Les représentations sportives dans l œuvre du Peintre de Micali - article ; n°1 ; vol.172, pg 21-44
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Description

Publications de l'École française de Rome - Année 1993 - Volume 172 - Numéro 1 - Pages 21-44
Même si elle est incontestablement moins intéressante sur ce point que les fresques funéraires de Tarquinia et les reliefs archaïques de Chiusi, la céramique étrusque à figures noires n'est cependant pas à négliger pour l'étude des realia sportifs toscans. Plusieurs productions du Peintre de Micali en apportent la preuve ; l'amphore Β 64 du British Museum, qui présente surtout la pompa et les jeux athlétiques, n'en livre pas moins des détails précis sur la course hippique figurée en raccourci : c'est le cas pour la forme du poteau d'arrivée et, par ailleurs, le Peintre de Micali ne s'oppose pas à nos autres sources sur la question du type des chars. Les Étrusques n'ont pas connu les courses de quadriges, mais seulement celles de biges et de triges. Mais c'est surtout la prépondérance du pugilat, parmi les ludi étrusques, qui est bien illustrée par de nombreux vases de ce même peintre, sur lesquels on peut reconnaître divers ballets de la boxe. L'alliance de la danse, de la musique et du pugilat est permanente en Étrurie, et les danses mimétiques illustrant la boxe sont fréquentes.
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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 71
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Paul Thuillier
Les représentations sportives dans l'œuvre du Peintre de Micali
In: Spectacles sportifs et scéniques dans le monde étrusco-italique. Actes de la table ronde de Rome (3-4 mai
1991). Rome : École Française de Rome, 1993. pp. 21-44. (Publications de l'École française de Rome, 172)
Résumé
Même si elle est incontestablement moins intéressante sur ce point que les fresques funéraires de Tarquinia et les reliefs
archaïques de Chiusi, la céramique étrusque à figures noires n'est cependant pas à négliger pour l'étude des realia sportifs
toscans. Plusieurs productions du Peintre de Micali en apportent la preuve ; l'amphore Β 64 du British Museum, qui présente
surtout la pompa et les jeux athlétiques, n'en livre pas moins des détails précis sur la course hippique figurée en raccourci : c'est
le cas pour la forme du poteau d'arrivée et, par ailleurs, le Peintre de Micali ne s'oppose pas à nos autres sources sur la question
du type des chars. Les Étrusques n'ont pas connu les courses de quadriges, mais seulement celles de biges et de triges. Mais
c'est surtout la prépondérance du pugilat, parmi les ludi étrusques, qui est bien illustrée par de nombreux vases de ce même
peintre, sur lesquels on peut reconnaître divers ballets de la boxe. L'alliance de la danse, de la musique et du pugilat est
permanente en Étrurie, et les danses mimétiques illustrant la boxe sont fréquentes.
Citer ce document / Cite this document :
Thuillier Jean-Paul. Les représentations sportives dans l'œuvre du Peintre de Micali. In: Spectacles sportifs et scéniques dans
le monde étrusco-italique. Actes de la table ronde de Rome (3-4 mai 1991). Rome : École Française de Rome, 1993. pp. 21-44.
(Publications de l'École française de Rome, 172)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1993_act_172_1_3051THUILLIER JEAN-PAUL
LES REPRÉSENTATIONS SPORTIVES
DANS L'ŒUVRE DU PEINTRE DE MICALI
Lorsqu'on étudie certains aspects de la vie quotidienne des
Étrusques, et en particulier ces qui touchent aux jeux, aux
danses, aux «sports» - et je signale une fois pour toutes que j'em
ploie ce terme de sport par facilité, sans me prononcer sur le débat
controversé de sa pertinence pour l'Antiquité classique - on est
amené à se fonder essentiellement sur deux catégories de docu
ments iconographiques : les fresques funéraires de Tarquinia et de
Chiusi surtout (mais le grand catalogue raisonné de S. Steingräber
nous a montré ou rappelé qu'il ne fallait pas se limiter à ces deux
cités majeures)1 et, d'autre part, les reliefs archaïques de Chiusi,
pour reprendre le titre de la belle thèse de J.-R. Jannot2. Ceci a conséquence que l'on s'intéresse d'abord à ces deux villes, en
étant parfois tenté de généraliser les remarques à l'ensemble de
l'Étrurie, et que l'on considère essentiellement une période, certes
très importante mais limitée, qui va, en gros, de 550 à 450 avant
notre ère.
Le choix de ces deux types de documents ne surprendra év
idemment personne et trouve une double justification, quantitative
et qualitative. Parce que les jeux étaient un moment-clé du rituel
des funérailles, au moins pour les défunts des classes aristocrati
ques, parce que la représentation de ce rite de passage dans la
tombe permettait d'en pérenniser l'efficacité (c'est le cas des fres
ques), et parce que d'autres milieux, moyens, pouvaient en retirer
le bénéfice indirect par la seule représentation (c'est sans doute le
cas de certains cippes), le résultat est clair : on a multiplié les ima
ges des jeux, sportifs ou non. D'autre part, le caractère éminem
ment religieux de ces représentations fait que l'on devait cerner les
1 S. Steingräber, Etruskische Wandmalerei, Stuttgart-Zurich, 1985.
2 J.-R. Jannot, Les reliefs archaïques de Chiusi, Rome (Collection de l'École
française de Rome, 71), 1984. JEAN-PAUL THUILLIER 22
realia de très près, et ainsi ces documents sont-ils véritablement
fiables pour l'analyse de la vie (et de la mort) quotidiennes3.
On ne peut sans doute pas en dire autant de la majorité des
céramiques étrusques, dont la destination funéraire n'est pas tou
jours établie, et sur lesquelles l'influence hellénique a souvent été
prépondérante. Pourtant, les vases à figures noires au moins sont
loin d'être dénués de tout intérêt dans la simple perspective d'une
étude des realia, et, depuis longtemps, on a fait un sort particulier
à celui que l'on peut bien considérer, avec J. D. Beazley, comme le
maître de cette production, je veux dire bien sûr le Peintre de Mica-
li4. Diverses études sur cet artiste, et en particulier celle de Nigel
Spivey5, l'exposition qui lui a été consacrée récemment à Villa Giul
ia, et le catalogue qui l'accompagnait6 ont d'ailleurs attiré l'atten
tion sur des vases et des représentations assez peu connus, mais
intéressants pour notre étude, et sur lesquels nous reviendrons
dans un second temps.
*
* *
Cependant, il vaut la peine de s'attarder auparavant sur cette
étonnante amphore à col B64 du British Museum, avec laquelle
J. D. Beazley ouvrait pratiquement son ouvrage de 1947, et qui a
été l'objet de diverses études récentes - entre autres celles du Prof.
J. G. Szilâgyi, et de notre collègue L. B. van der Meer ici présent7. Il
3 On a souvent déjà discuté sur la signification de ces représentations - et
sur celle d'autres motifs, comme celui du banquet : cf. S. De Marinis, La tipolo
gia del banchetto nell'arte etnisca arcaica, Rome, 1961, p. 119-123. Récemment,
Β. d'Agostino a souligné leur caractère symbolique, et il se prononce pour une
interprétation «sociale», qu'il oppose à l'interprétation «réaliste» (où les images
de jeux renvoient aux cérémonies funèbres qui se sont réellement tenues en
l'honneur du mort) (Image and society in archaic Etruria, dans JRS, 79, 1989,
p. 2-10) : pour B. d'Agostino, ces motifs de jeux sont des status-symbols qui exal
tent la dignité aristocratique du titulaire de la tombe. Mais il ne nous semble
pas y avoir là de véritable contradiction, et les deux interprétations ne sont nul
lement exclusives l'une de l'autre (d'autant que ces représentations ne pas
dépourvues d'éléments conventionnels).
4 J. D. Beazley, Etruscan Vase Painting, Oxford, 1947 (cf. par exemple,
p. 16, où Beazley s'oppose à T. Dohrn : «The Siren Painter (Micali Painter) has
plenty of vigour, while the Painter of Vatican 238 has a meagre, mincing style
which disgusts me»).
5 N. J. Spivey, The Micali Painter and his followers, Oxford, 1987.
6 Un artista etrusco e il suo mondo. Il Pittore di Micali, Rome, 1988.
7 J. G. Szilâgyi, Impletae modis saturae, dans Prospettiva, 24, 1981, p. 8-10.
L. Bouke van der Meer, Greek and local elements in a sporting scene by the Mical
i Painter, dans Italian Iron Age Artefacts in the British Museum, Papers of the
Sixth British Museum Classical Colloquium, Londres, 1986, n°48. REPRÉSENTATIONS SPORTIVES DANS L'ŒUVRE DU PEINTRE DE MICALI 23
Fig. 2 - L'amphore B64 du British Fig. 1 - L'amphore B64 du British
Museum : La pompa (cl. Museum : Les jeux (cl. British
Museum XII-D39). Museum, XII-D41).
faut dire que cette représentation d'un «sports meeting» en Étrurie
à la fin du VIe siècle - pour reprendre l'expression de J. D. Bea-
zley8 - est peut-être la plus complète que nous possédions : l'idée
qu'il s'agit d'une commande spéciale paraît s'imposer et il est légi
time alors de se demander quel type de festival avait pu être donné
à cette occasion. Si ce document reste unique dans le domaine de
la céramique peinte, il n'empêche qu'il l'emporte, du point de vue
de l'exhaustivité, sur les fresques funéraires elles-mêmes : on voit
en effet sur la panse de cette amphore la pompa et les ludi. Il ne
manque que la scène de sacrifice pour que les trois phases «cano
niques» d'un festival étrusco-italique soient indiquées et pour que
celui-ci soit donc présenté d'une manière complète - quelle que
soit l'interprétation religieuse qu'on veuille bien lui accorder.
Il fallait, dans ces conditions, que la plupart des compétitions
fussent signalé

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