Les médicaments de Mme de Sévigné (suite et fin) - article ; n°191 ; vol.54, pg 273-293
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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1966 - Volume 54 - Numéro 191 - Pages 273-293
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Georges Dillemann
René Lemay
Les médicaments de Mme de Sévigné (suite et fin)
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 54e année, N. 191, 1966. pp. 273-293.
Citer ce document / Cite this document :
Dillemann Georges, Lemay René. Les médicaments de Mme de Sévigné (suite et fin). In: Revue d'histoire de la pharmacie, 54e
année, N. 191, 1966. pp. 273-293.
doi : 10.3406/pharm.1966.10398
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1966_num_54_191_10398MEDICAMENTS LES
de
MADAME DE SÉVIGNÉ
(Suite et fin)
m. MEDICAMENTS D'ORIGINE ANIMALE
Ambre
Lettre du 10 janvier 1689 (n* 907) : Y Abbé Têtu est « dans une insomnie
qui fait tout craindre... il ne subsiste que par l'opium : on y mit l'autre jour
par mégarde de l'ambre, il en pensa véritablement mourir ».,
Sous le nom d'Ambre, divers produits étaient utilisés au xvn* siè
cle: ambre blanc, ambre noir, ambre jaune (Succin). Mais le plus
important était l'ambre gris, et il est très vraisemblable que c'est celui
dont parle Mme de Sévigné.
Ce remède est décrit par Nicolas Lémery (DC, p. 29) comme « une
matière précieuse, sèche, presque aussi dure que de la pierre, légère,
opaque, grise, odorante, qui se trouve en morceaux de différentes
grosseurs, flottant sur les eaux en divers endroits de l'Océan ». H
précise (VII, p. 469) que l'ambre gris lui-même « n'a presque point
d'odeurs, mais lors que par la fermentation, on a mis ses parties en
mouvement, il en exhale des soufres qui chatouillent fort agréable
ment le nerf de l'odorat » ; pour Pomet (VI, remarques p. 3), l'ambre
possède une « odeur douce et suave ». En 1700, Nicolas Cheval
ier (1) décrit une pièce d'ambre gris pesant 182 livres, que la
Chambre d'Amsterdam aurait reçue des Indes Orientales ; dans ce
petit livre, il est même question d'une pièce de 15.000 livres
(L p. 23) ! REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE 274
2e partie, Dans son Histoire Générale des Drogues, Pomet (VT,
p. 57) écrit que l'ambre gris est « la marchandise la plus précieuse
et la plus chère que nous ayons en France, et la drogue la moins
connue et dont la nature et l'origine est la plus contestée ». A ce
sujet, de très nombreuses hypothèses étaient avancées ; quelques-
unes, qui nous paraissent tout à fait invraisemblables, étaient discu
tées « scientifiquement » (I, p. 893 ; V, p. 30 ; VI, 2e partie, p. 57 ;
IX, p. 29 ; 1, p. 25 s.). Pour certains auteurs de l'époque, il s'agit
d'une « écume de la mer » desséchée et durcie peu à peu par les
rayons solaires ; pour d'autres, ce serait une « écume de veaux
marins condensée », de l'excrément ou du sperme de baleine. Charas
(I, p. 893) pense qu'il s'agit d'un « bitume sorti des entrailles de la
terre et dégorgé dans la mer ». De Meuve (V, p. 30) le considère
comme un « bitume qui découle de quelques fontaines dans la mer ».
Nicolas Chevalier (1, p. 30 et 60) adopte une hypothèse très voi
sine ; celle-ci « a paru à plusieurs auteurs la meilleure et la plus
approchante de la vérité », écrit-il (1, p. 30). D'après Pomet (VI,
2e partie, p. 57), ce n'est « qu'un amas de rayons de mouches qui
tombent de dessus les rochers de la mer », amas composé de cire
et de miel. De même, Nicolas Lémery (IX, p. 30) prétend que la
plupart des « Modernes » pensent que l'ambre gris prend son origine
d'un « amas de rayons de cire et de miel que les abeilles font sur
de grands rochers » aux abords de la « mer des Indes » ; ces
« rayons » restent longtemps exposés au soleil, ils « s'y cuisent, s'y
confondent et y changent de forme », ensuite, ils se détachent et
tombent dans la mer, « où ils reçoivent une nouvelle élaboration et
une perfection par l'eau marine et par l'agitation des flots » ; cet
auteur cite trois expériences qui lui paraissent pleinement confirmer
cette hypothèse (IX, p. 30).
Bien longtemps après le xvne siècle, cette substance est restée myst
érieuse et l'on peut noter qu'en 1955 encore, Dorvault, indiquant
bien qu'il s'agit d'un produit provenant du cachalot (Physeter macro-
cephalus - Cétacées), signale qu'on le considère tantôt comme des
concrétions biliaires, tantôt comme des calculs intestinaux ou pan
créatiques (3, p. 128). Depuis l'isolement de l'ambréine par Pelletier
et Caventou, de nombreux travaux récents ont contribué à une LES MÉDICAMENTS DE MADAME DE SÉVIGNÉ 275
connaissance assez complète de ce produit qui, outre l'ambréine,
triterpène tricyclique à fonction alcool, renferme divers sterols (épi-
coprostérol et coprostérol), des cétones stéroïdiques et un hydrocar
bure saturé, le pristane ou nor-phytane (2, p. 123). Les conditions
de formation de cette concrétion intestinale du cachalot sont encore
très peu connues, et en particulier le rôle de certains mollusques
céphalopodes, dont les cétacées se nourrissent, n'est pas bien éclairci.
Au xvii* siècle, on attribuait à ce médicament de très nombreuses
« vertus et facultez » (1, p. 62 s.). Charas (I, p. 895), ainsi que
de Blégny (III, t. I, p. 691), après avoir décrit la préparation de la
teinture d'ambre gris, indiquent qu'il s'agit d'un remède « fort propre
pour éveiller et conserver la chaleur naturelle, fortifier le cur et le
cerveau, et toutes les parties nobles, donner la vigueur pour l'acte
vénérien aux hommes et aux femmes qui ne craignent pas les bonnes
odeurs, rétablir les forces abbatiies, et redonner de l'embonpoint aux
personnes exténuées par de longues maladies ». La posologie variait
de une à huit gouttes dans du vin d'Espagne, de l'Eau de Cannelle
ou d'autres « liqueurs cordiales ». On préparait aussi une poudre
dans laquelle on incorporait certaines essences ; cet ambre gris ainsi
« essencifié » était prescrit comme précédemment, mais à dose moin
dre [« grosseur d'un petit poiz " servie " sur la pointe d'un couteau »
(I, p. 895)]. .
« Le Cerveau peut être fortifié par le flair de l'Ambre seul » ;
mélangé avec du c bois d'aloës et du musc..., cette composition fort
ifie la mémoire et augmente la vigueur des esprits, rétablit les forces
et restaure le cur » écrit Nicolas Chevalier (1, p. 63), qui pours
uit : « c'est pour cela que l'odeur de l'Ambre gris est si recherchée
en tems de peste. »
L'ambre est classé par Nicolas Lémery (VIII, p. 5) parmi les
c remèdes cordiaux ou cardiaques raréfiants ». Ces remèdes qui
c fortifient le cur en réparant les esprits, et donnent plus de vigueur
au cur », sont divisés en deux catégories suivant leur action phar-
macodynamique (pourrait-on dire). Dans la première catégorie, se
trouvent l'ambre, ainsi que la poudre de vipère, le musc et la Cann
elle ; ces remèdes sont qualifiés de « raréfiants » ; du fait de la
ténuité de leur substance et de leur volatilité, ils augmentent le 276 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
mouvement et la circulation des humeurs ». La seconde catégorie
groupe les « fixants » (tels l'esprit de vitriol, les sucs acides de Citron,
de Groseille, les somnifères) ; ceux-ci agissent par leur acidité ou
par leur pouvoir narcotique, ils « suspendent le mouvement trop
impétueux des esprits ».
L'ambre gris entrait également dans la composition de certains
parfums pour hommes, car « il excite des vapeurs aux femmes »
(IX, p. 30). Depuis, il a été employé davantage en parfumerie pour
son odeur et son pouvoir fixateur.
1. Nicolas Chevalier : Description de la pièce d'Ambre gris que la
bre d'Amsterdam a receuë des Indes Orientales pesant 182 livres ; avec
un petit traité de son origine et de sa vertu, Amsterdam, 1700, 71p.
2. E. Lederer : Odeurs et parfums des animaux, in Fortschritt der Chemie
organischer Naturstoffe, 6 vol., 1950.
3. Dorvault : La Nouvelle officine, Paris, Vigot frères, 1955, t. II.
Gorge de buf
Lettre du 2 septembre 1676 (n° 457) : c J'avais auprès de moi mon joli
médecin [Amonio], qui me consoloit beaucoup... et il a obtenu de moi que je

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