Les relatives et l adjectif - article ; n°1 ; vol.22, pg 68-78
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Description

Langue française - Année 1974 - Volume 22 - Numéro 1 - Pages 68-78
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 78
Langue Français

Extrait

Jacqueline Bastuji
Les relatives et l'adjectif
In: Langue française. N°22, 1974. pp. 68-78.
Citer ce document / Cite this document :
Bastuji Jacqueline. Les relatives et l'adjectif. In: Langue française. N°22, 1974. pp. 68-78.
doi : 10.3406/lfr.1974.5674
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1974_num_22_1_5674Jacqueline Bastuji, Paris-X (Nanterre.)
LES RELATIVES ET L'ADJECTIF
Si dans un souci de progression pédagogique on peut étudier séparément les
adjectifs qualificatifs ' puis les propositions relatives 2, toute étude systématique met
rapidement en évidence les liens complexes qui les unissent.
La tradition grammaticale pose d'ailleurs une équivalence fonctionnelle entre
la relative et l'adjectif épithète, au point que dans « Le bon usage » Grevisse étudie
les relatives sous le titre général de « Propositions adjectives » (p. 1066). N'est-ce
pas négliger les deux autres fonctions de l'adjectif, à savoir l'apposition et l'attr
ibut ?
Certes les relatives peuvent elles aussi être « apposées », c'est-à-dire séparées du
groupe nominal par une pause ou une virgule ; mais il n'y a pas, comme l'affirme
« La nouvelle grammaire du français » (Dubois-Lagane, 1973, 182), correspon
dance stricte entre relatives appositives et adjectifs apposés d'une part, relatives deter
minatives et adjectifs épithètes d'autre part. Enfin l'attribut semble irréductible puis
qu'il appartient au groupe du verbe et ne peut être remplacé par une relative.
Il s'agit donc de définir, et d'expérimenter avec les élèves, des hypothèses
assez puissantes pour rendre compte de cette diversité structurale et fonctionnelle.
1. L'expansion nominale.
1.1. Une approche structurale fondée sur l'observation méthodique de la chaîne
parlée découpe et classe les segments selon leurs propriétés distributionnelles : on
range dans une même classe d'équivalence les séquences définies par le même env
ironnement (propriété syntagmatique) et donc formellement interchangeables dans
cet environnement (propriété paradigmatique).
1. Les qualificatifs ont des propriétés formelles — règles de position et construct
ion attributive — qui les distinguent des autres adjectifs ; ceux-ci sont commutables avec
les articles et regroupés avec deux dans la classe des déterminants du nom.
2. C'est la solution adoptée par le nouveau manuel de J. Grunenwald et H. Mit-
terand (1973).
68 mon a trouvé un chien frère
mon a trouvé un chien noir frère a un qui est noir
- - Exp N
-GN GN
Adjectifs et relatives appartiennent à une même classe d'éléments facultatifs
placés à droite du nom : ils s'analysent comme « expansions » ou « enrichissements »
du groupe nominal.
1.2. Les applications pédagogiques sont immédiates et visent tantôt à produire
et tantôt à supprimer ces expansions.
Ainsi, dans des « exercices de vocabulaire' et de création » sur un thème, par
exemple le feu, on porte le nom feu sur une grande feuille blanche que l'on affiche
en classe. Les élèves inscrivent toutes les qualifications qui peuvent être associées
au nom et portées à sa droite, puis on examine la récolte : adjectifs (feu rouge),
groupes prépositionnels (feu de bois), relatives (feu qui flamboie) (cf. Recherches
Pédagogiques, n" 52, p. 46-47).
Inversement, on travaille sur des textes où adjectifs et relatives sont effacés
ou remplacés par des points de suspension. Les points de suspension visualisent la
place de l'expansion, qui est fixe pour la relative, mais variable pour l'adjectif.
On divisera donc les adjectifs en trois classes : antéposés, postposés et mobiles.
Une analyse plus fine montre que certains adjectifs mobiles se placent indi
fféremment à gauche ou à droite du nom :
un superbe cadeau / un cadeau (qui est) superbe
mais que pour d'autres la mobilité conduit à des énoncés inacceptables :
* une pure eau / une eau (qui est) pure
un pur hasard / * un hasard (qui est) pur
les sacrées reliques / les reliques (qui sont) sacrées
une sacrée gamine / * une gamine (qui est) sacrée
Pour de tels adjectifs il faut conclure à la présence de deux homonymes, l'un
postposé (et parfois mobile), et l'autre toujours antéposé 3. Cet homonyme anté
posé n'est jamais attribut ni apposition, ce qui infirme la « règle d'or » des trois
places — et des trois fonctions — de l'adjectif qualificatif (cf. Recherches Pédagog
iques, n° 63, document 13).
1.3. Enfin, l'effacement expérimental de tout adjectif conduit à des phrases
agrammaticales :
elle est belle / * elle est
l'enfant semble rêveur / * l'enfant semble
ou sémantiquement distinctes :
le soleil paraît brouillé / le soleil paraît
En remarquant que les éléments supprimés sont tous situés immédiatement
à droite du verbe, on définit la fonction attribut par cette distribution spécifique
et par l'impossibilité de l'effacement. Cette impossibilité d'effacement permet en
outre de repérer les attributs du complément d'objet quand ils ont même distribu
tion que l'épithète :
elle a les cheveux blonds / * elle a les cheveux
elle a les qui frisent
L'adjectif n'est donc facultatif que dans ses fonctions d'épithète ou d'apposi-
3. Pour les homonymes, se reporter au Dictionnaire du français contemporain, éd.
Larousse (avant-propos, p. iv ; entrées pur, sacré, etc.).
69 tion. Et encore la suppression de certaines épithètes peut-elle conduire à des énoncés
sémantiquement inacceptables :
lors d'un match (important) le stade de Colombes est plein
Saigon : le (dernier) Noël à la mode (américaine)
1.4. Ainsi, l'hypothèse de l'expansion nominale ne rend pas compte de l'e
nsemble des faits. L'approche distributionnelle permet des manipulations rigoureuses,
mais pour l'adjectif elle maintient deux configurations irréductibles. Ici appar
aissent les limites d'une linguistique descriptive, « taxinomique », qui classe des
données sans construire de théorie explicative 4.
2. Structure profonde et transformations.
2.1. L'intérêt de la grammaire generative est précisément d'offrir une hypot
hèse cohérente pour unifier les quatre structures de l'attribut, de la relative, de
l'apposition et de l'épithète.
Pour la grammaire générafive-transformationnelle (GGT), toute phrase est la
réalisation d'une suite syntaxique abstraite appelée structure superficielle et dérivée
de la structure profonde par une suite ordonnée de transformations. La structure
profonde d'une phrase se définit par une hiérarchie de constituants générés par des
règles syntagmatiques, et ordinairement représentés par un « arbre de dépendanc
es » qui donne la description structurale de cette phrase. Au moins dans la théorie
dite « standard », il est admis que les transformations ne changent pas le sens.
2.2. La relative s'interprète comme la transformation d'une phrase de struc
ture profonde P2 « enchâssée » dans une « phrase matrice Рг » et constituant d'un
groupe nominal dans cette phrase. Une identité référentielle entre deux groupes nomi
naux, l'un dans Pi, l'autre dans P;, est la condition structurale nécessaire au décle
nchement de l'opération.
Le premier état de la théorie, exposé notamment dans « Structures syntaxi
ques » (1957), distinguait deux types de transformations : les transformations sin-
gulaires, internes à une phrase, et les généralisées, qui composaient
deux phrases indépendantes (ou plutôt deux indicateurs syntagmatiques) en une
seule phrase complexe. La transformation relative, de même que la coordination ou
les nominalisations, appartenaient à ce second type.
Soient les deux phrases respectivement définies par les indicateurs syntagmati
ques — les « arbres » — Pi et P- :
Tu m'as donné un livre
Le livre est intéressant.
Condition structurale : GNi = GNL. (un livre/le livre).
La transformation relative — enchâssement de P* dans Pi à droite du GNb et
modification réglée de P> — aboutit à la phrase complexe :
(1) Tu m'as donné un livre qui est inté

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