M. Duru-Bellat – L’école des filles : quelle formation pour quels rôles sociaux ?   ; n°1 ; vol.151, pg 174-176
3 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

M. Duru-Bellat – L’école des filles : quelle formation pour quels rôles sociaux ? ; n°1 ; vol.151, pg 174-176

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
3 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue française de pédagogie - Année 2005 - Volume 151 - Numéro 1 - Pages 174-176
3 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 40
Langue Français

Extrait

DURU-BELLAT Marie.L’École des filles : quelle for-mation pour quels rôles sociaux?Paris : L’Harmattan, 2004. – 276 p. [Nouvelle édition revue et actualisée]
C’est aussi de « l’école des femmes » (quasi-éponyme) qu’il s’agit dans ce livre. Car en bonne sociologue Marie Duru-Bellat a voulu montrer combien les caractéristiques de sexe dans l’éducation scolaire, même dans nos pays avancés, ont leur fondement dans les caractéristiques de sexe (largement arbitraires) en cours dans la société des adultes, et plus spécialement dans le système formé par le champ professionnel et le champ familial. Ce système concerne évidemment les hommes et les femmes, mais malgré l’évolution qu’a connue le demi-siècle écoulé, il maintient les femmes dans une position dominée. Quant à la perspective qui oriente ce livre, l’éducation des filles y est vue, par choix et sans prétendre que ce soit la seule possible, sous l’angle d’un investissement, tantôt claire-ment volontaire, tantôt pris par les acteurs sociaux comme un « ça va de soi », en vue de ce qu’on appelle souvent « le double rôle » des femmes (professionnel et familial), comme si, seules, elles avaient à jouer ce double rôle...
Défini de cette façon, le projet est ambitieux. L’auteure avait fait paraître une premièreÉcole des fillesen 1990, mais pour cette réédition, certes sans que les conclusions aient sensiblement varié, elle a de nouveau accompli un très gros travail de lecture, d’assimilation et d’interpréta-tion de recherches récentes. Car cet ouvrage, tout en s’ap-puyant sur un remarquable ensemble d’études empiriques menées par l’auteure et par son entourage scientifique, et tout en apportant des réflexions personnelles fort péné-trantes, a le grand mérite de constituer aussi une véritable revue de question, principalement de langues française et anglaise. On aura une idée de l’ ampleur de cette compila-tion si l’on sait que la bibliographie (effectivement utilisée et discutée dans le texte) ne compte pas moins de 350 titres, dont près des deux-tiers sont postérieurs à l’an-née de rédaction de la précédente édition. La volonté et la capacité de travail de Marie Duru-Bellat sont presque légendaires dans le milieu français des sociologues de l’éducation, et nous en avons ici encore une manifestation éclatante.
Lapremière partieprésente un bilan de la gestion des carrières scolaire des garçons et des filles dans la France d’aujourd’hui : non pas seulement leurs mérites respectifs en matière d’acquisition (mérite qui donne assez souvent l’avantage aux filles, on le verra), mais leur présence, à la suite des orientations successives, dans les divers seg-ments du système scolaire, leurs options, et finalement les diplômes avec lesquels ils se présentent les uns et les autres sur le marché du travail.
174Revue française de pédagogie, n° 151, avril-mai-juin 2005
Si leur scolarisation longue a fait des progrès énormes depuis un demi-siècle, beaucoup de filles ont néanmoins des carrières scolaires différentes des carrières mascu-lines ; et les différences ne tendent que très peu, au cours des deux dernières décennies, à s’atténuer. Certes l’orien-tation des filles vers l’enseignement général long est nette-ment plus fréquente que celle des garçons (en 1995, 52 % de ces derniers entraient en Seconde générale ou techno-logique pour 65 % des filles), ce qui à première vue leur est favorable. Mais les « filières d’excellence » (qui sont aussi les filières les plus rentables dans la vie profession-nelle), la Terminale S et surtout les Classes préparatoires scientifiques restent à dominante nettement masculine ; et la proportion de filles en leur sein n’augmente plus guère depuis le début des années quatre-vingt. Ceci est si vrai qu’on peut encore dire aujourd’hui que la ségrégation par sexe dans le système scolaire et universitaire augmente avec l’âge et le niveau. Même en Lettres et Sciences hu-maines, domaine féminin par excellence de nos jours, les doctorats de troisième cycle sont plus souvent masculins que féminins.
Après ces constats globaux, Marie Duru-Bellat étudie comment se traduisent différentiellement pour les filles et les garçons les clivages majeurs en matière d’éducation et d’orientation : ceux qui concernent l’origine sociale. Selon la plupart des indicateurs, celle-ci reste en effet, reconnaît l’auteure, d’un poids beaucoup plus fort encore que celui du sexe, puisque par exemple selon un panel assez récent l’écart entre les filles et les garçons en matière d’accès au baccalauréat, au profit des filles, était de 15 points, alors que l’écart entre les enfants de cadres (des deux sexes) et les enfants d’ouvriers était de 48 points. Mais si l’on affine l’analyse, on s’aperçoit par exemple que seules les filles de cadres ont des chances appréciables (mais inférieures, les chiffres présentés ci-dessus le laissaient prévoir, à celles des garçons) de passer un bac S, alors que les filles de toutes les autres origines sociales viennent nettement après les garçons, quelle que soit l’origine de ces garçons. Nous ne pouvons ici détailler toutes les interférences mises ainsi en relief de façon très utile dans le chapitre II de la première partie.
Les filles réussissent un peu mieux de façon générale à l’école élémentaire, mais la seule supériorité qu’elles gar-dent nettement au collège, puis au lycée, concerne l’ex-pression orale et écrite, en français et en langues étran-gères ; domaine de supériorité important, faut-il le dire, puisqu’il se réfracte dans de nombreux aspects des acti-vités scolaires. Par la suite on peut plus difficilement comparer les performances de chacun des sexes, puisque, à mérite égal, les orientations sont différentes : des phéno-mènes de sur-sélection et de sous-sélection viennent donc fausser les mises en regard.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents