Les temps d une vie. Sparte, une société à classe d âge - article ; n°1 ; vol.12, pg 45-79
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Description

Mètis. Anthropologie des mondes grecs anciens - Année 1997 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 45-79
Les temps d'une vie (pp. 45-79)
En reprenant le dossier des sources disponibles sur le système d'éducation Spartiate par classes d'âge, en les restituant très précisément à leurs contextes respectifs et en définissant au plus près leur portée; en faisant également le point sur la bibliographie du sujet qu'elle commente minutieusement, cette étude s'efforce de montrer que c'est l'ensemble de l'élite Spartiate des «Semblables» et non pas seulement la jeunesse de ce groupe qui parcourt les étapes de l'agôgê. Elle établit aussi que, loin de constituer, dans le monde grec, une enclave hermétiquement close sur elle-même, Sparte a, de ce point de vue, servi de modèle au développement de l'éducation dans le monde hellénistique et que, loin d'être imputable au soi disant «archaïsme» de cette cité, les traits les plus étranges de son système de formation relèvent des événements d'une période plus récente de son histoire.
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jacqueline Christien-Tregaro
Les temps d'une vie. Sparte, une société à classe d'âge
In: Mètis. Anthropologie des mondes grecs anciens. Volume 12, 1997. pp. 45-79.
Résumé
Les temps d'une vie (pp. 45-79)
En reprenant le dossier des sources disponibles sur le système d'éducation Spartiate par classes d'âge, en les restituant très
précisément à leurs contextes respectifs et en définissant au plus près leur portée; en faisant également le point sur la
bibliographie du sujet qu'elle commente minutieusement, cette étude s'efforce de montrer que c'est l'ensemble de l'élite Spartiate
des «Semblables» et non pas seulement la jeunesse de ce groupe qui parcourt les étapes de l'agôgê. Elle établit aussi que, loin
de constituer, dans le monde grec, une enclave hermétiquement close sur elle-même, Sparte a, de ce point de vue, servi de
modèle au développement de l'éducation dans le monde hellénistique et que, loin d'être imputable au soi disant «archaïsme» de
cette cité, les traits les plus étranges de son système de formation relèvent des événements d'une période plus récente de son
histoire.
Citer ce document / Cite this document :
Christien-Tregaro Jacqueline. Les temps d'une vie. Sparte, une société à classe d'âge. In: Mètis. Anthropologie des mondes
grecs anciens. Volume 12, 1997. pp. 45-79.
doi : 10.3406/metis.1997.1061
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/metis_1105-2201_1997_num_12_1_1061κ s
LES TEMPS D'UNE VIE
Sparte, une société à classe d'âge
J'ai été amenée à examiner une nouvelle fois la question des classes d'âge à
Sparte' au cours d'une enquête comparative menée avec des ethnologues de
l'Université de Nanterre. Très vite, il est apparu que, même si le sujet se
prêtait à une telle confrontation, les discussions érudites nécessaires à
l'historien de l'Antiquité et l'impossibilité dans laquelle il se trouve par
moment de construire un récit, se mariaient difficilement avec les textes des
ethnologues de terrain. En revanche, à cette occasion, plusieurs problèmes
me semblent avoir été posés, qui peuvent intéresser les historiens. J'y
reviens donc.
Les sources
Quand on parle des cités de la Grèce classique, on a généralement deux
noms à l'esprit: Athènes et Sparte. En réalité, l'expérience grecque a été
d'une richesse politique extraordinaire, mais l'idée générale est que ces deux
cités résumaient l'essence de cette expérience. Dans ce schéma, Athènes
représente le mouvement, la culture, la modernité; Sparte le conservatisme,
le militarisme, l'archaïsme. Cette vision est tributaire à la fois de la réalité
historique du Ve siècle, marquée par l'affrontement des symmachies (ligues
1 . Pour une revue de la bibliographie récente sur Sparte, classée et commentée, il faut
se reporter a J. Ducat, «Sparte archaïque et classique, Structures économiques, sociales et
politiques; 1965-1982», Bulletin de bibliographie thématique, histoire, Revue des Études
grecques 96, 1983, pp. 194-225, à compléter par les bibliographies de P. Cartledge,
Agesilaos and the Crisis ofSparta, Londres, 1987 et d'1. Malkin, Myth and Territory in the
Spartan Mediterranean, Cambridge, 1994. Cf. aussi P. Vidal-Naquet, «Le cru, l'enfant grec
et le cuit», Le Chasseur noir, formes de pensée et formes de société dans le monde grec?,
Paris, 1993, pp. 177-207; puis in J.-P. Vernant et P. La Grèce ancienne, t.
III: Rites de passage et transgressions, Paris, 1992, pp. 179-214. Plusieurs articles de ce
recueil concernent notre sujet et on y trouvera une abondante bibliographie. Jacqueline christien-Tregaro 46
militaires) et de la perception des contemporains telle que Thucydide, qui a
modelé définitivement l'image de la période, l'a transmise. Pour caractériser
les Spartiates, il fait dire sèchement à l'un des protagonistes des événements:
«Vos usages vous isolent des autres peuples2.» Par chance, quelques-uns des
textes qui décrivent plus amplement ces étranges Spartiates datent de la
même époque. L'un d'entre eux nous est parvenu.
Il s'agit d'un opuscule de Xénophon: La République des Lacédémoniens. Il
pose bien des problèmes. L'œuvre date du début du IVe siècle3. Elle est la
seule de cet ordre que nous ayons conservée, mais en son temps elle ne fut
pas un fait isolé4. La phrase de Thucydide fut en quelque sorte commentée
par plusieurs auteurs à la fin du Ve siècle et au début du IVe. Le premier fut
Critias, un Athénien oncle de Platon, l'un de ces Trente Tyrans qui
exercèrent un pouvoir oligarchique sanguinaire à Athènes quelques mois
après la défaite d'Athènes devant Sparte en 404. Un autre fut le roi de Sparte
Pausanias, exilé pour avoir favorisé la mort de Lysandre, le grand vainqueur
de la guerre du Péloponnèse5. Le Spartiate Thibron qui commanda les
troupes lacédémoniennes en Asie au début du siècle et auprès duquel
Xénophon s'engagea, écrivit lui aussi un opuscule. Certaines des obscurités
du texte de Xénophon peuvent s'expliquer par le fait que les autres oeuvres
ont abordé la question dont il traite. Il y a quelques chances que Xénophon
ait connu les traités de Critias et de Thibron, et sans doute aussi celui de
Pausanias. Lui-même était lié à (ou commandité par) Agésilas dont il devait
finalement se faire l'hagiographe.
Xénophon comme Critias était un Athénien de bonne famille, du groupe
des auditeurs de Socrate. Il quitta Athènes en 401 pour aller chercher fortune
aux côtés de Cyrus le Jeune qui voulait détrôner le roi des Perses, son frère.
La mort de faillit entraîner la perte de ses mercenaires qui revinrent
péniblement de Syrie vers la mer Noire où ils retrouvèrent des cités
grecques. Xénophon a raconté cette équipée. Il s'y donne le beau rôle, mais
il semble bien que si les mercenaires purent regagner la côte ce fut
uniquement grâce à un Spartiate commandant un corps de troupes
régulières, qui réussit à imposer une certaine tenue à cette bande de
2. Thucydide, I, 77, 6.
3. Xénophon, La République des Lacédémoniens, texte, trad. et commentaire par F.
Ollier, Paris, 1934.
4. Cf. T. E. Boring, Literacy in Ancient Sparta, 1979; et E.N. Tigerstedt, The Legend of
Sparta in Classical Antiquity, I, Stockholm, 1965; et tout récemment, pour une discussion
sur les sources et sur plusieurs des points qui seront abordés ici ultérieurement, voir M.
Nafissi, La nascita del Kosmos. Studi sulla Storia e la società dî Sparta, Pérouse, 1992.
5. Xénophon, Helléniques, III, 5, 25. LES TEMPS D'UNE VIE 47
soudards6. Sur le chemin du retour ce Spartiate mourut et Xénophon entra,
avec les derniers rescapés encore en quête de solde et de butin, au service de
Thibron qui tentait d'empêcher la mainmise des Perses sur les cités grecques
d'Asie Mineure7. Il y resta lors de l'arrivée en 396 d'Agésilas le nouveau roi
de Sparte8, suivit ce dernier à son retour en Grèce, combattit contre ses
compatriotes athéniens au côté des Spartiates et, banni de sa cité, devint
grâce à eux propriétaire terrien à Skillonte près d'Olympie. Il resta donc aux
côtés des Spartiates. Le système Lacédémonien empêchait qu'il s'établît en
Laconie. Les Spartiates, en effet, n'admettaient pas chez eux l'installation
d'étrangers à demeure9. Mais ils lui donnèrent un domaine dans une région
qu'ils contrôlaient10. C'est là que Xénophon écrivit la plupart de ses oeuvres,
très laconophiles bien évidemment.
Cela dit, il offre l'intérêt particulier d'avoir très bien connu les Spartiates,
d'avoir séjourné à Sparte et obtenu, dit-on, que ses fils suivissent l'éducation
Spartiate. De fait, il donne bien des renseignements sur cet aspect de la vie à
Sparte.
Mais Xénophon ne suffit pas à satisfaire notre curiosité. Malheureusement
les oeuvres contemporaines et postérieures ayant disparu, nous sommes
contraints de nous rabattre sur un dernier texte, La vie de Lycurgue de
6. Xénophon, Anabase, 1, 4.
7.VII, 8, 23.

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