Promenade médico-pharmaceutique à travers l œuvre d Alexandre Dumas - article ; n°333 ; vol.90, pg 111-146
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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 2002 - Volume 90 - Numéro 333 - Pages 111-146
À l'occasion du bicentenaire de la naissance d'Alexandre Dumas père et du transfert de ses cendres au Panthéon, l'auteure s'intéresse aux nombreuses occurrences médico-pharmaceutiques qui ponctuent l'oeuvre du grand écrivain. Sa documentation irréprochable résultait de la fréquentation assidue de nombreux savants, que l'on découvre au fil de cet article.
Medical and pharmaceutical study through Alexandre Dumas' work.
Alexandre Dumas' work is rich in medical and pharmaceutical occurences. The author studies them in this article.
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Cécile Raynal
Promenade médico-pharmaceutique à travers l'œuvre
d'Alexandre Dumas
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 90e année, N. 333, 2002. pp. 111-146.
Résumé
À l'occasion du bicentenaire de la naissance d'Alexandre Dumas père et du transfert de ses cendres au Panthéon, l'auteure
s'intéresse aux nombreuses occurrences médico-pharmaceutiques qui ponctuent l'oeuvre du grand écrivain. Sa documentation
irréprochable résultait de la fréquentation assidue de nombreux savants, que l'on découvre au fil de cet article.
Abstract
Medical and pharmaceutical study through Alexandre Dumas' work.
Alexandre Dumas' work is rich in medical and pharmaceutical occurences. The author studies them in this article.
Citer ce document / Cite this document :
Raynal Cécile. Promenade médico-pharmaceutique à travers l'œuvre d'Alexandre Dumas. In: Revue d'histoire de la pharmacie,
90e année, N. 333, 2002. pp. 111-146.
doi : 10.3406/pharm.2002.5327
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_2002_num_90_333_5327Ill
Promenade médico-pharmaceutique
à travers l'uvre
d'Alexandre Dumas
par Cécile Raynal *
En 1924, le Dr Foveau de Courmelles posait la question suivante :
« Comment se documentait Alexjandrel Dumas père, médicalement
parlant ? » 1 Cette question semble être restée jusqu'à ce jour sans
écho. Nous nous proposons donc, en cette année du bicentenaire de la nais
sance du grand écrivain, d'y apporter des éléments de réponse.
Les descriptions médicales et toxicologiques sont parfois d'une telle préci
sion dans son uvre, qu'il faut bien qu'Alexandre Dumas ait fréquenté d'as
sez près l'univers médico-pharmaceutique pour disserter avec autant d'habil
eté. Il déclarait d'ailleurs lui-même : « Il y a une chose que je ne sais pas
faire : c'est un livre ou un drame sur des localités que je n'ai pas vues. [...]
Cela donne un tel caractère de vérité à ce que je fais, que les personnages que
je plante poussent parfois aux endroits où je les ai plantés, de telle façon que
quelques-uns finissent par croire qu'ils ont existé. » 2 II semble avoir été aussi
exigeant en matière de géographie que dans le domaine médico-pharmaceut
ique.
Dumas mélange si bien réalité et fiction qu'il est difficile de démêler l'ima
ginaire qu'il insuffle dans son uvre, des sources objectives qui lui ont per
mis de la bâtir. S'il apparaît risqué d'accorder un crédit aveugle à ses écrits,
ceux-ci s'avèrent néanmoins indispensables à toute recherche. L'étude des
romans à connotations médicales révèle l'ampleur des connaissances tech
niques de leur auteur. Ces ouvrages furent pour la plupart publiés autour de
1845, c'est-à-dire au cours de la période considérée par les spécialistes de
Dumas comme « la première véritable production de romans historiques » 3.
* 9 chemin du Chancelier-Séguier, 78620 L' Étang-la- Ville
REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, L, N° 333, 1WTRIM. 2002, 111-146. 12 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE 1
Le meilleur exemple en est bien sûr Le Comte de Monte-Cristo : cette uvre
charismatique cristallise les connaissances acquises par Dumas au cours des
recherches documentaires effectuées à l'occasion de quelques-uns de ses pré
cédents romans, par exemple Les Crimes célèbres (1839-1840), Pauline
(1838), Filles, lorettes et courtisanes (1843), etc.
Le Comte de Monte-Cristo, écrit entre 1844 et 1846 avec le concours de
son collaborateur Auguste Maquet (1813-1886), s'inspire de plusieurs faits-
divers réels habilement combinés entre eux. Les thèmes médico-pharmaceut
iques abordés se fondent sur des données issues de divers documents scien
tifiques, probablement analysés au cours de discussions qu'Alexandre
Dumas eut avec ses nombreux amis médecins.
Un cas d'école : les empoisonnements dans Le Comte de Monte-Cristo
Dans le chapitre X, fort justement intitulé « Toxicologie », le comte de
Monte-Cristo explique à Mme de Villefort qu'un assassin dispose d'une plé
thore de poisons pour exécuter ses sombres desseins. Il évoque la brucine,
l'opium, la belladone, la fausse angusture, le bois de couleuvre, le laurier-
cerise et l'arsenic qu'il déclare facile de se procurer :
** Chez nous, un niais [.. .] qui a un ennemi à détruire ou un grand-parent à anni» ï
I hiler, s'en va chez un épicier, lui dorme un faux nom qui le fait découvrir bien
mieux que son nom véritable, et achète, sous prétexte que les rats l'empêchent de
dormir, cinq à six grammes d'arsenic ; s'il est très adroit, il va chez cinq ou six ;
épiciers, et n'en est que cinq ou six fois mieux reconnu ; puis, quand il possède
son spécifique, il administre à son ennemi ou à son grand-parent, une dose d'ar- ;
senic qui ferait crever un mammouth ou un mastodonte [...]; on envoie chercher ;
un médecin qui ouvre le mort et récolte dans son estomac et dans ses entrailles il
l'arsenic à la cuiller. " : ".-:»V:::-
En effet, l'édit royal de 1682, renouvelé le 25 avril 1777, indique défendre
« très expressément [...] à tous les maîtres en pharmacie, à tous les épiciers
et à tous les autres, de distribuer l'arsenic, le réalgar, le sublimé, et autres
drogues réputées poisons, si ce n'est à des personnes connues et domiciliées,
auxquelles telles drogues sont nécessaires pour leur profession, lesquelles
écriront de suite, et sans aucun blanc, sur un registre à ce destiné et parafé à
cet effet par le lieutenant général de police, leurs noms, qualités et demeures,
l'année, le mois, le jour et la quantité qu'ils auront prise desdites drogues,
ainsi que l'objet de leur emploi. » 4 Cet édit précise par ailleurs le mode de
conservation de ces produits : « Tous poisons et drogues dangereuses seront
tenus et gardés en lieux sûrs et séparés, sous la clef du maître seul. » 5 L'UVRE D'ALEXANDRE DUMAS 113
Ce n'est qu'après l'affaire Lafarge, en 1846, donc après la publication du
Comte de Monte-Cristo, qu'une ordonnance royale va intimer l'ordre de pré
senter au pharmacien (et non plus à l'épicier) une prescription émanant du
corps médical pour obtenir ces drogues : « La vente des substances véné
neuses ne peut-être faite, pour l'usage de la médecine, que par les pharmac
iens et sur la prescription du médecin, chirurgien, officier de santé, ou d'un
vétérinaire breveté. Cette prescription doit être signée, datée et énoncer en
toutes lettres la dose desdites substances, ainsi que le mode d'administration
du médicament. » 6
Parmi les multiples poisons dont Dumas pouvait doter son meurtrier, il était
nécessaire d'en sélectionner un qui produise des symptômes d'empoisonne
ment spectaculaires et qui permette une mise en scène théâtrale de l'analyse
toxicologique. En choisissant les alcaloïdes, il réunissait ces deux critères.
L'empoisonnement accidentel du vieux valet Barrois
Assoiffé par une course urgente pour le compte de son maître paralysé, le
brave valet Barrois est autorisé par la douce Valentine à boire, discrètement,
un verre de limonade dont son maître venait de prendre lui-même quelques
gorgées. Presque instantanément, le valet est pris « d'une attaque nerveuse
des plus intenses ». Il meurt en peu de temps dans d'atroces souffrances.
Le médecin de famille, le Dr d' Avrigny, présent pour sa visite hebdomadaire,
a assisté à toute la scène. Reconnaissant immédiatement les symptômes d'un
empoisonnement par la brucine (déjà soupçonnée lors de deux précédents
décès anormaux dans l'entourage familial), il ordonne « qu'on [lui] apporte
de l'eau et de l'éther. Qu'on courre [lui] chercher de l'huile de térébenthine
et de l'émétique. » Puis il demande au valet agonisant : « Pouvez- vous boire
ce verre d'eau éthérée ? »
Le Dr d' Avrigny ordonne probablement ce contre-poison parce que
« la brucine est insoluble dans l'éther » 7. Ce traitement est donc parfaitement
en mesure d'arrêter

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