Les maisons des ponts parisiens à la fin du XVIIIe siècle : étude d un phénomène architectural et urbain particulier - article ; n°4 ; vol.17, pg 711-723
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Les maisons des ponts parisiens à la fin du XVIIIe siècle : étude d'un phénomène architectural et urbain particulier - article ; n°4 ; vol.17, pg 711-723

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Histoire, économie et société - Année 1998 - Volume 17 - Numéro 4 - Pages 711-723
Abstract The presence of inhabited bridges in Paris at the end of the 18th century is still unknown. The houses on parisian bridges, pulled down in 1788, are fit in with the architecture of their time, copying its forms and ideas. Nevertheless these houses show their own features. The first one is that their architecture is in accordance with a complete town planning programme, in a particularly important location crossed by anyone crossing Paris. In fact, inhabited bridges are the only completely achieved urban and architectural reasoned project of modern Paris, save place Royal and place Dauphine. Inhabited bridges result also from a speculative project : houses are conceived to be used as a letting concern with the shop as main component, converting the bridge into a real commercial street. The last specific characteristic, which is not to be seen elsewhere in Paris, lies in the back part of the ground floor which is split into two different levels, as a clever answer to the lack of space in these cramped houses. Although parisian bridge houses had lost their original magnificent appearance on the eve of French Revolution, they represented an impressive example of a specific architectural phenomenon.
Résumé La présence de ponts habités à Paris à la fin du XVIIIe siècle reste peu étudiée. Les maisons des ponts parisiens, démolies vers 1788, s'inscrivent dans l'architecture de leur temps, dont elles reproduisent les formes et les idées. Néanmoins, elles présentent des caractéristiques propres. La première est la conformité de l'architecture à un programme architectural et urba- nistique, particulièrement important en un lieu qui reste le passage obligé de quiconque traverse Paris. En fait, les ponts habités représentent l'unique projet parisien d'architecture et d'urbanisme raisonnes véritablement achevé à l'époque moderne, les places Royale et Dauphine mises à part. Les ponts habités sont également le résultat d'une opération immobilière lucrative : les maisons y sont conçues dès le départ comme des immeubles de rapport dont la boutique est l'élément principal, transformant le pont en une véritable rue commerciale. La dernière caractéristique est un décalage de niveaux au rez-de-chaussée qui permet un gain de place dans ces maisons exiguës et ne se retrouve nulle part ailleurs dans Paris. À la veille de la Révolution, les maisons de ponts parisiennes ont certes perdu leur majestueuse apparence originale, mais elles n'en représentent pas moins un exemple impressionnant d'un phénomène architectural particulier.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Youri Carbonnier
Les maisons des ponts parisiens à la fin du XVIIIe siècle : étude
d'un phénomène architectural et urbain particulier
In: Histoire, économie et société. 1998, 17e année, n°4. pp. 711-723.
Citer ce document / Cite this document :
Carbonnier Youri. Les maisons des ponts parisiens à la fin du XVIIIe siècle : étude d'un phénomène architectural et urbain
particulier. In: Histoire, économie et société. 1998, 17e année, n°4. pp. 711-723.
doi : 10.3406/hes.1998.2009
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1998_num_17_4_2009Résumé
Résumé La présence de ponts habités à Paris à la fin du XVIIIe siècle reste peu étudiée. Les maisons
des ponts parisiens, démolies vers 1788, s'inscrivent dans l'architecture de leur temps, dont elles
reproduisent les formes et les idées. Néanmoins, elles présentent des caractéristiques propres. La
première est la conformité de l'architecture à un programme architectural et urba- nistique,
particulièrement important en un lieu qui reste le passage obligé de quiconque traverse Paris. En fait,
les ponts habités représentent l'unique projet parisien d'architecture et d'urbanisme raisonnes
véritablement achevé à l'époque moderne, les places Royale et Dauphine mises à part. Les ponts
habités sont également le résultat d'une opération immobilière lucrative : les maisons y sont conçues
dès le départ comme des immeubles de rapport dont la boutique est l'élément principal, transformant le
pont en une véritable rue commerciale. La dernière caractéristique est un décalage de niveaux au rez-
de-chaussée qui permet un gain de place dans ces maisons exiguës et ne se retrouve nulle part ailleurs
dans Paris. À la veille de la Révolution, les de ponts parisiennes ont certes perdu leur
majestueuse apparence originale, mais elles n'en représentent pas moins un exemple impressionnant
d'un phénomène architectural particulier.
Abstract The presence of inhabited bridges in Paris at the end of the 18th century is still unknown. The
houses on parisian bridges, pulled down in 1788, are fit in with the architecture of their time, copying its
forms and ideas. Nevertheless these houses show their own features. The first one is that their
architecture is in accordance with a complete town planning programme, in a particularly important
location crossed by anyone crossing Paris. In fact, inhabited bridges are the only completely achieved
urban and architectural reasoned project of modern Paris, save place Royal and place Dauphine.
Inhabited bridges result also from a speculative project : houses are conceived to be used as a letting
concern with the shop as main component, converting the bridge into a real commercial street. The last
specific characteristic, which is not to be seen elsewhere in Paris, lies in the back part of the ground
floor which is split into two different levels, as a clever answer to the lack of space in these cramped
houses. Although parisian bridge houses had lost their original magnificent appearance on the eve of
French Revolution, they represented an impressive example of a specific architectural phenomenon.LES MAISONS DES PONTS PARISIENS
À LA FIN DU XVIIIe SIÈCLE : ÉTUDE D'UN PHÉNOMÈNE
ARCHITECTURAL ET URBAIN PARTICULIER
par Youri CARBONNIER
Résumé
La présence de ponts habités à Paris à la fin du XVIIF siècle reste peu étudiée. Les maisons
des ponts parisiens, démolies vers 1788, s'inscrivent dans l'architecture de leur temps, dont
elles reproduisent les formes et les idées. Néanmoins, elles présentent des caractéristiques
propres. La première est la conformité de l'architecture à un programme architectural et urba-
nistique, particulièrement important en un lieu qui reste le passage obligé de quiconque traverse
Paris. En fait, les ponts habités représentent l'unique projet parisien d'architecture et d'urbanis
me raisonnes véritablement achevé à l'époque moderne, les places Royale et Dauphine mises à
part. Les ponts habités sont également le résultat d'une opération immobilière lucrative : les
maisons y sont conçues dès le départ comme des immeubles de rapport dont la boutique est
l'élément principal, transformant le pont en une véritable rue commerciale. La dernière caracté
ristique est un décalage de niveaux au rez-de-chaussée qui permet un gain de place dans ces
maisons exiguës et ne se retrouve nulle part ailleurs dans Paris. À la veille de la Révolution, les de ponts parisiennes ont certes perdu leur majestueuse apparence originale, mais elles
n'en représentent pas moins un exemple impressionnant d'un phénomène architectural particulier.
Abstract
The presence of inhabited bridges in Paris at the end of the 18th century is still unknown.
The houses on parisian bridges, pulled down с 1 788, are fit in with the architecture of their
time, copying its forms and ideas. Nevertheless these houses show their own features. The first
one is that their architecture is in accordance with a complete town planning programme, in a
particularly important location crossed by anyone crossing Paris. In fact, inhabited bridges are
the only completely achieved urban and architectural reasoned project of modern Paris, save
place Royal and place Dauphine. Inhabited bridges result also from a speculative project :
houses are conceived to be used as a letting concern with the shop as main component, convert
ing the bridge into a real commercial street. The last specific characteristic, which is not to be
seen elsewhere in Paris, lies in the back part of the ground floor which is split into two diffe
rent levels, as a clever answer to the lack of space in these cramped houses. Although parisian
bridge houses had lost their original magnificent appearance on the eve of French Revolution,
they represented an impressive example of a specific architectural phenomenon.
HES 1998. (17e année, n° 4) 712 Histoire Économie et Société
La permanence de ponts habités 1 à Paris jusqu'à la fin du XVIIIe siècle
reste un aspect méconnu du bâti parisien. La construction de maisons sur un
pont, avant tout liée à la spéculation immobilière, permettait au constructeur
du pont de rentabiliser son ouvrage. Le pont devenait un bien foncier compar
able à n'importe quel terrain parisien, avec l'avantage indéniable que repré
sentait une situation particulièrement centrale, passage obligé canalisant la
clientèle bien plus sûrement qu'un stratagème publicitaire 2. Néanmoins, la
proximité de l'eau qui entretient une humidité quasi constante ou la puanteur
exhalée par les vases stagnantes étaient des inconvénients reconnus. De plus,
la maison de pont n'était jamais à l'abri d'une crue violente, telle celle qui
emporta la moitié des maisons du pont Marie en 1658. Par ailleurs, les caves
exiguës interdisaient à certains commerces de s'installer dans ces maisons : en
particulier les commerces de bouche, nécessitant de vastes caves fraîches pour
la conservation des aliments 3. Enfin, le pont lui-même nécessitait un entretien
régulier, à la charge des propriétaires.
Il peut sembler hâtif de séparer l'étude des maisons des ponts de celle des
autres maisons de la capitale. En effet, les modes de construction ne diffèrent
guère. Par ailleurs, la hauteur des constructions n'est pas vraiment limitée, de
même que sur la terre ferme, l'absence de fondations profondes 4 étant larg
ement compensée par la contiguïté des maisons qui se soutiennent mutuelle
ment. Quant à la hauteur des maisons, elle est fixée de façon raisonnable et
harmonieuse au moment de la construction. Généralement, elle ne dépasse pas
quatre étages, comble compris. C'est le cas pour le pont au Change ainsi que
pour le pont Marie. Les autres ponts habités se limitent à trois étages. C'est
dans le projet architectural raisonné et unitaire que réside la spécificité des
maisons bâties sur les ponts parisiens : elles sont le résultat d'un plan d'en
semble mis au point par un architecte. En cela elles se distinguent assez nett
ement des maisons de la terre ferme. Il existe bien entendu des exemples
contemporains de plan préconçus pour des groupes de maisons, mais il s'agit
le plus souvent de places (place Dauphine ou place Royale), très rarement de
portions importantes de quelque rue (comme l'immeuble de la rue de la Fer-
1. Il n'existe pas de mot satisfaisant pour désigner les ponts couronné

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