Nord-Sud : la médecine parisienne dans son contexte européen. À propos de La Médecine médiévale dans le cadre parisien de Danielle Jacquart - article ; n°43 ; vol.21, pg 147-162
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Description

Médiévales - Année 2002 - Volume 21 - Numéro 43 - Pages 147-162
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Joseph Ziegler
Nicolas Weill-Parot
Nord-Sud : la médecine parisienne dans son contexte européen.
À propos de La Médecine médiévale dans le cadre parisien de
Danielle Jacquart
In: Médiévales, N°43, 2002. pp. 147-162.
Citer ce document / Cite this document :
Ziegler Joseph, Weill-Parot Nicolas. Nord-Sud : la médecine parisienne dans son contexte européen. À propos de La Médecine
médiévale dans le cadre parisien de Danielle Jacquart. In: Médiévales, N°43, 2002. pp. 147-162.
doi : 10.3406/medi.2002.1564
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_2002_num_21_43_1564Médiévales 43, automne 2002, p. 147-162
Joseph ZffiGLER
NORD-SUD : LA MEDECINE PARISIENNE
DANS SON CONTEXTE EUROPÉEN.
À PROPOS DE LA MÉDECINE MÉDIÉVALE
DANS LE CADRE PARISIEN DE DANIELLE JACQUART *
Les études historiques sur la médecine savante médiévale ont pris
l'habitude d'opposer une aire méridionale, en particulier italienne,
caractérisée par une médecine dynamique et une aire septentrionale, en
retrait, avec en particulier la Faculté de médecine de Paris dont les
progrès auraient été entravés par la présence oppressante de la presti
gieuse Faculté de théologie. Faut-il continuer à souscrire sans nuance à
cette idée ? Telle est la question qui servira de fil directeur à ce point de
vue élargi sur un livre très important qui a été reçu avec de nombreux
éloges par la communauté des historiens de la médecine médiévale. Je
ne répéterai pas les paroles chaleureuses avec lesquelles les spécialistes
ont accueilli un ouvrage magistral de plus de 587 pages particulièrement
denses. La publication de ce livre devrait cependant attirer l'attention de
quiconque s'intéresse à la culture, à la société et à la pensée du bas
Moyen Âge. Dans les pages qui suivent j'aimerais présenter le livre au
médiéviste généraliste, mettre en évidence des thèmes d'un intérêt
général et débattre de cette contribution majeure à l'historiographie
récente de la médecine du bas Moyen Âge.
L'année 1998 a bénéficié d'une moisson particulièrement riche de
livres sur ce qu'on nomme la « médecine nord-européenne ». En se
fondant sur un examen méticuleux de manuscrits, Cornelius O' Boyle a
décrit comment l'enseignement de YArs medicine, une collection
comprenant entre cinq et sept courts traités médicaux d'origine grecque
* Paris, Fayard, 1998. Désormais abrégé en La Médecine médiévale. J.Z1EGLER 148
ou arabe, qui formait la base d'à peu près tout enseignement médical en
Europe entre le XIIe et le XVIe siècle, s'est développé dans la Faculté de
médecine de l'Université de Paris l. Il a replacé ces textes de médecine
savante dans le contexte de l'enseignement universitaire et les a expli
qués à la lumière des méthodes d'instruction propres aux premiers
studia. Ainsi, nous comprenons mieux comment des interprétations
recevables d'ouvrages médicaux pouvaient être formulées par des
maîtres, comment ces dernières étaient transmises à leurs étudiants, et
comment elles évoluèrent dans le temps à mesure qu'elles étaient trans
mises d'une génération à l'autre. Cornelius O'Boyle insiste sur l'impor
tance de YArs medicine salernitaine plutôt que sur le « Nouveau
Galien » ou sur le Canon d'Avicenne, en la présentant comme la
première et la plus propedeutique des collections de textes en usage
dans l'enseignement médical des universités. Ces textes servaient pour
les maîtres en médecine de point de départ naturel et adapté au proces
sus de définition des textes constituant la discipline médicale.
L'influence de la Faculté médicale à Paris, de ce point de vue, était en
partie une conséquence de la prééminence générale de l'Université, qui
reposait sur la réputation de ses Facultés d'arts et de théologie. Mais la
reproduction précise du curriculum médical parisien fait penser que la
Faculté de médecine était, en elle-même, considérée comme un centre
d'excellence qui avait établi sous une forme statutaire un système
d'éducation médicale fondé sur YArs medicine que d'autres universités
s'efforcèrent d'imiter. Ainsi, entre 1175 et 1250 approximativement,
l'enseignement médical parisien s'accorda progressivement sur un
canon déterminé d' œuvres comprenant des textes considérés comme
nécessaires pour une formation en médecine. Le tournant décisif eut
lieu lorsque ce canon fut adopté comme curriculum universitaire des
études médicales. À partir de ce moment, l'enseignement médical allait
être dispensé à l'intérieur de la nouvelle structure institutionnelle de la
Faculté de médecine de l'Université et délivré exclusivement par elle.
La version commentée de YArs medicine, YArs commentata, marqua
dans les années 1250 un déplacement caractéristique d'intérêt des textes
eux-mêmes vers leurs commentaires. Ces commentaires devinrent alors
le véritable sujet pour les exposés dans les écoles. Le témoignage
apporté par la dissémination des manuscrits montre que YArs comment
ata française parvint en Italie vers la fin du XIIIe siècle où elle continua
à être copiée jusqu'au XVe siècle. Tandis que l'unique version italienne
1 . C. O' Boyle, The Art of Medicine : Medical Teaching at the University of Paris,
1250-1400, Leyde-Boston-Cologne, 1998. LA MÉDECINE PARISIENNE DANS SON CONTEXTE EUROPÉEN 149
de textes commentés connus sous le nom d'Articella eut beaucoup plus
de succès en Italie que YArs commentata française, ce fut cette dernière
qui fut la plus diffusée à travers l'Europe occidentale prise dans son
ensemble jusqu'au début du XVIe siècle. Cornelius O' Boyle a ramené
l'attention sur le rôle dominant que la Faculté de médecine à Paris a eu
entre 1250 et 1400 pour la détermination du curriculum dans les écoles
de médecine à travers toute l'Europe. Mais il s'en est tenu pour l'essent
iel à une analyse codicologique qui apporte des données et des infor
mations précieuses mais restera toujours limitée si on ne s'attelle pas
systématiquement à l'étude du contenu des manuscrits.
En 1998 également, Faye Getz a publié sa brève synthèse sur l'ense
ignement médical dans l'Angleterre médiévale de 750 à 1450 dans
laquelle elle a décrit la façon dont cet enseignement a progressivement
acquis une audience chez les Anglais 2. Elle a montré que des hommes
de médecine comme Gilbertus Anglicus (Gilbertus del Egle) ne pouvait
être rangé dans une catégorie clairement définie de médecins. Certains
de ceux qui exerçaient une fonction médicale étaient en outre des
prêtres, des philosophes ou des maîtres. La grande diversité des guéris
seurs semble indiquer que le terme de « profession » ne pouvait s'appli
quer à la pratique médicale anglaise. Une division fonctionnaliste des
praticiens insulaires en barbiers, médecins et chirurgiens n'est pas
conforme à la réalité anglaise où les praticiens accomplissaient souvent
toutes ces tâches sous un seul et même chapeau. Des brasseurs prati
quant la chirurgie, des abbés s 'occupant d'accouchements, des frères
écrivant des livres de médecine, un chancelier de l'Échiquier soignant le
roi, un chirurgien cistercien — tous ces gens étaient impliqués dans une
activité médicale en plus d'autres occupations. En fait, les Universités
d'Oxford et de Cambridge, dont les Facultés de médecine remontaient à
la fin du XIIIe siècle, devinrent des forces institutionnelles de plus en
plus puissantes dans la vie de l'élite des praticiens anglais. Au
XIVe siècle elles fournirent de plus en plus aux maisons royales ou nobil
iaires un vivier indigène de praticiens savants. Mais à la différence de
ce qui se passait en Europe méridionale au XVe siècle, l'expertise médic
ale commençait à peine à se distinguer des autres c

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