Les politiques coloniales britanniques et le maintien de l Ancien Régime au Bas-Canada (1791-1832) - article ; n°1 ; vol.14, pg 71-88
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Les politiques coloniales britanniques et le maintien de l'Ancien Régime au Bas-Canada (1791-1832) - article ; n°1 ; vol.14, pg 71-88

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Histoire, économie et société - Année 1995 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 71-88
Abstract From 1688 onwards Great-Britain had adopted the parliamentary system of government, and consequently set up similar political institutions in its colony of Lower Canada. However, the reality of the colonial situation manifested itselft differently and these institutions were defined according to the Old Regime. The presence of representative bodies within the colony, and the attention given by the mother country to regularly-voiced complaints by the inhabitants of Lower Canada in the form ofmemos, petitions and delegations did nothing to stop the continuation nor the reinforcement of an oligarchic policy that became increasingly centralised. The political power remained rooted in property ownership and legitimized by religion.
Résumé Engagée dans la voie du parlementarisme depuis 1688, la Grande-Bretagne instaure des institutions politiques semblables aux siennes dans sa colonie du Bas-Canada. La réalité coloniale se révèle néanmoins fort différente en inscrivant la participation à la vie politique dans une logique d'Ancien Régime. La présence d'institutions représentatives coloniales et l'attention prêtée par la métropole aux revendications régulièrement transmises par les habitants du Bas-Canada sous forme de mémoires, pétitions et délégations n'empêchent pas la poursuite, voire le renforcement, d'une pratique oligarchique de plus en plus centralisée où le pouvoir politique demeure basé sur la propriété foncière et légitimé par la religion.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Danielle Laudy
Les politiques coloniales britanniques et le maintien de l'Ancien
Régime au Bas-Canada (1791-1832)
In: Histoire, économie et société. 1995, 14e année, n°1. pp. 71-88.
Résumé Engagée dans la voie du parlementarisme depuis 1688, la Grande-Bretagne instaure des institutions politiques
semblables aux siennes dans sa colonie du Bas-Canada. La réalité coloniale se révèle néanmoins fort différente en inscrivant la
participation à la vie politique dans une logique d'Ancien Régime. La présence d'institutions représentatives coloniales et
l'attention prêtée par la métropole aux revendications régulièrement transmises par les habitants du Bas-Canada sous forme de
mémoires, pétitions et délégations n'empêchent pas la poursuite, voire le renforcement, d'une pratique oligarchique de plus en
plus centralisée où le pouvoir politique demeure basé sur la propriété foncière et légitimé par la religion.
Abstract From 1688 onwards Great-Britain had adopted the parliamentary system of government, and consequently set up
similar political institutions in its colony of Lower Canada. However, the reality of the colonial situation manifested itselft differently
and these were defined according to the Old Regime. The presence of representative bodies within the colony, and
the attention given by the mother country to regularly-voiced complaints by the inhabitants of Lower Canada in the form
ofmemos, petitions and delegations did nothing to stop the continuation nor the reinforcement of an oligarchic policy that became
increasingly centralised. The political power remained rooted in property ownership and legitimized by religion.
Citer ce document / Cite this document :
Laudy Danielle. Les politiques coloniales britanniques et le maintien de l'Ancien Régime au Bas-Canada (1791-1832). In:
Histoire, économie et société. 1995, 14e année, n°1. pp. 71-88.
doi : 10.3406/hes.1995.1761
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1995_num_14_1_1761LES POLITIQUES COLONIALES BRITANNIQUES ET
LE MAINTIEN DE L'ANCIEN RÉGIME AU BAS-CANADA
(1791-1832) l
par Danielle LAUDY
Résumé
Engagée dans la voie du parlementarisme depuis 1688, la Grande-Bretagne instaure des institutions
politiques semblables aux siennes dans sa colonie du Bas-Canada. La réalité coloniale se révèle néanmoins
fort différente en inscrivant la participation à la vie politique dans une logique d'Ancien Régime. La pré
sence d'institutions représentatives coloniales et l'attention prêtée par la métropole aux revendications régu
lièrement transmises par les habitants du Bas-Canada sous forme de mémoires, pétitions et délégations
n'empêchent pas la poursuite, voire le renforcement, d'une pratique oligarchique de plus en plus centralisée
où le pouvoir politique demeure basé sur la propriété foncière et légitimé par la religion.
Abstract
From 1688 onwards Great-Britain had adopted the parliamentary system of government, and conse
quently set up similar political institutions in its colony of Lower Canada. However, the reality of the colo
nial situation manifested itselft differently and these institutions were defined according to the Old Regime.
The presence of representative bodies within the colony, and the attention given by the mother country to
regularly-voiced complaints by the inhabitants of Lower Canada in the form ofmemos, petitions and dele
gations did nothing to stop the continuation nor the reinforcement of an oligarchic policy that became
increasingly centralised. The political power remained rooted in property ownership and legitimized by
religion.
Ancienne colonie française devenue britannique par le traité de Paris en 1763, le
Canada se trouve fondamentalement modifié en 1791. En plus d'importants remanie
ments de son régime politique, il est en outre divisé en deux provinces : le Haut-Canad
a, situé dans la partie amont du Saint-Laurent, recueille les Britanniques et les
Loyalistes tandis que le Bas-Canada, dans la partie aval du fleuve, abrite une majorité
de francophones descendants des colons français. Comparé à la Grande-Bretagne et aux
États-Unis, déjà engagés dans un processus de démocratisation de la vie politique re
spectivement à partir de 1688 et 1776 et avec lesquels il entretient d'étroites relations, le
Bas-Canada fait figure de société d'Ancien Régime. Ce terme pourrait surprendre :
assemblée populaire et État absolutiste vont difficilement de pair. Les deux co-habitent
pourtant dans l'ancienne colonie française. L'article 2 de l'Acte Constitutionnel de 1791
y établit en effet une Assemblée et un Conseil législatifs avec le pouvoir des lois pour
1. Cette étude est tirée d'une thèse de doctorat (Ph.D.) en Sciences Politiques soutenue à l'Université de Montréal le
18 décembre 1992. Une première version de cet article a été présentée au colloque de l'Association canadienne française
pour l'avancement de la science (Acfas) tenu à l'Université de Montréal du 20 au 22 mai 1992. Je remercie les profes
seurs Gérald Bernier et Pierre Tousignant, respectivement professeurs de Sciences Politiques et d'Histoire à l'Université
de Montréal, ainsi que l'Inspecteur Général de l'Éducation Nationale Jean Carpentier de leurs suggestions. 72 Histoire Économie et Société
la paix, le bien-être et le bon gouvernement de ces provinces 2. Ce parlementarisme se
trouve à tout le moins tempéré par les articles 30, 31 et 42 introduisant respectivement
le contrôle du gouverneur, du secrétaire d'État et du parlement, le tout demeurant sou
mis à l'approbation royale 2.
Depuis Durham 3 jusqu'à aujourd'hui, l'historiographie fait état de la difficile émer
gence de la participation des gouvernés à leur gouvernement. Dans la pratique, le pou
voir demeure concentré dans les mains d'administrateurs britanniques et de grands
propriétaires fonciers coloniaux. Le propos de cette étude n'est pas de décrire ce résul
tat déjà constaté par d'autres mais, plutôt, de comprendre le phénomène dont il est
l'aboutissement.
A cet égard, des explications totalement divergentes apparaissent. Certains historiens
anglophones tels Parkman 4 ou anglophiles tels Ouellet 5, se basent sur l'opposition de
certains Canadiens français à la présence d'une Chambre d'Assemblée en 1784 et avan
cent une explication ethnique. Les Anglais et leurs partenaires coloniaux verraient leurs
courageuses tentatives de développement économique et de modernisation politique
bloquées par des Canadiens français arriérés et hostiles à toute idée de progrès.
Certains nationalistes Canadiens français tels Groulx, Séguin et Brunet 6 tombent
dans l'excès inverse et présentent le lien métropolitain comme une féroce dictature
extérieure brimant toute velléité d'organisation et de participation politique des colo
niaux. Ces interprétations ethniques pèchent par une simplification outrancière de la
réalité. La première exagère la dimension démocratique de la société britannique et
l'autre son côté exploiteur.
L'étude des rapports sociaux coloniaux dans la perspective suivie par G. Bernier et
D. Salée 7 apparaît comme une piste fertile permettant de mettre en lumière l'aspect
dynamique des controverses entourant les questions de répartition des pouvoirs à l'inté
rieur de la colonie. Cette démarche doit toutefois être complétée par l'étude des facteurs
externes, c'est-à-dire du cadre économique, social et politique défini par la métropole.
Le but de cette étude réside donc dans l'analyse des contributions des politiques colo
niales britanniques à la reproduction et à l'élargissement de structures et pratiques absol
utistes. Pour ce faire, il importe d'en étudier les effets sur les caractéristiques de
l'Ancien Régime, c'est-à-dire :
- la concentration des pouvoirs aux mains d'une minorité,
- l'assise foncière de ce pouvoir et sa légitimité religieuse,
2. Acte constitutionnel de 1791 présenté par Doughty et Story 1935:X.
3. J.G.L. Durham, Le rapport Durham, Montréal, Sainte-Marie, 1969. Écrit en 1839 suite aux rébellions de 1837-38
pour rendre compte de la situation au Bas-Canada.
4. F. Parkman, The Old Regime in Canada, Boston, Little Brown 1910 (1ère édition 1902).
5. F. Ouellet, Le B

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