qu'ils s'installent à Nantes. Face à
un passé de cinq siècles et demi, avec ses heures parfois prestigieuses parfois dou
loureuses, les seize années de présence du xixe siècle (1887-1903) semblent d'un
poids léger. C'est vrai, mais il serait inexact de négliger cette dernière période, non
seulement parce que les actuels Franciscains de Nantes sont directement issus de
cette souche, mais parce qu'il y eut un véritable essor de la présence des religieux ;
essor trop vite interrompu par les expulsions de 1903. ANNALES DE BRETAGNE 278
On ne peut passer sous silence l'histoire ancienne ; celle-ci sera donc assez
brièvement évoquée dans une première partie, avec quelques éléments mar
quants, pour ensuite étudier dans une seconde partie la présence des religieux de
la place Canclaux de 1887 à 1903.
I. Une présence ancienne
1. Les Cordeliers de Nantes
Saint François d'Assise avait envoyé dès 1219 un petit groupe de frères dont la
mission était d'implanter en France le nouvel Ordre des Frères Mineurs (du latin
« minores », c'est-à-dire « petits »). Leur diffusion s'était accomplie avec rapidité,
favorisée par saint Louis : plus de trente maisons furent fondées en moins de
vingt-cinq ans. Dès leur arrivée, les nouveaux religieux reçurent le nom familier
de « Cordeliers » à cause de la corde qui leur tenait lieu de ceinture. La première
implantation en Bretagne vit le jour à Quimper en 1232. Les Franciscains-
Cordeliers arrivèrent à Nantes peu avant 1246 et furent bien accueillis. Comme
partout ailleurs, les frères bénéficièrent des faveurs de la noblesse locale et de la
bourgeoisie ; ces faveurs se manifestaient par de nombreuses donations, ce qui fit
que les Cordeliers nantais s'enrichirent vite : ils allaient devenir une force sociale
et religieuse avec laquelle l'Église, la Cité, devraient compter pendant plus de
cinq siècles (jusqu'en 1791). Selon la coutume, les défunts bienfaiteurs du cou
vent reposaient dans l'église : il y avait ainsi les membres des plus illustres
familles de la noblesse bretonne (les Rohan, les Sévigné etc.). Le père du philo
sophe Descartes y reposait également de son dernier sommeil.
Au fil des siècles, les Cordeliers avaient établi de nombreuses relations ; rela
tions d'assistance et de direction spirituelle des religieuses affiliées à leur Ordre
(les Clarisses, arrivées en 1457), du Tiers-Ordre, de multiples confréries. La vie
intellectuelle n'était pas oubliée : les Cordeliers fréquentaient l'Université de
Nantes (fondée en 1460 par le duc de Bretagne François II) et furent incorporés
dès 146 1 à la Faculté de théologie à laquelle ils allaient donner de nombreux pro
fesseurs et étudiants durant trois siècles. Les assemblées générales de l'Université
avaient souvent lieu dans une grande salle du couvent appelée, de ce fait, « Salle
de l'Université ». Celle-ci fut le lieu de réunion habituel de la Faculté de théolo
gie au xvme siècle.
2. La fronde Janséniste de la Faculté de Théologie de Nantes
Commençons le xvme siècle par cette Faculté dont nous venons de parler.
Depuis la moitié du siècle précédent, le Jansénisme (qui insistait sur la difficulté du ANNALES DE BRETAGNE 279
Salut, ne provenant que de la seule Grâce de Dieu sans aucune participation de
l'homme) avait constitué le plus fort mouvement de réaction au sein de l'Église. En
1713, le Pape Clément XI condamna formellement le Jansénisme par la Bulle
Unigenitus. Après avoir accepté cette décision, la Faculté de Théologie de Nantes
se désavoua en 1716. Ce fut le début des difficultés avec plusieurs évêques de
Nantes. Choqués de l'exclusion de certains de leurs confrères enseignants, les
Cordeliers refusèrent d'ouvrir la Salle de l'Université. La Faculté engageait
l'épreuve de force, mais elle dut finalement céder : la Bulle Unigenitus fut enregis
trée en 1723 dans ses registres. Ainsi prenait fin la fronde de la Faculté nantaise où
les Cordeliers, de par leur position importante, avaient joué un grand rôle, n'accept
ant de céder qu'après une lutte avec le pouvoir royal et les autorités religieuses.
3. L'affaire du loyer des Cordeliers
II y avait, non loin du couvent des Cordeliers, le Palais de la Cour des Comptes
de Bretagne. Celui-ci, destiné à la garde des archives de la province, était devenu
trop étroit au milieu du xvine siècle. Il fut alors décidé de construire un nouveau
Palais. À cause de sa proximité, le couvent des Cordeliers était choisi pour rece
voir les archives pendant la durée des travaux en contrepartie d'un loyer qui serait
régulièrement versé pour les salles occupées. Or, les difficultés financières dont
allait souffrir la construction du Palais allait rejaillir sur le paiement du loyer aux
Cordeliers. Après 1769, ceux-ci ne perçurent pas un sol pendant cinq ans malgré
leurs multiples réclamations. En désespoir de cause, ils s'adressèrent au roi en la
personne du Contrôleur général des finances qui trancha : « Ces loyers doivent
être pris sur les fonds destinés à la construction du Palais » (le Conseil Royal
avait pris la même décision quelques années auparavant, mais personne n'avait
voulu en tenir compte !) L'affaire du loyer des Cordeliers mit en mouvement
toute l'organisation administrative sous Turgot. Malheureusement pour eux,
Turgot fut disgracié par Louis XVI (12 mai 1776) lorsque le problème s'apprêtait

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents