Questions inédites de Maître Eckart, O. P., et de Gonzalve de Balboa, O. F. M. - article ; n°13 ; vol.29, pg 69-85
18 pages
Latin

Questions inédites de Maître Eckart, O. P., et de Gonzalve de Balboa, O. F. M. - article ; n°13 ; vol.29, pg 69-85

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
18 pages
Latin
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1927 - Volume 29 - Numéro 13 - Pages 69-85
17 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1927
Nombre de lectures 35
Langue Latin
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ephrem Longpré
Questions inédites de Maître Eckart, O. P., et de Gonzalve de
Balboa, O. F. M.
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 29° année, Deuxième série, N°13, 1927. pp. 69-85.
Citer ce document / Cite this document :
Longpré Ephrem. Questions inédites de Maître Eckart, O. P., et de Gonzalve de Balboa, O. F. M. In: Revue néo-scolastique de
philosophie. 29° année, Deuxième série, N°13, 1927. pp. 69-85.
doi : 10.3406/phlou.1927.2461
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1927_num_29_13_2461Ill
QUESTIONS INÉDITES
DE MAITRE ECKART, 0. P.,
ET DE GONZALVE DE BALBOA, 0. F. M.
Le ms. 1071 de la bibliothèque municipale d'Avignon,
que j'ai décrit sommairement ailleurs l), contient, au milieu
d'autres documents intéressants pour l'histoire de la sco-
lastique au début du xive siècle, deux Questions latines de
Maître Eckart et, sous la plume de Gonzalve de Balboa,
un long extrait d'une autre Question non encore retrouvée.
Ces textes remontent sûrement au premier séjour du maître
dominicain à Paris entre les années 1300 et 1302 2). Gonz
alve de Balboa, en effet, l'adversaire d'Eckart, fut élu
ministre général de l'ordre franciscain en 1304, au cha
pitre d'Assise, et était déjà provincial de Castille, peut-être
depuis le chapitre de Genes, 1302 3).
Cette antiquité donne d'abord aux Questions éditées ici
pour la première fois une signification historique considé
rable. Ces textes, en effet, qui font partie des disputata
multa d'Eckart dont parle Nicolas de Cuse 4), sont les plus
1) F. Longpré, Gonzalve de Balboa et Duns Scot, dans les Etudes Francisc
aines. Paris, 1924, XXXVI, 641-645 ; XXXVII, 170-182.
2) F. Vernet, Eckart, dans le Dictionnaire de théologie catholique. Paris,
1911, IV, 2057-2081.
3) A. Callebaut, 0. F. M., Jean Dans Scot à Paris, dans l'Archivum Fran-
ciscanum historicum. Quaracchi, 1924, XVII, 4-7.
4) Cfr. H Denifle, O. P., Meister Eckeharts lateinische Schriften und die
Grundanschauung seiner Lehre, dans l'Archivf. litt. u. Kircheng. Berlin, 1886,
11, 417. E. Longprè 70
anciens témoins jusqu'ici connus de l'enseignement eckar-
dien à Paris. Récemment, il est vrai, Mgr Grabmann a
découvert cinq autres Questions latines d'Eckart dans le
Vat. lat. 1086, mais à son avis ces textes n'appartiennent
qu'à la seconde période (131 1-1 3 14) de l'ens.eignement
parisien du célèbre mystique l). Peut-être cependant les
Questions du ms. d'Avignon sont -elles postérieures à
Y Opus tripartitum si, comme le suppose Denifle, ce dernier
ouvrage a été écrit à Erfurt dans les dernières années du
xine siècle 2).
Plus encore que leur antiquité, le contenu philosophique
des Questions d'Eckart et de Gonzalve de Balboa intéresse
l'historien de la pensée médiévale. La tendance d'Eckart à
se réclamer de saint Thomas d'Aquin, si manifeste dans
son mémoire justificatif publié récemment par le P. Daniels,
0. S. B. 3), se révèle ici clairement ; de même aussi son
désir de parcourir des voies originales. Ce qui est plus
important encore, c'est que les textes du ms. d'Avignon
nous font connaître de très près l'intellectualisme d'Ec
kart4), si profondément opposé au volontarisme augustinien
de l'Ecole Franciscaine. Les fragments latins publiés par
Denifle ne laissaient pas soupçonner des affirmations si
hardies, allant même jusqu'à soutenir que la science est la
raison de notre adoption par Dieu, praecise aliquis est
gratus Deo quia sciens : toile scientiam : remanet unum
pulcrum nihil, et que le principe constitutif de Dieu n'est
pas l'être mais l'intelligence, si in Deo est aliquid, quod
velis vocare esse, sibi competit per intelligere. Dès les
environs de 1300, si l'on s'en rapporte à la citation de
1) Neaaufgefandene lateinische Qaaestionen des Meisters Eckhart, dans Théo-
logische Revue. Munster i. W., 1926 XXV, 225.
2) Denifle / c, 435
3) Eine lateinische Rechtfertigungsschrift des Meisters Eckhart (B. G. P. M.,
XXIII, 5). Munster. 1923, 2-3 etc Cfr Vernet / c , col 2068,2072.
4) Cfr. M. De Wulf, Histoire de la philosophie médiévale s. Louvain, 1925,
II, U9. Questions inédites 71
Gonzalve de Balboa et aux critiques qui l'accompagnent,
Eckart enseigne déjà la doctrine de la 27e proposition cen
surée par Jean XXII (27 mars 1329) : « Quelque chose est
dans l'âme qui est incréé et incréable ; si toute l'âme était
telle, elle serait incréée et incréable, et cela est l'intell
igence l ) » .
L'intérêt historique des Questions d' Eckart n'est pas
moindre aussi si l'on rapproche la doctrine qu'il y soutient
de l'enseignement de Duns Scot à Paris à la fin de 1302 et
au début de 1303. Eckart proclamait avec insistance que
Dieu n'est pas formellement être mais « pureté d'être »,
puritas essendi, et par suite soutenait que Dieu est avant
tout intelligence pure. Devant cette métaphysique d'allure
neuve, l'Ecole Franciscaine se devait à elle-même de pré
ciser sa pensée sur le concept essentiel de Dieu et la vie
intellectuelle de l'Infini. C'est ce que fit Duns Scot dans
son Quodlibet 2) et plus encore dans son Cours de Paris
dont la rédaction brève est conservée dans les Additions de
Guillaume d'Alnwick 3) et le texte légèrement plus déve
loppé dans la Reportation parisienne 4). Le nom d'Eckart
n'est pas prononcé, mais aux longs développements de
Duns Scot, presque entièrement inconnus à Y Opus Oxo-
niense 5), il est facile de voir que la question était un des
problèmes de l'heure. En soutenant que l'être, et non point
l'intelligence, est le premier constitutif de Dieu 6), Duns
Scot prit naturellement position, tout comme Gonzalve de
Balboa, contre le célèbre mystique.
Il y aurait lieu de poursuivre plus longuement ces rap
prochements et d'écrire ainsi une page nouvelle du mouve-
1) Cfr. Vernet, /. c, col. 2064.
2) Quodl q. 1, n. 10-15, Opera, XXV, 19-22.
3) /?. P. I, d 8, q. I : Utrum Deus verissime est, Opera, XXII, 153 ; R. P. I,
a. 35. q. 1, a. 4 : Utrum intellectus sive esse intellectivum sit de ratione quiddi-
tativa Dei, Opera, XX1I, 4^3-425.
4) Vienne, cod. lat. 1453 f° 36d, f° 104c-I05a.
5) Ox. I, d. 26, q. 1, n 55, Opera, X, 352.
6) Cfr. J.Klein, Der Gottesbegriff des Joh. Duns Skotus. Paderborn, 1913,4-12. .
72 E. Long pré
ment scolastique au début du xive siècle. Les textes édités
ici, — qu'il me soit permis de l'espérer — ne manqueront
pas d'en suggérer l'idée et d'en fournir les premiers él
éments.
E. Longpré.
Quaracchi.
I. — M. Eckart, Avignon, Bibl. Mun. cod. 1071, f° 116c-H7a
1 . Utrum intelligere angeli, ut dicit actionem, sit suum esse.
Et dico quod non. Aliqui1) autem hoc (a) sic ostendunt bene quia
omnis actio aut est transiens aut manens ; esse autem non est actio
Iransiens, quia talis actio est ad extra, et esse est ad intra ; esse
etiam non est actio manens, cujusmodi est intelligere aut sentire,
quia talis actio est infinita, vel simpliciter, sicut intelligere, vel
sec un du ni quid, ut sentire ; esse autem est finitum, determinatum
ad genus et speciem.
Sed hoc ostendo aliis viis. Prima est quia intellectus, in quantum
intellectus, nihil est eorum quae intelligit, sed oportet quod sit
immixtus nulli, nihil habens commune ut oninia intelligat, ut dicitur
in III De anima2), sicut visum oportet nullum habere colorem ut
omnem colorem videat. Si igitur intellectus, in quantum intellectus,
nihil est, et per consequens nec intellectus est aliquod esse.
Item, operafio et potentia, ut potentia, habent suum esse ab
objecto, quia objectum est sicut subjectum; sed subjectum dat esse
ei cujus est subjectum ; ergo et objectum dabit esse ei cujus est
subjectum, scilicet potentiae et operationi; sed objectum est supra,
extra, et esse est aliquid intraneum ; ergo intelligere (6), quod est
ab objecto, et similiter potentia, in quantum hujusmodi, non sunt
aliquod esse nec habent aliquod esse.
Item, species est principium operationis sensitivae vel intellec-
tivae ; sed species non est aliquo modo ens; ergo nec intelligere
aut sentire erit aliquo modo ens; operatio enim non habet plus
entitatis quam species aut forma, quae est operationis principium.
— Quod autem species, quae est principium ipsius intelligere, non
(a) C. ad hoc. — (b) C. intelligit.
1) C

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents