Une lettre de Louis Jouvet à la veille d entreprendre ses études de pharmacie - article ; n°249 ; vol.69, pg 121-124
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Une lettre de Louis Jouvet à la veille d'entreprendre ses études de pharmacie - article ; n°249 ; vol.69, pg 121-124

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Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1981 - Volume 69 - Numéro 249 - Pages 121-124
Ein Brief von Louis Jouvet kurz bevor er sich anschickte pharmazeutische Studien zu beginnen. Jugendbrief vom späteren Schauspieler Louis Jouvet (1887-1951), als Apotheker 1913 approbiert, an seine Kusine Aline Bordas, im Juli 1905, nach seinem Erfolg im Baccalauréat-Examen. Er schildert dabei wie diese Prufüng vorüberging und bestätigt seinen Entschluss ein Pharmaziestudium zu betreiben.
A letter from Louis Jouvet just prior to undertaking his pharmacy studies. A letter written as a very young man by the future actor Louis Jouvet (1887-1951), who qualified as a pharmacist in 1913, to his cousin Aline Bordas, in July 1905, after successfully passing his baccalaureate. He tells how he passed the examination and confirms his intention to study pharmacy.
4 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 63
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Jouvet
Pierre Julien
Une lettre de Louis Jouvet à la veille d'entreprendre ses études
de pharmacie
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 69e année, N. 249, 1981. pp. 121-124.
Zusammenfassung
Ein Brief von Louis Jouvet kurz bevor er sich anschickte pharmazeutische Studien zu beginnen. Jugendbrief vom späteren
Schauspieler Louis (1887-1951), als Apotheker 1913 approbiert, an seine Kusine Aline Bordas, im Juli 1905, nach seinem
Erfolg im Baccalauréat-Examen. Er schildert dabei wie diese Prufüng vorüberging und bestätigt seinen Entschluss ein
Pharmaziestudium zu betreiben.
Abstract
A letter from Louis Jouvet just prior to undertaking his pharmacy studies. A letter written as a very young man by the future actor
Louis Jouvet (1887-1951), who qualified as a pharmacist in 1913, to his cousin Aline Bordas, in July 1905, after successfully
passing his baccalaureate. He tells how he passed the examination and confirms his intention to study pharmacy.
Citer ce document / Cite this document :
Jouvet Louis, Julien Pierre. Une lettre de Louis Jouvet à la veille d'entreprendre ses études de pharmacie. In: Revue d'histoire
de la pharmacie, 69e année, N. 249, 1981. pp. 121-124.
doi : 10.3406/pharm.1981.2747
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1981_num_69_249_2747tfhe lettre de tcuti Jcuûet
à la fieille de^ttepnwdn AeA étude*
4e pharmacie
à où sur nous vrai Dans celui-ci, la signalions dire pharmacie, la « peu à Gazette la flatteuse. veille une à » lettre de laquelle notre passer Notre de n° il Louis collègue son se 243 destinait, baccalauréat, (déc. Jouvet, Mme 1979, Simone en une p. mai émettait 246-247), opinion Chan- 1905,
tereau, qui porte à Jouvet une grande admiration, possède
de lui une autre lettre autographe, légèrement postérieure,
adressée à la même destinataire et sur les mêmes sujets.
Nous la remercions de nous l'avoir communiquée, car elle
ne le cède pas en intérêt à la précédente.
Le destinataire en est toujours sa « cousinette », Aline
Bordas, avec laquelle Jouvet entretint une correspondance
durant plusieurs années. Mais il lui écrit, cette fois, au
lendemain de sa réussite au baccalauréat, pour lui raconter
comment cela s'est passé, et il lui confirme son projet de
faire pharmacie. Son « épître » offre sur ces deux points
de vivants détails. Nous n'en avons retranché que le récit
peu intéressant de l'épreuve de géographie. Et bien que
la fin de la lettre porte sur les relations personnelles entre
l'auteur et sa cousine, nous avons renoncé à l'abréger,
pensant que le lecteur prendrait le même plaisir que nous
à suivre le futur pharmacien et comédien dans les subtils
méandres de son jeu sentimental...
P.J.
Rethel, juillet 1905
Ma chère petite Aline,
Voici donc que je commence une épître, il y a longtemps que vous n'en
avez reçu de moi probablement, si ma prose vous intéresse la présente ne
vous paraîtra que plus... intéressante. Mais je vois que je vais encore faire
REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, XXVIII, N° 249, JUIN 1981. 122 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
de longues phrases et que je vais me perdre en longs discours, trêve de mots,
parlons sérieusement. Je viens de passer ma philosophie, je dois vous avouer
que mon succès a été assez médiocre et que le jury s'est parfaitement dispensé
de me féliciter. Cependant, quoique reçu avec 61 points sur 60, c'est moi qui
sur mes trois camarades passés avant moi ai eu le plus de points... ce n'est
pas brillant !
Comme je vous l'ai dit, j'ai pris le sujet suivant, « Comparez la classif
ication des sciences d'Auguste Comte et celle d'Herbert Spencer ». Il paraît
que je n'ai pas été génial mais enfin j'ai pu trouver un 11 sur ce point.
Mon oral s'est passé avec des examinateurs assez grincheux comme vous
allez le voir. J'ai débuté par l'interrogation en histoire naturelle. L'anatomie
de la respiration était une belle question qui ne m'a donné que 11. L'exami
nateur m'a reproché un langage excessivement imprécis. Je sais parfaitement
que je suis assez « camelot », que j'ai beaucoup de « bagout » et que je parle
avec une certaine vcdubilité, et que par conséquent je suis peu précis. J'ai
moins que n'importe qui le langage philosophique et scientifique, mais vous
allez voir ce que ce vénérable examinateur dont je ne connais pas le nom
entend par langage précis. « La trachée artère, disais-je, est composée d'an
neaux... » Pardon, Monsieur, la artère n'est pas composée, elle se com
pose d'anneaux, d'ailleurs ce terme est assez imprécis, la trachée artère est
soutenue par des anneaux ; les anneaux sont le squelette de la trachée
artère... etc., etc. Je passe à la littérature latine, grecque et française. La
littérature latine m'avait coûté, par suite de contretemps, deux heures de
travail, je suis interrogé sur Virgile qui m'offre un agréable et heureux déve
loppement. Arrivé à l'Enéide, j'ai écopé un 6 pour n'avoir pas pu en donner
une analyse détaillée des 12 chants. Le syllogisme en philosophie me vaut
un 13. Après cela, je ne connais plus mes notes mais j'ai brillé sur la Révo
lution de 1830 en histoire et l'interrogation en géographie économique et
politique m'a valu encore une autre scène dans le genre de la première avec
le professeur d'histoire naturelle [...].
Passons à un sujet moins terre à terre et moins trivial. Je vais faire
de la pharmacie ! ! Je vois venir avec plaisir ces trois années de stage
pendant lesquelles j'espère me distraire littérairement et spirituellement sinon
plus du moins autant que dans les infectes et autoritaires boîtes à bachot
où j'ai passé déjà la moitié de mon existence. Ce métier en somme qui descend
en droite ligne de l'alchimiste et du potard d'autrefois me laisse dans une
indifférence profonde et ne m'enflamme pas du tout (d'ailleurs je ne vois pas
en quoi il pourrait m'enflammer ?). Je considère cette profession même comme
assez... bête et n'était les études que l'on était obligé de faire, l'attention assez
grande et la responsabilité énorme que réclame le métier de pharmacien, je
ne vois pas sur quoi ces messieurs pourraient faire reposer leur droit d'écor-
cher les clients car en somme les pharmaciens soit dit entre nous gagne
[sic] en général sur leur marchandise du 40 % et quelquefois du 50 %.
Rien que d'avoir écrit ces deux mots qui sentent à quinze pas le Journal et le
grand livre j'ai un dégoût profond de tous ces métiers mercenaires et vils
(pardonnez ie mot). Ah oui, où est-il donc le temps du prince charmant, le UNE LETTRE DE LOUIS JOUVET 123
temps des cours d'amours ? « Mais où sont les neiges d'antan ? » Comme
disait Régnier aujourd'hui,
« il n'est ni crocheteur ni courtaud de boutique
« qui n'estime à vertu l'art où sa main s'applique »
Pourquoi me direz-vous ne pas prendre un autre chemin ? Mais vous
savez, cousinette, cela me refroidit singulièrement quand je vois de mes amis
sortant de Normale me dire : « Ecoute, il n'est pas besoin d'être licencié ni
agrégé pour vivre heureusement ; tout au contraire, et les cours d'amour que
l'on fait dans son foyer valent bien les cours de Sorbonne. » Mon Dieu en
effet, « cela est fort bien parler et Chrysale en aurait dit autant s'il avait été
là, on peut vivre intellectuellement au milieu des bocaux d'une pharmacie,
Edison et Pasteur n'ont pas toujours été dans des laboratoires agencés à leur
guise. Mais cessons cette comparaison, d'ailleurs les études à Normale coû
tent de l'argent bien sonnant et bien trébuchant et sans dire que ma fortune est
restreinte, je dois avouer néanmoins que je ne suis pas un parent de Rotschild
bref, cousinette, comme vous le voyez je tâche de faire contre mauvaise
fortune bon cur et je tiens à me persuader que le pain que je vais manger
au lieu d'être de seigle sera de froment. Enfin ! Certains ont dit que la vie
était une illusion et que pour être heureux il suffisait de se l'imaginer. Nous
verrons. Et vous, qu'allez-vous faire Linette ? Vous élancer dans les hautes
sphères intellectuelles. Jusqu'ioi nous planions (?

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