Enfance - Année 1989 - Volume 42 - Numéro 3 - Pages 123-139En cas d'échec massif et persistant dans les apprentissages de base, nos filières éducatives inscrivent l'enfant, puis l'adolescent, dans un destin scolaire, puis social, bien particulier; le statut du sujet est dès lors celui de « débile mental », que ceci soit ou non attesté, au regard du spécialiste, par les tests dits de niveau intellectuel. Comment s'en trouvent affectées, dans ce qu'il en ressent et agit, ses relations interpersonnelles, l'image qu'il forme de lui-même, ses perspectives d'avenir? Utilisant un schéma d'entretien structuré, on a interrogé à ce propos 80 élèves de Sections d'Enseignement spécialisé et, à titre comparatif, 40 élèves de classes normales (Collèges d'Enseignement secondaire); les âges s'échelonnent de 11 à 17 ans. Les réponses des « débiles mentaux » s'avèrent dans l'ensemble remarquablement riches, nuancées, réalistes. Ils ont en général le sentiment d'être marqués par un fâcheux destin scolaire, souvent imputé à des insuffisances et à des m fautes y) personnelles, mais plus souvent encore décidé à l'origine par un « on » transcendant qui les avait engagés, sans recours possible, dans la filière des classes spécialisées. Mais, ce destin admis, ils apparaissent remarquablement réalistes quant à l'évaluation de leurs difficultés présentes et quant à leurs perspectives d'avenir, en particulier en ce qui concerne le choix d'un métier. Ces vérités simples et essentielles, ils peuvent les dire, dans une relation de personne à personne, pourvu qu'on entende ce qu'ils ont à dire, en négligeant, d'un commun accord, leurs fréquentes difficultés d'expression. In cases of severe and enduring learning difficulties, our school system assigns to the child, then the adolescent, a particular destiny, in school course and after in society; he is then given the social status of a mentally deficient person, this being or not assessed by tests. How are then affected, in his experience and behaviour, his interpersonal relationships, his self image, his prospects concerning his personal future? We used a structured interview scheme to obtain answers from 80 pupils attending special classes, and, with comparative purposes, 40 pupils attending regular grades; the ages range from 11 to 17. The answers of the « mentally deficient » boys and girls appear remarkably rich, diversified and adapted. On the whole, they feel themselves as marked by a distressing school history, often attributed to personal deficiencies and « faults », but still more often originally decided by an impersonal « somebody » who, with no possible argument, engaged them in the way of special education. But, this accepted, they seem remarkably adapted when judging their personal difficulties, and when considering their future, specially in job choice matters. , They can express simple and essential realities, in a person to person relationship, so long as somebody hears them out, and provided that both choose to ignore their frequent verbal difficulties. 17 pages Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.