Négocier les changements technologiques : la C.F.D.T. et les biotechnologies - article ; n°1 ; vol.18, pg 306-318
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Description

Revue d'économie industrielle - Année 1981 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 306-318
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Yves Lasfargue
Edmond Toromanoff
Négocier les changements technologiques : la C.F.D.T. et les
biotechnologies
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 18. 4e trimestre 1981. Genèse et développement de la BIOINDUSTRIE. pp.
306-318.
Citer ce document / Cite this document :
Lasfargue Yves, Toromanoff Edmond. Négocier les changements technologiques : la C.F.D.T. et les biotechnologies. In: Revue
d'économie industrielle. Vol. 18. 4e trimestre 1981. Genèse et développement de la BIOINDUSTRIE. pp. 306-318.
doi : 10.3406/rei.1981.1125
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1981_num_18_1_1125Négocier les changements technologiques :
La C.F.D.T. et les biotechnologies
Yves LASFARGUE
Secrétaire National de l'Union Confédérale
des Ingénieurs et Cadres C.F.D. T. (U.C.C.-C.F.D. T.)
et Edmond TOROMANOFF
Chercheur
La volonté de contrôler et de négocier les changements technologiques est une
des caractéristiques de l'évolution récente du mouvement syndical français en
général, et de la C.F.D.T. en particulier. Parmi les principaux changements
actuels, les bouleversements apportés par l'essor des biotechnologies n'en sont
qu'à leur tout début mais ils ont déjà provoqué les réflexions de la C.F.D.T.
Nous allons, après un bref rappel historique, essayer d'expliquer la stratégie de
la C.F.D.T. face à l'ensemble des changements technologiques (informatique,
bureautique, robotique, télématique, nouveaux matériaux, nouvelles énergies,
biotechnologies, etc) puis décrire les premières analyses des conséquences des
biotechnologies que font actuellement certaines organisations de la C.F.D.T.
Enfin, nous conclurons par quelques propositions devant permettre le contrôle
du développement des biotechnologies par les travailleurs.
LES TRAVAILLEURS ET LES CHANGEMENTS TECHNOLOGIQUES
De tous temps, les travailleurs ont réagi devant les changements technologi
ques, surtout quand ceux-ci prenaient la forme de nouvelles machines ou de nou
veaux processus de production. Le plus souvent, cette réaction se traduisait par
un refus : chacun a entendu parler de la révolte des canuts lyonnais en 1836 con
tre l'introduction des métiers à tisser automatiques. Cette révolte ne fut pas uni
que, puisque l'historienne Michèle Perrot a dénombré en Angleterre, de 1815 à
1847, une centaine d'actions collectives importantes appelées « luddites » (c'est
le nom anglais que l'on donne aux bris de machines).
Dans une période plus récente, de 1945 è 1970, le refus de l'évolution technique
disparut peu à peu du discours et de la pratique syndicale : les luttes pour l'amé
lioration du pouvoir d'achat prirent le pas sur toutes les autres.
En fait, il fallut attendre les années 1970 pour que les problèmes posés aux tra
vailleurs par l'évolution technologique réapparaissent au premier plan. Et cette
réapparition se fit sous la poussée conjuguée de deux phénomènes :
306 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n" 18, 4' trimestre 1981 — d'une part, le mouvement syndical se fit plus attentif aux problèmes posés
par les conditions de travail : un slogan comme celui de la C.F.D.T. en 1972 « II
ne faut pas perdre sa vie en la gagnant » indique que les travailleurs vont peu à
peu attacher une importance aussi grande à l'amélioration des conditions de tra
vail et de vie qu'à l'amélioration du pouvoir d'achat ;
— d'autre part, le développement de l'informatique atteint une telle ampleur
qu'il ne peut laisser les travailleurs indifférents.
Après les premières luttes que menèrent en particulier les employées des servi
ces de saisie de l'information (perforatrices/vérificatrices, puis opératrices de sai
sie), l'analyse syndicale fut d'abord de dénoncer les scandaleuses conditions de
travail induites par certains systèmes informatiques (1), puis de proposer que les
travailleurs puissent contrôler les investissements informatiques. C'est le sens des
9 propositions que fit Edmond Maire au colloque « Informatique et Société » en
septembre 1979 (2).
On peut dire que la démarche générale de la C.F.D.T. vis-à-vis des change
ments technologiques est identique à celle adoptée pour l'informatique : d'abord
dénoncer les conséquences négatives (quand elles existent), ensuite proposer un
contrôle par les travailleurs non pas pour refuser le changement, mais pour le
négocier.
STRATEGIE C.F.D.T. DEVANT LES CHANGEMENTS TECHNOLOGI
QUES
Aujourd'hui, toutes les organisations C.F.D.T. (c'est-à-dire les différentes
fédérations professionnelles, les régions, les syndicats) sont convaincues de la
nécessité de prendre en charge les problèmes technologiques. Chacune le fait à sa
manière en fonction de ses propres réalités, et les approches sont donc très divers
es. Par exemple, on peut citer la campagne lancée par l'U.C.C. -C.F.D.T.
(Union Confédérale des Ingénieurs et Cadres C.F.D.T.) auprès de tous les cadres
C.F.D.T. et qui poursuit, entre autres, trois objectifs :
— sensibiliser les travailleurs ;
— analyser les conséquences ;
— établir des contre-propositions syndicales.
Sensibiliser les travailleurs : On pourrait croire que par les médias, chacun est
très sensibilisé aux changements technologiques. En fait, ce n'est pas vrai : par la
télévision, les sont sensibilisés aux changements spectaculaires
(navette spatiale, télématique), mais rarement aux plus profonds
(1) Voir le livre « Les dégâts du progrès » (Le Seuil, Paris 1979) qui est une suite de témoignages sur
les travailleurs confrontés à l'informatique.
(2) On trouvera le détail de ces 9 propositions dans le n°290 de la revue Cadres C.F.D.T..
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n" 18, 4' trimestre 1981 307 bouleversent leurs conditions de travail et de vie. Chacun connaît les perforqui
mances de la fusée Ariane, mais ignore les conséquences de la machine à trait
ement de texte qui vient d'être installée dans le bureau d'à côté. Chacun connaît
les dangers des manipulations génétiques sur l'homme et craint une utopique pro
lifération de monstres, mais ignore que les fruits et les légumes qu'il consomme
chaque jour sont des résultats bien réels et bien tangibles d'autres manipulations.
On peut même dire que c'est une stratégie patronale de « dramatiser » certaines
conséquences lointaines pour mieux « camoufler » des conséquences immédiat
es : celles-ci apparaissent alors dérisoires et les travailleurs ne se mobilisent pas
(3).
C'est pourquoi le rôle du mouvement syndical sera, dans cette sensibilisation,
de présenter les changements technologiques aux travailleurs (4), de distinguer
l'accessoire de l'essentiel, de pondérer l'importance de chaque technologie.
Analyser les conséquences : L'effort d'analyse est nécessaire pour éviter les
conclusions simplistes et hâtives du genre « l'informatique apporte la déqualifi
cation » ou « l'ordinateur, c'est le chômage » ou « les biotechnologies vont
fabriquer des monstres ». La réalité est trop complexe pour se laisser enfermer
dans des conclusions uniques et valables dans toutes les situations.
C'est pourquoi nous avons mis au point une grille d'analyse : elle doit permett
re à chaque collectif de travailleurs d'analyser les conséquences réelles et actuell
es de telle ou telle technologie, dans chaque situation de travail (voir encadré).
Etablir des contrepropositions : C'est le rôle de l'organisation syndicale de
revendiquer, c'est aussi son rôle de proposer des solutions afin de négocier la
mise en place des technologies. Nous pensons que le Patronat profite de l'intr
oduction d'une nouvelle machine, d'une nouvelle technique pour introduire égale
ment un autre système d'organisation, qui va induire un certain nombre de con
séquences : ainsi, par exemple, l'introduction des bio-technologies va être l'occa
sion de renforcer les contrôles vis-à-vis des travailleurs pour assurer un « secret »
illusoire. Après analyse, ce n'est pas contre la machine, contre la technique que
les travailleurs vont lutter (mais ceci arrive quand la machine ou la est
en elle-même trop dangereuse. Exemple : le nucléaire), mais le plus souvent con
tre le système d'organisation. Aussi e

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