Notes de lecture - article ; n°2 ; vol.61, pg 337-347
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Annales de Bretagne - Année 1954 - Volume 61 - Numéro 2 - Pages 337-347
11 pages

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Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 15
Langue Français

Extrait

J.-B. Colbert de Beaulieu
Monsieur Pierre Merlat
Notes de lecture
In: Annales de Bretagne. Tome 61, numéro 2, 1954. pp. 337-347.
Citer ce document / Cite this document :
Colbert de Beaulieu J.-B., Merlat Pierre. Notes de lecture. In: Annales de Bretagne. Tome 61, numéro 2, 1954. pp. 337-347.
doi : 10.3406/abpo.1954.1966
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1954_num_61_2_1966D'ARCHÉOLOGIE ARMORICAINE 337 NOTICES
NOTES DE LECTURE
Après ses Chefs d' œuvre des monnaies grecques (1),
M. Lancelot Lengyel vient de publier avec une identique
splendeur de moyens, un livre intitulé : L'art gaulois dans
les médailles (2). Ayant reconnu dans le numéraire des
Celtes une mine extrêmement riche, il s'est proposé d'en
explorer les matériaux pour découvrir et étudier les thè
mes exprimés et leur signification ésotérique, pour con
fronter les idées ou les sentiments qu'ils sont susceptibles
de révéler, avec certains modes d'expression et pour en
dégager, au sens le plus large du terme, une véritable esthé
tique des Gaulois.
Le propos, on le voit, ne manque pas de netteté. Il ne
manque pas non plus d'ambition, puisqu'il met en cause
l'attitude des Gaulois devant les problèmes métaphysiques,
éthiques et esthétiques et qu'il prétend percer le myst
ère de la psychologie collective d'un peuple qui ne nous
a pour ainsi dire laissé aucun écrit contemporain. Mais
il apparaît au premier abord singulièrement limité, dans
la mesure où il isole la représentation de son support matér
iel et où délibérément il néglige les problèmes numisma-
tiques essentiels, poids et module des monnaies, titre de
métal précieux ou d'alliage, rapports de style entre avers
et revers (3), évaluations chronologiques fondées sur des
(1) Montrouge-sur-Seine, Corvina, 1952.
(2) Ibid., 1954.
(3) Les monnaies reproduites dans l'Atlas de M. Lengyel le sont le
plus souvent sur une seule face et, dans certains cas douteux, il
n'apparaît pas toujours au premier abord s'il s'agit de revers ou
d'avers, la « Liste des reproductions » (p. 52 et s.) omettant souvent
de donner les indications nécessaires. — On peut, d'autre part, en
numismatique, contester le principe qui consiste à adopter des rap
ports d'agrandissement très différents (ils ne sont d'ailleurs jamais
indiqués) pour des exemplaires de même module, ce qui est encore
plus gênant lorsque leur image figure sur la même planche ou lor
squ'on veut comparer deux monnaies dont l'une dérive de l'autre. C'est 338 notices d'archéologie armoricaine
caractères strictement numismatiques, etc. C'est là indi
quer au préalable une des faiblesess de l'ouvrage de M.
Lengyel.
Car M. Lengyel, qui n'est d'ailleurs pas un numismate,
n'a finalement pas voulu faire un ouvrage de numismatiq
ue, ce qui, même en admettant le bien-fondé de ses inten
tions, peut paraître assez paradoxal à qui songe que la
matière de sa documnetation lui est fournie par les monn
aies. C'est pourquoi il aboutit à ce résultat surprenant
qu'il construit son édifice sur des pilotis souvent vermoul
us. Il s'en remet par exemple au classement du médaillier
de la Bibliothèque nationale, dont il déclare suivre, à l'o
ccasion, les erreurs avérées (4), et suppose ainsi résolu le
problème fondamental de l'attribution de la plupart des
monnaies d'or et d'un grand nombre d'espèces d'autres
alliages. Or, lorsqu'il s'agit de retrouver le sens dans lequel
s'est faite une évolution, l'acceptation de classements, qui
apparaissent désormais contestables sur plus d'un point,
risque de peser d'un grand poids sur la valeur des dé
monstrations esthétiques, surtout si de surcroît on se dé
sintéresse de certaines évaluations chronologiques que la
numismatique celtique permet d'entrevoir.
A cet égard, l'Art gaulois dans les médailles est un ou
vrage prématuré, mais a du moins le mérite indirect de
montrer toute l'urgence qu'il y a à revoir le catalogue tra
ditionnel des monnaies gauloises. Quoi qu'il en soit, les
le cas en particulier pour le revers d'un statère arverne (pi. VI, 58)
qui est présenté au moins trois fois agrandi par rapport à celui d'un
statère d'or macédonien à l'aurige, dont il est l'imitation (pi. VI, 57).
N'est-il pas alors injuste de fonder sur des reproductions si diff
érentes des opinions de ce genre (p. 28) : « II (le quadrige du statère
macédonien) fait certes pauvre figure, tant par son modelé qui devrait
être de force, que par le désordre des jambes des chevaux et par la
répartition confuse des volumes » alors que le quadrige de la monn
aie arverne est dit « plus ramassé, plus dramatique », ce qui d'ail
leurs n'oppose pas des termes semblables.
(4) Par ex., p. 6, à propos des monnaies toujours classées aux
Corisopites dans les cartons du Cabinet de France, malgré les travaux
de MM. Merlet et Waquet (cf. .Bull. soc. hist. arch. Bret., XXXI, 1951,
p. 137-156; XXXII, 1952, p. 6-13; AB, XL, 1953, p. 427, n° 27, et 428»
n° 33). NOTICES D'ARCHÉOLOGIE ARMORICAINE
audaces chronologiques de M. Lengyel sont très grandes,
en vérité. Quand il écrit, par exemple, à propos de types
véliocasses que « dès le Ve siècle, on frappait monnaie en
Gaule, au moins en certaines circonstances » (5), une telle
proposition apparaît, dans l'état actuel de nos connais
sances, comme extrêmement improbable. En outre, M. Len
gyel ne contrôle pas ses hypothèses à l'aide du très sûr
moyen qu'est la loi de Lemière concernant la chronologie
relative des espèces d'or par rapport au poids et à l'aloi,
ce qui l'entraîne à de nombreux anachronismes qui met
tent en cause la valeur de sa méthode. Il est insoutenable,
en effet, de faire du monnayage des Baïocasses, dont le
meilleur témoin signalé par M. Lengyel (155 = BN 6983)
pèse 7,24 g, la série prototypique de l'art monétaire armor
icain (6), alors que les monnaies trouvées au sud de l'Ar-
morique pèsent couramment 7,80 g et sont de très bon or.
Aucun raisonnement tiré du style ne peut prévaloir contre
les données éprouvées de la loi de Lemière. Et les proposi
tions de l'A. souffrent, jusque dans le détail, de son renon
cement au contrôle de cette loi. Quand il croit (7) à la
transformation de l'hippophore en plante ou en fleur, il
se trompe, puisque la plante ou la fleur apparaissent très
précocement sur des staterse à légende <ï>IAinnOY, d'ex
cellent or et du poids le plus élevé (8), tandis que l'hippo
phore ne figure, sur les statères émis en bordure de Loire,
que sur des monnaies anépigraphes, dont la plus lourde,
dans les collections de la Bibliothèque nationale, ne dé
passe pas 7,54 g (9).
D'ailleurs, un critique vétilleux pourrait reprocher à M.
Lengyel d'ignorer visiblement certaines acquisitions ré
centes de la numismatique celtique et d'avoir repris à son
compte le principe, aujourd'hui rejeté, de la disparité infi
nie des espèces gauloises ou encore de professer sur la
(5) P. 41.
(6) Pass. et p. 33.
(7) P. 9.
(8) Cf. BN 4542 = 8,32 g; BN 4538 = 8,15 g.
(9) BN 6731. 340 notices d'archéologie armoricaine
technique de la frappe au marteau, à partir de coins coul
és, des opinions pour le moins contestables (10). Mais on
s'en voudrait d'insister sur les erreurs ou les affirmations
téméraires de ce genre, puisqu'aussi bien l'A. n'a jamais
prétendu raisonner en numismate.
Il faut reconnaître, en vérité, que la tâche à laquelle
le disposait son propos, était immense. Il est certain, en
effet, que le monnayage celtique nous offre des représen
tations souvent déconcertantes, conçues dans un style au
quel notre formation classique ne nous prépare guère.
D'autant plus grande est alors la tentation de pénétrer
dans ce réseau de formes parfois abstruses et de chercher
sous les apparences diverses un ensemble de thèmes simi
laires à signification ésotérique, puisqu'aussi bien ces fo
rmes gravées semblent éviter à plaisir les voies et les cons
tructions normales et que les méthodes rati

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