« Non habemus Caesarem nisi regem » : La couronne fermée des rois de Pologne à la fin du XVe et au XVIe siècle. - article ; n°1 ; vol.127, pg 5-26
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« Non habemus Caesarem nisi regem » : La couronne fermée des rois de Pologne à la fin du XVe et au XVIe siècle. - article ; n°1 ; vol.127, pg 5-26

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1969 - Volume 127 - Numéro 1 - Pages 5-26
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Alexander Gieysztor
« Non habemus Caesarem nisi regem » : La couronne fermée
des rois de Pologne à la fin du XVe et au XVIe siècle.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1969, tome 127, livraison 1. pp. 5-26.
Résumé
Alexander Gieysztob, Non habemus Caesarem nisi regem : la couronne fermée des rois de Pologne à la fin du XVe et au XVIe
siècle. — Bibliothèque de l'École des chartes, t. CXXVII (1969), p. 5-26.
Du XVe au XVIIe siècle, la forme de la couronne royale évolue : de circulaire et ornée de fleurons, elle se ferme au moyen
d'arceaux croisés et couronnés d'un globe surmonté d'une croix. En Europe latine, la couronne ouverte est l'insigne des rois ; la
couronne fermée celui des empereurs. En Pologne, la couronne fermée était déjà adoptée par Jean Albert, puis Alexandre
Jagellon comme insigne du pouvoir absolu, de l' « empire » du roi ; à partir du règne de Sigismond le Vieux (1520-1530), elle
figure sur le grand et les petits sceaux et dès 1528, sur les monnaies. — Dans la chapelle sigismondine et la cathédrale de
Wawel, toutes les couronnes sont représentées fermées : la coupole elle-même de l'église (édifiée en 1525-1527) porte le globe
surmonté de la croix; en 1525, lors de la cérémonie d'hommage du duc en Prusse, le roi de Pologne portait le costume du sacre
et le « diadème impérial ».
Malgré tous ces témoignages, littéraires, artistiques et politiques, il n'existe pas en Pologne de formulation précise de ce symbole
du pouvoir, sans doute en raison des limitations que subit la royauté polonaise, et ce n'est qu'en 1563 que Nicolas Siennicki
prononce, dans une séance de la diète, la formule « Non habemus Caesarem nisi regem ».
Citer ce document / Cite this document :
Gieysztor Alexander. « Non habemus Caesarem nisi regem » : La couronne fermée des rois de Pologne à la fin du XVe et au
XVIe siècle. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1969, tome 127, livraison 1. pp. 5-26.
doi : 10.3406/bec.1969.449824
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1969_num_127_1_449824HABEMUS CAESAREM NISI REGEM : NON
LA COURONNE FERMÉE DES ROIS DE POLOGNE
A LA FIN DU XVe ET AU XVI^ SIÈCLE
par Alexander GIEYSZTOR
Les dernières publications traitant des insignes de la
royauté ont bien montré que, dans les différents États
européens, la forme de la couronne royale subit, entre le
xve et le xvne siècle, toute une série de transformations.
Cet insigne qui, depuis le xne siècle, consistait, en général,
en un cercle décoré de fleurons — donc ayant une forme
ouverte — à l'aube de l'époque moderne se ferme au moyen
d'arceaux croisés et couronnés d'un globe surmonté d'une
croix г.
Cet abandon de la couronne ouverte est plus qu'un simple
changement de style ou de mode ; c'est un témoignage
chargé de symboles, un message plein de signification.
Les auteurs qui ont traité de ce problème se sont efforcés,
à juste titre, de dégager les motivations politiques qui ont
favorisé ces transformations2. On pourrait remarquer, à ce
propos, que ce fait appartient aussi au vaste domaine de la
sémiotique, et en particulier à l'ensemble des systèmes méta-
linguistiques tels que les mythes, le folklore, la magie,
les rites, etc., qui donnent une forme à la communication
de contenus. Parmi ces systèmes, on en distingue qui sont
1. P. Б. Schramm, Herschaftzeichen und Staatssymbolik. Beitrâge zur Ge-
schichte vom dritten bis zum sechszehnten Jahrhundërt, Stuttgart, t. I-III, 1955-
1956, en particulier t. III, p. 1064 et suiv. ; Lord Twining, A History of the
Crown Jewels of Europe, London, 1960 ; id., European regalia, London, 1967,
p. 40 et suiv.
2. Ph. Grierson, The Origins of the English Sovereign and the Symbolism of
theclosed Crown, dans The British Numismatic Jo'urnal, t. 33, 1964, p. 118-134. 6 ALEXANDER GIEYSZTOR
relativement simples et dont la structure se prête à l'étude
plus facilement que, par exemple, celle de l'art. Le système
des symboles représentant les diverses dignités d'une so
ciété hiérarchisée et le code de conduite qu'il engendre
font partie de ces phénomènes. L'étiquette, le savoir-vivre,
le protocole diplomatique, les rituels, les cérémoniaux nous
renseignent sur l'ordre hiérarchique de la communauté qui
les utilise. Le langage, relativement rigide, des signes que
cette communauté emploie, n'est en fait que la traduction
des différences et des relations existant dans une réalité
sociale. Le degré élevé de communicabilité de ces systèmes
paraît être dû au fait que les signes qu'ils mettent en jeu
s'adressent non seulement aux acteurs d'une situation
transitoire, mais aussi à de nombreux témoins, et même à un
auditoire de la cérémonie, éloigné d'elle dans le temps et
dans l'espace. Cette particularité confère à de tels systèmes
et symboles la faculté de durer '— tel le classique bâton de
commandement — , de se projeter dans l'absolu et d'être
formalisés dans l'abstrait. Ils se détachent des situations
concrètes et acquièrent une réalité propre à laquelle con
tribue aussi le cérémonial qui, porteur des significations
multiples, pourrait, à la limite, exister par lui-même. Il est
normal d'y voir se transformer le sens de certaines signif
ications, ou tomber dans l'oubli les idées qui ont donné
naissance à certains signes. Du rite au spectacle, le chemin
n'est pas long. Cette perspective pourrait aussi enrichir
les études sur le symbolisme du pouvoir suprême ; parmi
les éléments qui constituent l'alphabet d'une telle sémant
ique, l'insigne principal de la dignité royale en est un
d'importance, et c'est lui qui fera l'objet de nos considérations.
En Europe latine domine, depuis le xne siècle, l'opinion
que la couronne ouverte est un attribut des rois, tandis
que la fermée constitue un insigne impérial ;
ceci malgré le fait qu'il y eut des couronnes royales fermées
comme la couronne hongroise, dite de saint Etienne1, et
1. J. Deér, Die heilige Krone Ungarns, Graz, 1966, vient de présenter une
mise au point convaincante de la date de ses différentes parties (corona graeca
du dernier quart du xiie siècle, corona latina du premier quart du хше siècle,
réunies et refaites probablement vers 1270-1272) ; il la considère comme une
sorte de réaction de l'Europe centre-orientale contre les prétentions des Ho- LA COURONNE FERMEE DES ROIS DE POLOGNE /
malgré la forme mi-ouverte de la couronne impériale des
Ottons. Celle-ci, que nous pouvons voir à Vienne, n'est,
en effet, formée que d'un bandeau frontal, surmonté au
temps de Conrad II d'une croix sur le front, dont part un
seul arceau s'attachant derrière la tête1. La nouvelle cou
ronne impériale faite en 1412, et aujourd'hui perdue, mais
dont nous est connue la réplique faite en 1602 pour Ro
dolphe II, est également fermée par un seul arceau su
rmonté d'une croix, et par deux bosses latérales qui lui
donnent la forme d'une mitre2. Cependant l'opinion univer
sellement partagée que la couronne d'arceaux est une cou
ronne impériale, apparut dès le règne de Lothaire II (1125-
1137). Ce souverain introduisit la couronne d'Empire à
deux arceaux croisés que nous ne connaissons d'ailleurs
que par l'iconographie impériale3. Conrad III (1138-1152)
y ajouta le globe et la croix au sommet.
Deux exemples de transformations de la couronne royale,
l'anglais et le français, ont été étudiés mieux que les autres.
Dans le cas anglais, il y eut différentes étapes, dont la
première se situe au couronnement d'Henri IV, en 1399.
Ce prince utilisa pour la cérémonie une « couronne archie
en croix », ce qui pourrait être expliqué par l'emploi pour
son sacre, de la couronne dite de saint Edouard. Il semble
que cette couronne, qui daterait du milieu du xie siècle,
ait encore appartenu au groupe de stemmes dérivés du
heaume byzantin de cérémonie 4. Cependant, en 1416, Si-
gismond de Luxembourg, roi de Rome, s'apprête à
rendre visite aux Anglais. Encore en haute mer, une délé-
henstaufen. Twining, European regalia, op. cit., p. 46, compte aussi parmi les
couron

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