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LA PlACE DE LA CELLULE D'URGENCE MEDICO- PSYCHOLOGIQUE DANS LE ...

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Langue Français

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Journées d’étude sur la promotion des ressources en faveur des victimes d’actes terroristes et leurs
familles
Bruxelles 6,7 8 octobre 2005
Site Internet: www.eureste.org
LA PlACE DE LA CELLULE D’URGENCE MEDICO-
PSYCHOLOGIQUE DANS LE DISPOSITIF DE REPONSE AUX
ATTENTATS
Par Didier CREMNITER
Abstract
La Cellule d'urgence médico-psychologique (CUMP) est entièrement intégrée au SAMU. Après une
expérimentation au décours des attentats de 1995, le réseau a été implanté en France en 1997 et
renforcé dans l'ensemble des régions et tout particulièrement en Ile de France en 2003. Au moyen
d'une doctrine fondée sur l'expérience des attentats de 1995 et sans cesse renouvelée sur l'expérience
des formes nouvelles de terrorisme, attentats multiples comme à Madrid et à Londres et risques
nouveaux NRBC, la CUMP offre la mise en pratique de soins immédiats et post-immédiats et
l'instauration d'un suivi chez ceux qui développent une pathologie psychotraumatique. Les soins
immédiats se réfèrent aux principes de la psychiatrie de l'avant. Les soins post-immédiats permettent
la réalisation du débriefing psychologique qui s'effectue conformément au repérage psychodynamique
et à la compréhension psychopathologique qui constitue, dans les pays francophones, la référence.
Mots-clés
: Cellule d’urgence médico-psychologique, soins immédiats, soins post-immédiats.
PRESENTATION
Nous évoquerons tout particulièrement le rôle de la Cellule d’Urgence Médico-Psychologique
(1), entité créée en France au
moment des attentats de 1995 à la demande du Président de la
République et qui fait l’objet d’une doctrine française de l’intervention immédiate et post- immédiate.
En cas d’événement critique, notamment d’attentat, des spécialistes de l’urgence, de la
médecine de catastrophe et du traumatisme psychique se rendent dès les premières heures au contact
des victimes à ce moment précis de l’histoire qui commence pour eux (2). C’est en effet lors des
premières heures et des premiers jours que les manifestations cliniques et la souffrance psychique sont
maximales à la fois du point de vue de l’intensité des troubles et du point de vue de leur prévalence
chez les impliqués, s’agissant d’un événement collectif. Ceci permet donc d’organiser d’emblée une
thérapeutique efficace auprès de ces victimes d’acte terroriste, source de dégâts le plus souvent à la
fois somatique et psychiatrique (3).
C’est la raison du reste pour laquelle ces soins médico-
psychologiques doivent être parfaitement intégrés aux soins somatiques des médecins réanimateurs
engagés dans les Services Mobiles d’Urgence et de Réanimation des SAMU. Ce premier contact se
caractérise donc par une évaluation, un tri visant à cerner la part de ces troubles pathologiques
survenant lors de cette phase initiale qui fait suite à l’événement.
S’il est donc essentiel d’exercer
cette thérapeutique immédiate
par rapport aux états de
stress aigu s’accompagnant fréquemment de manifestations cliniques évoquant une désorganisation
psychique grave pouvant même prendre l’allure d’une psychose aiguë, la prise en compte du
traumatisme psychique en tant que tel s’effectuera à la suite de ces soins immédiats lors d’une phase
ultérieure qui débute parfois rapidement dès le 2
ème
jour.
Journées d’étude sur la promotion des ressources en faveur des victimes d’actes terroristes et leurs
familles
Bruxelles 6,7 8 octobre 2005
Site Internet: www.eureste.org
La phase post-immédiate
est moins spécifique que la précédente en ce qui concerne
l’originalité de la doctrine française puisqu’elle vise un traitement de fond du traumatisme psychique
au moyen du débriefing psychologique (4).
Sans entrer dans le détail des controverses qui ont alimenté la littérature internationale sur
cette question lors des dernières années (5), il s’agit de rappeler que la doctrine française met l’accent
sur la nécessité d’intégrer ce débriefing psychologique dans une référence médicale solidement établie
sur des connaissances psychopathologiques les plus diversifiées. En outre, la mise en place de cette
thérapeutique souvent bien adaptée à un travail collectif doit s’instaurer dans un contexte bien précis.
Il ne s’agit en aucune façon d’appliquer une formule pré-établie ou une technique protocolisée. Le
contexte de chaque événement modifie la mise en place du débriefing de même que les particularités
du traumatisme observés chez les victimes qui peut modifier voire contre indiquer sa mise en place.
Par ailleurs, cette thérapeutique ne peut être dispensée par tout soignant. Il est impératif que le
débriefing soit mené par des intervenants hautement qualifiés dans ce domaine, exercés aux méthodes
et au repérage d’une psychothérapie dynamique, en groupe et ayant une solide expérience et
connaissance des enjeux autour du traumatisme psychique. Mais surtout, cet acte ne peut être
considéré comme isolé du cadre et du suivi thérapeutique. Il doit s’intégrer dans un avant, à partir de la
phase initiale représentée par les soins immédiats qui visent à le préparer et un après au moyen du
suivi dans les consultations de psychotraumatisme. Il est en particulier essentiel que dès la phase
initiale, la perspective de mise en place de ce soin plus spécifique au traumatisme psychique puisse
déjà être envisagé par rapport aux victimes, à leurs proches et par rapport aux conditions d’espace, de
temporalité dans lesquelles l’acte terroriste a pris place.
Ces soins visent une population que l’on peut artificiellement répartir en deux catégories
distinctes :
1. La première catégorie se caractérise par un nombre important d’impliqués qui
présentent des signes de stress aigu, souvent pathologique ou dépassé, d’expression
variable, pour lesquels on a l’espoir d’une amélioration progressive et importante
durant la phase post-immédiate, laissant espérer une guérison.
2. La deuxième catégorie concerne un nombre beaucoup plus réduit de patients. Leur
repérage initial ne permet pas de les distinguer des autres. Cette deuxième catégorie se
caractérise par ceux qui développeront une pathologie traumatique lors de la phase
post-immédiate ou plus tardivement. Or, les travaux de la littérature, basés sur la
recherche de facteurs prédictifs quant à la survenue d’une telle pathologie, ne
permettent pas de définir des critères fiables. La variabilité des contextes, tant en ce
qui concerne les circonstances de l’événement que la nature des populations,
compliquent le repérage de ceux, parmi les impliqués, qui développeront une
pathologie.
C’est la raison pour laquelle, les soins immédiats et post-immédiats n’ont d’intérêt quant à leur
mise en place que s’ils peuvent déboucher sur un suivi spécifique, adapté à la pathologie
psychotraumatique pour ceux qui le nécessiteront. À ce titre, la doctrine française, au même titre
qu’elle a créé l’intervention immédiate et la mise en place de soins post-immédiats, vise à établir en
lien avec la Cellule d’Urgence Médico-Psychologique une consultation de psychotraumatisme, soit
dans un lieu spécifique, soit dans le cadre des réseaux de la psychiatrie de secteur, avec cette réserve
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sur le fait que les victimes ne s’accommodent pas toujours d’un lieu trop marqué par la psychiatrie
chronique.
Concernant la logique de mise en place d’un suivi pour des victimes qui développent une
pathologie, il faut considérer dans l’organisation du système ainsi mis en place que la procédure qui
facilite au mieux l’instauration de ce suivi consiste à ce que les mêmes praticiens qui sont intervenus
dès la phase initiale et secondaire puissent assurer ce suivi en collaboration avec les centres où ils
exercent leurs fonctions.
Ceci nous conduit à rappeler que chaque Cellule d’Urgence Médico-Psychologique est dirigée
par un médecin psychiatre praticien hospitalier du département désigné par le Préfet. Il travaille en
étroite collaboration avec un psychologue. Il existe par ailleurs une liste de volontaires, psychiatres,
psychologues et infirmiers qui se mobilisent en cas d’événement. Il est donc généralement intéressant
que cette consultation de psychotraumatisme prenne sa source à partir de ces volontaires, voire du
référent ou du psychologue de la CUMP. Ceci ne peut que faciliter la confiance parfois difficile à
instaurer avec les victimes lorsqu’elle doivent recourir à un tel soin.
ADAPTAPTION DU SYSTEME FRANÇAIS AUX NOUVEAUX RISQUES
À la suite de l’instauration de ces principes visant à permettre dans les meilleures conditions
possibles un soin spécifique auprès des victimes, l’évolution de ces dernières années a conduit les
SAMU et les CUMP à prendre en compte de nouveaux risques découverts à travers l’histoire récente
du terrorisme et également à partir d’autres expériences traumatiques indépendantes du terrorisme
mais qui ont conduit à susciter une réflexion dont les tenants et aboutissants recouvrent la question du
terrorisme.
Il s’agit premièrement du terrorisme de masse comme celui survenu lors des attentats du 11
septembre. Il s’agit par ailleurs du recours à des modalités nouvelles d’attaques, en particulier
bactériologiques comme cela a été observé avec les enveloppes contenant de l’anthrax dans les suites
du 11 septembre et comme cela a été suspecté heureusement sans confirmation en France durant cette
période. Ces risques nouveaux bactériologiques faisant craindre d’autres agents que l’anthrax,
notamment la variole ou d’autres agents virologiques, ont conduit à une réflexion qui s’intègre
généralement dans la crainte d’une attaque avec risque nucléaire, radiologique, bactériologique et
chimique (6).
En France, la nécessité de sécuriser un entrepôt de bombes de la guerre de 14 dans une
commune du nord, Vimy, en mars 2001, a été l’occasion d’un exercice, grandeur nature sur la prise en
charge de victimes d’un attentat comprenant de tels risques en l’occurrence chimiques. Une réflexion
s’est alors établie au niveau des SAMU et au niveau du service du Haut Fonctionnaire Défense dans
notre Ministère de la Santé pour définir les modalités d’intervention dans un tel contexte.
Outre l’établissement de stocks permettant de vacciner une grande partie de la population
contre des risques bactériologiques comme la variole, chaque SAMU en France est maintenant à
même d’utiliser les méthodes de protection et d’intervention dans un tel contexte et de
décontamination par un système maintenant bien connu qui fait l’objet de nombreux exercices
pratiqués dans les différents départements (7).
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familles
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Dans la logique actuelle du terrorisme de masse, nous établissons également une réflexion
théorique et pratique, soutenue par des simulations sur le terrain concernant en particulier les attentats
multiples. L’observation des événements survenus à Madrid et à Londres nous conduit à envisager, en
particulier au niveau de la région parisienne, l’activation de ressources nouvelles pour faire face à un
grand nombre de victimes dès les premières heures, en des lieux multiples. Cette réflexion avait déjà
été amorcée lors de l’explosion de l’usine AZF à Toulouse où se dessinait la nécessité d’établir dès la
phase immédiate des postes d’urgence médico-psychologiques multiples étagés tout au long de la zone
intéressée par les dévastations.
Dans l’hypothèse d’attentats multiples en région parisienne, le récent renforcement du réseau
des cellules d’urgence médico-psychologique en France et notamment en région parisienne où une
équipe permanente est établie par département, permet de mobiliser dès la phase immédiate un nombre
important de spécialistes et de volontaires, au même titre que le feraient les SAMU de la région
parisienne.
REFERENCES
1.
Crocq L. La cellule d’urgence médico-psychologique, sa création, son organisation, ses
interventions. Ann Med Psychol 1998 ; 156, 1 : 48-53.
2.
Crocq L. Intervention de l’équipe psychiatrique lors des catastrophes. Psychiat Franc 1998,
1 : 31-39.
3.
Lebigot F. soins psychologiques aux victimes d’attentats. Soins psychiatriques, 1997, 188,
22-23.
4. Lebigot F. Intérêt des soins immédiats et post immédiats dans les traumatismes psychiques.
Méd Catastrophes urg Collectives, 2, 83-87 : 199a.
5.
De Clercq M, Vermeiren E. Le debriefing psychologique : controverses, débat et réflexions.
Nervure 1999 ; 12, 6 : 55-61.
6.
Barriot P, Bismuth C. Les armes de destruction massive et leurs victimes. Aspects médicaux,
stratégiques, juridiques. Paris, Flammarion, 2004.
7.
Lepick O, Daguzan JF. Le terrorisme non conventionnel. Paris, Presses Universitaires de
France, 2003.
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