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Sciences-Croisées Numéro 4 : La Communication  L’approche pragmatique en psychopathologie cognitive : le cas d’une patiente bipolaire. Anna R. Galiano Université Catholique de Lyon Laboratoire Santé, Individu, Société EA 4129 argaliano@univ-catholyon.fr  
  L’approche pragmatique en psychopathologie cognitive : le cas d’une patiente bipolaire.  Pragmatic approach in cognitive psychopathology : the case of a patient with bipolar disorder.     Résumé Les troubles bipolaires de l’humeur comportent deux types de symptômes, maniaques et dépressifs, et une période de rémission. Cette période est très intéressante dans la mesure où les patients semblent retrouver un niveau psychique et une vie sociale qui rentre dans la norme. Nous présentons le cas d’une patiente diagnostiquée bipolaire se trouvant dans une période de rémission apparente. Nous avons observé que cette patiente produit un discours qui se différencie de celui des autres patients qui ont participé à une étude expérimentale. En partant de l’hypothèse que le langage est susceptible de refléter les processus cognitifs des patients, nous montrons que la patiente a produit un discours présentant des caractéristiques proches de la phase maniaque de la maladie. Notamment, nous avons pu observer que la patiente, confrontée à la tâche (figures du Tangram), produit un discours complexe qui engendre une série de malentendus et/ou d’ambiguïtés perturbant l’exercice de l’intercompréhension.  Mots clés Langage, Cognition, Psychopathologie, Pragmatique, Troubles Bipolaires.:    Abstract The bipolar disorders comprise two types of symptoms, maniacs and depressive, and a period of remission. This period is very interesting because the patients seem to find a psychic level and a social life which returns in the standard. It is at this period that we were interested in the case of a patient during an experiment where it is brought to solve a problem of the cognitive type. We observed that this patient produced a speech which differs from that of the other patients. On the basis of the assumption that the language is likely to reflect the cognitive processes of the patients, we show that the patient produced a speech which shows characteristics close to the maniac phase of the disease. In particular, we could observe that the patient confronted with the task (figures of Tangram) produced a complex speech which generates series of misunderstandings and/or ambiguities which bring to constantly put concerned mutual comprehension with its interlocutor.  
Key words: Language, Cognition, Psychopathology, Pragmatic, Bipolar Disorder
  
Anna R. Galiano L’approche pragmatique en psychologie cognitive : le cas d’une patiente bipolaire.  
Introduction    es troubles bipolaires de l’humeur font l’objet d’un nombre important LH & Manji, 2005), la génétique (Leboyer, Bellivier, Nosten-Bertrand,olmes d’études. Ces études sont centrées sur la neurobiologie (Quiroz, De Jesus, Jouvent, Pauls & Mallet, 1998 ; Leboyer, 2005 ; Mc Kinnon, Zandi, Cooper & al., 2002, etc.), les événements déclencheurs de la pathologie (Gorwod, 2004 ; Hardy-Baylé & Dantchev, 1994), la prévalence (Rouillon, 1997, 2005), etc. Dans ce panel de recherches, il manque une place importante accordée au cognitif et encore plus au langage. Contrairement à d’autres pathologies, comme la schizophrénie (Musiol, 1992, 1998 ; Musiol & Pachoud, 1999 ; Musiol & Trognon, 1994, 1999, 2000 ; Pachoud, 1992, etc.), l’autisme (Collet, 1992), la dépression (Bertoni, 1992) etc., les troubles de l’humeur n’ont été que très peu explorés au niveau du langage (Galiano, 2004, 2007). Depuis quelques années, nous voyons s’affirmer un nouveau domaine de recherche, la pragmatique, qui, avec sa méthodologie d’analyse, apporte des informations originales pour la compréhension des symptômes. L’approche pragmatique en psychopathologie permet de remonter à des processus cognitifs propres à une pathologie en considérant le langage comme porteur de traces du trouble associé à la pathologie (Musiol & Trognon, 2000 ; Trognon, 1992). En quelque sorte, les chercheurs considèrent le langage comme une médiation de notre cognition. La pragmatique permet de mieux comprendre certaines pathologies en partant de l’utilisation du langage en contexte. Le travail que nous présentons dans cet article a un double objectif. D’abord montrer que les analyses pragmatiques du langage sont capables d’apporter des éléments explicatifs de pathologies encore mal connues ou ignorées qui entraînent des troubles subtils du langage. Ensuite, montrer que les outils cliniques employés pour la détection de la période intercritique des troubles bipolaires peuvent ne pas révéler les symptômes latents de la maladie. Ce deuxième objectif est atteint par la présentation d’un cas, celui de Claire, qui a mobilisé notre intérêt au cours d’une expérience sur la communication et la cognition de patients bipolaires (troubles bipolaires de l’humeur) (Galiano, 2004, 2007). Nous avons choisi de présenter ce cas car nous avons observé un comportement discursif non trivial qui mérite une analyse approfondie. Notamment, nous avons observé que Claire présente un problème d’organisation de la pensée qui se reflète, par exemple, dans la difficulté à gérer les questions directes ou, encore, à élaborer des propositions pertinentes. En outre, nous avons observé que Claire apporte des éléments biographiques (réels ou imaginaires) qui rendent son discours difficile à suivre. Cependant cette complexité n’engendre pas un discours incohérent. En effet, bien que le caractère non trivial du discours de Claire rende l’exercice de l’intercompréhension avec son interlocuteur plus difficile, il n’y a pas de véritable « rupture », comme c’est le cas, par exemple, pour la schizophrénie (voir Trognon, Pachoud & Musiol, 2000). Il faut considérer que Claire a été observée dans une phase intercritique de la maladie, phase pendant laquelle la maladie n’est pas présente avec ses symptômes manifestes (Escande, 1995). Nous faisons l’hypothèse qu’il existe une sorte de période de latence de la maladie où des résidus d’accès maniaques ou dépressifs se retrouvent à un niveau moins manifeste. L’analyse cognitivo-pragmatique permet, selon nous, de relever ces résidus et de les mettre en relation avec une phase particulière de la maladie.  
 
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