M.I. Finley et l esclavage antique. Décrire et expliquer une forme d exploitation du travail  ; n°1 ; vol.7, pg 437-450
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Dialogues d'histoire ancienne - Année 1981 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 437-450
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Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 28
Langue Français
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Extrait

Monsieur Jacques Annequin
M.I. Finley et l'esclavage antique. Décrire et expliquer une forme
d'exploitation du travail
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 7, 1981. pp. 437-450.
Citer ce document / Cite this document :
Annequin Jacques. M.I. Finley et l'esclavage antique. Décrire et expliquer une forme d'exploitation du travail. In: Dialogues
d'histoire ancienne. Vol. 7, 1981. pp. 437-450.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1981_num_7_1_14477 1981 437 - 450 DHA
M.I. FINLEY ET L'ESCLAVAGE ANTIQUE *
Décrire et expliquer une forme d'exploitation du travail
En deux cents pages regroupant les propos de quatre conférences
données en novembre-décembre 1978 au Collège de France, dans un style
(aujourd'hui familier aux lecteurs français) clair, aéré, direct, M.I. Finley
interroge un phénomène historique essentiel : l'esclavage antique et interpell
e ceux qui hier et aujourd'hui l'ont choisi comme sujet d'étude.
Quatre éclairages : esclavage antique et idéologie moderne, la naissance d'une
société esclavagiste, et humanité, le déclin de l'esclavage antique,
permettent à Fauteur de poser les grands problèmes liés à l'émergence, au
développement, à la crise du système esclavagiste, de mettre en cause cer
taines explications tenues pour «classiques», de reprendre quelques thèmes
de son analyse des sociétés antiques, de nuancer des formulations, de pro
poser de nouvelles hypothèses.
Ce livre bref et lucide, qui pose avec rigueur des problêmes historiques comp
lexes en particulier à la recherche marxiste, mérite qu'on l'interroge lon
guement.
1 - ESCLAVAGE ANTIQUE ET IDÉOLOGIE MODERNE
(chapitre 1 p. 13-85).
M. I. Finley, part d'une constatation que nous présentons sous forme
de question : (Pourquoi) «la quantité et la férocité polémique des travaux
sur l'histoire de l'esclavage (sont-ils) des traits marquants de l'historiographie
contemporaine» (?) (p. 13). Parce que, répond l'auteur, elles sont «profon
dément enracinées dans des conflits idéologiques majeurs» (p. 13). Pour les
besoins de son analyse il se propose d'opérer une distinction «approximative
et en partie artificielle entre une conception morale ou spirituelle et une
conception sociologique du processus historique». Une citation de YAnti-
Dtilmng d'Engels, pose clairement le problème : l'esclavage est le fondement
des Etats grec et romain, des formes les plus achevées de l'hellénisme et de la
civilisation romaine. Il s'agit moins «de partir en guerre avec des formules
générales contre l'esclavage... et de déverser sur de telles infamies un courroux
moral supérieur ...» que d'expliquer pourquoi et comment le système esclavag
iste a pu apparaître et se développer (p. 14).
M.I. FINLEY, Esclavage antique et idéologie moderne, trad, de l'anglais par D. FOUR-
GOUS, Paris, Ed. Minuit, 1981, 201 p.
*Ce texte reprend le contenu d'une communication présentée en décembre 1981 à un
séminaire du Centre de Recherches d'Histoire ancienne de Besançon. 438 Jacques ANNEQUIN
1 . a. L 'approche «morale» de l'esclavage est celle par exemple de l'oeu
vre de H. WALLON, dont M.l. Finley indique bien par ailleurs la qualité et
l'importance. Il écrit pendant et après la grande querelle abolitioniste en Eu
rope - entre 1847 et 1879 -; sa préface à la dernière édition (1879) fait cla
irement référence à l'abolition récente de l'esclavage dans les colonies. Mais,
plus encore, sa recherche s'inscrit au coeur d'un débat, sur l'attitude de l'E
glise devant l'esclavage : l'Eglise primitive Fa-t-e Ile condamné, s'y est -elle
opposé ? Ce thème, cette approche «morale» ne sont d'ailleurs pas absents
de nombreuses études sur les rapports maîtres-esclaves publiés récemment,
par exemple, comme le note M.l. Finley, des écrits de J. Vogt (p. 20 - 21).
1 b. L'approche des «économistes»
L'auteur applique ce terme à tous ceux «qui, surtout à partir du
dix-huitième siècle ont étudié la richesse, la production, le commerce
en des termes que nous dirions maintenant économiques et souvent avec
une dimension ou une perspective historique» (p. 35).
Au XVIIIe s., chez B. Franklin et D. Hume, par exemple, apparais
sent des interrogations intéressantes sur l'efficacité du travail servile, sur
le retentissement démographique de l'introduction à grande échelle d'es
claves. Au XIXe s. la problématique est reprise et élargie dans une démarche
générale plus évolutionniste. Selon M.l. Finley, ce qu'apportent de plus neuf
ces recherches c'est «le concept des stades (ou de périodes) dans l'histoire
de la société définis, ou déterminés par le mode d'organisation de l'économie,
c'est-à-dire la propriété, la production, la répartition.» (p. 50).
Bien sûr, l'auteur cite ici Marx en attirant l'attention du lecteur sur
deux points qui lui paraissent importants : d'abord Marx a peu écrit sur l'e
sclavage et il l'a fait surtout dans les Grundrisse, qui ne sont que des carnets,
«une réflexion à haute voix extraordinairement subtile, complexe, dense
mais souvent aussi opaque, elliptique, et inachevée» (p. 51) ; ensuite il ne
conduit jamais une étude des sociétés antiques et a fortiori de l'esclavage,
même s'il distingue soigneusement l'esclavage antique, mode de production
précapitaliste parmi d'autres, et moderne, un des moyens de
l'accumulation primitive du capital (p. 53).
1 с Une approche «sociologique» , dirons-nous, qui s'attache à étudier
tes relations domination/sujétion dans la société civile (bùrgerliche Gesel-
Ischaftj et dont l'érudition de M. I. Finley accorde la paternité à J.F. Rei-
temeier (p. 45). Partant de l'idée que l'inégalité est commune à tous les
peuples, il fait porter son attention moins sur le phénomène de la dominat
ion et de la servitude {Herrschaft und Dienstbarkeit que sur le rapport éta
bli entre les deux; l'esclavage est à ses yeux la plus ancienne expression his
torique de ce rapport. Cet auteur désigne alors ce qui lui apparaît comme DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 439
des faiblesses du système esclavagiste = le climat d'insécurité entretenu par
les fuites et les révoltes d'esclaves, les structures sociales faussées, la faiblesse
du pouvoir d'Etat (Staatsherrschaft) en face d'un fort pouvoir domestique
(Hausherrschaft) ... p. 48). M.l. Finley souligne, ajuste titre, l'importance
de cette analyse :«Reite me ier a anticipé d'un demi-siècle le concept dégagé
par Rodbertus et Biicher «d'économie domestique» de l'Antiquité classique
et il a aussi anticipé Marx et Weber en assignant un rôle fondamental à l'e
sclavage dans la structure de l'évolution de la société antique» (p. 48).
1 . d. /, 'approche de E. Meyer, qui s'inscrit dans une double affirmation:
il faut étudier l'Etat qui est «l'organisme décisif de l'histoire»; les tentatives
pour mettre l'accent sur l'histoire culturelle et économique étant vouées à
l'échec, il faut rejeter les théories des stades historiques définis par des struc
tures économiques, délivrer l'histoire de l'Antiquité de l'idéalisation esthético-
morale du début du XIXe s. et de l'érudition de la seconde moitié de ce siècle.
L'historien doit ainsi parvenir à dégager «une image réelle» des sociétés an
tiques dont M.L Finley n'a aucune peine à montrer qu'en l'occurrence elle
fut surtout «un reflet du monde moderne» (p. 59).
Après avoir souligné l'importance du rôle de E. Meyer dans l'évolution
de la recherche historique allemande jusqu'à nos jours, l'auteur présente une
explication convaincante du succès d'une théorie que rien de vraiment scienti
fique ne soutient : «ce que fournit Meyer ... fut un argument d'autorité et un
soutien ... aux idées déjà reçues en général, ou au moins aux tendances de
l'idéologie des historiens professionnels de l'Antiquité» (p. 62-63). Il fautsans
conteste, lire les pages savoureuses, piquetées de remarques acides, que l&#

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