Les rapports scientifiques entre la Grande-Bretagne et la France au XVIIIe siècle - article ; n°4 ; vol.9, pg 289-300
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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1956 - Volume 9 - Numéro 4 - Pages 289-300
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

J.D. Bernal
Les rapports scientifiques entre la Grande-Bretagne et la France
au XVIIIe siècle
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1956, Tome 9 n°4. pp. 289-300.
Citer ce document / Cite this document :
Bernal J.D. Les rapports scientifiques entre la Grande-Bretagne et la France au XVIIIe siècle. In: Revue d'histoire des sciences
et de leurs applications. 1956, Tome 9 n°4. pp. 289-300.
doi : 10.3406/rhs.1956.4363
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1956_num_9_4_4363Les rapports scientifiques
entre la Grande-Bretagne et la France
au XVIIIe siècle (1)
Les relations entre les savants anglais et français au cours
du xvme siècle furent nettement différentes de ce qu'elles avaient
été au siècle précédent. Cette différence est due à deux séries de
facteurs, l'une extérieure et l'autre particulière aux sciences. En
ce qui concerne ce dernier aspect, on peut dire qu'au xvne siècle
la Révolution scientifique avait été complète et victorieuse, son
succès ayant été assuré par une série de grands esprits, de Descartes
à Newton. Mais la Révolution industrielle n'était pas encore
commencée et elle ne se réalisa qu'au cours du xvme siècle. Cette
situation fit — du moins pour la première partie du siècle —
que la grande fermentation d'idées nouvelles avait en quelque
sorte disparu et que des contacts aussi fréquents entre savants
de différents pays n'étaient plus nécessaires. Par contre, il semble
que les facteurs politiques, jouèrent un rôle plus important. Il y
eut en fait relativement peu de contacts entre les milieux intellec
tuels français et anglais pendant la première partie du xvme siècle.
Ceci s'explique en partie, mais en partie seulement, par le fait
qu'en contraste avec le siècle précédent, le xvme siècle connut
tout une série de guerres entre les deux pays, qui culmina à la
fin du siècle avec les guerres napoléoniennes. Mais le facteur qui
avait le plus favorisé les contacts franco-anglais au xvne siècle
n'avait pas été l'absence de guerres, mais l'importance des chan
gements politiques intérieurs, notamment au moment de la grande
Rébellion en Angleterre, qui chassa beaucoup de réfugiés anglais
en France, et après la révocation de l'Édit de Nantes, qui entraîna
l'immigration de nombreux protestants français en Angleterre.
(1) Résumé d'une conférence faite au Congrès de l'A. F. A. S. (Caen, juillet 1955).
T. IX. — 1956 19 revue d'histoire des sciences 290
Aucun mouvement de cette sorte ne se produisit au cours du
xvme siècle, et, de ce fait, les échanges se limitèrent à quelques
voyageurs occasionnels, et quelques rares exilés, dont l'un d'eux
cependant, Voltaire, devait jouer un rôle d'une importance capitale.
Ce qui réduisit peut-être encore davantage ces rapports, est le
fait que l'évolution économique et politique suivit dans les deux
pays des cours très différents. En Angleterre, il s'agissait d'exploiter
la libération des classes industrielles, libération qui avait été
réalisée au cours du xvne siècle. En France, il s'agissait de pré
parer cette émancipation qui ne se réalisa que par la Révolution
de 1789. De ce fait, dans la première partie du xvine siècle, la
pensée anglaise fut tempérée par un sentiment de satisfaction,
tandis qu'en France régnait une attitude de plus en plus critique.
Ceci est démontré par l'usage que firent les intellectuels français
des idées des savants anglais de la période antérieure ; tandis
qu'en Angleterre ces idées servaient de support principal au régime
constitutionnel, en France elles devinrent les instruments de cr
itique de l'ancien régime.
Il y eut un contraste marqué entre les développements scien
tifiques et industriels des deux pays. En Angleterre, ou plutôt en
Grande-Bretagne, car l'Ecosse eut un rôle important à jouer, la
grande œuvre du xvme siècle fut la Révolution industrielle. Elle
impliquait la transformation d'une industrie textile de forme arti
sanale en une industrie manufacturière fondée sur l'emploi de
l'énergie mécanique, le développement des sources d'énergie pro
venant des machines à vapeur, et de nouvelles méthodes à grande
échelle pour la production du fer et de l'acier.
En contraste avec tout ceci et, en particulier, en contraste
avec les développements intellectuels du siècle précédent, les pro
grès scientifiques furent en Angleterre assez maigres et, lorsqu'ils
furent décisifs, ce fut dans le domaine expérimental plutôt que
du côté de la théorie. Par contre, en France, aussi bien pour les
sciences de la nature que pour les sciences sociales, l'accent était
mis surtout sur l'interprétation et la systématisation. L'adoption
de la philosophie newtonienne en France, qui eut lieu vers le
milieu du siècle, permit de rapides progrès mathématiques avec
d'Alembert, et surtout Lagrange et Laplace, qui réussirent à
généraliser la mécanique de Newton sans cependant rien ajouter
d'essentiel du côté physique. D'autre part, pour la nouvelle science
chimique, la systématisation française fut le facteur le plus impor- RAPPORTS SCIENTIFIQUES ENTRE GRANDE-BRETAGNE ET FRANCE 291
tant, quoique cette systématisation fût fondée sur les observations
empiriques des Britanniques. Un des changements les plus frap
pants qui se manifestèrent au cours du siècle fut le triomphe de la
science française qui passa d'une sorte d'amusement oisif, au
début du siècle, à ce qui sera le fondement d'importantes transfor
mations industrielles, à la fin. Mais, quoique la pensée française
fût dominante, ce fut la pratique anglaise en politique, en économie
et en industrie qui fut la véritable inspiration tout au long de
cette époque, inspiration qui, à la fin du siècle, fut pleinement
reconnue par les penseurs français.
Au cours du xvne siècle, l'Angleterre, la France et la Hollande
avaient formé, pratiquement à elles seules, un monde scientifique
presque complet. Cette situation ne demeura pas longtemps, car
la science se répandait dans des cercles plus larges et il est imposs
ible d'étudier le progrès scientifique du xvme siècle sans y inclure
l'introduction délibérée de certains aspects de la science dans
des pays comme la Prusse, la Russie et la Suède. Un développe
ment indépendant, de même importance et servant assez curieu
sement de liaison entre la science anglaise et la science française,
apparut en Suisse ; ce mouvement était centré à Genève, ville
qui prit en grande partie la place d'Amsterdam comme centre
d'échanges d'idées scientifiques.
C'est d'ailleurs en liaison avec ce centre qu'était devenu Genève
que l'on note la réapparition de la science en Italie vers la fin du
siècle. Le monde scientifique à la fin du xvne siècle embrassait
effectivement toute l'Europe, bien que ses avants-postes russes
fussent limités aux villes impériales de Saint-Pétersbourg et Moscou.
Un des aspects les plus frappants des rapports entre la France
et l'Angleterre pendant la plus grande partie du xvine siècle fut
le très petit nombre d'hommes de lettres français, et moins encore
de savants, qui voyagèrent en Angleterre ; il est vrai qu'ils avaient
peu d'occasions de le faire. Un nouveau type de voyageurs apparut
vers, la fin du siècle, des techniciens en mission spéciale ; l'un
d'eux en particulier est probablement plus responsable que tous
les autres réunis de la transmission de connaissances techniques,
il s'agit du chevalier Jars. Mais dans l'autre sens, il y eut un nombre
considérable d'Anglais qui vinrent en France pour y faire le « Grand
Tour » qui, comprenant toujours et même se limitant parfois à la
France, constituait . une part essentielle de l'éducation du milord
anglais. 292 revue d'histoire des sciences
Toutefois la valeur technique et scientifique du « Grand Tour »
paraît assez limitée jusque vers la fin du siècle. Les arts, la litt
érature et le théâtre étaient beaucoup plus recherchés que l'info
rmation scientifique et, quant aux acquisitions techniques, les

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