Les marches des Césariens vers l Espagne au début de la guerre civile - article ; n°1 ; vol.27, pg 845-861
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Publications de l'École française de Rome - Année 1976 - Volume 27 - Numéro 1 - Pages 845-861
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Publié le 01 janvier 1976
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Langue Français
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Extrait

Monsieur Michel Rambaud
Les marches des Césariens vers l'Espagne au début de la
guerre civile
In: L'Italie préromaine et la Rome républicaine. I. Mélanges offerts à Jacques Heurgon. Rome : École Française de
Rome, 1976. pp. 845-861. (Publications de l'École française de Rome, 27)
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Rambaud Michel. Les marches des Césariens vers l'Espagne au début de la guerre civile. In: L'Italie préromaine et la Rome
républicaine. I. Mélanges offerts à Jacques Heurgon. Rome : École Française de Rome, 1976. pp. 845-861. (Publications de
l'École française de Rome, 27)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1976_ant_27_1_1841MICHEL RAMBAUD
LES MARCHES DES CES ARIENS VERS L'ESPAGNE
AU DÉBUT DE LA GUERRE CIVILE
Au début de la guerre civile, César avait déjà réparti ses légions de
vétérans en trois corps principaux: celui de Fabius, vers Narbonne, devait
attaquer l'Espagne, celui de Trebonius, dans la vallée de la Saône, pouvait
descendre en renfort soit vers l'Italie, soit vers Fabius; enfin, les 8e et 12e
légions, rejoignant la 13e, constituèrent le corps d'armée avec lequel César
contraignit Domitius à la capitulation et Pompée à l'abandon de l'Italie. Ce
dispositif tripertito était conforme à des conceptions stratégiques que Yimpe-
rator avait expérimentées en Gaule 1.
Quand Pompée eut quitté Brindes, Fabius entra en Espagne avec ses
9e et 11e. Selon une opinion admise2, il serait passé par trois légions, les 7e,
la vallée du Têt, le col de la Perche et la haute vallée du Sègre, ce qui
l'aurait amené sur la rive droite de cette rivière, sur le même bord que la
ville d'Ilerda. Après avoir partagé cette manière de voir, nous avons rencontré
trop de difficultés et dû admettre que Fabius était passé par le col du
Perthus 3. Il apparaît alors qu'il a piétiné sur la rive gauche du Sègre, tandis
que le pompéien Afranius, bientôt rejoint par Petreius, couvrait efficacement
la tête du pont d'Ilerda sur cette rive orientale. Le plan stratégique de César
ne se déroulait pas sans rencontrer une opposition solide.
Ces mécomptes et ces retards qu'a voilés le récit du Bellum ciuile
apparaissent si l'on établit un tableau, même sommaire, des marches des
1 Cf. Caes., b.g., VI, 6, 1 et 53, 1-3. Sur la répartition des légions en 50-49 voir notre
Ordre de bataille de l'armée des Gaules, dans B>EA, 60, 1958, pp. 125-128.
2 Cf. von Göler, Caesars Gallischer Krieg und Theile seines Bürgerkriegs, 2e éd., Tübingen,
1880, 2e partie, p. 33; Colonel Stoffel, Histoire de Jules César, Paris, Imprimerie nationale,
1887, p. 48; J. Carcopino, Jules César, 5eéd. revue par P. Grimal, P.U.F., 1968, p. 369.
3 Cf. notre article: Le camp de Fabius près d'Ilerda. Un problème césarien (Bellum
ciuile, 1940), dans Les Etudes classiques, 1976, pp. 25-34. 846 MICHEL RAMBAUD
légions césariennes et une esquisse du calendrier de leurs étapes. De tels
calculs, assurément, laissent place à l'approximation. Des étapes du légionnaire,
les uns ont souligné qu'elles pouvaient être fort longues, ce qui fut vrai,
dans des cas exceptionnels4, d'autres soutiennent qu'elles étaient, d'ordinaire,
très courtes, dix à quinze kilomètres par jour. C'est une mode de ne plus
croire aux grandes étapes pédestres, même quand on ne devrait pas oublier
la «longue marche» de Mao Tse Toung ou les fantassins d'avant 1914 5.
Il importe de distinguer les marches qui servent à manœuvrer quand
l'ennemi est proche et celles qui constituent un déplacement de l'armée sur
une longue distance. Les premières sont mesurées d'après le terrain et l'att
itude de l'adversaire, les Nerviens, par exemple (b.g., II, 16, 1 sqq.), ou Labie-
nus et Scipion près d'Uzitta (b. Af., 41 et 49 sqq.). Les autres sont command
ées par la géographie et limitées par la possibilité d'exiger des hommes un
effort soutenu et des étapes régulières plusieurs jours de suite: itineribus
iustis confectis, nullo die intermisso (b. Af., 1, 1, 1). Mais qu'était ce
iustum iter?
Végèce a donné deux indications d'un grand intérêt. L'une concerne
Vambulatio, marche d'exercice que les légionnaires devaient, en temps de
paix, accomplir tous les dix jours: Decent milia passuum armati instructique
omnibus telis pedites militari gradu ire ac redire iubebantur in castra . . .
(Veg., Inst. rei mil, I, 27). Végèce précisant qu'Auguste rétablit cet exercice
qui était en usage avant son principat, l'indication paraît valable pour les
légions du temps de César. A cause de l'expression: ire ac redire, on a pré
tendu que Vambulatio se déroulait sur quinze kilomètres en tout, moitié à
l'aller, moitié au retour. Le latin ne tolère pas cette interprétation: le com
plément d'étendue, mis, pour ainsi dire, en facteur commun, affecte l'un et
l'autre verbe. Vambulatio consistait à marcher dix milles dans un sens et
dix milles pour revenir, en tout trente kilomètres. Le Bellum Africum fournit
4 L'exemple type, admiré par C. Jullian, Histoire de la Gaule, Paris, 1920, t. III, p. 177,
est la marche du camp de Gergovie au devant de Litaviecos avec retour dans la nuit, b.g.,
VII, 40, 4 à 41, 5, soit une étape redoublée de 37,5 km. Les anciennes encyclopédies précisent
que la marche forcée ne doit pas excéder 50 km en 24 h ou 60 km en 28 ou 30 h. Les légionnaires
firent donc mieux. De cet exploit, on rapprochera la marche de Sarsura à Thysdra, une vingtaine
de km, prolongée par un déplacement de 4 milles et suivie d'un départ à la 4e veille du départ
pour Aggar à 30 km, soit 56 km en 25 ou 26 h., cf. b.Af., 76, 2. Les troupes de Scipion en ont
fait autant.
5 R. Schmittlein, Avec César en Gaule, Paris, 1970, p. 127; cf. nos observations in
REL, 50, 1972, p. 58. LES MARCHES DES CÉSARIENS VERS L'ESPAGNE 847
justement l'exemple d'une expédition de ravitaillement à dix milles de dis
tance. Cet aller et ce retour correspondent à Vambulatio réglementaire:
. . . tertia uigilia legiones duas cum equitatu mittit a castris milia passuum
X atque inde magno numero frumenti onustos recipit in castra (b. Af., 65, 2).
Qu'était le militaris gradus? Végèce a défini (Inst, rei mil, I, 9) les
allures du légionnaire: au pas régulier, militari gradu, il devait parcourir
vingt milles en cinq heures d'été, soit 30 km en 6h 15', ce qui correpond à
4,8 km à l'heure; au pas accéléré, pieno gradu, il devait parcourir, dans le
même temps, vingt-quatre milles, soit 36 km; cette allure était de 6 km à
l'heure. Toutes ces indications se confirment mutuellement: Végèce, qui
considère une marche de 30 km comme l'exercice réglementaire, mesure sur
cette distance le temps du pas régulier; pour montrer ce qu'est le pas accél
éré, il donne une distance, plus grande, parcourue dans le même temps.
De cette corrélation on peut induire que la légion donnait six heures de la
journée à la marche; il restait dix huit heures pour lever le camp, en établir
un nouveau, manger et dormir.
Des indications concordantes de Végèce faut-il induire aussi que, pen
dant un déplacement de plusieurs jours, les fantassins parcouraient quot
idiennement 30 km et que cette distance était le iustum iter? Le récit de
l'invasion de l'Italie, au début de la guerre civile, fournit un détail des
étapes sur un terrain connu; il permet de mesurer les distances parcourues
dans une chronologie établie et, en conséquence, de calculer la moyenne
des étapes de l'infanterie. Il est légitime de reporter ce résultat dans le calcul
d'autres déplacements à longue distance, comme celui des césariens vers
l'Espagne. Certes, l'étape pouvait être plus longue un jour, plus courte le
lendemain, mais sur une longue distance ces différences se compensent.
D'après les marches en Italie, cette moyenne se situe entre 20 et 25 km
par jour; arithmétiquement, ce qui ne veut pas dire quotidiennement, elle
est de 22,5 km. L'exemple en était déjà donné au début de la guerre des
Gaules par les légions que César amena en sept jours d'Ocelum au territoire
des Voconces: . . . ab Ocelo, quod est citerion

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