Les usages de cocaïne en Espagne - article ; n°1 ; vol.62, pg 223-240
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Description

Communications - Année 1996 - Volume 62 - Numéro 1 - Pages 223-240
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mr Aurelio Díaz
Mme Martine Lacaze
Les usages de cocaïne en Espagne
In: Communications, 62, 1996. pp. 223-240.
Citer ce document / Cite this document :
Díaz Aurelio, Lacaze Martine. Les usages de cocaïne en Espagne. In: Communications, 62, 1996. pp. 223-240.
doi : 10.3406/comm.1996.1947
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1996_num_62_1_1947Aurelio Diaz
Les usages de cocaïne
en Espagne
Les premières traces écrites sur l'usage de la cocaïne en Espagne
datent des années 20, et proviennent essentiellement de la littérature.
Cet usage existait parmi les artistes et les intellectuels, dans un contexte
culturel semblable à celui de nombreux autres pays européens. C'est
dans cette décennie que l'on peut en partie retrouver les origines de
quelques-unes des représentations courantes de la cocaïne. L'héroïne
est apparue sur le marché en 1973, mais son utilisation est restée limi
tée à certaines élites, jusqu'à la fin des années 70. Plusieurs études des
niveaux de consommation à cette période ont montré que l'usage de la
cocaïne était alors aussi étendu que celui de l'héroïne (Romanf, 1982).
Entre 1973 et 1978, l'usage de la cocaïne s'est propagé au-delà des
cercles initiaux. Au tournant de la décennie, il s'est répandu plus la
rgement, ainsi que chez les usagers de l'héroïne.
SITUATION GENERALE DU PROBLEME
En 1983-1984, à l'occasion d'une grande campagne de sécurité
publique axée sur la drogue, la cocaïne, malgré son image de drogue
propre et inoffensive, à usage d'une élite, est apparue comme liée prin
cipalement au problème du grand « trafic de narcotiques », sujet dont
l'importance allait croître dans l'imagerie socio-politique espagnole au
cours de la seconde moitié des années 80. Cette drogue a jeté l'effroi à
la suite d'informations fournies par des indicateurs indirects d'approvi
sionnement et d'usage de cocaïne (Cami et al., 1987 ; Domingo-Salvany,
Hartnoll et Antô, 1993), ainsi que par des enquêtes qui montraient la
prévalence de cet usage (EDIS, 1985 ; Departament de Sanitat, 1986).
223 Aurelio Diaz
Cette alarme a coïncidé chronologiquement avec la première indication
de stabilisation de la prévalence des consommations d'héroïne en
Espagne (Hartnoll, 1992), ainsi qu'avec l'épidémie de crack aux USA
(Barrio, Sanchez et De la Fuente, 1990).
Ces données, aggravées par la perception générale que la consom
mation de cocaïne était très répandue dans certains milieux (à cette
époque, on pouvait aisément l'observer les discothèques et autres
endroits semblables), ont engendré la peur d'une grave épidémie de
cocaïne (Camf et Rodriguez, 1988). Ce pronostic prenait également en
compte les niveaux élevés de consommation de cannabis dans la jeu
nesse espagnole (aux USA, on a remarqué l'apparition de cette épidé
mie, en particulier chez les usagers de la marijuana).
Finalement, à partir de 1989-1990, on s'est de plus en plus intéressé
à la cocaïne, au point qu'elle est devenue le centre d'intérêt des dis
cussions en matière de drogue. En 1992, la question préoccupante du
développement des drogues de synthèse; que certains indicateurs indi
rects révèlent clairement, est venue s'ajouter à la crainte de l'expansion
de l'usage de la cocaïne. Les médias sont en grande partie responsables
de ce sentiment d'inquiétude. Néanmoins, ni la cocaïne ni ces drogues
de synthèse ne parviennent à faire oublier que l'héroïne est la drogue
illégale qui pose le plus de difficultés, et que les problèmes sanitaires
et sociaux qu'elle engendre n'ont pas encore été résolus de façon satis
faisante.
Action sanitaire et sociale, prévention et sanctions pénales.
Il n'existe pas en Espagne d'établissement public qui soigne spécif
iquement les patients en état de dépendance à la cocaïne, mis à part deux
expériences : l'une est un programme pilote mis au point dans un centre
de traitement en milieu ouvert à Barcelone, l'autre est une clinique
ouverte dans un hôpital madrilène. Initialement créés pour répondre à
l'accroissement de l'usage de l'héroïne, ils ont récemment commencé à
traiter des patients dont les problèmes sont dus à la cocaïne, sans qu'il
y ait eu de changement ni dans la composition du personnel, ni dans la
dynamique du service.
Par ailleurs, on ignore tout des demandes de traitement de la dépen
dance à la cocaïne prises en charge par les médecins privés. Plusieurs
chercheurs ont observé que les personnes dont l'usage de la cocaïne
engendre des troubles hésitent à se faire soigner dans des centres spé
cialisés dans l'héroïne (Dfaz, Barruti et Doncel, 1992). On est donc
amené à penser que la plupart des demandes de traitement ont lieu dans
224 Les usages de cocaïne en Espagne
le privé. Cependant, certaines sources indiquent que cette demande reste
faible (Diaz et Barruti, 1994).
Il n'existe pas non plus en Espagne de ressources allouées spécif
iquement à l'élaboration de programmes de prévention primaire, secon
daire ou de réduction des risques pour l'usage de la cocaïne. La seule
action a été une campagne nationale réalisée en 1992, et parrainée par
la Fondation d'aide à la toxicomanie (FAD). Cette opération, menée à
grand renfort de spots publicitaires télévisés, avait une fonction essen
tiellement dissuasive. Son impact a été considérable, et elle a très pro
fondément marqué les esprits.
En ce qui concerne les sanctions pénales, l'Espagne a signé les
conventions internationales sur les psychotropes et les narcotiques, et,
bien évidemment, ces accords ont des répercussions sur le Code pénal.
La cocaïne compte parmi les « substances à haut risque pour la santé »,
et le Code punit plus sévèrement les délits l'impliquant. En Espagne,
l'usage n'a jamais été un délit, mais depuis 1992 sa consommation dans
les lieux publics est devenue passible d'une amende et peut entraîner
la fermeture des établissements qui la tolèrent.
Les caractéristiques du marché.
Présente sur le marché dès le tout début des années 70, mais restée
marginale jusqu'au début des années 80 (Romani, Espinal et Rovira,
1989), la cocaïne occupe aujourd'hui une place considérable sur le mar
ché des drogues. Les données disponibles sur les caractéristiques du
marché de la cocaïne en Espagne étant insuffisantes, je ne traiterai, par
la suite, que de la situation à Barcelone. D'une manière générale, le mar
ché de la cocaïne fonctionne en dehors de celui des autres drogues (en
particulier de l'héroïne). Toutefois, cette spécialisation n'exclut pas la
possibilité qu'à une petite échelle un seul et même revendeur puisse
fournir d'autres drogues. A Barcelone, le trafic de rue de la cocaïne se
limite aux points de distribution de l'héroïne, et il constitue un marché
complètement indépendant, qui n'est utilisé que par les héroïnomanes.
En règle générale, la vente de cocaïne a lieu chez les revendeurs dans
les différents quartiers de la ville et, dans une certaine mesure, dans les
lieux de sortie nocturne (Diaz et Barruti, 1994). Le réseau de distribu
tion est constitué d'une chaîne complexe dont chaque maillon est basé
sur la confiance et, aux niveaux les plus bas, sur l'amitié.
Il est très facile d'obtenir de la cocaïne (Diaz et Barruti, 1994), et, nor
malement, le contact avec le réseau de distribution se fait par l'inte
rmédiaire d'un ami. A de petits niveaux de consommation, on obtient tou-
225 Aurelio Diaz
jours la cocaïne à l'intérieur du cercle d'amis, soit parce qu'elle est
offerte, soit parce qu'on participe à l'achat. Dans ce cas de figure, un
seul membre du groupe est en contact avec le revendeur. C'est lui qui
est responsable d'acheter la cocaïne et de la redistribuer aux autres
membres du groupe. Souvent, cette personne devient le revendeur de
ses amis, ce q

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