Paysages passés et actuels de l'île de Naxos - article ; n°1 ; vol.23, pg 9-57

Rémi Dalongeville, Josette Renault-Miskovsky

Description

Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen. Série archéologique - Année 1993 - Volume 23 - Numéro 1 - Pages 9-57
49 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: COLLECTION_DE_LA_MAISON_DE_L-ORIENT
• Publié le: 01 janvier 1993
• Nombre de lectures: 42
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 5 Mo

Extrait

Monsieur Rémi Dalongeville
Josette Renault-Miskovsky
Paysages passés et actuels de l'île de Naxos
In: Recherches dans les Cyclades. Résultat des travaux de la RCP 583. Lyon : Maison de l'Orient et de la
Méditerranée Jean Pouilloux, 1993. pp. 9-57. (Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen. Série
archéologique)
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Dalongeville Rémi, Renault-Miskovsky Josette. Paysages passés et actuels de l'île de Naxos. In: Recherches dans les
Cyclades. Résultat des travaux de la RCP 583. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 1993. pp. 9-57.
(Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen. Série archéologique)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/mom_0244-5689_1993_rpm_23_1_1446PAYSAGES PASSES ET ACTUELS
DE L'ÎLE DE NAXOS
Rémi DALONGEVILLE
Josette RENAULT-MISKOVSKY
A l'origine, notre travail devait permettre de reconstituer l'évolution géo
morphologique des paysages pour les périodes intéressant les archéologues
(essentiellement de l'Age du Bronze à l'époque hellénistique). Ce programme n'a pu
être réalisé que partiellement, cela pour trois raisons : la brièveté des missions, la rareté
des dépôts (donc la difficulté d'établir une chronologie relative), le fait que les
archéologues n'ont pu opérer qu'un travail de prospection de surface (ce qui a interdit de
disposer d'une chronologie absolue). Notre intervention a donc été, par la force des
choses, élargie à la compréhension des paysages de l'île, sans considération de période,
une place importante étant réservée à la description.
ENVIRONNEMENT PHYSIQUE
PRÉSENTATION PHYSIQUE GÉNÉRALE
Naxos est la plus grande des îles de l'archipel des Cyclades : 25 km du nord au sud
et 15 km d'est en ouest. Elle se situe dans le prolongement des chaînes de l'Attique et
de l'Eubée, à 130 km au sud-est du cap Sounion et à 170 km de la Crète (fig. 1). C'est
une île à la silhouette trapue. La ligne de faîte, qui culmine à 1004 m (Montagne de
Zeus), est d'organisation méridienne, mais, de part et d'autre, le profil est
dissymétrique : la façade orientale a un profil plus raide que celui de la façade
occidentale. Nous avons localisé sur la fig. 2 les sites et les lieux-dits appelés dans le
texte.
Les Cyclades
CMO 23, Lyon, 1993 10 R. DALONGEVILLE, J. RENAULT-MISKOVSKY
Fig. 1. Carte de localisation. .
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DE L'ILE DE NAXOS 11 PAYSAGES
RCP 583(1)
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région Stelida ■
l-'ig. 2. Localisation des sites et lieux-dits apparaissant dans le texte. 12 R. DALONGEVILLE, J. RENAULT-MISKOVSKY
Aperçu géologique (fig. 3 et 4)
Le complexe métamorphique de base (Pré-Permien) est très épais (plus de 6000 m).
Les migmatites (mélange de granites et de gneiss anatexiques) constituent le noyau
ancien. Elles apparaissent dans le centre-ouest et le nord-ouest de l'île. Ailleurs, elles
sont couvertes par des marbres et des micaschistes, en alternance. Les micaschistes ont
un faciès très changeant, selon qu'ils sont en contact ou non avec les migmatites. Ces
roches (migmatites, gneiss, micaschistes) sont sensibles à l'érosion et fournissent
d'importants dépôts détritiques. Les marbres, qui représentent l'étage supérieur de ce
complexe métamorphique pré-permien, sont très résistants, épais, cristallins et présentent
souvent des horizons de schistes carbonates et d'amphibolites. Le faciès fréquemment
dolomitique et cristallin de ces marbres fait d'eux une roche très résistante et peu
sensible à la corrosion : c'est une bonne pierre à bâtir, c'est aussi et surtout une
magnifique pierre pour la sculpture ; la présence d'émeri en grande quantité contribue à
expliquer aussi le succès des Naxiens dans ce domaine.
Sur le flanc occidental de l'anticlinal métamorphique apparaissent d'épaisses
intrusions de granodiorites contenant des minéraux très variés. Ces roches, elles aussi,
sont à l'origine d'apports détritiques importants.
Le Tertiaire récent, le Pliocène voient se développer de puissants ensembles
conglomératiques dans la région de Moutsouna (façade orientale) et surtout sur la façade
occidentale, tout autour de la masse de granodiorites : au contact avec les séries de
micaschistes comme dans la région de Galanadou, de Melanes et de Galini, mais aussi
sur le trait de côte, dans le secteur que les archéologues ont prospecté plus en détail (voir
plus loin), également à Palati-Grotta et à Stelida (fig. 2). Ces conglomérats sont
hétérogènes et hétérométriques. La grande fraction sableuse qu'ils contiennent les rend
sensibles à l'érosion superficielle et aux glissements massifs.
Les dépôts récents (Quaternaire) sont présents un peu partout dans l'île, surtout sur
sa périphérie. Jansen (1977) ne les a pas datés et nous n'avons pas les éléments plus
précis qui nous permettraient de le faire. Deux faciès se rencontrent : un faciès grossier,
dont les éléments sont bien roulés (cap Stavros, secteur de Palatia et côte de la région
d'Akrotiri), un faciès moins grossier, plus hétérométrique, aux éléments peu roulés (sud
et est de l'île). Tous deux sont probablement d'origine continentale et vraisemblablement
pleistocenes. Tout au long du Quaternaire (Pleistocene et Holocène), des dépôts
continentaux, repris et distribués par la mer, se sont accumulés sur la marge continentale
de la façade ouest, remplissant les dépressions ouvertes dans les granodiorites. Il s'agit
d'un matériel fin, composé de sables et de graviers, avec des lentilles argilo-marneuses et
des horizons gypseux.
L'ensemble de l'île se présente donc comme un brachy anticlinal de schistes et de
marbres épousant un horst de migmatites, le tout considérablement faille. A l'est et à
l'ouest, cela aboutit à des côtes à structure longitudinale tandis que, au nord et au sud,
c'est la structure transversale qui prédomine. Cette dernière disposition est favorable à PAYSAGES DE L'ILE DE NAXOS 13
25°30' 25°25'
CARTE GÉOLOGIQUE
SIMPLIFIÉE DE NAXOS
Illustration non autorisée à la diffusion
37°0'
I marbre prédominant
TT1 granodiorites I=r=] schistes , gneiss
et amphibolites '4/ /-f| migmatites
failles
• émeri conglomérats
Fig. 3. Carte géologique simplifiée (d'après Jansen, 1977).
Illustration non autorisée à la diffusion
Ι+++Ι granodioriies arbres tx\<>i conglomérais W /À !:----! schistes
Fig. 4. Coupe géologique simplifiée (d'après Jansen, 1977). 14 R. DALONGEVILLE, J. RENAULT-MISKOVSKY
l'ouverture de baies représentant autant de mouillages possibles (surtout au sud, qui est
la côte sous le vent).
De cette brève description géologique, il faut retenir que l'essentiel des roches
fournit un matériel détritique fin, avec une matrice argileuse abondante les rendant
instables sous l'action d'un ruissellement particulièrement actif. Il ne faut donc pas être