Les frappes monétaires en Béarn et Basse-Navarre d'après les comptes conservés aux Archives départementales des Basses-Pyrénées - article ; n°2 ; vol.6, pg 297-334

Françoise Dumas

Description

Revue numismatique - Année 1959 - Volume 6 - Numéro 2 - Pages 297-334
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_NUMISMATIQUE
• Publié le: 01 janvier 1959
• Nombre de lectures: 20
• Langue: Français
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Extrait

Françoise Dumas
Les frappes monétaires en Béarn et Basse-Navarre d'après les
comptes conservés aux Archives départementales des Basses-
Pyrénées
In: Revue numismatique, 6e série - Tome 2, année 1959 pp. 297-334.
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Dumas Françoise. Les frappes monétaires en Béarn et Basse-Navarre d'après les comptes conservés aux Archives
départementales des Basses-Pyrénées. In: Revue numismatique, 6e série - Tome 2, année 1959 pp. 297-334.
doi : 10.3406/numi.1959.1694
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_1959_num_6_2_1694Françoise DUMAS
LES FRAPPES MONÉTAIRES
EN BÉARN ET BASSE-NAVARRE
D'APRÈS LES COMPTES CONSERVÉS
AUX ARCHIVES DÉPARTEMENTALES
DES BASSES-PYRÉNÉES
1562-1789
L'étude d'un trésor, composé principalement de monnaies
béarnaises x, nous a amenés à consulter certains comptes de monn
aies conservés aux Archives des Basses-Pyrénées. Ces comptes
permettent, dans une certaine mesure, de compléter la connais
sance des pièces qu'ils concernent et de se faire une idée plus exacte
de l'activité des ateliers de Béarn et de Navarre. Ils ont été explorés
avant nous par J.-A. Blanchet. Ce savant en a tiré un certain
nombre de renseignements, parus dans l'Annuaire de la Société
française de Numismatique, t. XI, 1887, sous le titre : Documents
pour servir à l'histoire monétaire de la Navarre et du Béarn de 1562
à 1629. Mais ces renseignements ne sont pas complets. Si presque
toutes les émissions sont signalées, les quantités de pièces émises
ne le sont point. Nous nous sommes fixé la tâche de combler ces
lacunes dans la mesure du possible (quelques documents ont été
détruits par un incendie en novembre 1908) et de compléter ces
données par l'indication des pièces retrouvées pour les années dont
les comptes manquent. Enfin, nous avons voulu faire connaître les de la Monnaie de Pau au xvine s., documents restés à peu
près ignorés comme nous l'expliquerons plus loin .
Nous avons partagé cet article en deux parties : l'une englobe la
période qui va de 1562 à 1631, l'autre celle de 1706 à 1789, aucun
compte de 1631 à 1706 n'étant parvenu jusqu'à nous. Tandis que
J.-A. Blanchet a fait connaître, dans l'article cité plus haut, puis
1. F. Dumas, Le Trésor de Lescun, cf. supra, p. 211-236. 298 F. DUMAS
dans son ouvrage sur Y Histoire monétaire du Béarn, Paris, 1893, le
titre et la taille des espèces frappées jusqu'en 1629, aucun ouvrage
donnant des références aussi précises sur les monnaies du xvine s.
n'est encore paru. Des données différentes nous ont amené à pré
senter différemment les résultats de nos recherches.
Notre propos n'est pas de reprendre l'histoire des ateliers béar
nais ; nous nous contenterons de quelques indications indispen
sables à la compréhension des tableaux que nous avons dressés.
Qu'on nous permette, auparavant, de remercier très vivement
M. Pierre Bayaud, directeur des services d'Archives département
ales des Basses-Pyrénées, qui, avec une complaisance inlassable,
a bien voulu nous faire parvenir tous les documents nécessaires à
cette étude. Qu'il trouve ici l'expression de notre sincère reconnais
sance.
I. — De 1562 a 1631.
En 1562, date du plus ancien compte conservé, des ateliers
étaient installés dans les villes de Pau et de Morlaas, en Béarn ;
un autre fut rouvert, en 1579, à Saint-Palais en Navarre. Les
pièces étaient frappées au nom et au profit du roi de Navarre,
seigneur de Béarn. En principe, elles avaient cours en France
coucurremment aux espèces françaises de même valeur 1. Lorsque
le roi de Navarre devint roi de France, les espèces de ses domaines
personnels, annexés au royaume de France en 1607, furent alignées
sur les espèces françaises, à quelques exceptions près : baquette
(pièce de billon qui circulait très couramment dans le sud de la
France 2) et pièce de 6 deniers tournois, objet d'une frappe éphé
mère de décembre 1589 à février 1590 3.
Nous ne voulons pas énumérer les espèces frappés en Béarn et
Navarre. Qu'on nous permette seulement de signaler deux pièces,
nouvellement découvertes, d'Henri II de Béarn (IV de France).
L'une est un ducat, entré au Cabinet des Médailles en 1957, dont
voici la description :
HENRICVS. Il- D. G- REX. REG- NAVARRE. D(vache)B(gland)
Bustes affrontés des souverains Henri et Marguerite sous une
couronne ; au-dessous, la vache de Béarn.
GRATIA. DEI - SVM . ID- QD- SVM . 1577.
Écu couronné 4, accosté d'un H et d'un M-
Poids : 3,43 gr.
1. A. Blanchet, Histoire monétaire du Béarn, p. 94 et ss.
2. F. Dumas, op. cit., p. 214-215.
3. Arch. dép. B.-Pyr., В 942.
4. Pour la description de cet écu, cf. Blanchet, op. cit., p. 78, n° 10. LES FRAPPES MONÉTAIRES EN BÉARN ET BASSE-NAVARRE 299
L'autre est une double baquette, publiée par ailleurs *, qui date
probablement de Tannée 1588 environ.
Nous avons aussi retrouvé quelques textes qui se rapportent à
des pièces déjà connues.
Deux articles du compte de Roger de Vergés, maître particulier
des Monnaies de Béarn du 23 juin 1586 au 26 avril 1588, sont ainsi
rédigés 2 :
« No fe recepte de Teschessetat de fin de las peces de detz ardits
que lo comptable a feyt fabricar en la dite monede de Morlas
pendent lo susdit temps [An 1587]
« Fe recepte de la some de setze livres detz sept solz suys deniers
que monte l'eschessetat de pees que ses trobat en las susdites
pesses de detz ardits que son estades fabricades a la dite monede
pendent lo susdit temps... »
Quelles sont ces pièces de dix ardits ? Un ardit équivalant à
3 d. 3, ce des de 30 deniers, ou, si Ton préfère de 2 s.
6 d. t. On ne peut que rapprocher cette indication d'une pièce très
rare, dont le seul exemplaire connu date de 1587 4 : l'imitation du
double sol parisis d'Henri III, appelé couramment gros de Nesle 8,
dont le cours était, comme son nom l'indique, de 2 sols parisis,
c'est-à-dire de 2 sols 6 deniers tournois. Malheureusement, les seuls
renseignements que nous avons pu recueillir sont contenus dans
le texte ci-dessus et fort succincts. Si nous ne pouvons en déduire
la quantité de pièces frappées, nous pouvons au moins constater
que cette frappe fut éphémère, limitée à l'année 1587, et, en Béarn
à l'atelier de Morlaas. Les comptes de la Monnaie de Saint-Palais
ne sont pas complets et nous pouvons seulement supposer que cette
monnaie n'y a pas été frappée. En ces années, Saint-Palais ne frap
pait que des quarts et des huitièmes d'écus ainsi que des liards.
Le seul exemplaire connu de ce double sol parisis ne porte pas la
marque distinctive de l'atelier de Saint-Palais 'et a sûrement été
frappé à Morlaas.
Nous désirons également signaler l'existence d'un registre sur
lequel est consignée une émission d'« escuz sol » à Morlaas en 1578 T
et celle du registre de délivrances des pièces de 5 sous tournois
1. F. Dumas, op. cit., p. 216-217.
2. Arch. dép. B.-Pyr., В 941, fol. 2 v°.
3. A. Blanchet, op. cit., p. 73. — Cette expression « detz ardits » se retrouve près de quatre-
vingts ans plus tard, dans une requête réclamant aux États de Béarn la réouverture de l'atelier
de Morlaas « per la fabrication de pesses de cincq arditz et de detz arditz ». Ibid., p. 26.
4. Ane. coll. Gariel ; E. Caron, Monnaies féodales françaises, n° 302, pi. XII, 23 ; G. Schlum-
berger, Description des monnaies... du Béarn, n° 103, pi. VIL
5. J. Lafaurie et P. Prieur, Les Monnaies des rois de France, II, 978.
6. Écu aux chaînes de Navarre.
7. Arch. dép. В.-Руг., В 2332. 300 F. DUM A3
ou quart de franc de Béarn \ J.-A. Blanchet n'avait pas trouvé
de documents concernant leur fabrication bien qu'ils se trouvent
dans le registre de délivrances des pièces de 10 sous tournois 2 (nous
préférons l'expression «pièces de 10 et 5 sous tournois», seule usitée
dans les comptes béarnais, qui ne présente pas de risque de confusion
fâcheuse avec d'autres pièces du m