Les pharmaciens militaires français au Maroc (Pour l histoire du « colonialisme ») - article ; n°173 ; vol.50, pg 315-325
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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1962 - Volume 50 - Numéro 173 - Pages 315-325
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Nauroy
Les pharmaciens militaires français au Maroc (Pour l'histoire du
« colonialisme »)
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 50e année, N. 173-174, 1962. pp. 315-325.
Citer ce document / Cite this document :
Nauroy Jacques. Les pharmaciens militaires français au Maroc (Pour l'histoire du « colonialisme »). In: Revue d'histoire de la
pharmacie, 50e année, N. 173-174, 1962. pp. 315-325.
doi : 10.3406/pharm.1962.8354
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1962_num_50_173_8354f\ ft.tr,
h\
Pour l'histoire du « colonialisme
Les pharmaciens militaires
français au Maroc
xxe L'intervention siècle, en un temps française où la au France Maroc avait se situe à cur au début : de défennotre
dre ses intérêts économiques et de protéger ses ressortissants.
Ce sont, en effet, ces deux impératifs qui sont à l'origine de
notre action militaire au Maroc, pays alors en pleine anarchie.
Pourquoi et comment le Maroc fut-il « protégé » ? (1907-1913).
Le 17 mars 1907, le docteur Mauchamp était sauvagement
assassiné à Marrakech. Or, c'était un homme de bien, un mé
decin habile et désintéressé, qui se dévouait pour soigner les
indigènes. Son assassinat révolta l'opinion publique en France
qui reclama des sanctions. Le gouvernement, en manière de re
présailles, fit occuper Oujda, assez paradoxalement d'ailleurs,
puisque Oujda et Marrakech sont situées à deux extrémités
opposées du pays !
Cette première intervention, peu bruyante, eut peu d'efficac
ité.
filiale (*) de La notre Commission Société d'Histoire de de la la Pharmacie, Pharmacie m'avait militaire, demandé qui est de rasune
sembler une documentation sur les pharmaciens militaires français ayant
servi au Maroc. C'est ce travail que j'ai eu l'honneur de présenter, en un
bref résumé, à notre société le 14 janvier 1962.
Le but de ce travail consiste à donner une vue d'ensemble, certes incomp
lète, sur l'évolution que connut l'uniforme du pharmacien militaire durant âl6 FEUILLETON DE LA REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
Il en fut tout autrement à Casablanca ! Le 30 juillet 1907
en effet quelques ouvriers européens furent assassinés dans ceLe
ville. L'émeute si propagea, et nos ressortissants se réfugièrent
au consulat, où ils furent défendus par les marins de l'aviso
« Galilée ».
Un détachement de la flotte fit alors route vers le Maroc,
ayant à bord le corps expéditionnaire du général Drude.
Celui-ci débarqua à Casablanca le 7 août 1907, date à laquelle
le premier pharmacien militaire français foula le sol du Maroc :
c'était le aide-major Bernard, de l'Ambulance divi
sionnaire. Il fut bientôt rejoint par le pharmacien-major de
2e classe Le Mithouard, pharmacien du premier hôpital de
campagne débarqué, puis par le pharmacien-major de lre classe
Gautier, gestionnaire de la pharmacie d'approvisionnement créée
alors, et son adjoint, le pharmacien aide-major Moreau.
Au point de vue militaire, notre objectif était atteint: nos
ressortissants étaient saufs; Casablanca avait été investie fac
ilement; et nos troupes occupaient quelques kilomètres carrés de
côtes. Cependant, elles eurent peine à la longue à s'y cramponn
er, étant harcelées par les tribus de la Ghaouïa.
Aussi, au début de 1908, le général d'Amade, successeur du
général Drude, entreprit-il la pacification de la Ghaouïa, plaine
atlantique environnant Casablanca.
Les années 1908, 1909, 1910, furent utilisées pour cette pé
nétration. Il y eut alors, au Maroc, six pharmaciens militaires
dans les trois établissements du Service de Santé existants : la
pharmacie d'approvisionnement de Casablanca, l'hôpital de Casa
blanca, l'hôpital de Ber-Hechid.
A nouveau, notre action semblait satisfaisante, et il était
prévu pour 1911 un rapatriement' quasi-général, à l'exception
de forces de police. Le destin allait en décider autrement !
Le sultan Moulay-Hafid avait en 1909 succédé à son frère
Abd-el-Aziz, en faisant profession d'un nationalisme islamique
intransigeant. Il eut alors la mauvaise inspiration, pour remp
lir les caisses du Bit-el-Mal (le trésor public marocain), de lever
l'impôt chez les tribus « Guich » de la région de Fès. Or, les
tribus « Guich » étaient des tribus guerrières, exonérées de l'im
pôt comme formant une partie de l'armée du sultan. Elles se
soulevèrent et encerclèrent Fès, où résidait Moulay-Hafid.
Celui-ci n'eut d'autres ressources que de faire appel aux trou
pes françaises d'occupation de la côte. Le général Moinier, suc- *-" ¦'^: -/o,->
LES PHARMACIENS MILITAIRES FRANÇAIS AU MAROC 317
cesseur du général d'Amade, demanda des renforts en métropole,
et le corps expéditionnaire passa de 4 000 à 35 000 hommes.
La marche sur Fès, en mai 1911, fut rapide, mais la morbidité
fut effrayante du fait de la chaleur et des endémies habituelles :
dysenteries et fièvre typhoïde.
Le sultan fut délivré, ses agresseurs repoussés, et trois hô
pitaux militaires furent créés, en cette année 1911, sur la ligne
d'étapes : dans les villes impériales de Rabat et de Fès et dans
la capitale berbère : Meknès. Celte dernière ville fut prise le
8 juin 1911 et, à l'annonce de ce succès, le sultan Moulay-Hafid
fit pavoiser Fès et adressa ses chaleureuses félicitations au gé
néral Moinier.
Je cite ce détail car nous sommes alors bien loin de la con
ception actuelle de nos conquêtes coloniales passées : le sultan
félicitant nos troupes pour leur action !
Il se servit encore de celles-ci l'année suivante, après qu'il
eût ratifié le traité de Protectorat du Maroc par la France. En
effet, en septembre 1912, le prétendant El Hiba s'était fait pro
clamer sultan dans le sud du pays et avait pris Marrakech.
Le sultan nous demanda de réduire l'imposteur, ce qui fut fait
par la colonne du colonel Mangin. Un hôpital fut alors créé
à Mechra-ben-Abbou. Sa pharmacie fut confiée au pharmacien
major Savary. Mais le pharmacien aide-major Leulier (qui fut
plus tard le Pr Leulier, de la faculté de pharmacie de Lyon), fut
ie premier pharmacien de l'hôpital de Marrakech.
L'uvre civilisatrice (de 1913 à nos jours).
1913 fut au Maroc, suivant l'expression imagée d'André Maur
ois, « une année de modestie militaire et de pénétration éc
onomique ». Mais Lyautey projetait d'unifier le Maroc, et la jonc
tion entre le Maroc Occidental et le Maroc Oriental fut réali
sée, en 1914, par la prise de.Taza.
Des hôpitaux militaires furent alors créés sur la ligne stra
tégique de l'Oum-er-Rébia : à l'Oued-Zem, à Khénifra et à Taza,
La Grande Guerre éclata! Lyautey sut conserver alors le
Maroc à la France, avec des moyens modestes, qui lui interdi
rent des opérations d'envergure.
Les Berbères, peuple fier et valeureux, allaient résister long
temps encore dans les montagnes (car il ne faut pas oublier qu'au
moment de notre intervenUon armée, les Berbères refoulaient peu 318 FEUILLETON DE LA REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
à peu vers la côte les conquérants arabes, et ils avaient confiance
en leur force et en leur droit).
Cependant, en 1924, le pharmacien-inspecteur Gautier put
écrire : « A l'heure présente, la pacification définitive du Maroc
est presque achevée et un certain nombre d'hôpitaux militaires,
créés pendant les opérations, ont été supprimés; il reste seul
ement huit pharmaciens militaires au Maroc, répartis comme suit :
un< à la pharmacie de réserve de Casablanca et un dans chacun
des hôpitaux de Casablanca, Marrakech, Rabat, Meknès, Fès, Taza,
Oujda ».
Le nombre et la répartition des hôpitaux et des pharmaciens
n'allaient dorénavant plus changer. Car la pacification était en
fait presque achevée. Elle devait durer cependant encore dix
ans, jusqu'en 1934, avec des alternatives d'espoirs et d'angoisse,
comme lors de l'agression riffaine d'Abd-el-Krim vaincu en 1926,
mais toujours caractérisée

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