Enfance - Année 1976 - Volume 29 - Numéro 3 - Pages 319-333L'apprentissage de la lecture devrait viser à produire de bons lecteurs silencieux. Or, les didactiques habituelles privilégient la lecture à haute voix, en particulier à l'école élémentaire. Il est donc fait l'hypothèse que la lecture silencieuse favorise la compréhension. Pour la tester, les auteurs ont utilisé deux textes formellement équivalents, c'est-à-dire suffisamment isomorphes en ce qui concerne les difficultés de lecture, la fréquence lexicale {vocabulaire), l'organisation syntagmatique. Ces deux textes ne divergent que partiellement en leur organisation narrative. Ce dispositif permet d'appareiller les échantillons, le même enfant étant soumis aux deux modes de lecture.
La population étudiée s'élève à 120 enfants (60 garçons, 60 filles), 40 au CE 2, 40 au CM 1, 40 au CM 2. La compréhension est évaluée par six questions dont quatre font plutôt appel aux détails mémorisés et deux à l'« intelligence du texte ».
L'hypothèse est infirmée si l'on effectue les calculs sur les scores globaux. Mais l'hypothèse est confirmée si l'on ne tient compte que de l'« intelligence du texte ».
Les auteurs considèrent que ces résultats rendent bien compte de la pédagogie habituelle centrée sur la lecture à haute voix. Si l'on veut préparer de bons lecteurs, il convient de faire une large place à la lecture silencieuse.
The learning of reading should aim at producing good silent readers, but didactics now in use favour voiced reading, particularly in primary schools. Therefore, our hypothesis will be that silent reading favours understanding. In order to test it, we have used two texts similar as regards difficulties of reading, lexical frequency (vocabulary), syntagmatics. They are divergent only as to the narrative set-up. Related samples could be worked out through this device, as the same child was submitted to both silent and voice reading.
120 children have been studied (60 boys and 60 girls), 40 in their 3rd year at the elementary school, 40 in their 4th year, 40 in their 5th year. The evaluation of understanding was carried out through 6 questions — 4 dealing with memorized particulars and 2 appealing to a « proper understanding of the passage ».
// the reckonings were made on global scores our hypothesis proved false. On the opposite, it revealed itself true if only the « proper understanding of the passage » was taken into account.
We therefore feel that the pedagogical methods now in use are greatly accountable for these results. If we want children to become good readers, we will have to devote a lot to silent reading.
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Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.
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