Les serments professionnels de la pharmacie de l antiquité à nos jours (suite et fin) - article ; n°117 ; vol.35, pg 122-132
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Les serments professionnels de la pharmacie de l'antiquité à nos jours (suite et fin) - article ; n°117 ; vol.35, pg 122-132

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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1947 - Volume 35 - Numéro 117 - Pages 122-132
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1947
Nombre de lectures 11
Langue Français

Extrait

Eugène-Humbert Guitard
Les serments professionnels de la pharmacie de l'antiquité à
nos jours (suite et fin)
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 35e année, N. 117, 1947. pp. 122-132.
Citer ce document / Cite this document :
Guitard Eugène-Humbert. Les serments professionnels de la pharmacie de l'antiquité à nos jours (suite et fin). In: Revue
d'histoire de la pharmacie, 35e année, N. 117, 1947. pp. 122-132.
doi : 10.3406/pharm.1947.10903
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1947_num_35_117_10903serments professionnels de la pharmacie Les
de l'antiquité à nos jours
(Suite et fin)
Le « serment des apothicaires chrétiens. »
Après avoir examiné comme nous venons de le faire les formules
de serment traditionnelles des villes françaises, il convient de tourner
notre attention vers un autre texte d'allure un peu particulière et sur
la valeur duquel on s'est longtemps mépris. Il s'agit du fameux
« Serment des apothicaires chrétiens et craignants Dieu » ou jusju-
randum pharmacopoeorum, qui a été publié en latin en 1608 dans les
Institutionum pharmaceuticarum libri quinque de Jean de Renou C56)
et en français en 1637 dans les uvres pharmaceutiques du même
auteur (57). En voici la version française :
Je jure et promets devant Dieu, auteur et créateur de toutes choses,
unique en essence et distingué en trois personnes éternellement bienheur
euses, que j'observerai de point en point tous les articles suivants :
Et premièrement, je jure et promets de vivre en la foi chrétienne;
Item, d'aimer et honorer mes parents le mieux qu'il me sera possible; d'honorer, respecter et faire servir en tant qu'en moi sera,
non seulement aux docteurs médecins qui m'auront instruit en la con
naissance des préceptes de la pharmacie, mais aussi à mes précepteurs
et maîtres pharmaciens, sous lesquels j'aurai appris le mestier;
Item, de ne médire d'aucun de mes anciens, docteurs, maîtres phar
maciens, ou autres qu'ils soient;
56. Paris, 1608. Le serment est au f° XII et commence ainsi : Rerum Crea-
torem unum in Trinitate Deunu..
57. Lyon, 1637, p. 469. SERMENTS DE LA PHARMACIE 123 LES
Item, de rapporter tout ce qui me sera possible pour l'honneur, la
gloire, l'ornement et la majesté de la médecine;
Item, de n'enseigner aux idiots et ingrats les secrets et raretés d'icelle; de ne rien faire témérairement sans avis des médecins ou sous
l'espérance de lucre tout seulement;
Item, de ne donner aucun médicament, purgation, aux malades affligés
de quelques maladies, que premièrement je n'aie pris conseil de quelque
docte médecin;
Item, de ne toucher aucunement aux parties honteuses et défendues
des femmes que ce ne soit par grande nécessité, c'est-à-dire lorsqu'il
sera question d'appliquer dessus quelques remèdes;
Item, de ne découvrir à personne le secret qu'on m'aura commis; de ne donner jamais à boire aucune sorte de poison à personne
et de ne conseiller jamais à aucun d'en donner non pas même à ses plus
grands ennemis;
Item, de ne donner jamais à boire aucune portion abortive; de n'essayer de faire sortir du ventre de la mère le fruit,
en quelque façon que ce soit, que ce ne soit par l'avis du médecin;
Hem, d'exécuter de point en point les ordonnances des médecins, sans
y ajouter ou diminuer, en tant qu'elles seront faites selon l'art;
Item, de ne me servir jamais d'aucun succédané ou substitut, sans le
conseil de quel qu'autre plus docte que moi;
Item, de désavouer et fuir comme la peste la façon de pratique scan
daleuse et totalement pernicieuse de laquelle se servent aujourd'hui les
charlatans, les empiriques et souffleurs d'alchimie, à la grande honte
des magistrats qui les tolèrent;
Item, de donner aide et secours indifféremment à tous ceux qui m'emp
loient, et finalement de ne tenir aucune mauvaise et vieille drogue dans
ma boutique.
Le Seigneur me bénisse toujours tant que j'observerai ces choses.
Cadet de Gassicourt et plus tard Phillippe, dans son Histoire des
Apothicaires, ont attribué une grande importance à ce texte. Philippe
le donne même comme un document authentique du milieu du
XIIIe siècle, et jusqu'en 1914 on s'imagina qu'il constituait en quelque
sorte l'ossature de l'organisation pharmaceutique sous l'Ancien
Régime. Erreur absolue, qui a fait plus de tort que les railleries de
Molière, dont les apothicaires n'étaient pas les seuls à faire les frais.
C'est le Dr Paul Dorveaux qui a remis les choses au point i58) ; nous
allons résumer son argumentation et la compléter.
Ce qui frappe d'abord dans ce texte, ce sont les emprunts directs
qui ont été faits au serment d'Hippocrate. C'est d'autre part la place
58. IP. Dorveaux, Le serment des apothicaires chrétiens..., in Bulletin des
Sciences pharmacologiques, mai 1914, p. 301. REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE 124
exagérée qui a été donnée aux engagements de moralité générale,
comme celui d'aimer et honorer les parents. Par contre, les recom
mandations d'ordre professionnel sont très incomplètes et fort mal
présentées : par exemple, l'apothicaire doit s'engager à ne jamais
donner de poison à boire à personne; or, bien peu de malades étaient
assez grands seigneurs pour faire venir chez eux le personnel des
pharmacies sauf pour l'administration du clystère. Enfin, et surtout,
ce qui frappe dans le Serment des Apothicaires Chrétiens, c'est qu'il
les subordonne jusqu'à l'humiliation, non pas seulement à la Faculté,
mais aux simples médecins.
L'explication est simple : Jean de Renou était docteur en médecine
à une époque où la pharmacie enrichissait ses adeptes et leur permett
ait parfois d'acheter des charges au Parlement et ce qu'on appelait
plaisamment des « savonnettes à vilains », c'est-à-dire des fiefs
conférant la noblesse. Au lieu d'ajouter un pamphlet à ceux de Sym-
phorien Champier et de Lisset Benancio, ou d'exhaler comme Gui
Patin sa jalousie en injures grossières, le médecin de Renou pensa
mieux servir sa coterie en écrivant un manuel didactique et protec
teur, à l'usage des apothicaires, et il inséra dans ce manuel un
« modèle » de serment de son crû et bien dans la note.
Avait-il l'espoir que cette formule serait adoptée par les corpo
rations pharmaceutiques des grandes villes, qui respectaient toujours
à la lettre leurs traditions. C'est peu probable, mais il souhaitait
sans doute que les maîtrises en formation ou désirant se réformer
vinssent lui emprunter quelques idées et quelques phrases toutes
faites. C'est ce qui arriva.
Le succès de l'ouvrage eut pour effet de faire accepter cette rédact
ion, avec ou sans variantes, par les apothicaires de Saint-Quentin (59),
de Chauny C60), de Cambrai (61) et de Melun (). Les statuts de
Cambrai, imposés peut-être par un médecin de la ville, vont jusqu'à
exiger l'obéissance à toutes les recommandations de Renou.
Mais ces quatre cités sont les seules qui, à notre connaissance,
aient utilisé le modèle en question C63), et cela dans une courte pé
riode comprise entre 1639 et 1656. Le serment de Renou n'a donc
pour ainsi dire pas eu d'existence légale. Ce sont les formules du
Moyen Age qui persistent jusqu'à la fin de l'Ancien Régime.
519. Arch, de Saint-Quentin, Statuts de 1639, fol. 7.
60.de Ghauny, Statuts mil. XVII* s.
61. Coulon, Les apothicaires de Cambrai, Paris, 1905, Statuts de 1653.
62. Arch. Nat, X 1A 86159, f° 434, Statuts du 2 août 1056, art. 12.
63. Il y en a eu peut-être plusieurs autres, mais d© faible population. SERMENTS DE LA PHARMACIE 125 LES
Il faut cependant reconnaître qu'elles évoluent un peu dans le
sens d'un contrôle médical et surtout universitaire plus accentué.
Nous allons nous en rendre compte en examinant les conditions
matérielles de la prestation de serment.
Les témoins.
Il était important qu'elle eût lieu en présence de témoins qualifiés.
La solennité se déroulait parfois dans le sein de la confrérie elle-
même en présence des gardes ou jurés en charge assistés exception
nellement, comme à Salins, de docteurs en médecine (64) , mais plus
souvent devant les autorités du pays, en général, celles à qui les
praticiens avaient d

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