Note sur un atelier d'amphores Dr. 1 et Dr. 2-4 près de Terracine - article ; n°1 ; vol.89, pg 157-168

Hesnard Antoinette

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1977 - Volume 89 - Numéro 1 - Pages 157-168
Antoinette Hesnard, ~~Note sur un atelier d'amphores DR 1 et DR 2-4 près de Terracine~~, p. 157-168. La découverte d'un atelier de fabrication d'amphores à Canneto, près de Terracine, permet d'identifier les amphores qui ont transporté le Cécube. L'atelier a produit des amphores Dr. 1 et des Dr. 2-4 ; il constitue le premier témoignage direct du changement de forme des amphores transportant les vins du Sud du Latium et de Campanie, que l'on peut dater, grâce au timbre de Veveius Papus, aux alentours de 50 av. J.-C.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: MELANGES_DE_L-ECOLE_FRANCAISE_DE_ROME
• Publié le: 01 janvier 1977
• Nombre de lectures: 33
• Langue: Français

Extrait

Antoinette Hesnard
Note sur un atelier d'amphores Dr. 1 et Dr. 2-4 près de
Terracine
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 89, N°1. 1977. pp. 157-168.
Résumé
Antoinette Hesnard, Note sur un atelier d'amphores DR 1 et DR 2-4 près de Terracine, p. 157-168.
La découverte d'un atelier de fabrication d'amphores à Canneto, près de Terracine, permet d'identifier les amphores qui ont
transporté le Cécube. L'atelier a produit des amphores Dr. 1 et des Dr. 2-4 ; il constitue le premier témoignage direct du
changement de forme des amphores transportant les vins du Sud du Latium et de Campanie, que l'on peut dater, grâce au
timbre de Veveius Papus, aux alentours de 50 av. J.-C.
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Hesnard Antoinette. Note sur un atelier d'amphores Dr. 1 et Dr. 2-4 près de Terracine. In: Mélanges de l'Ecole française de
Rome. Antiquité T. 89, N°1. 1977. pp. 157-168.
doi : 10.3406/mefr.1977.1099
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1977_num_89_1_1099ANTOINETTE HESNARD
NOTE SUR UN ATELIER D'AMPHORES
DR. 1 ET DR. 2-4 PRÈS DE TERRACINE*
L'atelier
Que la Campanie et le Sud du Latium aient produit des vins fameux est
un fait bien établi1. Que ces vins aient été exportés dans des amphores Dres-
sel 1 et Dressel 2-4 en est un autre2. Mais, curieusement aucun atelier pro
duisant l'un ou l'autre de ces groupes n'a encore été signalé.
A plusieurs reprises, pourtant, des découvertes d'amphores ont été ment
ionnées, sans être véritablement publiées, dans la région de Terracine, où
étaient produits le Setinum, à la limite des Marais Pontins3, le Caecubwn et le
Fundanum au Sud, dans la plaine de Fondi4.
* Que tous ceux qui n'ont aidée à mener à bien cette recherche trouvent ici mes
remerciements : Mmes P. Ferioli et A. Lissi actuelle et ancienne directrices du Museo
delle Terme à Rome pour m'avoir donné accès au matériel et aidée à retrouver son
origine, M. Conticello inspecteur à la Surintendance du Latium et M. Buonanno Della
Fornace, assuntore local à Terracine de cette surintendance, dont les souvenirs m'ont
été précieux.
La mise au propre des illustrations et la fig. 1 sont dues à M. Rival, les photos de
la fig. 4 à A. Chéné, tous deux de l'Institut d'Archéologie Méditerranéenne, Aix-en-Pro-
vence.
1 II me paraît inutile de répéter ici les références des textes que le lecteur trou
vera par exemple dans R. Billiard, La vigne dans l'Antiquité, Lyon 1913, p. 72-76.
2 Essentiellement grâce aux CIL IV et XV, pour lesquels la forme des amphores
portant les inscriptions est indiquée.
Pour les sur Dr. 1 et Dr. 2-4 du CIL XV, cf. F. Zevi, Appunti sulle
anfore romane, dans Archeologia Classica XVIII, 2, 1966, p. 208-247, et pour celles sur la
forme Pompei XII cf. M. Fano, Cl. Panella, Le anfore con anse bifide di Pompei, contri
buto per una loro classificazione, dans Méthodes classiques et méthodes formelles dans
l'étude des amphores, Rome, à paraître.
3 Strabon, V, 3, 10; Pline H.N. XIV, 61; Silius Italicus, VIII, 386, pour ne citer que
quelques témoignages.
4 Pour le Cécube : Strabon, V, 3, 6; Pline, H.N. XIV, 61, XVII, 31; Vitruve, VIII, 3,
12; Martial, Ep. XIII, 115; pour le vin de Fondi : Pline, XIV, 65, Martial, Ep. XIII, 113 et
115. Deux difficultés existent pour la localisation des territoires des deux vins. Pline
donne deux localisations contradictoires pour le Cécube : dans le golfe d'Amyclae, ou ANTOINETTE HESNARD 158
Une première découverte de «vases grossiers» est relatée en 18315.
L'Archive Camerlingue de 1831 6 en donne une description : elle se situe près
de Terracine, sur un terrain appelé le Mole; les vases sont alignés dans le sol.
Un dessin accompagnant le texte bien que schématique, permet, d'identifier
ces vases à des amphores, vraisemblablement Dr. 1. Sur l'épaule de
l'amphore représentée est figuré un timbre circulaire dont le texte est
SABINA.
Une seconde découverte est faite en 1881 au lieu-dit Canneto et relatée à
deux reprises en 1884. Le CIL X1 mentionne un lot de deux cents amphores
trouvées à Canneto parmi lesquelles trente-sept étaient timbrées. Dans la
liste des timbres on relève des timbres de P. Veveius Papus et de Sabina*. La
Blanchère9 décrit le site plus précisément; il s'agit pour lui d'un «magasin de
poteries » dans lequel on aurait trouvé des amphores neuves.
Lugli situe ces trouvailles à l'embouchure du Canale Canneto, émissaire
du lac de Fondi10. De fait, les deux découvertes sont bien à rapprocher, car
le toponyme le Mole se situe au lieu-dit Canneto11 (fig. 1), et le timbre Sabina
figure dans les deux cas. Les amphores de ces très anciennes découvertes
semblent difficiles à retrouver, mais celles qui figurent au catalogue du
Musée de Terracine de 1940 comme provenant de Canneto (de la découverte
de 1881) sont des Dr. 1 12.
plaine de Fondi, (H. Ν. XIV, 61), et dans les marais pontins (H.N. XVII, 31 : Caecubae
vîtes in Pontinis paludibus madent). Cette seconde localisation n'est attestée que par ce
texte, toutes les autres sources concordent pour situer son territoire dans la plaine de
Fondi. Une seconde difficulté tient à la différenciation des deux vins. Les deux vins
sont distingués par leurs qualités (Pline, H.N. XIV, 65, Martial, Ep. XIII, 113, Athénée,
Deipn. 1, 27), et pourtant leurs territoires ne sont pas discernables l'un de l'autre. La
correction du texte altéré de Vitruve, VIII, 3, 12 proposée par V. Rose localise plus
précisément le Cécube : ... in(ter) Terracinam et Fund(os) Caecubum. . . ; dans ce cas, le
territoire du est à l'Ouest du lac de Fondi, de Canneto à Fondi, partie de la
plaine actuellement cultivée en vignoble.
5 Bulletino dell' Institute) di Corrispondenza Archeologica, 1832, p. 6.
6 Archivio Camerlengato, Archivio di Stato di Roma, tit. IV, part. II, fase. 1524, 1831,
communication de L. Mazzanti.
7 CIL X, 8050.
8 Ces timbres sont dans deux cas associés sur la même amphore (8050, 4 et 5),
Sabina existe aussi seul (8050, 6).
9 M. de La Blanchère, Terracine, BEFAR, 1884, p. 104.
10 G. Lugli, Terracina-Anxur, dans Forma Italiae X, Regio I, Latium e Campania I, 1,
Rome, 1926, col. 214-215.
11 Cartes de l'I.G.L, F° 170, au 1/100 000« et au 1/25 000«.
12 G. Lugli, Guida del Museo Civico, comune di Terracina, Rome, 1940, p. 28 objets
37 à 42 (salle V), p. 34 objets 84 à 93 (salle VI) et Pi. 3. NOTE SUR UN ATELIER D'AMPHORES DR. 1 ET DR. 2-4 PRÈS DE TERRACINE 159
Le site peut être identifié à un terrain situé à 150 m du rivage, sur la
rive droite du Canale Canneto, entre celui-ci à l'Est et la falaise du Monte
Croce à l'Ouest (fig. 2 et 3). Le sol, sableux13, est jonché de tessons de cérami
que commune, d'amphores, de briques, de tuiles. La nature du site ne laisse peu de doute, la couleur rouge violacée de la terre, les nombreux tes
sons trop cuits, les morceaux d'argile brûlée signalent des ateliers de fabrica
tion de céramique. La découverte sur le terrain d'un tesson portant un tim
bre de P. Veveius Papus confirme le rapprochement entre ce site et les
découvertes antérieures 14.
Ce timbre, P. VEVEI.PA[ dans un cartouche rectangulaire est imprimé
sur la face supérieure d'un haut d'anse de profil rectiligne, de section bifide,
cassé au niveau du coude; il s'agit d'une anse d'amphore Dr. 2-4 (fig. 4).
Les timbres de P. Veveius Papus ne sont connus, en dehors de Canneto,
que sur les amphores Dr. 1 de l'épave de La Madrague de Giens (Var) dont
elles forment la cargaison principale15. La matrice qui a imprimé le timbre
trouvé à Canneto a aussi imprimé certains timbres de l'épave (fig. 6). L'ate
lier de a donc produit les deux types d'amphores, Dr. 1 et Dr. 2-4
timbrées P. Veveius Papus, ce qui d'ailleurs correspond aux remarques de La
Blanchère et du CIL16·
Les amphores Dressel 1
Les amphores Dr. 1 de La Madrague de Giens proviennent donc des
environs de Terracine et au moins une partie d'entre elles plus précisément
de Canneto. Elles transportaient du Cécube17.
13 Sur la nature des sols de la plaine, cf. E. Migliorini, Memoria illustrativa della
carta della utilizzazione del suolo del Lazio, Roma, 1973, p. 31-35 et fig. 4.
La plaine de Fondi est constituée de sables marines recouvrant des couches
d'argile sableuse.
14 L'emplacement correspond à la descriptio