La mort du Christ dans les « Leçons sur la philosophie de la religion » de Hegel - article ; n°38 ; vol.78, pg 225-244
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1980 - Volume 78 - Numéro 38 - Pages 225-244
The manuscript of Hegel's Lectures articulates spiritually the death of Christ as extreme point of natural finitude, according to the two first theoretical moments : intuition and representation. The interiorisation-memory suppresses at its start the intuitive immediateness of this death. The interiorised image then becomes symbolic exposition of the negativity of the Spirit. The representation of the natural death of Christ is finally intention of effectivity in the area of language: satisfactory story for the memory.
Le manuscrit des Leçons hégéliennes articule spirituellement la mort du Christ, en tant que point extrême de la finitude naturelle, selon les deux premiers moments théoriques: l'intuition et la représentation. L'intériorisation-souvenir supprime inchoativement l'immédiateté intuitive de cette mort. L'image intériorisée devient ensuite exposition symbolique de la négativité de l'Esprit. La représentation de la mort naturelle du Christ est, finalement, intention d'effectivité dans le milieu du langage: histoire satisfactoire pour la mémoire.
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Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Emilio Brito
La mort du Christ dans les « Leçons sur la philosophie de la
religion » de Hegel
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 78, N°38, 1980. pp. 225-244.
Abstract
The manuscript of Hegel's Lectures articulates spiritually the death of Christ as extreme point of natural finitude, according to the
two first theoretical moments : intuition and representation. The interiorisation-memory suppresses at its start the intuitive
immediateness of this death. The interiorised image then becomes symbolic exposition of the negativity of the Spirit. The
representation of the natural death of Christ is finally intention of effectivity in the area of language: satisfactory story for the
memory.
Résumé
Le manuscrit des Leçons hégéliennes articule spirituellement la mort du Christ, en tant que point extrême de la finitude naturelle,
selon les deux premiers moments théoriques: l'intuition et la représentation. L'intériorisation-souvenir supprime inchoativement
l'immédiateté intuitive de cette mort. L'image intériorisée devient ensuite exposition symbolique de la négativité de l'Esprit. La
représentation de la mort naturelle du Christ est, finalement, intention d'effectivité dans le milieu du langage: histoire satisfactoire
pour la mémoire.
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Brito Emilio. La mort du Christ dans les « Leçons sur la philosophie de la religion » de Hegel. In: Revue Philosophique de
Louvain. Quatrième série, Tome 78, N°38, 1980. pp. 225-244.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1980_num_78_38_6082La mort du Christ dans les
«Leçons sur la philosophie de la religion»
de Hegel
Les philosophes n'ont jamais cessé d'interpréter le Christ. Mais la
bibliographie de la christologie philosophique est encore modeste1. Pour
contribuer à l'étude de ce domaine — qui a sa problématique récurrente,
sa topique, son articulation interne2, — il nous a semblé bon de nous
centrer sur Hegel, car la christologie hégélienne est «le type d'une
christologie philosophique»3. Personne ne s'étonnera si, parmi les
thèmes de cette christologie, nous privilégions la mort du Christ : celle-ci
naguère objet de répulsion4, est devenue l'axe du système que Hegel lui-
même baptisa «Vendredi Saint spéculatif»5. Il aurait fallu considérer les
différentes présentations de ce thème au moins dans toute l'œuvre
hégélienne de la maturité; cela déborderait, hélas, l'espace dont nous
disposons ici6. Nous nous limitons donc aux Leçons sur la philosophie de
1 Cf. X. Tilliette, Le Christ des philosophes et le problème d'une christologie
philosophique, in Savoir, faire, espérer: les limites de la raison, Bruxelles, Facultés
Universitaires St- Louis, 1976, vol. I, pp. 249-263; du même auteur, Tâches et limites de la
christologie philosophique, in Recherches de science religieuse, 65, 1977, pp. 85-106; Et.
Borne, Jésus devant les philosophes, in Jésus-Christ (Génies et réalités), Paris, Hachette,
1971, pp. 209-230; R. Schneider, Die Heimkehr des deutschen Geistes. Das Bild Christi in
der deutschen Philosophie des 19. Jahrhunderts, Heidelberg, F. H. Kerle, 1946;
W. Schoenfelder, Die Philosophen und Jésus Christus, Hambourg, Meiner, 1949; St.
Breton, La Passion du Christ et les philosophes, Teramo, ECO, 1954; Th. Proepper, Der
Jésus der Philosophen und der Jésus des Glaubens, Mayence, Matthias-Grûnewald, 1976; //
Cristo dei Filosofi, Atti del XXX Convegno di Gallarate 1976, Brescia, Morcelliana, 1976.
2 X. Tilliette, Le Christ des philosophes, Paris, Inst. Cath. de Paris, 1974, I,
pp. 4-5.
3 X. Tâches et limites..., p. 89. Nous avons essayé de mesurer l'apport
théologique de cette christologie dans notre livre Hegel et la tâche actuelle de la christologie,
Paris, Lethielleux, 1979.
* Cf. Hegels theologische Jugendschriften, éd. H. Nohl, Tubingue, 1907, p. 335.
5 Cf. G.W.F. Hegel, Glauben und Wissen, Hambourg, Meiner, 1962, p. 124: «das
absolute Leiden oder den spekulativen Charfreitag».
6 Pour une étude succincte de ces différentes staurologies, cf. notre Hegel et la tâche
actuelle de la christologie, I,B. 226 Emilio Brito
la religion1, qui offrent l'avantage de se plier au rythme immédiatement
accessible de la conscience objectivante. Situons d'abord le texte sur la
mort du Christ (157-1 62c)8 dans l'ensemble des Leçons avant d'en
donner un rapide commentaire9.
L'exposé hégélien de la religion accomplie (ou chrétienne) s'articule
au rythme du concept de en trois sections : concept abstrait, r
eprésentation, culte (235) 10. La représentation concrète — manifestation
totale de l'Idée absolue dans la région de l'objectivité — comporte trois
sphères (54a, 181d-182a): la Trinité — Dieu dans son éternelle essence
auprès de soi, dans la forme de l'universalité (56b, 65d), — la Création —
l'élément de la représentation proprement dite, de la particularité (65d,
182a, 29bc), — et l'Histoire du salut, extrême de la finitude et libre retour
de l'Esprit à soi, dans sa singularité absolue (65c, 66a, 95c, 156b). La
troisième sphère se divise en trois points (95b) : l'homme naturel (péché
originel) (96d, 121c), l'Incarnation de l'Idée dans l'Esprit fini (130ss), la
Rédemption comme histoire divine (142ss). Ce dernier point contient une
nouvelle trichotomie: l'Enseignement du Christ — sol universel de la
rédemption (150b), — sa Vie mortelle — qui apporte le contenu
particulier, déterminé, concret (152d, 153b), — et, finalement, la réconci
liation des deux dans sa Résurrection singulière (142 n.l). La Vie mortelle
(155c- 162c), elle aussi, se subdivise: une première étape introduit sa
virtualité logique (155c-156b), une deuxième s'arrête sur la particularité
existante, sur la naturalité indigente de la Vie de Jésus (157a), une
troisième étape, enfin, dit l'intériorisation singulière où la finitude
naturelle — en s'exacerbant — finit: la Mort du Christ (157b-162c).
L'appropriation spirituelle de l'exposition naturelle de l'histoire négative
de l'Esprit progresse de 1' «intuition» immédiate (cf. infra I) à la
«représentation» salvifique (cf. infra II); mais la mort du Christ n'est pas
que finitude naturelle; elle est aussi Croix spirituelle, symbole d'infamie
civique: à son inversion religieuse en étendard de l'Esprit répond, non
7 Les numéros de pages sans autres indications renvoient à Die absolute Religion,
Hambourg, Meiner, 1966. Nous signalons par le sigle E. les références à Y Enzyklopâdie der
philosophischen Wissenschaften de Hegel.
8 On sait que ces leçons orales ont été éditées par les disciples de Hegel —
Marheineke (1832) et B. Bauer (1840) — après la mort du maître. Nous basons notre
commentaire sur le manuscrit de Hegel, publié par Lasson et dont la structure a été établie
par A. Chapelle {Hegel et la religion. Annexes, Paris, Ed. Universitaires, 1967, pp. 12-60).
9 On trouvera un commentaire plus détaillé de ce texte dans notre thèse de doctorat
La cristologia de Hegel, Univ. Cath. de Louvain, 1976, pp. 262-315.
10 Les religions finies suivent le même rythme, mais seul le christianisme objective,
non pas une détermination partielle du Logos de l'Esprit, mais la vérité absolue (37c). La mort du Christ chez Hegel 227
pas seulement une subjectivation théorique, mais, pratiquement, la
révolution historico-politique du monde antique par la conversion de
l'Empire (161b-162c). Par manque de place nous commenterons ici
seulement les deux premiers moments, plus elliptiques dans le manuscrit
hégélien, de la Tod Christi11.
I. L'intuition spéculative de la mort (157c-158b)
L'identité négative de l'Esprit avec soi est d'abord «intuition
spéculative» (158d). La spéculation saisit en même temps l'opposition
des déterminations et l'affirmation inscrite dans le passage négatif de
l'une à l'autre (E. par. 82). La mort sera présentée, en effet, comme
l'identité dialectique où la divinité va jusqu'à l'extrême de sa désappro-
priation dans la finitude (cf. infra A), tandis que la finitude, réciproque
ment, s'ouvre, dans la négation mortelle de sa naturalité immédiate et
négative, à l'universalité divine (cf. infra B). Il s'agit ici, pourtant, comme
il convient 

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