Les jeux scéniques en Étrurie. Premiers témoignages (VIe-IVe siècle av. J.-C.) - article ; n°1 ; vol.172, pg 349-377
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Les jeux scéniques en Étrurie. Premiers témoignages (VIe-IVe siècle av. J.-C.) - article ; n°1 ; vol.172, pg 349-377

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Publications de l'École française de Rome - Année 1993 - Volume 172 - Numéro 1 - Pages 349-377
Examen de quelques documents figurés susceptibles d'attester l'existence de jeux scéniques en Étrurie avant l'époque hellénistique : l'amphore peinte vers 510 par le peintre de Micali, aujourd'hui conservée au British Museum (B64), illustre probablement le déroulement de jeux funéraires comportant la représentation d'un «jeu du mort»; le cratère du peintre de Sommavilla Sabina conservé à Parme (Cl 00) paraît figurer une épiphanie de Dionysos, qui faisait peut-être partie d'un drame satyrique; enfin, l'œnochoé du peintre de Castellani conservée au musée du Louvre (F468) semble conserver la mémoire d'un spectacle tenu à Caere dans le dernier quart du IVe siècle, peut-être centré sur le personnage d'Héraklès, et qui comportait un drame satyrique et un Amphitryon. Les incertitudes, les ambiguïtés, les difficultés d'analyse posées par ces images n'autorisent pourtant pas d'interprétations univoques. Elles semblent bien attester l'existence de jeux scéniques en Étrurie avant l'époque hellénistique, mais sous des formes bien différentes de celles du théâtre grec, ou de manière sporadique : ce n'est qu'avec le début de la période hellénistique, à la faveur de la diffusion de la religion dionysiaque en Italie centrale, que se multiplient les attestazions iconographiques de genres théâtraux directement inspirés de ceux de la Grèce, mais dont la source d'inspiration - circulation d'images ou représentations réelles - demeure douteuse.
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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 58
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Vincent Jolivet
Les jeux scéniques en Étrurie. Premiers témoignages (VIe-IVe
siècle av. J.-C.)
In: Spectacles sportifs et scéniques dans le monde étrusco-italique. Actes de la table ronde de Rome (3-4 mai
1991). Rome : École Française de Rome, 1993. pp. 349-377. (Publications de l'École française de Rome, 172)
Résumé
Examen de quelques documents figurés susceptibles d'attester l'existence de jeux scéniques en Étrurie avant l'époque
hellénistique : l'amphore peinte vers 510 par le peintre de Micali, aujourd'hui conservée au British Museum (B64), illustre
probablement le déroulement de jeux funéraires comportant la représentation d'un «jeu du mort»; le cratère du peintre de
Sommavilla Sabina conservé à Parme (Cl 00) paraît figurer une épiphanie de Dionysos, qui faisait peut-être partie d'un drame
satyrique; enfin, l'œnochoé du peintre de Castellani conservée au musée du Louvre (F468) semble conserver la mémoire d'un
spectacle tenu à Caere dans le dernier quart du IVe siècle, peut-être centré sur le personnage d'Héraklès, et qui comportait un
drame satyrique et un Amphitryon. Les incertitudes, les ambiguïtés, les difficultés d'analyse posées par ces images n'autorisent
pourtant pas d'interprétations univoques. Elles semblent bien attester l'existence de jeux scéniques en Étrurie avant l'époque
hellénistique, mais sous des formes bien différentes de celles du théâtre grec, ou de manière sporadique : ce n'est qu'avec le
début de la période hellénistique, à la faveur de la diffusion de la religion dionysiaque en Italie centrale, que se multiplient les
attestazions iconographiques de genres théâtraux directement inspirés de ceux de la Grèce, mais dont la source d'inspiration -
circulation d'images ou représentations réelles - demeure douteuse.
Citer ce document / Cite this document :
Jolivet Vincent. Les jeux scéniques en Étrurie. Premiers témoignages (VIe-IVe siècle av. J.-C.). In: Spectacles sportifs et
scéniques dans le monde étrusco-italique. Actes de la table ronde de Rome (3-4 mai 1991). Rome : École Française de Rome,
1993. pp. 349-377. (Publications de l'École française de Rome, 172)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1993_act_172_1_3062VINCENT JOLIVET
LES JEUX SCÉNIQUES EN ÉTRURIE
PREMIERS TÉMOIGNAGES (VIe-IVe SIÈCLE AV. J.-C.)
La seule attestation irréfutable du déroulement de véritables
jeux scéniques en Étrurie nous est fournie par un document épi-
graphique, le rescrit d'Hispellum1, qui nous renseigne avec préci
sion sur les ludi dont ceux-ci faisaient partie; nous connaissons
grâce à lui leur localisation (aput Vulsinios Tusciae), leur composit
ion (aux ludi schenici s'ajoutait un gladiatorum munus), leur orga
nisation et leur caractère sacré (cette solemnitas était placée sous
l'autorité de deux sacerdotes), ainsi que leur périodicité (per singu-
las annorum vices). On ne peut évidemment se fonder sur un docu
ment de l'époque de Constantin pour tirer des conclusions sur la
place que ce type de spectacle a pu occuper en Étrurie sept ou huit
siècles auparavant, entre la fin du VIe et celle du IVe siècle av. J.-C,
qui constituent les limites chronologiques de cette étude : retenons-
en pourtant, puisque cet élément se retrouvera à différentes étapes
de notre étude, que le rescrit, qui se réfère sans doute aux plus
solennels des ludi étrusques, ceux du Fanum Voltumae (prisca
consuetudo, vetera instituta), inscrit le déroulement des ludi schae-
nici dans le cadre d'une manifestation sacrée.
La rareté et la difficulté d'interprétation des textes et des
représentations figurées relatifs aux jeux scéniques risque de r
econduire leur étude à deux attitudes : au scepticisme suscité par le
silence des sources, parfois fondé sur un examen approfondi de la
documentation figurée2, répond ce qui peut apparaître comme un
1 Cf. J. Gascou, Le rescrit d'Hispellum, dans MAH, 79, 1967, p. 609-659, qui
propose de dater ce document de 337 ap. J.-C; pour les implications du texte
dans le domaine étrusque voir L. B. van der Meer, Ludi scenici et gladiatorum
munus. A Terracotta amia in Florence, dans BABesch, 57, 1982, p. 87-99.
2 Voir notamment les analyses minutieuses de J. G. Szilâgyi, «Impletae mo-
dis saturae », dans Prospettiva, 24, p. 2-23 (pas d'évidence décisive du drame
satyrique attique ou de ballets à thème mythologique en Étrurie), et de L. B. van
der Meer, Etruscan Urns from Volterra. Studies on Mythological Representations,
dans BABesch, 52-53, 1977-1978, p. 57-131 (pas de lien direct entre les représent
ations des urnes étrusques et les tragédies latines jouées à Rome). VINCENT JOLIVET 350
credo suggéré par ce que nous savons de l'hellénisanon précoce
des classes dirigeantes d'Étrurie et par l'impact de l'Hellénisme sur
son corps social tout entier, et qu'illustre, plus qu'il ne le fonde, un
ensemble de témoignages consistant, mais hétérogène et ambigu3.
Il convenait donc d'interroger à nouveau quelques représentations
figurées qui paraissent bien illustrer ce qu'il demeure aventureux
de désigner du nom de «théâtre étrusque», faisant ainsi franchir
d'emblée à l'analyse une série d'étapes qu'elle est bien loin d'avoir
parcourue : quelque subtilité en parvienne à déployer pour extraire
un sens caché, réel ou fictif, des sources ou des documents figurés,
l'état actuel de la documentation ne permet de réunir ces deux te
rmes que pour fonder une interrogation.
Parmi les textes susceptibles de nous introduire à l'étude des
images, trois passages célèbres ont souvent été utilisés par les
adversaires de l'hypothèse de jeux scéniques précoces en Étrurie,
ou présentés par ses partisans comme un obstacle à leur propre
thèse; ils méritent donc d'être très brièvement réexaminés, dans la
seule perspective d'essayer d'établir s'ils sont, ou non, compatibles
avec cette hypothèse.
1. Hérodote I, 165-167. Après la bataille de la mer de Sardai-
gne, les Cérites, après avoir consulté la Pythie de Delphes, inst
ituent des jeux votifs à caractère funéraire, gymniques et équest
res4. L'époque coïncide avec celle de la première représentation
dramatique attestée à Athènes, aux Grandes Dionysies de 533 (où la
comédie n'apparaît que près d'un-demi siècle plus tard, en 486) : ce
texte ne préjuge donc en rien de l'exportation de modèles attiques
en Étrurie au cours de décennies suivantes.
2. Tite-Live V, 1. Indépendamment de la question de la véracité
du récit livien, l'épisode du retrait des jeux de ses artifices par un
noble véien, en 503 av. J.-C, permet d'établir que des jeux pané-
trusques de caractère sacré se déroulaient, probablement au fanum
Voltumnae, après l'élection du sacerdos des douze peuples.
La nature de ces jeux est délicate à déterminer. Le terme
employé par Tite-Live, ludicrum, est vague : une vingtaine d'attes
tations indiquent que l'historien l'utilise comme un synonyme de
ludi, tant pour désigner des jeux athlétiques que des jeux scéni
ques5. Le terme d'artifices paraît mieux défini: l'examen des sept
3 P. ex. J. Heurgon, La vie quotidienne chez les Étrusques, Paris, 1961,
p. 298-304, ou, plus récemment, G. Camporeale, dans Rasenna. Storia e civiltà
degli Etruschi, Milan, 1986, p. 292-294.
4 Cf., en dernier lieu, M. Gras, Trafics tyrrhéniens archaïques, Rome, 1985,
p. 425-472.
5 Jeux grecs, mimiques parodiques, jeux scéniques ou athlétiques . . . JEUX SCÉNIQUES EN ÉTRURIE 351 LES
occurences du terme en contexte de spectacle, dans le corpus
livien, montre que, dans la plupart des cas où la chose est sûre, les
artifices sont bien des acteurs, au sens large du terme; dans deux
cas, ces professionels du spectacle sont explicitement distingués
des athlètes6.
La succession des faits relatés par Tite-Live confirme cette
interprétation. Après son échec, le futur roi de Véies ne retira pas
immédiatement ses artifices (la chose aurait donc pu passer inaperç
ue), mais attendit pour

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