Comment identifier l enfant ou l adolescent victime d  abus…
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Comment identifier l'enfant ou l'adolescent victime d 'abus…

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COMMENT IDENTIFIER L’ENFANT OU L’ADOLESCENT VICTIME D’ABUS PHYSIQUE? Jean Labbé, MD, FRCPC Professeur titulaire Département de pédiatrie Université Laval; Consultant pédiatrique en protection de l’enfance Direction de santé publique de la Capitale-Nationale 1. Introduction L’abus physique a été la première forme de maltraitance envers les enfants à être reconnue. C’est essentiellement à cause de cette violence physique que des lois de protection de l’enfance, obligeant le signalement des victimes, ont été promulguées au Canada, comme dans la plupart des pays occidentaux. La manifestation première de l’abus physique, c’est la blessure qu’elle entraîne. Toutefois, lorsque l’on constate une marque sur le corps d’un enfant ressemblant à une blessure, son origine est le plus souvent non abusive. Un signalement précipité au DPJ entraînera une enquête non seulement inutile, mais désagréable pour les parents. Par ailleurs, manquer une situation d’abus physique mettra l’enfant en danger pour une récidive, possiblement plus sévère. Sur le plan médical, on peut définir l’abus physique « primaire » comme l’utilisation non accidentelle de la force physique par une personne en situation de responsabilité vis à vis d’un enfant, ce qui lui a causé, ou aurait pu lui causer, un dommage significatif. On ne tient pas compte de l’intention de l’agresseur dans cette définition. La majorité des individus qui infligent des blessures aux enfants ...

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Langue Français

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COMMENT IDENTIFIER L’ENFANT OU L’ADOLESCENT
VICTIME D’ABUS PHYSIQUE?



Jean Labbé, MD, FRCPC
Professeur titulaire
Département de pédiatrie
Université Laval;
Consultant pédiatrique en protection de l’enfance
Direction de santé publique de la Capitale-Nationale


1. Introduction


L’abus physique a été la première forme de maltraitance envers les enfants à être
reconnue. C’est essentiellement à cause de cette violence physique que des lois de
protection de l’enfance, obligeant le signalement des victimes, ont été promulguées au
Canada, comme dans la plupart des pays occidentaux.

La manifestation première de l’abus physique, c’est la blessure qu’elle entraîne.
Toutefois, lorsque l’on constate une marque sur le corps d’un enfant ressemblant à une
blessure, son origine est le plus souvent non abusive. Un signalement précipité au DPJ
entraînera une enquête non seulement inutile, mais désagréable pour les parents. Par
ailleurs, manquer une situation d’abus physique mettra l’enfant en danger pour une
récidive, possiblement plus sévère.

Sur le plan médical, on peut définir l’abus physique « primaire » comme l’utilisation non
accidentelle de la force physique par une personne en situation de responsabilité vis à
vis d’un enfant, ce qui lui a causé, ou aurait pu lui causer, un dommage significatif.

On ne tient pas compte de l’intention de l’agresseur dans cette définition. La majorité
des individus qui infligent des blessures aux enfants n’ont pas l’intention de les blesser.
Ils agissent sous le coup de la colère, souvent dans un but disciplinaire.

Il faut exclure évidemment des gestes posés pour contrôler un enfant violent ou le
protéger d’un danger. Il faut aussi exclure des corrections physiques « modérées et
raisonnables » par les parents ou les professeurs, permises selon l’article 43 du code
criminel canadien.

Le jugement de la Cour suprême du Canada sur ce sujet en janvier 2004 a clairement
établi que les corrections physiques suivantes doivent cependant être considérées
comme abusives :


- administrées à un enfant de moins de 2 ans ou à un adolescent
- infligées avec un instrument
- comprenant des coups portés à la tête
- produisant des blessures


2. Quelles sont les symptômes et signes suggestifs d’abus?


2.1 Au niveau du comportement

Il peut arriver que ce soit certains comportements de l’enfant ou de l’adolescent qui
fassent soupçonner qu’il puisse être victime de violence physique : agressivité envers
les pairs ou les animaux, automutilation , fugue, délinquance, abus de substances,
tentative de suicide …

2.2 Au niveau de la peau

Des blessures chez un bébé de moins de 6 mois

À l’exception de lésions explicables d’emblée (ex : petits coups d’ongles au visage)

Des blessures reconnaissables

- empreintes de doigts, de main, marques de gifles
- pincées
- empreintes d'objets (ceinture, règle, tue-mouche...)
- lésions circulaires des poignets, des chevilles, du cou
- morsures (dentition secondaire si la distance entre les canines est de ≥ 3 cm)

Des blessures récentes nombreuses à des sites différents

≥ 15 lésions chez des enfants de 9 mois et plus

Des blessures à certaines localisations

- joues, oreilles
- mandibules, cou
- thorax, abdomen
- région lombaire, fesses
- organes génitaux
- partie intérieure des cuisses

Des blessures sévères

Des blessures bilatérales et symétriques
2Des brûlures ayant les caractéristiques suivantes

- touchant un enfant de < 3 ans
- multiples
- situées à des endroits normalement protégés par des vêtements, à la partie
dorsale et palmaire des mains ou à la plante des pieds
- touchant une large surface
- par immersion en "gants" ou "chaussettes", avec lignes nettes de démarcation
- par immersion, avec partie centrale épargnée (en "beigne")
- par immersion, avec plis de flexion épargnés (en "zèbre")
- par contact, sévères, profondes et uniformes
- ayant des formes reconnaissables d'objets : fer à repasser, cigarettes…

2.3 Au niveau des os

Toute fracture chez un bébé qui ne se déplace pas seul

Selon des études américaines, 50 à 69% des fractures identifiées avant l’âge d’un an
seraient d’origine abusive.

Les fractures suivantes (spécificité élevée pour la maltraitance)

- lésions métaphysaires classiques (de type arrachement, avec fracture de coin ou
en anse de seau)
- fractures de côtes, surtout en postérieur
- fractures de l’omoplate
- fractures des apophyses épineuses
- fractures du sternum

D’autres types de fractures (spécificité modérée pour la maltraitance)

- fractures multiples, surtout si bilatérales
- fractures d’âges différents
- séparations épiphysaires
- fractures et subluxations des corps vertébraux
- fractures de doigts
- fractures complexes du crâne

2.4 Au niveau de la tête, chez un bébé

Toute hémorragie intracrânienne chez un bébé qui ne se déplace pas seul

- hématome sous-dural
- hémorragie sous-arachnoïdienne
- contusion cérébrale
-intraparenchymateuse

3Fontanelle pleine, sans fièvre

Symptômes pouvant traduire une atteinte cérébrale

- Convulsions afébriles inexpliquées
- Somnolence excessive, coma inexpliqué
- Vomissements, sans diarrhée
- Irritabilité, sans cause évidente
- Difficulté d’alimentation
- Apnées

2.5 Au niveau de l’abdomen

Contusions de la paroi abdominale

Atteinte d’une viscère plein

Hématome duodénal

Pancréatite inexpliquée


3. La suspicion est-elle corroborée par l’histoire?


Dans la grande majorité des cas, l’apparence seule des lésions ne suffit pas pour
considérer que l’abus est probable. Il faut que l’histoire soit positive pour l’abus ou
qu’elle soit non plausible pour les autres causes proposées.

3.1 Verbalisation de l’enfant

Si l’enfant est en âge de parler, on le questionnera sur l’origine de ses blessures, en
prenant soin d’éviter toute question suggestive ou directive. S’il a des blessures
multiples dont certaines sont très probablement accidentelles, on commencera par lui
demander l’origine de ces dernières, pour terminer par celles qui sont suspectes.

La plupart du temps, un enfant qui raconte avoir été victime de sévices dit la vérité. Sa
verbalisation est d'autant plus crédible si elle contient des détails, non seulement sur les
gestes abusifs, mais sur les circonstances qui les ont entourés (temps, lieu, attitudes et
paroles de l'agresseur). Un affect cohérent avec le contenu des verbalisations est un
autre élément qui augmente la crédibilité. Toutefois, un jeune enfant peut aussi répéter
une histoire qu’il a vue ou entendue, ou bien ajuster ses réponses pour faire plaisir à
son interlocuteur.



4
Il n’est pas rare pour un enfant abusé de nier l'avoir été ou de se rétracter après avoir
fait des verbalisations. Ceci s'explique par l'attachement à l'agresseur, les pressions de
celui-ci ou d’un proche, ainsi que par la crainte des conséquences suite au dévoilement
de l'abus (pour l’agresseur, l’autre parent ou lui-même).

3.2 Explications données par les responsables de l’enfant

Le questionnaire doit toujours se faire d’un ton neutre et non accusateur. L’objectif est
de se faire préciser les causes et les circonstances des blessures par les responsables
de l’enfant. En cas d’accident rapporté, y a-t-il eu des témoins de l’événement? Qui
sont-ils? Que s’est-il produit exactement? (description de l’« accident » en détail) Quand
est-ce arrivé? À quel endroit? Quels ont été les symptômes présentés par l’enfant?
Qu’est-ce qui a été fait avant la consultation?

Lorsqu’un traumatisme est d’origine accidentelle, le parent fournit habituellement une
histoire claire et précise, même s’il n’a pas été le témoin direct de l’événement. Si le
questionnaire est r&

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