Conditions philosophiques de l évolution - article ; n°70 ; vol.18, pg 197-211
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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1911 - Volume 18 - Numéro 70 - Pages 197-211
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Publié le 01 janvier 1911
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Langue Français
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Extrait

P. Le Guichaoua
Conditions philosophiques de l'évolution
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 18° année, N°70, 1911. pp. 197-211.
Citer ce document / Cite this document :
Le Guichaoua P. Conditions philosophiques de l'évolution. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 18° année, N°70, 1911.
pp. 197-211.
doi : 10.3406/phlou.1911.1978
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1911_num_18_70_1978.
,
IX.
CONDITIONS PHILOSOPHIQUES
DE L'ÉVOLUTION.
On disait autrefois que tout se meut dans le monde, on
dit maintenant que tout évolue : à dire vrai, les deux fo
rmules s peuvent avoir la même ? signification ■ et l'on serait
souvent . en - peine de préciser leurs, différences. Pourtant
beaucoup avouent . le mouvement et regardent l'évolution
avec défiance, pendant que d'autres mettent par
tout et y éprouvent. un. véritable contentement. Qu'est-ce
constitutif,' celui donc que l'évolution, quel en est l'élément
• commun à toutes les : formes d'Evolutionnisme et qui est
dont se réclament tous ses partisans ? Est-ce le progrès ?
Mais i tous* les théoriciens de • l'Evolution admettent aussi
des régressions. Un principe interne de changement serait-il
nécessaire? Mais quand * Brunetière décrivait l'Evolution
des genres littéraires, avait-il bien l'intention d'en faire des
êtres vivants qui se développeraient en vertu de forces
propres, plus ou moins indépendantes de l'esprit des écri
vains? et ne voyons-nous pas nombre de philosophes catho
liques qui s'évertuent à concilier -• l'évolution avec l'inte
rvention directe du Créateur ? Enfin on ne pourrait exiger
des ■ changements gradués et continus, puisque la théorie
des mutations brusques est une théorie évolutionniste. Pour
quoi donc autrefois savait-on que tout change et se relie,
que rien ne dure en toutes ses parties ni ne se répète exac
tement, pourquoi savait-on toute la complexité d'un fait P. LE GUICHAOUA 198
et toute la souplesse de l'histoire, et pourquoi maintenant
a-t-on l'intention de signifier davantage en disant que tout
évolue ? Ne serait-ce pas qu'autrefois on admettait volont
iers des changements dans les manifestations des êtres,
et non dans leur constitution ? On s'en tenait à la grande
synthèse tentée par Platon, réalisée par Aristote, du fixe et
du changeant, de la substance et des accidents : le fonds
immuable expliquait les agitations de la surface, et au delà
des substances elles-mêmes, sujettes à la génération et à la
corruption, on entrevoyait l'acte pur, qui de son immuable
éternité produisait tous les êtres et tous les phénomènes du
monde. Maintenant on préfère rejoindre la philosophie
d'Heraclite, dire que « tout change sauf la loi du change
ment » , que la permanence est une illusion et le mouvela - réalité universelle. Si Dieu veut • exister, qu'il
change lui aussi ! Du moins, diront les timorés, qu'il pro
duise non des principes de changement, mais des principes
changeants. Il est peut-être intéressant de rechercher ce
que l'on doit rejeter et ce que l'on peut admettre de sem
blables théories. Les êtres appartiennent-ils ou non à des
espèces déterminées ? Si oui, un être peut-il de lui-même
changer d'espèce ou produire un être d'espèce différente ?
peut-il* l'utiliser pour lui faire produire un Si non, Dieu
être d'espèce supérieure? Ces diverses questions ont surtout
rapport . à l'origine de la r vie t en i général < et des •> espèces
vivantes en particulier.
I.
La répartition des êtres en espèces déterminées est-elle
fondée en réalité ?
Les différents êtres de la nature, et surtout les êtres
vivants, n'agissent point au hasard. Au sein de l'infinie
variété des individus et des rencontres accidentelles, nous
remarquons facilement que les opérations de chaque être
présentent des caractères constants, que tous n'agissent CONDITIONS PHILOSOPHIQUES DE L'ÉVOLUTION 199
pas de la même manière, qu'ils sont pourtant plusieurs à
posséder certains qualités qui les distinguent de tous les
autres. Le cheval s'y prend toujours de même façon pour
se nourrir et* pour travailler, il s'y prend autrement que le
bœuf, et il y a d'ailleurs * plusieurs chevaux. La nature ne
présente donc pas -une parfaite homogénéité, qui rendrait
tous les êtres capables de devenir n'importe quoi, de revêtir
n'importe quelle opération et de manifester n'importe quelle
propriété : mais ses diverses parties ne sont pas non plus
absolument hétérogènes, car alors rien n'assurerait les re
ssemblances des êtres, la - constance et- la régularité des
phénomènes. On peut donc établir un classement . parmi les
êtres, réunir les semblables et séparer les différents, aller
par degrés des plus larges aux- plus étroites catégories:
à la fin, les membres d'une même classe auront pour seule
différence leur individualité même, qui leur permettra de
faire nombre parmi , les êtres et ne manifesteront plus de
qualités nouvelles : on ne les distinguera les uns des autres
que par un ensemble de notes, dont chacune en particulier
peut appartenir à n'importe quel être.
Les naturalistes ont principalement choisi pour principes
de leurs classifications les deux caractères suivants : la
forme des organes et la faculté de se reproduire par voie
de génération. On conçoit en effet que, si les opérations
sont caractéristiques, leurs instruments doivent l'être éga
lement :,et la principale des opérations, celle qui exige et
manifeste . la plus grande énergie de l'être, doit être la
génération qui aboutit à la production d'un nouvel être
semblable - au premier. En t pratique il peut « cependant y
avoir des difficultés : on trouvera des vices de conformation,
des. cas de stérilité et d'hybridation, qui mettront' dans
l'embarras. C'est qu'il y a au dehors bien des causes per
turbatrices et au dedans bien des difïerences purement acci
dentelles d!habitudes ou de taille qui peuvent produire des
monstruosités et empêcher la fécondité, de même que de
grandes, ressemblances de forme peuvent favoriser le déve- P. LE GUICHAOUÀ 200
loppement d'un germe déposé au sein d'une espèce voisine.
Il y a encore tant de mystère dans la nature et le méca
nisme de la génération que la plus grande réserve est de
rigueur : pourquoi et dans quelle mesure l'intervention des
deux sexes est-elle nécessaire ? On ne peut répondre que
par des hypothèses ; par^ conséquent, il faut se garder de
touie conclusion hasardée. Les observations sur la forme
et la1 fécondité peuvent donc, en certains «as,1 être insuffi
santes : il faudra alors recourir à tout l'ensemble de ; la
constitution et des opérations de l'être pour le classer avec
sûreté, et parfois même on pourra échouer ; car les lois de
la nature, si déterminées qu'elles soient,' ne nous garant
issent point • l'infaillibilité. Le R. P. de Bonniot. disait
excellement en 1889 : « Nous pensons que la vraie méthode
pour constater et distinguer les espèces animales consiste à
observer soigneusement et les formes organiques des an
imaux et leur manière de se comporter dans « tout ce qui
se rapporte aux trois grandes fins de leur vie sensible,
nutrition, conservation, propagation; car c'est parla qu'ils
traduisent, en termes intelligibles l'idée suivant laquelle ils
ont été construits, qu'ils manifestent les caractères de leur
espèce propre. Les naturalistes contemporains, qu'on nous
permette cette remarque, oublient facilement la connexion
intime des opérations et des organes, et la nécessité de les
considérer à la fois pour bien connaître l'animal. Ils parlent
sans doute des mœurs des animaux, 4 mais seulement pour
jeter quelque agrément sur leurs descriptions, rarement
comme de caractères déterminants par rapport à l'espèce.
Quand ils établissent leurs catégories, quand ils comparent
leurs groupes entre eux, ils ne font ordinairement entrer
en ligne de compte que des

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