P. Gourou : Les Paysans du Delta tonkinois. Etude de géographie humaine - article ; n°1 ; vol.36, pg 491-497
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Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1936 - Volume 36 - Numéro 1 - Pages 491-497
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Publié le 01 janvier 1936
Nombre de lectures 22
Langue Français

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Charles Robequain
P. Gourou : Les Paysans du Delta tonkinois. Etude de
géographie humaine
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 36, 1936. pp. 491-497.
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Robequain Charles. P. Gourou : Les Paysans du Delta tonkinois. Etude de géographie humaine. In: Bulletin de l'Ecole française
d'Extrême-Orient. Tome 36, 1936. pp. 491-497.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1936_num_36_1_3676BIBLIOGRAPHIE
Indochine française.
Pierre Gourou. Les Paysans du Delta Tonkinois. Etude de Géographie
humaine. Paris, Les Editions d'Art et d'Histoire, 1936, grand in-8°,
666 p., 125 fig., 80 photos h. t., 9 cartes dont 3 en couleurs dans une
pochette à la fin du volume. (Tome XXVII des Publications de l'Ecoîe
Française d'Extrême Orient.)
Dafts un delta de 15.000 km2 vivent 6.500.000 paysans, soit 430 au km? ; ils
représentent environ 95 % de sa population totale. Cette situation du Bas-Tonkin
■est bien différente de celle que nous proposent des pays comme la Belgique (266
au km2j, l'Angleterre (287), qui d'ailleurs, en dépit de leurs industries concentrées, de
leurs grandes villes, restent beaucoup moins peuplées que cette plaine agricole.
Analyser et expliquer ces faits, montrer comment ils s'expriment dans les paysages et
les genres de vie, telle est la tâche que s'est proposée l'auteur. Il disposait d'un
excellent instrument: la carte au 25.000" du Service Géographique, en couleurs et
avec courbes de niveau, qui s'étend aujourd'hui à la presque totalité des deltas
indochinois. Le climat et le régime des eaux ont fait l'objet de quelques études
sérieuses. Par contre, la bibliographie historique, ethnographique, économique ne
fournissent pas, tant s'en faut, la masse d'ouvrages et d'articles qui s'appliquent
à la moindre province française: trésor un peu encombrant sans doute, mais où
l'on peut puiser à pleines mains. D'autre part, le géographe se heurte constamment
à l'insuffisance des statistiques fondamentales. M. G. expose dans ce bel et gros
ouvrage les résultats de recherches poursuivies pendant 8 ans (1927-1935), à toutes
les sources d'information et particulièrement sur le terrain même : présentés
comme thèse principale en décembre 1936 à la Faculté des Lettres de l'Université
de Paris, ils ont valu à l'autaur U grade de docteur es lettres, avec la plus
haute mention.
Cette étude de géographie humaine ne pouvait négliger l'examen des conditions
physiques. Les limites de la région s'accordent dans l'ensemble avec celles des
alluvions récentes, sauf à les déborder un peu vers le Nord-Ouest où elles. remontent
au delà de Thai-nguyên et de Nhâ-nam, englobant de basses plateformes rocheuses
encroûtées de latérite; elle suit à peu près aussi la courbe de niveau de 25m, Le
delta tonkinois est l'aboutissement d'un réseau hydrographique déjà très évolué : des
sédiments mio-pliocènes ont été reconnus dans les vallées du Fleuve Rouge, du Sông
Cháy et de la Rivière Claire. Mais il est encore impossible de déterminer la série des
épisodes — transgressions et régressions marines — qui ont précédé le colmatage
actuel. D'une part, des terrasses d'alluvions anciennes, accrochées en certains points 492 Charles Robequain
de l'encadrement montagneux, révèlent l'existence d'un aicien delta (i). D'autre part,
si les sondages atteignent généralement une couche de galets entre 40 et 50 m. de
profondeur, ils ne permettent pas de tracer même app-ox'imativement le profil du
soubassement rocheux. En tout cas, il n'est nullement besoin d'invoquer un relèvement
du niveau marin pour expliquer la formation du delta : le jeu même de l'alluvionnement
dans un golfe y suffit.
Les publications régulières de l'Observatoire de Phû-liln apportent sur le climat
une documentation copieuse et très sûre, déjà utilisée par M. G. dans un ouvrage
antérieur (2). 11 y revient assez brièvement ici, reproduisant les chiffres essentiels,
insistant sur le régime des pluies, si gros de conséquence en effet (3). Il corrige au
passage certaines opinions assez répandues: ainsi les typhons n'entraînent pas toujours
une augmentation de la pluviosité annuelle ; d'autre part, le delta redoute bien plus
l'excès que l'insuffisance d'eau: de là, le grand rôle des digues, dont l'étude nous
conduit à celle de leur constructeur. • . < .
Comment s'est effectué le peuplement du delta? Nous saisissons, à propos de cette
question, tous les obstacles auxquels se heurte le géographe, mais aussi la manière
courageuse et probe de M. G. Les sources historiques sont pauvres; l'archéologie,
l'anthropologie, l'ethnologie ne fournissent encore que de très maigres données ; les
noms de lieux ont très souvent changé et sont des créations artificielles (la carte de
la circonscription «Aimer la vertu», p. 123, est significative); les noms de famille,
eux non plus, ne semblent pas pouvoir donner d'informations utiles sur la colonisation
annamite ; ni, les documents chinois, ni les relations européennes ne sont d'un grand
secours. L'auteur reconnaît bravement son impuissance et la vanité des recherches
entreprises. Encore fallait-il qu'elles le fussent. On ne saurait trop le féliciter de
ses efforts ; ils sont d'un enseignement précieux pour les chercheurs à venir. Tout
(!) Ces terrasses ne se retrouvent pas sur tout le pourtour du delta, elles manquent
souvent: cette disparition des terrasses n'est pas liée à la présence de chaînons
calcaires, comme le dit M. G. (p. 24), mais aux ravages des cycles d'érosion ultérieurs;
en effet, on n'en trouve pas non plus devant les collines de schistes et de grès du
frông-triêu (p. 26). ' f
(à) Le Torikin (Exposition Coloniale Internationale, Paris, 1931). Voir le compte
rendu dans BEFEO., XXXI, 516-519.
(3) Relevons un lapsus: «II est peu de climats dont les valeurs réelles soient aussi
peu conformes aux valeurs moyennes. Par ces caractères le climat tonkinois se rapproche
des climats tempérés et s'éloigne des climats de moussons» ^p- 55)- Le climat des
moussons se distingue au contraire par la variabilité des pluies d'une année à l'autre,
bien plus grande que dans les pays tempérés. Il serait bon de montrer que justement
cette variabilité dans le delta tonkinois est relativement faible pour la zone des
moussons: le rapport entre les années extrêmes n'atteint pas 2 à Phû-liên, alors qu'il
dépasse 3 dans une grande partie de l'Inde (voir J. Sion, Asie des moussons, t. IX de la
Géographie Universelle publiée sous la direction de Vidal de la Blache et L. Gallois,
ière Partie, p. 14. Mais les périodes examinées ici et là né sont sans doute pas les
mêmes). On serrerait le problème de plus près en comparant les variabilités mensuelles
des pluies(voir le tableau donné pour Phû-liên, p. 67); elles permettraient certainement
d'expliquer en partie pourquoi, dans l'Asie des "moussons, les ravages des disettes sont
si différents d'une région à l'autre. , -, Bibliographie 498
ce qu'on peut affirmer actuellement, c'est que le peuplement s'est fait du Nord yers
le Sud, mais on n'en connaît pas les étapes. Signalons cette constatation intéressante :
les édifices originaux, les beaux temples sont plus nombreux dans le Nord du delta,
où le catholicisme a trouvé un terrain bien moins favorable qu'au Sud du Fleuve
Rouge.
Ainsi arrivons-nous au sujet même de la thèse, à la vraie substance géographique:
la population actuelle. Le fait brutal, avons-nous dit, c'est son abondance. Elle est
précisée par le recensement de 193 1. L'auteur a fait divers essais pour apprécier son
degré d'inexactitude : le rapport qu'il nous en donne illustre bien les difficultés du
travail géographique dans un pays aux stat'stiques négligées. -Il estime qu'elles
donnent des chiffres inférieurs de 5 à 15% à la réalité selon les villages (le recense
ment de 1936, paru après l'impression de sa thèse, semble bien lui donner raison).
Mais il ne pouvait pas penser lui-même à rectifier ces chiffres, les moins mauvais qui
soient. La densité moyenne, 430 au km2, si elle surprend l'Europ

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