Mgr de Saint-Vallier et son temps

Auguste Gosselin

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Extrait

^^,MG« DE SAINT-VALLIER
ET SON TEMPS
PAR
L'abbé A. GOSSELIN
DOCTEUR ES LETTRES
, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DU CANADA
MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE NORMANDIE
ÉVREUX
IMPRIMERIE DE l'eURE
1898*
JUN 241959MGR DE SAINT-VALLIER
ET SON TEMPS (1)
Ses rapports avec Frontenac, Callières, Vaudreuil.
Quelques épisodes de sa carrière militante (2).
On connaît lenom donnédans l'histoire à cette fameusejournée,
Richelieu, sur le pointoù de succomber aux intrigues de la Reine-
Mère, Marie de Médicis, et de se voir politiquement ruiné, fit en
un instant, par son habileté, tourner de son côté la roue de la
D'après la correspondance générale des gouverneurs et des intendants du(1)
Canada, aux archives de la marine, les jugements et délibérations du Conseil
supérieur de la Nouvelle-France, les archives du séminaire et de l'archevêché
de Québec.
Ce sous-titre indique suffisamment que je n'ai nullement l'intention de(2)
raconter, dans ces quelques pages, ni Ms^ Saint-toute la vie toute l'œuvre de de
Vallier, mais seulement quelques-unes des difficultés qu'il eut avec les autorités
coloniales sonde temps. Ceux qui ont lu la vie de ^U' de Laval, et se rappellent
les luttes qu'eut à soutenir ce saint prélat l'eau-de-vie etcontre la traite de
pour la liberté de son Église, trouveront ici du moins un aperçu des rapports
de l'Eglise et de l'Etat sous son successeur.-_ 4
avec Louis XIII, et resta maître de la situationfortune, se retrouva :
on l'a appelée \a.journée des dupes.
—Que de fois cette expression m'est venue à l'esprit avec quel-
—distinctions nécessaires, sans doute à propos de la nomi-ques
nation de l'abbé de Saint-Vallier comme successeur de Ms'' de
Laval sur le siège épiscopal de Québec! Que de déceptions, le len-
nomination,demain de cette que de regrets, que d'espérances
trompées! On s'aperçoit qu'on n'a pas suffisamment étudié le
personnage, qu'on a été dupé des apparences ou d'une trop
grande confiance : on essaie alors de forcer le nouveau prélat à
résigner son siège; et ces tentatives se renouvellent jusqu'à trois
—fois. Mais, comme Richelieu, si parva licet componere magnis
— le second évéque de Québec réussit à déjouer tous ces projets
de la situation.et à rester maître
D'un autre côté, les autorités coloniales et les officiers de la
cour, ennuyés des embarras que leur cause depuis longtemps le
premier évêque de Québec par sa lutte courageuse contre la traite
de l'eau-de-vie, applaudissent à sa démission et au choix de son
successeur. Ils espèrent trouver dans cet aumônier de la cour un
prélat plus facile, plus maniable, moins opposé à leurs vues et à
leurs prétentions. Ils sont bien trompés lorsqu'ils s'aperçoivent
Mgfque de Saint-Vallier n'est pas moins inflexible que son prédé-
cesseur pour tout ce qui regarde l'accomplissement de sa charge
pastorale et qu'il fait une guerre sans merci à tous les désordres.
Oui, c'est surtout pour eux que le jour où l'abbé de Saint-
Vallier fut proposé au Roi et agréé comme évéque de Québec fut
vraiment la journée des dupes.
Ms"" Laval au sujet de soiv successeurDéceptions de de
—Më"" de Laval, qui gouvernait l'Église du Canada depuis 1659,
de la Nouvelle-Franceévéque de Pétrée et vicaire apostolique
—jusqu'en puis évêque en titre de Québec, se rendit en1674,
France dans l'automne de 1684, avec le dessein bien arrêté de
roi d'abord, puis audonner sa démission et de la faire agréer au
La raison apparente de détermination, c'étaientSaint-Siège. cette