Les sources de l histoire médiévale de la Bretagne en Angleterre - article ; n°2 ; vol.80, pg 245-258
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Les sources de l'histoire médiévale de la Bretagne en Angleterre - article ; n°2 ; vol.80, pg 245-258

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Annales de Bretagne - Année 1973 - Volume 80 - Numéro 2 - Pages 245-258
14 pages

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Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

Georges Peyronnet
Les sources de l'histoire médiévale de la Bretagne en Angleterre
In: Annales de Bretagne. Tome 80, numéro 2, 1973. pp. 245-258.
Citer ce document / Cite this document :
Peyronnet Georges. Les sources de l'histoire médiévale de la Bretagne en Angleterre. In: Annales de Bretagne. Tome 80,
numéro 2, 1973. pp. 245-258.
doi : 10.3406/abpo.1973.2686
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1973_num_80_2_2686PEYRONNET G.
LES SOURCES DE L'HISTOIRE
MÉDIÉVALE DE LA BRETAGNE
EN ANGLETERRE
Introduction
Il est difficile de trouver des sources documentaires,
inédites ou publiées, en Bretagne même pour les périodes
historiques antérieures au XVeme siècle. Les archives publiques
n'offrent des séries encore lacunaires qu'à partir de la fin du
XIVeme siècle; la Très Ancienne Coutume de Bretagne à été
rédigée vers le milieu du XIVeme siècle. Certains fonds privés
pourraient peut-être contenir des indications sur la féodalité
bretonne, mais ils sont peu abordables. Il n'y a guère que
les cartulaires des grandes abbayes bénédictines qui permettent
de remonter jusque vers le XIeme siècle :plus haut, l'on se perd
dans l'hagiographie légendaire. Cette pauvreté s'explique par
l'histoire originale du grand fief breton : structuré plus tarui-
vement que ses voisins, sa position excentrique le mettait à
l'écart des grandes routes du commerce européen; ses activités
étaient avant tout rurales : paysans et petits nobles étaient,
pour la plupart, illettrés, usant de la langue bretonne bien plus
que du français ou du latin, et recourant rarement à l'écrit.
Au XIIIeme siècle, la Bretagne semble avoir pourtant participé 246
l'Occident, mais au à l'expansion économique générale de
siècle suivant sa guerre de Succession vint ruiner ce début de
développement. Il fallut attendre la fin du conflit, au début
du XVeme siècle, pour voir le duché prendre vraiment son
essor, en avance même, cette fois, sur le reste du royaume
qui restait plongé dans la guerre de Cent Ans.
Cette faiblesse de la documentation bretonne en
matière d'histoire médiévale donne l'idée de se tourner d'abord
vers les fonds d'archives parisiens : mais la solide autonomie
politique de la Bretagne, jusqu'au XVIeme siècle, fait que
relativement peu de documents intéressant cette région pour
le Moyen Age se trouvent dans la capitale. On pense alors
aux sources étrangères : mais l'expansion commerciale et
maritime du duché commence seulement après la guerre de
Succession. Il est cependant un pays avec lequel la Bretagne
fut en rapport dès une époque assez reculée : c'est l'Angleterre.
Nous voudrions retracer brièvement l'évolution de ces rapports,
jusqu'au XVIeme siècle, avant d'exposer la méthode d'ap
proche que nous avons adoptée pour tenter d'inventorier
les sources anglaises concernant l'histoire médiévale de la
Bretagne.
*
* *
Le nom même de « Bretagne », remplaçant celui
d'« Armorique », remonte au moment où une partie des
Bretons insulaires vint s'installer sur le continent, laissant
la place aux Anglo-Saxons. Cette migration se situa pendant
les Veme et VIeme siècles, et correspondit à l'évangélisation
de la Bretagne par les « saints fondateurs », plus ou moins
légendaires, venus d'outre-mer. On est mal renseigné sur cette
époque lointaine, mais on imagine que dès lors les relations
furent relativement fréquentes entre la Bretagne armoricaine
et la « grande Bretagne » : elles s'étendirent en effet par
la suite aux royaumes anglo-saxons, car c'est à la cour d'un de 247
leurs souverains qu'un comte du Poher se réfugia, chassé par
les incursions normandes. Le fils de ce comte, Alain Barbetorte,
débarqua en Bretagne en 936, battit les Normands en 937 et
se rendit maître de toute la péninsule armoricaine : il fut
toujours considéré par les Bretons comme un héros national.
Inversement, quand Guillaume le Conquérant attaqua
l'Angleterre, il fut accompagné par de nombreux chevaliers
bretons, qui se distinguèrent à Hastings, et auxquels il donna
des terres dans le pays conquis. Le plus important de ces
domaines fut le comté (ou «honneur») de Richmond francisé
en «Richemond» ou «Richemont» près de York, dans
le nord-est de l'Angleterre : ce comté fut attribué par
Guillaume 1er à la maison de Penthièvre, mais il passa par
mariage, en 1148, aux comtes de Bretagne de la maison de
Cornouaille. Henri II Plantagenêt favorisa ceux-ci dans la
seconde moitié du XIIeme siècle, et fit épouser à son troisième
fils Geoffroi la fille du comte de Bretagne Conan IV,
Constance. Henri II put obtenir ainsi la garde féodale de la
Bretagne jusqu'à la majorité de Geoffroi en 1181. Le fief
breton, totalement encerclé par les possessions des Planta-
genêts, paraissait ainsi devoir tomber dans leur domaine.
Seigneurs bretons et anglais se trouvent associés dans les
romans de la Table Ronde, et des relations commerciales
commencent à se nouer alors entre la Bretagne et l'Aquitaine
aux mains du roi d'Angleterre.
Toutefois la Bretagne gardait son particularisme, et
Geoffroi Plantagenêt ne gouverna pas toujours en bonne
entente avec son père. Celui-ci profita de la mort de Geoffroi,
en 1186, pour remarier Constance avec un seigneur anglais.
Malgré cela Constance reprit la politique indépendante de
Geoffroi, ce qui lui fit encourir l'hostilité de Richard Cur
de Lion; prisonnière de ce dernier en 1 197, la comtesse confia
son fils Arthur à la garde de Philippe-Auguste, malgré les pro
testations de Jean sans Terre. Philippe maria Arthur à l'une
de ses filles et l'investit de la Bretagne, du Maine, de l'Anjou
et de l'Aquitaine. Mais Arthur, capturé dans un combat, fut 248
emmené à Rouen où il fut assassiné en 1203 de façon mystér
ieuse; les soupçons se portèrent sur Jean sans Terre et facil
itèrent l'action du roi de France, qui maria Alix, demi-sur
d'Arthur, à Pierre de Dreux (surnommé plus tard Mauclerc),
petit-cousin de Philippe-Auguste : la Bretagne se voyait ainsi
doté d'une nouvelle dynastie comtale sous l'influence de la
monarchie française.
Pierre Mauclerc tenta pourtant d'échapper à cette
influence en profitant de la régence de Blanche de Castille.
Il s'allia deux fois, en 1226 et 1229, avec Henri III d'Anglet
erre, qui put ainsi passer de Saint-Malo à Bordeaux (1230).
Mauclerc se rendit même en Angleterre pour porter son hom
mage à Henri III. Mais leur alliance ne put vaincre la régente,
et Pierre se soumit à Louis IX en 1234. Ses successeurs, plus
prudents, pratiquèrent une politique d'équilibre entre les rois
de France et d'Angleterre. Le fils de Pierre Mauclerc, Jean 1er,
maria son fils Jean à une fille d'Henri III, qui lui confirma
le comté de Richmond en 1259. Ce gendre d'Henri III, devenu
le duc- Jean II en 1286, fit alliance avec Edouard 1er contre
Philippe Le Bel 1294-97, mais se réconcilia ensuite avec ce
dernier, ce qui lui valut de se voir retirer le comté de Richmond,
en gagnant par compensation l'érection de la Bretagne en
duché-pairie par Philippe le Bel en 1297.
Cependant la position de la Bretagne entre les monarc
hies française et anglaise devint plus délicate avec la grave
crise de succession qui se produisit en 1341 à la mort du duc
Jean III, qui ne laissait pas d'enfants légitimes. Il avait un
demi-frère, Jean, comte de Montfort, fils d'un deuxième
mariage du duc Jean II; mais Jean III, qui détestait la mère de
Jean de Montfort, avait refusé de reconnaître ce dernier
comme héritier. Le duché devait alors revenir à la nièce de
Jean III, la comtesse de Penthièvre Jeanne. Edouard III avait
proposé son frère Richard comme époux de celle-ci : mais
Jean III s'était dérobé, et Jeanne, sous la pression de
Philippe VI de Valois, avait épousé Charles de Blois, neveu de
ce roi de France, en 1337. Philippe voulait en effet écarter — — 249
Montfort, qui avait sollicité et obtenu l'aide Jean de
d'Edouard III.
Mais Jean de Montfort, sitôt que la succession de
Jean III fut ouverte, se proclama lui-m&

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