Littérature, histoire, pouvoir et mécénat : la cour de Flandre au XIIIe siècle - article ; n°38 ; vol.19, pg 87-110
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Littérature, histoire, pouvoir et mécénat : la cour de Flandre au XIIIe siècle - article ; n°38 ; vol.19, pg 87-110

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Description

Médiévales - Année 2000 - Volume 19 - Numéro 38 - Pages 87-110
Période d'émergence de l'historiographie vernaculaire, le XIIIe siècle voit également se produire la mise sous tutelle progressive des vassaux du nord de la France par les Capétiens. La rivalité qui se joue entre ces deux milieux semble également se traduire dans les formes de patronage qu'ils exercent. En effet, le pouvoir royal encourage surtout l'activité des historiens, en langue aussi bien française que latine, tandis que les cours septentrionales - en premier lieu celle de Flandre - restent attachées à un genre de mécénat qui favorise essentiellement la création littéraire d'expression française. Littérature et histoire offrent ainsi le reflet de deux mentalités politiques et de leurs différences d'attitude.
Literature, History, Power and Patronage : the Court of Flanders te the XIIIIth Century - The thirteenth century witnesses the emergence of vernacular historiography as well as the progressive supervision of the northern vassals by the Capetians. The rivality that occurs between those two circles seems also to appear through the nature of patronage they assume : the royal authority thus encourages above all historical french and latin works when the northern courts (especially the flemish one) give its favour to a kind of patronage that favorishes principally the french literary production. Literature and history thus reflect two political mentalities and their very differences.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Olivier Collet
Littérature, histoire, pouvoir et mécénat : la cour de Flandre au
XIIIe siècle
In: Médiévales, N°38, 2000. pp. 87-110.
Résumé
Période d'émergence de l'historiographie vernaculaire, le XIIIe siècle voit également se produire la mise sous tutelle progressive
des vassaux du nord de la France par les Capétiens. La rivalité qui se joue entre ces deux milieux semble également se traduire
dans les formes de patronage qu'ils exercent. En effet, le pouvoir royal encourage surtout l'activité des historiens, en langue
aussi bien française que latine, tandis que les cours septentrionales - en premier lieu celle de Flandre - restent attachées à un
genre de mécénat qui favorise essentiellement la création littéraire d'expression française. Littérature et histoire offrent ainsi le
reflet de deux mentalités politiques et de leurs différences d'attitude.
Abstract
Literature, History, Power and Patronage : the Court of Flanders te the XIIIIth Century - The thirteenth century witnesses the
emergence of vernacular historiography as well as the progressive supervision of the northern vassals by the Capetians. The
rivality that occurs between those two circles seems also to appear through the nature of patronage they assume : the royal
authority thus encourages above all historical french and latin works when the northern courts (especially the flemish one) give its
favour to a kind of patronage that favorishes principally the french literary production. Literature and history thus reflect two
political mentalities and their very differences.
Citer ce document / Cite this document :
Collet Olivier. Littérature, histoire, pouvoir et mécénat : la cour de Flandre au XIIIe siècle. In: Médiévales, N°38, 2000. pp. 87-
110.
doi : 10.3406/medi.2000.1480
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_2000_num_19_38_1480Médiévales 38, printemps 2000, p. 87-110
Olivier COLLET
LITTÉRATURE, HISTOIRE, POUVOIR ET MÉCÉNAT :
LA COUR DE FLANDRE AU XIIIe SIÈCLE
Si le paysage d'une tradition écrite offre des aspects changeants,
la géographie de son étude ne montre pas moins de variété dans ses
reliefs. En comparaison du royaume angevin ou de la Champagne, qui
représentent certes les deux plus éclatants foyers de la création littéraire
dans la seconde moitié du xir siècle, la Flandre - une des principales
régions du domaine d'oïl, politiquement, économiquement, et au point
de vue culturel - n'a profité jusqu'ici que d'un intérêt très relatif pour
le travail de ses écrivains. Du côté des historiens de la littérature (except
ion faite d'anciens ouvrages toujours utiles, comme par exemple ceux
d'A. Dinaux1, mais guidés par un esprit plus romantique que scientifi
que), l'attention pour l'ample production poétique ou romanesque du
nord de la France semble occultée par un voile non moins étrange que
fragile : le problème de la situation culturelle et de l'activité littéraire
en Flandre offre en effet l'exemple caractéristique d'une de ces ques
tions dont les rabâchages de la critique font paraître les conclusions
immuables, alors qu'en réalité, depuis une cinquantaine d'années, les
érudits se contentent de renvoyer à un seul et unique article de quelques
pages2, résumé d'une thèse non publiée à notre connaissance, qui se
1 . Dans la série des Trouvères, jongleurs et ménestrels du nord de la France et du
midi de la Belgique, publiée entre 1836 et 1863, voir en particulier le t. El : Les Trouvères
de la Flandre et du Tournaisis, Paris- Valenciennes, 1839.
2. M. D. Stanger, « Literary Patronage at the Medieval Court of Flanders »,
French Studies, 11, 1957, p. 214-229. On cite beaucoup moins l'article un peu plus tardif
- et assurément léger par certains de ses aspects mais dont le découpage géographique
offre un point de comparaison utile - de D. B. Tyson : « Patronage of French Vernacular
History Writers in the Twelfth and Thirteenth Centuries», Romania, 100, 1979,
p. 180-222. Dans cette étude, D. B. Tyson ne trouve à mentionner pour le domaine picard-
flamand que l'intérêt manifesté pour la Chronique du pseudo-Turpin sur lequel nous
reviendrons, les attaches possibles - mais controversées - de l'auteur de la Chanson
d'Antioche, Richard le Pèlerin, avec la famille de Saint-Pol (voir p. 188-190), les deux
compilations de l'anonyme de Béthune et Y Histoire ancienne jusqu'à César, enfin l'adap
tation en prose (1262) par Jean de Flixecourt du récit de Darès le Phrygien, qui nous
éloigne toutefois du milieu aristocratique puisque son auteur, un jeune moine picard,
composa son ouvrage dans l'abbaye bénédictine de Corbie ; enfin le Roman du Hem, 88 O. COLLET
limite à une ébauche en termes généraux, et dont le rappel incessant ne
fait que trahir les carences de la recherche. L'attention des historiens
aux milieux de production est plus précise, mais l'inventaire que leurs
travaux permet d'établir reste hasardeux et ne souffre pas moins de
lacunes, de redites ou d'à peu près gênants.
Le manque d'investissement critique dans ce domaine mérite d'être
souligné, compte tenu de l'essor des lettres à partir du xne siècle et de
la position privilégiée des cours seigneuriales dans ce renouvellement.
À juste titre, mais sans une attention toujours suffisante aux différences
qui s'établissent à l'intérieur de cette production, notamment au point
de vue spatial, on a souvent caractérisé cette période, et le xnr siècle
surtout, comme celle d'une importante renaissance littéraire, en parti
culier pour l'historiographie vernaculaire. La cour de Flandre constitue
l'un des centres par excellence où dès le milieu du xir siècle, la conjonc
tion rayonnante entre culture profane et culture cléricale paraît étroit
ement établie, et apte à procurer les conditions d'un tel développement.
Elle offre ainsi matière à une enquête que l'on peut supposer féconde
sur les aspects nombreux de la diffusion écrite et sur l'équilibre qui
s'instaure entre eux.
En dépit d'un certain paradoxe dans les premiers résultats de l'ana
lyse, ou à cause de la situation - voire de la contradiction - que celle-ci
exprime, il est sans aucun doute utile de rouvrir le dossier de l'élabo
ration littéraire (au sens le plus large du terme) dans le Nord et de
comparer les divers registres de la tradition vernaculaire avec d'autres
milieux de production.
L'historiographie flamande de 1150 à 1300
Face à une époque réputée pour le syncrétisme de sa pensée, il
s'avère certes délicat de fonder une enquête sur des exclusions - de
nature linguistique ou typologique - ou à partir de découpages histor
iques arbitraires, ou trop rigides. Malgré les évidentes erreurs de juge
ment qu'entraîne un éloignement de la tradition savante (en particulier,
de celle de l'histoire monastique) et l'imposition de frontières chrono
logiques, le champ de cette investigation se bornera pour l'essentiel aux
réalisations en langue vulgaire de la seconde moitié du xir et du xme siè
cle. Nous laisserons également de côté les écrits mixtes (et d'attribution
parfois problématique), de caractère historico-épique, relatifs en parti
culier à l'Orient - cycles de la Chanson d'Antioche ou du Chevalier au
cygne -, ou tels que Gilles de Chin, texte d'origine douteuse, d'une
transmission précaire et dont l'argument historique est romancé à
pièce de circonstance - un récit de tournoi - écrite par Sarrasin, en 1278 (p. 203-210),
soit un butin assez faible pour deux siècles d'activité littéraire et surtout, très hétérogène
sur le plan de la qualité historique. HISTOIRE, POUVOIR ET MÉCÉNAT 89 LITTÉRATURE,
l'extrême, enfin, les pièces de circonstance, rares en français pour notre
période.
À l'intérieur de ces limites, quel panorama se dégage donc de la
production et de la diffusion historiques en Flandre3 ? De prime abord,
ses contours paraissent bien discrets. À commencer par l'une des pério
des les plus connues de nos quelque cent cinquante années, celle de la
quatrième croisade : belle occasion pourtant d'exaltation héroïque ou
de propagande politique, de mettre l'histoire au service de l'a

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