Les pharmaciens à l'École impériale du Service de santé militaire de Strasbourg (1856-1870) - article ; n°345 ; vol.93, pg 73-84

Bertrand Kleider, Jean-Yves Pabst

Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 2005 - Volume 93 - Numéro 345 - Pages 73-84
Le XIXe siècle amena de grands bouleversements dans de nombreux domaines tant techniques, philosophiques que politiques. La pharmacie militaire profita des avancées de ce siècle charnière. Les pharmaciens militaires devinrent des militaires et des officiers à part entière, leur formation prit un aspect résolument scientifique et leurs missions recouvrirent des domaines étendus. Héritière d'une longue tradition d'enseignement, l'École de pharmacie de Strasbourg forma de nombreux pharmaciens dont un grand nombre occupèrent des postes importants au sein du Service de santé des Armées. La création de l'École impériale du Service de santé militaire à Strasbourg en 1856 et l'intégration des pharmaciens dans le cadre de l'École en 1864 représentèrent le point culminant de l'enseignement pharmaceutique dans la capitale alsacienne. La présence des étudiants militaires et leur sacrifice pendant le siège de 1870 marquèrent la mémoire de leurs contemporains strasbourgeois.
Pharmacists in School of Pharmacy from Strasbourg (1856-1870).
The nineteenth century caused significant upheavals in numerous fields like in techniques, in philosophy and in politics. Military pharmacy took advantage of this transition period. Military chemists became regular soldiers and officers : their training became resolutely scientific and their assignments covered extensive fields. Heiress of an important tradition of teaching, the School of Pharmacy from Strasbourg trained numerous chemists whose held important positions into the Health Service of the armies. The creation of the imperial School of the military Health service in Strasbourg in 1856 and the integration of the chemists in this School in 1864 represented the height of the pharmaceutical teaching in the Alsatian capital city. The attendance of the military students and their sacrifices during the siege in 1870 marked the memory of their contemporaries from Strasbourg.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_D-HISTOIRE_DE_LA_PHARMACIE
• Publié le: 01 janvier 2005
• Nombre de lectures: 26
• Langue: Français

Extrait

Bertrand Kleider
Jean-Yves Pabst
Les pharmaciens à l'École impériale du Service de santé
militaire de Strasbourg (1856-1870)
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 93e année, N. 345, 2005. pp. 73-84.
Résumé
Le XIXe siècle amena de grands bouleversements dans de nombreux domaines tant techniques, philosophiques que politiques.
La pharmacie militaire profita des avancées de ce siècle charnière. Les pharmaciens militaires devinrent des militaires et des
officiers à part entière, leur formation prit un aspect résolument scientifique et leurs missions recouvrirent des domaines étendus.
Héritière d'une longue tradition d'enseignement, l'École de pharmacie de Strasbourg forma de nombreux pharmaciens dont un
grand nombre occupèrent des postes importants au sein du Service de santé des Armées. La création de l'École impériale du
Service de santé militaire à Strasbourg en 1856 et l'intégration des pharmaciens dans le cadre de l'École en 1864 représentèrent
le point culminant de l'enseignement pharmaceutique dans la capitale alsacienne. La présence des étudiants militaires et leur
sacrifice pendant le siège de 1870 marquèrent la mémoire de leurs contemporains strasbourgeois.
Abstract
Pharmacists in School of Pharmacy from Strasbourg (1856-1870).
The nineteenth century caused significant upheavals in numerous fields like in techniques, in philosophy and in politics. Military
pharmacy took advantage of this transition period. Military chemists became regular soldiers and officers : their training became
resolutely scientific and their assignments covered extensive fields. Heiress of an important tradition of teaching, the School of
Pharmacy from Strasbourg trained numerous chemists whose held important positions into the Health Service of the armies. The
creation of the imperial School of the military Health service in Strasbourg in 1856 and the integration of the chemists in this
School in 1864 represented the height of the pharmaceutical teaching in the Alsatian capital city. The attendance of the military
students and their sacrifices during the siege in 1870 marked the memory of their contemporaries from Strasbourg.
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Kleider Bertrand, Pabst Jean-Yves. Les pharmaciens à l'École impériale du Service de santé militaire de Strasbourg (1856-
1870). In: Revue d'histoire de la pharmacie, 93e année, N. 345, 2005. pp. 73-84.
doi : 10.3406/pharm.2005.5761
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_2005_num_93_345_576173
Les pharmaciens à l'École impériale
du Service de santé militaire
de Strasbourg (1856-1870)
par Bertrand Kleider *, Jean- Yves Pabst *
Grand homme de guerre et grand organisateur, Napoléon Bonaparte délaissa
pourtant complètement le Service de santé de ses Armées. Il décida même
de la fermeture des hôpitaux d'instruction en 1803. Par imprévoyance, le
problème des effectifs du Service de santé demeura constant durant tout le premier
Empire. En nombre insuffisant lors des conflits, les officiers de santé furent, en
revanche, massivement licenciés pendant les courtes périodes de paix. Ils firent à
nouveau cruellement défaut lors du conflit suivant. Pour pallier le déficit d'effectifs
chronique, les élèves pharmaciens furent enrôlés dans l'armée. En 1807, l'Empire
alla jusqu'à recruter des étudiants étrangers qui se formèrent sur le terrain 1 .
En 1814, sous la Restauration, le gouvernement tenta de réorganiser et d'adapter
les effectifs du corps de santé aux besoins de l'armée. Dans ce but, il recréa dans les
villes de Paris, Metz, Lille et Strasbourg des hôpitaux d'instruction militaires char
gés de recruter des étudiants. Les jeunes gens étaient formés suivant un système
propre à l'armée et par des professeurs issus de ses rangs. Ils devaient néanmoins se
présenter aux examens des Facultés de médecine et des Écoles de pharmacie civiles
pour pouvoir obtenir les diplômes de Docteur en médecine ou de pharmacien. Le 18
septembre 1824, une ordonnance fixa les règles d'avancement dans le corps de santé.
Il avait été décidé que les élèves sortiraient des hôpitaux d'instruction avec le grade
de chirurgien ou de pharmacien sous-aide. Seuls les chirurgiens et pharmaciens
ayant en plus un doctorat en médecine pourraient accéder à la fonction de médecin l.
Les réformes introduites à partir de 1824 dans la formation et l'avancement des
officiers de santé militaires sont imprégnées par la volonté de faire fusionner les
différentes professions de santé. Certains officiers de santé militaires estimaient
que les trois branches de leur art : médecine, pharmacie et chirurgie, n'étaient que
des spécialisations d'une seule et même profession. Surtout, la fusion aurait per
mis de constituer un corps homogène capable de s'opposer à la toute-puissance de
* Université Louis Pasteur, Faculté de pharmacie, 74 route du Rhin, 67401 Illkirch cedex
REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, Lin, N° 345, 1er TRIM. 2005, 73-84. 74 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
l'Intendance. C'est pourquoi la même formation était dispensée à tous les élèves.
La spécialisation se faisait en fonction des diplômes obtenus auprès des Facultés
de médecine et des Écoles de pharmacie et après les différents concours internes.
Le rôle des pharmaciens militaires dans l'Armée de terre
Présent non seulement dans les hôpitaux mais également dans les ambulances
de l'avant, le rôle du pharmacien ne se limitait pas, loin de là, à la délivrance des
drogues. Roucher donne, dans un ouvrage de 1873, une bonne description de la
diversité des missions du pharmacien militaire : « On exige du pharmacien mili
taire qu'il sache pourvoir à l'approvisionnement de l'armée en médicaments [...].
On lui demande pour l'armée la garantie de ces approvisionnements en quantité et
surtout en qualité ; on réclame de son savoir la vérification des substances qui ser
vent aussi bien au traitement qu'à l'alimentation des troupes, la solution des pro
blèmes d'hygiène militaire qui sont du domaine des sciences physiques, chimiques
ou naturelles. On attend de sa vigilance la sauvegarde du malade contre les erreurs
possibles, et de sa fidélité l'économie dans les achats, les approvisionnements, la
conservation et la préparation des substances pharmaceutiques, aussi bien que
l'exactitude dans les comptes à rendre sur l'emploi des substances et du matériel
qui lui sont confiés. Le pharmacien est un des gardiens des deniers de l'état » 2.
À cette époque, l'approvisionnement en vivres était un souci constant pour les
chefs de l'armée. En effet, la quantité de nourriture était fréquemment insuf
fisante et les vivres étaient souvent inconsommables. La difficulté à conserver les
aliments et des fournisseurs peu scrupuleux étaient à l'origine de ce problème.
La lourde tâche de vérifier la qualité des vivres livrés à l'armée revenait aux
pharmaciens. En limitant la consommation de nourriture avariée par les troupes,
les pharmaciens endiguèrent la propagation des maladies et épidémies.
L'admission aux emplois d'élèves en pharmacie à l'École du Service de
santé militaire
- Organisation du concours d'admission et conditions d'accès
Le concours avait lieu une fois par an au mois de septembre. Les cours com
mençaient en novembre. L'examen se déroulait dans plusieurs villes de France,
en premier Strasbourg puis Lyon, Montpellier, Toulouse, Bordeaux, et enfin
Paris. Si dans une ville, le nombre de candidats n'était pas assez important pour
justifier le déplacement du jury, les étudiants étaient alors convoqués à la session
de Paris. L'annonce du concours se faisait par voie d'affiches qui étaient
envoyées aux préfets pour diffusion. Les candidats s'inscrivaient auprès des
intendants des différentes divisions militaires. Lors de l'inscription au concours, PHARMACIENS À L'ÉCOLE IMPÉRIALE DU SERVICE DE SANTÉ MILITAIRE 75
le futur élève devait présenter toutes les pièces attestant qu'il remplissait bien les
conditions d'accès au concours. Le candidat devait : être français ; avoir plus de
dix-sept ans et moins de vingt et un ans ; être apte à servir dans l'armée ; être
titulaire