Philosophie et théologie. Remarque sur la situation aristotélicienne de la détermination thomiste de la «theologia» (S. Th., Ia, qu. 1, a. 1 et 5) - article ; n°63 ; vol.84, pg 315-344
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Philosophie et théologie. Remarque sur la situation aristotélicienne de la détermination thomiste de la «theologia» (S. Th., Ia, qu. 1, a. 1 et 5) - article ; n°63 ; vol.84, pg 315-344

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Revue Philosophique de Louvain - Année 1986 - Volume 84 - Numéro 63 - Pages 315-344
Be as it may Heidegger's determination of metaphysics in its onto-theo-logical constitution. Having sought to retrace its elaboration the A. inquires into its relevance having regard to 1. the duplication carried out by Aquinas in the very heart of the theologia, differentiating between the theology of philosophers and that pertaining properly to sacra doctrina (De Trinitate, S.Th.); 2. the distinction (possible or real), in the Aristotelian corpus, between sophia and prôtè philosophia (théologike épistèmè). The article concludes with the necessity to historicise the notion of onto-theo-logical constitution. (Transl. by J. Dudley).
Soit la détermination heideggérienne de la métaphysique dans sa constitution onto-théio-logique. Après avoir cherché à en retracer l'élaboration, l'A. s'interroge sur sa pertinence eu égard 1°) au dédoublement qu'opère l'Aquinate au sein même de la theologia, en différenciant le théologie des philosophes et celle qui relève proprement de la sacra doctrina (De Trinitate, S. Th.); 2°) à la distinction (possible ou réelle), dans le corpus aristotélicien, entre sophia et prôtè philosophia (théologike épistèmè). Pour conclure sur la nécessité d'historiciser la notion de constitution onto-théo-logique.
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Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-François Courtine
Philosophie et théologie. Remarque sur la situation
aristotélicienne de la détermination thomiste de la «theologia»
(S. Th., Ia, qu. 1, a. 1 et 5)
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 84, N°63, 1986. pp. 315-344.
Abstract
Be as it may Heidegger's determination of metaphysics in its onto-theo-logical constitution. Having sought to retrace its
elaboration the A. inquires into its relevance having regard to 1. the duplication carried out by Aquinas in the very heart of the
theologia, differentiating between the theology of philosophers and that pertaining properly to sacra doctrina (De Trinitate, S.Th.);
2. the distinction (possible or real), in the Aristotelian corpus, between sophia and prôtè philosophia (théologike épistèmè). The
article concludes with the necessity to historicise the notion of onto-theo-logical constitution. (Transl. by J. Dudley).
Résumé
Soit la détermination heideggérienne de la métaphysique dans sa constitution onto-théio-logique. Après avoir cherché à en
retracer l'élaboration, l'A. s'interroge sur sa pertinence eu égard 1°) au dédoublement qu'opère l'Aquinate au sein même de la
theologia, en différenciant le théologie des philosophes et celle qui relève proprement de la sacra doctrina (De Trinitate, S. Th.);
2°) à la distinction (possible ou réelle), dans le corpus aristotélicien, entre sophia et prôtè philosophia (théologike épistèmè). Pour
conclure sur la nécessité d'historiciser la notion de constitution onto-théo-logique.
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Courtine Jean-François. Philosophie et théologie. Remarque sur la situation aristotélicienne de la détermination thomiste de la
«theologia» (S. Th., Ia, qu. 1, a. 1 et 5). In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 84, N°63, 1986. pp. 315-
344.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1986_num_84_63_6416et théologie* Philosophie
Remarque sur la situation aristotélicienne
de la détermination thomiste de la «theologia»
(S. Th., la, qu. 1, a. 1 et 5)
Loin de prétendre «traiter» ce thème et ce texte (la première
question de la Somme Théologique, voire seulement son premier article)
thème et texte aussi désespérément classiques l'un que l'autre , ni a
fortiori trancher en philosophe une question éminemment théologique (la
question même de la théo-logie), le présent propos voudrait seulement
soumettre à l'examen une perplexité philosophique assez générale pour
laquelle le premier article de la Somme, pris ensemble avec l'article cinq,
constituent sinon le point de départ, du moins la plus remarquable
illustration.
Mon intention n'est donc pas de présenter un exposé historico-
doctrinal portant sur la nature ou le statut de la theologia, pour autant
que celle-ci se distingue des autres disciplines philosophiques et qu'elle
s'impose nécessairement. D'autres seraient évidemment plus qualifiés
que moi pour le faire, nombreux sont d'ailleurs ceux qui l'ont entrepris
naguère, et souvent excellemment. Mon propos sera donc non pas
dogmatique ou doctrinal, mais hypothétique, peirastique: je voudrai
simplement soutenir ici une hypothèse quant à la situation disons
«historiale» de l'article en question.
Venant à peine de prononcer cet adjectif («historial»), emprunté
d'abord par Henri Corbin à Vincent de Beauvais ou plus exactement à
la traduction imprimée à Paris vers la fin du XVe siècle de son Speculum
historiale («Le miroir historial du monde») , puis largement vulgarisé,
comme on sait, pas les traducteurs de Heidegger qui cherchaient à
restituer par là le terme de Geschichte dans sa proximité avec celui de
Geschick, je me sens tenu d'expliciter dès à présent cet arrière-plan de ce
* Cette étude reprend en substance la matière d'une conférence prononcée en
novembre 1982 à l'Université de Fribourg (Suisse). 316 Jean-François Courtine
que j'ai nommé une hypothèse. L'hypothèse principale que je voudrai
développer a trait en effet à la problématique générale de la constitution
onto-théo-logique de la métaphysique.
Si Heidegger emprunte on le sait à Kant le terme d'onto-
théologie, ce qu'il désigne par là n'a en revanche rien à voir avec la
distinction kantienne de la théologie naturelle et de la théologie transcen
dantale *, mais probablement tout à voir avec la problématique classique
du commentarisme aristotélicien, celle de l'unité, ou mieux de l'unité
dédoublée du projet des traités qui nous ont été transmis sous le titre de
Mexà xà OuaiKâ.
De la métaphysique dans la métaphysique je voudrai, avec
tout ce qu'un tel geste entraîne nécessairement de violence et d'apparent
arbitraire, découper une séquence, marquer quelques points de repère,
susceptibles tout à la fois de confirmer et d'ébranler, ou plus simplement
peut-être d'infléchir le schéma heideggerien. Je parle ici de «schéma», car
de fait Heidegger, qui pourtant n'en est point coutumier, en esquisse
concrètement un et cela à plusieurs reprises, dans son cours de l'été
1936 sur Schelling2 et déjà dans son cours de 1935-36 {Die Frage nach
dem Ding)3 pour illustrer le cercle de la constitution. Ce schéma à
travers lequel Heidegger, en un questionnement-en-retour {Rùckfragé)
qui ne se laisse pas simplement déterminer selon des catégories ou des
procédures métaphysiques classiques4, interroge ce qu'il nomme le
«Wesen der Metaphysik»: le déploiement essentiel, la «portée» de la
métaphysique ne doit rien à la dialectique transcendantale et à la
distinction que Kant y opère (ch. m, 7e section) à l'intérieur de la
théologie rationnelle entre théologie naturelle d'un côté, théologie trans
cendantale de l'autre, celles-ci définissant respectivement pour Kant le
théisme et le déisme. Au principe du déisme, la théologie transcendantale
1 KrV., A 631-632 /B 659-660.
2 Schellings Abhandlung Ueber das Wesen der menschlichen Freiheit, Tubingen 1971,
pp. 62, 79:
ôv
ôv Geîov
Xoyoç
34 Die Heidegger Frage nach caractérisera dem Ding, sa Tubingen démarche 1962, comme pp. Ueberwindung, 84-85. Verwindung, Schritt
zurùck. Philosophie et théologie 317
se subdivise à son tour en cosmo-théologie (quand elle pense pouvoir
«dériver l'existence de l'être originaire d'une expérience en général») et
en ontotheologie (quand elle prétend connaître son existence sans l'aide
d'aucune expérience).
S'il est indépendant de Kant, le schéma heideggerien doit en
revanche presque tout à la méditation endurante de l'énigme fondament
ale de la métaphysique aristotélicienne, celle de l'unité diversifiée de son
projet. C'est en effet dans une problématique traditionnelle chez les
commentateurs d'Aristote et déjà présente chez les commentateurs
grecs néoplatoniciens que s'enracine la thématisation de ce que
Heidegger nommera la «constitution» {Die Verfassung), la constitution
onto-théo-logique de La métaphysique et de toute métaphysique. Le sol
sur lequel s'édifie d'abord cette thèse est aristotélicien. Pour laisser ici de
côté l'immense corpus du commentarisme hellénistique et médiéval, et ne
mentionner, à titre d'indice emblématique, que les noms de Natorp et de
Jaeger, la principale question qui s'impose d'emblée à toute interpréta
tion d'ensemble des traités aristotéliciens est de savoir quelle est au juste
la nature et la visée de ce qu'une tradition sans doute beaucoup mieux
autorisée et plus ancienne qu'on ne l'avait d'abord imaginé5 nous a
conservé sous le titre Mexà xà (DuaiKà (Ta jxexà xà cpuaiKà [BtpXia]. Ou
encore plus précisément, la question initiale est de savoir si et comment
peuvent coexister et composer, voire s'ajointer harmonieusement les
différents traits qui semblent déterminer contradictoirement la npéxj]
cpiXorjocpia, définir la nature et le satut de rè7iiaxf|UT| Çr|xoi)uévr| de la
science recherchée,

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