Littérature et Révolution
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Notre politique en art, pendant la période de transition, peut et doit être d'aider les différents groupes et écoles artistiques venus de la révolution à saisir correctement le sens historique de l'époque, et, après les avoir placés devant le critère catégorique : pour ou contre la révolution, de leur accorder une liberté totale d'autodétermination dans le domaine de l'art. (L.Trotsky – Littérature et Révolution, Introduction)

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Langue Français

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Trotsky
LITTERATURE ET REVOLUTION

29 juillet 1924

"Notre politique en art, pendant la période de transition, peut et doit être d'aider les différents groupes et écoles artistiques venus
de la révolution à saisir correctement le sens historique de l'époque, et, après les avoir placés devant le critère catégorique : pour
ou contre la révolution, de leur accorder une liberté totale d'autodétermination dans le domaine de l'art."
(L.Trotsky – Littérature et Révolution, Introduction)

Introduction . 2
Chapitre premier 8
L'ART ANTÉRIEUR A LA RÉVOLUTION.. 8
ANDRE BIELY. 27
CHAPITRE II 35
LES " COMPAGNONS DE ROUTE " LITTÉRAIRES DE LA RÉVOLUTION.. 35
NICOLAS KLIOUIEV. 37
SERGE ESSENINE.. 42
LES " FRÈRES SÉRAPION ", VSÉVOLOD IVANOV, NICOLAS NIKITINE.. 44
BORIS PILNIAK.. 50
LES ÉCRIVAINS RUSTIQUES ET CEUX QUI CHANTENT LE MOUJIK .. 60
LE GROUPE INSINUANT " CHANGEMENT DE DIRECTION " 70
LE " NÉO-CLASSICISME " 74
MARIETTE CHAGUINIAN.. 76
CHAPITRE III 79
ALEXANDRE BLOK.. 79
CHAPITRE IV. 86
LE FUTURISME.. 86
UNE LETTRE DU CAMARADE GRAMSCI SUR LE FUTURISME ITALIEN .. 112CHAPITRE V. 115
L'ÉCOLE FORMALISTE DE POÉSIE ET LE MARXISME.. 115
CHAPITRE VI 132
LA CULTURE PROLÉTARIENNE ET L'ART PROLÉTARIEN.. 132
CHAPITRE VII 155
LA POLITIQUE DU PARTI EN ART. 155
CHAPITRE VIII 164
ART RÉVOLUTIONNAIRE ET ART SOCIALISTE.. 164


Introduction

A Christian Georgevitch RAKOVSKY.
Au combattant, à l'homme, à l'ami, je dédie ce livre.

La situation de l'art peut être définie par les considérations générales suivantes.
Si le prolétariat russe, après la prise du pouvoir, n'avait pas créé sa propre armée, l'Etat ouvrier
aurait cessé de vivre il y a longtemps, et nous ne penserions pas maintenant aux problèmes
économiques, encore moins aux problèmes de la culture et de l'esprit.
Si la dictature du prolétariat se montrait incapable, au cours des prochaines années, d'organiser
l'économie et d'assurer à la population, ne serait-ce qu'un minimum vital de biens matériels, le
régime prolétarien serait alors véritablement condamné à disparaître. L'économie est à présent le
problème des problèmes.
Cependant, même si les problèmes élémentaires de la nourriture, du vêtement, de l'abri et aussi de
l'éducation primaire étaient résolus, cela ne signifierait encore en aucune façon la victoire totale du
nouveau principe historique, c'est-à-dire du socialisme. Seuls un progrès de la pensée scientifique
sur une échelle nationale et le développement d'un art nouveau signifieraient que la semence
historique n'a pas seulement grandi pour donner une plante, mais a aussi fleuri. En ce sens, le
développement de l'art est le test le plus élevé de la vitalité et de la signification de toute époque.
La culture vit de la sève de l'économie, mais il faut plus que le strict nécessaire pour que la culture
puisse naître, se développer et devenir raffinée. Notre bourgeoisie s'est asservi la littérature très
rapidement à l'époque où elle se fortifiait et s'enrichissait. Le prolétariat sera capable de préparer la
formation d'une culture et d'une littérature nouvelles, c'est-à-dire socialistes, non par des méthodes
de laboratoire, sur la base de notre pauvreté, de notre besoin, de notre ignorance d'aujourd'hui, mais
à partir de vastes moyens sociaux, économiques et culturels. L'art a besoin de bien-être, d'abondance
même. Les journées doivent être plus chaudes, les roues tourner plus rapidement, les navettes courir
plus vite, les écoles travailler mieux.
Notre vieille littérature et notre vieille culture russes étaient l'expression de la noblesse et de la
bureaucratie, et reposaient sur le paysan. Le noble imbu de lui-même, tout comme le noble " repenti
" mirent leur sceau sur la période la plus importante de la littérature russe. Plus tard apparut
l'intellectuel roturier, appuyé sur le paysan et le bourgeois, et lui aussi écrivit son chapitre dans
l'histoire de la littérature russe. Après être passé par la période d'extrême simplification des vieux
narodniki [1], cet intellectuel roturier se modernisa, se différencia et s'individualisa, au sens
bourgeois du terme. Tel fut le rôle historique de l'école décadente et du symbolisme. Dès le début du
siècle, tout particulièrement après 1907-1908, la transformation bourgeoise de l'intelligentsia et de
la littérature s'effectua à toute vitesse. La guerre mit patriotiquement fin à ce processus.
La Révolution renversa la bourgeoisie, et ce fait décisif fit irruption dans la littérature. La littérature
qui s'était formée autour d'un axe bourgeois n'est plus. Tout ce qui est resté plus ou moins viable
dans le domaine de la culture, et cela est particulièrement vrai de la littérature, s'efforça et s'efforce
encore de trouver une nouvelle orientation. Du fait que la bourgeoisie n'existe plus, l'axe ne peutêtre que le peuple sans la bourgeoisie. Mais qu'est-ce que le peuple ? Tout d'abord la paysannerie et,
dans une certaine mesure, les petits bourgeois des villes, ensuite les ouvriers qui ne peuvent être
séparés du protoplasme populaire de la paysannerie. C'est cela qu'exprime la tendance fondamentale
de tous les " compagnons de route " [2] de la Révolution. C'est cela qu'on trouve dans la pensée de
feu Blok. De même chez Pilniak, les " Frères Sérapion ", les " Imaginistes " qui sont encore bien
vivants. De même encore chez quelques-uns des futuristes (Khlebnikov, Krouchenikh et W.
Kamensky). La base paysanne de notre culture, ou plutôt de notre manque de culture, manifeste
indirectement toute sa force passive.
Notre Révolution est l'expression du paysan devenu prolétaire qui cependant s'appuie sur le paysan
et lui montre la voie à suivre. Notre art est l'expression de l'intellectuel qui hésite entre le paysan et
le prolétaire. Il est organiquement incapable de se fondre avec l'un ou l'autre, mais il gravite
davantage vers le paysan. En raison de sa position intermédiaire et de ses liaisons, il ne peut pas
devenir un moujik, mais il peut changer le moujik. Cependant, il ne peut y avoir de révolution sans
la direction de l'ouvrier. Cette contradiction est la source de la difficulté fondamentale à traiter le
sujet. On peut affirmer que les poètes et les écrivains de ces années extrêmement critiques diffèrent
entre eux par la manière dont ils sortent de cette contradiction, et par la manière dont ils remplissent
les vides, l'un par le mysticisme, l'autre par le romantisme, un troisième par un éloignement prudent,
et un quatrième par un cri assourdissant. Indépendamment de la variété des méthodes employées
pour surmonter la contradiction, l'essence de celle-ci reste une. Elle consiste dans la séparation créée
par la société bourgeoise entre le travail intellectuel, y compris l'art, et le travail physique. La
révolution, elle, est l'œuvre d'hommes faisant un travail physique. Un des buts ultimes de la
révolution est de surmonter complètement la séparation de ces deux sortes d'activité. En ce sens,
comme en tous les autres sens, la création d'un art nouveau est une tâche qui s'accomplit
entièrement suivant les lignes de la tâche fondamentale, celle de la construction d'une culture
socialiste.
Il est ridicule, absurde, et même stupide au plus haut point, de prétendre que l'art restera indifférent
aux convulsions de notre époque. Les événements sont préparés par les hommes, ils sont faits par
les hommes, ils réagissent sur les hommes et les changent. L'art, directement ou indirectement,
reflète la vie des hommes qui font ou vivent les événements. C'est vrai pour tous les arts, du plus
monumental au plus intime. Si la nature, l'amour ou l'amitié n'étaient plus liés à l'esprit social d'une
époque, la poésie lyrique aurait depuis longtemps cessé d'exister. Un bouleversement profond dans
l'histoire, c'est-à-dire un réalignement des classes dans la société, ébranle l'individualité, situe la
perception des thèmes fondamentaux de la poésie lyrique sous un angle nouveau et sauve ainsi l'art
d'une éternell

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